Chapitre 10-2 : Jalousies

Attention : scène violente 

( Région Centre 4 septembre 11h02)

Pendant que Thibaut, allé se rafraîchir, rencontre Chloé puis Galilée, un groupe de bikers s'en prend aux adolescents restés auprès du VW accidenté.

Revenu sur ses pas, Liam assiste à la scène. Tandis que l'un des voyous tire sur Sampa, un autre frappe Nicolas à la tête et entraîne Claire derrière un transformateur pour la violer.

Liam décide de la sauver. C'est à ce moment-là que Galilée et Thibaut l'aperçoivent...

Liam

L'arbalète à l'épaule, je me coule discrètement le long du véhicule accidenté pour me diriger vers l'arrière du transformateur.

Parvenu à destination, je m'immobilise, puis m'accroupis, tous mes sens aux aguets.

Ma cible. Son regard hagard et son corps malingre. Sa respiration sifflante, sa sueur rance et les odeurs d'urine séchée sur son pantalon.

Encore un pauvre hère que le mauvais sort n'a pas épargné !

Me giflant mentalement pour endiguer le tour que prennent mes pensées, je me raidis. Ce malade a frappé Nicolas et s'en prend maintenant à Claire...

Surtout ne pas réfléchir. Ne pas se dire que derrière l'agresseur, il y a un homme qui a eu jadis, lui aussi, un père et une mère...

Rester concentré, fixé sur mon objectif.

Éliminer ce psychopathe devrait être un jeu d'enfant.

Tuer, je sais faire. Je ne suis même bon qu'à ça... Si bon que si je revêtais un grand manteau noir, je pourrais remplacer Domitien.

Le froissement d'une fermeture éclair que l'on baisse me tire de mes sombres pensées. Claire laisse échapper un petit cri...

Mais par delà ces bruits, je discerne deux nouvelles respirations. Je scanne les alentours, reconnais l'aura si particulière de Thibaut. À côté de lui, se trouve un autre mutant prêt à attaquer. Un mutant qui émet une signature incomparable, une signature que j'ai déjà repérée.

Je jette un bref coup d'œil en direction du VW et ma rétine capte un éclat métallique. Un rayon de soleil se reflétant sur un fusil-mitrailleur. Mon regard suit le bras qui le détient...

J'en oublie de respirer !

Thibaut !

Thibaut, torse nu et en pleine forme !

Thibaut, résolu à en découdre avec le monde entier.

Me voilà à nouveau sous le charme. Franchement. Malheureusement. Définitivement mordu...

Mon cœur s'emballe, tapant dans ma poitrine comme s'il voulait lui sauter au cou.

Sauf que le destin aime à reprendre d'une main ce qu'il vous donne de l'autre.

Une fille apparaît derrière lui pour se tapir à ses côtés. Une blonde au visage farouche et aux yeux incendiaires. Le tee-shirt mouillé de mon crush lui colle à la peau et elle dissimule une arme dans sa culotte...

Une walkyrie. Une putain de walkyrie !

Bien décidé à relever ce nouveau défi, j'adresse un signe de tête à mes deux complices et disparais dans les herbes rousses pour contourner le transformateur...

Thibaut

The Arrow, tu le connais ?

La question absurde de Galilée me cloue sur place. Mais en suivant la direction de son regard, j'intercepte un mouvement arachnéen dans les hautes herbes.

Un geste de reconnaissance et Liam s'évanouit parmi les ombres.

— On peut compter sur lui ! réussis-je à articuler sur un ton que je veux assuré.

Mais à ma grande honte, mon corps me trahit une fois de plus ; je me mets à rougir. Ce qui, bien entendu, n'échappe pas à l'œil acéré de ma compagne.

— On dirait qu'il est revenu uniquement pour se faire tuer ! murmuré-je.

— Ça change rien au plan, conclut-elle. Lui, il va s'occuper du violeur. Nous, on bute les autres !

Aucune émotion ne se lit sur son visage ; tuer semble pour elle très facile, voire plus exaltant qu'une journée de shopping ! Est-elle humaine ? À connaître BMI, il m'est permis d'en douter.

Pactiser avec cette fille qui incarne les terribles dérives de la Firme va m'attirer à coup sûr de gros ennuis ; pourtant, là, tout de suite, je ne vois pas comment faire autrement : j'ai besoin d'elle et de son M16. Et puis, elle est si belle quand elle sourit sous le soleil (1) !

— OK, acquiescé-je. Mais ne les flingue pas tous ! Pense à m'en laisser deux ou trois !

Je retiens ma respiration et me faufile sur le côté du VW. Les mains croisées dans son dos, mon tee-shirt mouillé mettant en valeur ses petits seins, Galilée s'avance face au gang des motards.

Liam

Pervers qui lutte contre son jean raidi par la crasse ne remarque pas ma présence.

Je m'avance, en plissant les paupières. Si je le rate, il égorge Claire...

Cette dernière m'aperçoit, se reprend et se débat pour détourner l'attention de son ravisseur.

Je fixe une grosse veine qui palpite dans le cou du sadique et bande mon arbalète.

Le carreau fend l'air dans un silence impressionnant et se fiche dans la gorge du psychopathe ; ce dernier s'effondre parmi la végétation, face contre terre. Ses longs cheveux gras s'étalent, au milieu des herbes sèches et des fleurs fanées, formant comme une couronne mortuaire.

Claire rampe au sol. Je m'approche de ma victime – la deuxième en deux jours ! – la retourne d'un coup de pied et la regarde agoniser. Je tressaille devant ses haut-le-cœur et fixe ses yeux qui se révulsent. Mais peu à peu, son regard devient vitreux et ses spasmes s'espacent.

Je lui arrache la flèche du cou ; ça fait un drôle de bruit spongieux. Le sang fuse, rouge écarlate, giclant de la blessure désormais ouverte. Le mourant émet un dernier râle.

Claire vomit. Silencieusement. Puis tente de rajuster son débardeur déchiré. Moi, comme je ne sais absolument pas comment la consoler, je ramasse le couteau.

Deux coups de pistolet retentissent suivis d'une rafale de mitraillette.

Galilée

Je m'avance vers les motards. Leur offrant l'air engageant d'une gamine un peu paumée en vadrouille au milieu de nulle part. Le Chauve et ses partenaires en restent cloués sur l'asphalte ; leurs yeux roulent dans leurs orbites et de la bave mousse autour de leurs lèvres rugueuses.

Des chiens sur un os. Des lions devant une gazelle.

Je leur souris, la mine déconfite, l'air dégagée.

Mais ils ne savent pas que mon cerveau surentraîné a déjà choisi.

Le Chauve Tatoué. Et le Petit Maigre à sa gauche. Parce que son œil vicieux fait une fixette sur mes tétons et qu'une raideur se forme sous son pantalon.

— Salut ! lancé-je.

Je ne leur laisse aucune chance. Ni le temps de bouger. Ni l'occasion d'émettre le moindre son.

Je décroise les bras et ajuste ma vision. Mes cibles essuient deux tirs rapides et parfaitement ajustés puis, avec un léger temps de retard, comme s'il leur avait fallu un moment pour réaliser, tombent à la renverse, un trou au milieu du front, leurs yeux écarquillés sur une vue étonnante.

— Pas mal comme mort ! leur dis-je pour les consoler. Vous aurez crevé en bandant !

Et tandis que le petit gars profite de cet instant de surprise pour s'enfuir en entraînant les deux mômes avec lui et que des motardes sortent affolées du VW, Thibaut envoie une rafale dissuasive.

— Bougez pas ! aboie-t-il sèchement. Mains en l'air !

Sa détermination est telle que les bikers s'exécutent immédiatement. L'adrénaline retombe.

Seule reste en moi une voluptueuse sensation de puissance. J'esquisse un rictus sardonique en imaginant les ombres vengeresses qui doivent danser dans mes yeux. Je m'avance, carnassière, l'arme braquée devant moi, et m'amuse à les viser, l'un après l'autre. Ils doivent en pisser dans leur froc ! Je pourrais tous les buter, juste parce que j'en ai envie. Les décimer, les exterminer... mais lentement... pour les voir souffrir, pour les entendre me supplier de les achever...

— Non, mais ça va pas ! hurle cet imbécile de Thibaut. Qu'est-ce que tu fais ? Arrête !

Thibaut

Sans réfléchir, je me jette entre Galilée et les bikers.

Les doigts glacés de la peur se pressent sur mon cœur. Le temps qui arrête de s'écouler n'empêche pas mes yeux acérés de noter tous les détails des psychodrames qui se déroulent simultanément devant moi.

Je suis encore vivant et fixe Nicolas vers lequel Claire s'est précipitée. Allongé sur l'asphalte, il ressemble à un cadavre alors que nos deux victimes, elles, malgré leur petit trou rouge entre les deux yeux, ont l'air contentes d'être mortes.

Mon cœur bat violemment et je regarde Liam s'immobiliser ; le visage impassible, il tient son arbalète et l'un de ses carreaux ensanglanté. Ses yeux qui brillent d'une rage contenue rencontrent un instant les miens, avant de s'en détourner et de s'arrêter sur Galilée qu'ils étudient soigneusement.

Mon sang pulse dans mes veines ; j'observe Chloé. Pâle comme la première neige d'hiver, elle s'approche de Nicolas, s'agenouille à ses côtés et lui prend la main. Deux larmes tremblent dans ses yeux lorsqu'elle s'accroche à mon ami qu'elle n'a pourtant jamais rencontré.

Je suis toujours en vie. Au lieu de m'abattre, l'ex-prétorienne, épouvantée par la véhémence de sa colère, laisse tomber le masque ; la lueur prédatrice qui obscurcissait son regard disparaît lorsqu'elle pose ses yeux sur la fillette que je pense être sa jeune sœur.

Le contact d'une langue humide sur mes doigts me ranime. Je sors de ma transe et les secondes recommencent à s'égrainer.

— Sampa ! hurle Charlotte qui vient de surgir à côté de moi. Viens ici ! Pourquoi est-ce que tu ne m'obéis jamais ? 

Si mon cerveau reste bloqué sur les dernières paroles de ma sœur – admirant son inconscience qui frise le déni – je sais me réjouir qu'elle soit une fois de plus, saine et sauve. D'ailleurs, ne se retourne-t-elle pas vers moi le sourire aux lèvres ?

— Y a pas à dire, tu caches bien ton jeu ! commente-t-elle, son visage affichant un certain respect.

— C'est bizarre, réponds-je en caressant la chienne, elle est pleine de sang séché mais je ne vois pas de plaie.

Les violents frissons qui secouent alors Nicolas m'empêchent de pousser plus avant ma réflexion. Ses doigts s'enroulent autour de la main de Claire ; il cligne des paupières, fronce les sourcils en apercevant le sourire pâle et les grands yeux noisette de Chloé, puis tente de se lever en grimaçant... Mon cerveau prend quelques instants pour assimiler ce que voit mes yeux car, en toute honnêteté, je n'arrive pas à le croire.

— T'inquiète, entends-je Claire lui déclarer alors que je continue à braquer le M16 vers nos prisonniers, la situation est totalement sous contrôle. Thibaut a géré comme un chef !

Je n'écoute déjà plus ; Liam s'est décidé à bouger et tandis que le ciel tout entier s'embrase d'une étrange lueur sanglante et que le Voyageur, heureux d'avoir enfin réussi à écarter les nuages, reprend possession du firmament, il s'avance vers moi, avec cette démarche féline dont lui seul est capable...

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( 1) Elle est si belle quand elle sourit sous le soleil : Extrait des paroles de la chanson Kao Bang d'Indochine.

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Voilà une affaire rondement menée grâce à une équipe efficace !

Mais il reste encore à sortir le VW du fossé et à s'occuper des prisonniers.

Ce chapitre reste à améliorer, notamment dans la différenciation des voix qui se ressemblent parfois beaucoup trop...

Suite et fin samedi 15 janvier

N'oubliez pas la petite étoile !


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