partie 20

Petit chapitre... encore plus que d'habitude je veux dire 😊
20e aussi, déjà...
Mais un chapitre qui me tient tellement coeur, que j'ai écrit il y a plus d'un an maintenant et qui ne collait nulle part, comme toute cette histoire... mais que je voulais que vous sachiez, tellement...
Pour vous dire enfin (ici parce que quand vous serez en bas, j'ai peur que vous ne puissiez plus me suivre) qu'il ne reste pas 10 chapitres à ce tome. Cette fois c'est sûr.

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The lady in red - Chris De Burgh

Angel - Massive attack

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Emma sort au jour de la cour accueillante. Une nouvelle fois, sans prévenir, elle a tout éteint. La minute d'avant, Regina l'insultait, Simon tenait debout, et elle était à califourchon à deux mètres du sol. La minute d'avant, elle libérait Dwight et elle en était comblée.
Puis il l'a faite à nouveau entrer dans les entrailles du monstre. Elle l'y a suivi. Mais pas sa raison. C'en a été trop.
Les coups de feu ont cessé, enfin. Elle a cru que cela ne s'arrêterait jamais. Ou qu'elle mourrait avant la fin. Mais non, elle a, une nouvelle fois, droit à voir encore le jour.

Elle avance, lentement, assourdie, moulue. Elle ne voit que le dos haut et jaunâtre de l'homme devant elle, mais ne vise qu'à atteindre la lumière au delà, au delà de l'usine qui l'a ensevelie depuis des jours entiers, des semaines sans doute.

Eblouie par le soleil d'automne, elle porte d'abord sa main à ses yeux fatigués.

Au bout d'un instant, parmi tous les visages qui se présentent à elle, certains lui sont plus familiers que d'autres. Il y a beaucoup de femmes non ? Elle ne reconnaît pourtant pas tout de suite Rick qui accroche son regard d'eau au sien. Il tient le haut de son bras, exerçant une chaude pression le temps d'une seconde, se voulant rassurant, sentant son petit membre maigre sous la manche de sa veste en cuir noir, encore saisi de l'expression blême et insensible de la femme face à lui.

"C'est nous Emma, dit il calmement.

Mais il la lâche aussi vite et elle continue d'avancer mécaniquement, comme sourde à ses mots, insensible à son geste de réconfort.

Jesus lui adresse un sourire triste et une caresse à l'épaule, n'osant marquer un temps à sa hauteur en voyant sa physionomie générale. Maggie presse ensuite son pas en venant vers elle pour l'enlacer une seconde à peine entière. Emma entend son sanglot de soulagement quand elle colle sa joue contre son oreille, mais reste toujours sans réaction quant à son étreinte. Gardant les bras le long de son corps frigorifié malgré la chaleur encore caniculaire du dehors qui l'enveloppe comme une couche de vapeur de plus en plus étouffante.

Maggie sort de son champ de vision, laissant toute la place au chasseur qui la fixe enfin après avoir regardé en tous sens, s'immobilisant instantanément. Elle le voit froncer les sourcils néanmoins une seconde sous l'incompréhension. Il la fixe comme s'il n'était pas sûr de la connaître. Pas certain de la reconnaître.

Une vague subite semble prendre forme tout au fond d'elle-même, encore si lointaine, quand les yeux orageux s'approchent soudain rapidement à sa rencontre, quand deux bras se tendent pour la bousculer un peu dans leur élan, quand une main la réchauffe instantanément au niveau de sa nuque en sueur, alors que sa bouche sèche et entrouverte se pose sur le tissu un peu rêche d'un linge noir, contre une épaule trop haute, lui bouchant momentanément la vue.

Elle sent son bras enserrer sa taille doucement, puis ne perçoit plus le sol sous la plante de ses pieds douloureux, alors qu'il la soulève sans effort, en réaction à son faible gémissement de souffrance pure.

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La porte s'est ouverte de force, et le bâtiment a comme vomi un flot incessant de personnes, inconnues, hébétées, éblouies, perdues, blessées et choquées pour la plupart. Des hommes, des femmes, mais aussi des enfants, jeunes ou très jeunes. La cour déserte dans laquelle ils se tenaient la minute d'avant est maintenant envahie d'inconnus silencieux et hagards. Puis soudain, Daryl l'a aperçue, émergeant derrière le traître blond, habillé du pyjama jaune. Elle est là, bien trop pâle, ahurie, totalement perdue, impensablement déconnectée. Il a eu du mal à la reconnaître le temps d'un souffle, ne l'identifiant d'abord que comme une des femmes de Negan, comme plus tôt dans le couloir, comme il en a déjà vues d'autres sortir, rousse, châtain. Mais cette fois, c'est bien elle, dans sa robe habillée, noire, même si déchirée et tâchée à de multiples endroits, élégante, décalée aussi, dans toute cette crasse. La mini veste qui lui couvre les bras le fait frémir pourtant, comme la copie du blouson du Sauveur en taille enfant... Mais ses yeux sont immédiatement attirés sur ses marques encore sanglantes couvrant ses mollets graciles et nus, par ses deux petites jambes maigres, saignantes et ses pieds déchaussés, écorchés, à vif. Avançant tel un rôdeur égaré, sourd et indifférent, elle est à l'image de cette foule se répandant sans cesse. En pire.

Une main sur la nuque de la femme, il ne veut que la sentir là, entière malgré tout. Après avoir passé rapidement son taurus dans le passant de sa ceinture, dans son dos, saisi à nouveau par l'état de ses pieds meurtris, il se penche en avant à peine, pour passer son bras libre contre le creux de ses reins, gardant son autre main calée contre sa nuque, sentant ses cheveux humides, doux, mais inhabituellement déliés et lisses, pour la soulever souplement, sentant sa tête s'élever dans le mouvement, sentant son souffle à peine tiède contre sa carotide.

Le corps de son amie ne réagit toujours pas. Elle ne lève pas les bras tout de suite, les gardant indifféremment le long du corps, armés. Le désarroi et la panique le prennent alors qu'il a l'impression de ne tenir qu'un pantin grandeur nature contre lui.

Une peur viscérale et acide lui enserre soudain les entrailles. Il réalise, comme un éclair en pleine nuit qu'est sa vie, qu'il tient enfin contre lui le corps de son seul amour. Mais qu'il arrive trop tard, vidé qu'il est de toute son âme, de tout ce qui fait son essence.

"C'est fini Em'... souffle-t-il, retenant une vague de désespoir au double sens que peuvent porter ses mots.

Il lève les yeux au ciel encore clair, le ton reconnaissant pourtant de la sentir enfin contre lui. Ses mots reflètent son désespoir d'être sans doute arrivé trop tard. Ils résonnent aussi comme une prière ultime.

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La voix rauque résonne dans sa tête.

Sa bouche entrouverte, respire encore difficilement. Ses lèvres sèches et anesthésiées s'éveillent lentement à la sensation nouvelle de la peau de l'homme qu'elles effleurent.

La voix rauque résonne dans sa tête.

Ses yeux grands ouverts sur le ciel cillent enfin alors qu'une inspiration salvatrice soulève tout le haut de son corps inerte.

La voix rauque résonne dans sa tête.

Ses bras se replient , comme réveillés en sursaut, autour des flancs de l'homme, les doigts meurtris de sa main droite enserrée s'accrochent pourtant désespérément au corps du chasseur.

Une gémissement long, aigu, et déjà mourant passe enfin ses lèvres. Comme le premier cri d'un nouveau né qui souffre déjà de devoir vivre.

Ils restent encore un moment seuls au monde, parmi les rescapés du Sanctuaire qui les observent de loin, respectueusement.

Il dépose doucement son amie au sol, mais il ne tarde pas à la sentir littéralement glisser contre lui, réalisant que ses jambes ne la portent même plus.

Alors il passe un bras rapide dans son dos et de l'autre, lui soulève les genoux qui se plient, souples. La tempe d'Emma revient se poser doucement sur le creux de son épaule alors qu'elle ferme enfin les yeux sans émettre plus un seul bruit. Voila son soulagement. Enfin.

Elle ne pèse rien et il n'a pas beaucoup à faire pour aller l'installer sur la banquette arrière de la Dodge Magnum noire la plus proche, où il l'étend avec précaution de tout son long.

Elle ouvre à demi les yeux en sentant qu'il n'est plus contre elle.

"Je suis là Muskogee... murmure-t-il, fixant ses prunelles oranges qui le cherchent une seconde. Je ne te lâche plus...

-Lui aussi ne me laissera pas... chuchote-t-elle, se défaisant enfin de la chemise que ses doigts n'ont plus quittée.

Daryl tourne la tête vivement vers l'extérieur du véhicule, cherchant Rick du regard. L'angoisse lui serre maintenant les entrailles aux mots de la jeune femme. Mais surtout la colère.

Negan n'est pas mort.

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