✦ Chapitre 4 : Le début des emmerdes ✦

J'ai eu une révélation cette nuit. Je crois que j'apprécie Iván et que nous deviendrons amis. Rien de plus.

En compagnie de Rocio, je remonte la longue allée en ligne droite menant à Las Encinas. Le soleil qui brille dans le ciel bleu joue sur mon humeur. Je suis motivée comme jamais pour affronter mes différents cours pourtant loin d'être passionnants. Si je l'accepte, je commencerai par les maths... Une matière que je n'apprécie vraiment pas malgré toute ma bonne volonté pour la comprendre...

Afin de mettre toutes les chances de mon côté, je me dirige d'ailleurs vers la cafétéria. Je vais me prendre une petite douceur qui m'aidera à tenir le coup.

À peine ai-je fait un pas à l'intérieur que des éclats de voix viennent assombrir ma journée. Isa, les mains sur les hanches, hausse des sourcils furibonds tandis que Rosa s'emporte contre elle.

Détestant les conflits, je m'apprête à m'éclipser lorsque les filles me repèrent. Je n'ose plus partir, me fige telle une statue romaine. Ma respiration se bloque dans ma gorge et mon cœur s'emballe soudain.

Pourquoi diable se disputent-elles ?

— Dis-moi, Zara, me prend à partie Isadora. Tu trouves normal que Rosa tente de séduire Didac ? Alors qu'il me plaît et qu'elle le sait pertinemment depuis le début ?

Finalement, je crois que je préférais ne pas être au courant du sujet de cette discussion houleuse.

— Hein ? Je n'ai pas bien entendu, tenté-je de gagner du temps, paniquée au plus profond de ma piètre personne.

Que mes prières soient écoutées, s'il vous plaît, que la sonnerie sonne ! Tout de suite ! Maintenant !

Si mon vœu se réalise, je promets d'être sage !

Bon, apparemment je m'adresse à un sourd. Rien ne se passe. Je me sens bien seule. Trop seule. Terriblement seule... Même parler à un mur aurait mieux marché. Ou invoquer un fantôme.

Et je pèse mes mots.

— Elle ne voit pas le problème parce qu'il n'y en a pas, répond Rosa à ma place.

— Ça, ça m'étonnerait, susurre Isadora entre ses dents serrées. Tu l'as empêchée de donner son avis. Je serai ravie de l'entendre te remettre à ta place.

— Je me passerai de ta permission pour tenter ma chance... Didac me plaît et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour arriver à mes fins. Et si tu n'es pas contente, c'est le même prix.

Choquée, j'ouvre la bouche puis la referme. Isa et Rosa sont amies, ce n'est pas possible qu'elles se disputent pour un garçon. Leur amitié devrait être bien plus précieuse et aller au-delà de tout le reste.

Pendant le cours de maths, je réfléchirai à la façon dont les choses peuvent s'arranger entre elles. Et s'il le faut, je les aiderai moi-même. C'est décidé.

Mais peut-être me font-elles une mauvaise blague ? Un prank pour une future publication sur leur Tik Tok ? Comment pourrais-je le savoir ?

Leur demander paraît être une idée incongrue, déplacée.

Et en même temps, elles ne semblaient pas jouer la comédie. Ou peut-être envisagent-elles d'être actrices et s'entraînent-elles chaque jour de cette manière un peu particulière ?

Je vais mener l'enquête et me pencher sur plusieurs scénarios possibles pour tirer cette affaire au clair. Pourvu que j'y trouve les réponses à mes interrogations !

La sonnerie retentit enfin, évitant de justesse que les filles ne s'écharpent.

Pour le coup, je suis tellement chamboulée que je n'ai pas envie de me payer quoi que ce soit à la cafétéria. Je n'ai plus faim tant j'ai l'estomac noué.

— Allons en cours, déclaré-je, pour mettre fin à cette situation cauchemardesque.

En silence, Rosa et Isadora, respectivement à ma droite et à ma gauche, me suivent. Avec un peu de chance, les maths pourront faire descendre la pression, la colère et la rage entre elles.

Du moins, je l'espère.

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Cette journée m'a laissée sur les rotules. Non pas que les cours demandaient beaucoup d'efforts, mais mentalement, je suis tuée. Ce qui s'est passé entre Isadora et Rosa me tracasse, hante mes pensées depuis ce matin.

Je me précipite hors de l'enceinte du lycée et rejoins mon frère à sa voiture avant d'être rattrapée.

Lorsqu'il m'aperçoit débouler aussi rapidement, il arque un sourcil et abaisse ses lunettes afin de mieux me détailler du regard. Eric est assis juste à côté de lui et semble tout aussi surpris. J'ouvre la portière à la vitesse de l'éclair, referme aussitôt derrière moi, m'attache et lui demande de, pour une fois m'écouter, et démarrer sans poser de questions.

Toujours aussi stupéfait, il s'exécute.

— S'il y a un terroriste dans ton établissement, Zara, on devrait appeler les forces de l'ordre.

L'air sérieux qu'il m'adresse dans le rétroviseur et ce qu'il dit dédramatisent la situation. Afin qu'il ne frôle pas la syncope, je lui explique du mieux que je peux ce qui s'est passé, le rassure quant à la vraie nature des événements. Même Eric paraît soulagé quand je me justifie sur ma façon d'agir. Il faut le reconnaître, j'ai peut-être un peu joué les drama queen en courant presque jusqu'à eux.

— Mais quelle drama queen, dit-il, comme s'il avait lu dans mes pensées.

Le reste du trajet se déroule dans une ambiance moins pesante. La musique inonde l'habitacle, le rythme endiablé se propage dans tout notre corps et nous donne envie de danser. Je commence à décompresser, mes soucis semblent se dissiper au fur et à mesure mais ne disparaissent pas.

Comment suis-je censée gérer ces tracas nouveaux dans mon quotidien ?

Dubitative, je sors de la Lamborghini d'Álvaro après qu'il se soit garé dans l'allée devant la maison et suis les garçons à l'intérieur, mon sac de cours sur l'épaule.

Maria nous a préparé un goûter rafraîchissant. Une bonne glace à déguster près de la piscine. Il y a pire.

Tandis qu'Eric et Ál parlent voiture, je regarde les publications loupées sur mes réseaux sociaux. Il me faut un peu de temps pour me souvenir du prénom du nouveau petit ami de Zion, mon ancien meilleur ami à La Trinité. Puis, je laisse défiler mon feed Instagram, m'arrête sur certaines photos et vidéos qui attirent mon attention, fouine sur quelques profils et finis par fermer l'application et verrouiller mon écran.

Les devoirs attendront. Je file me changer dans ma chambre et redescends les escaliers quatre à quatre en maillot de bain. J'ai bien envie de piquer une petite tête pour me rafraîchir et extérioriser tout de cette journée compliquée.

Je cours sur le revêtement bouillant et fais une bombe juste à côté de mon aîné et d'Eric. L'eau ne peut pas me faire plus grand bien. Bien que chauffée par le soleil, elle reste plutôt fraîche au fond.

Sous le regard assassin d'Ál, je commence à faire quelques longueurs.

De brasse d'abord. De crawl ensuite. Nager a toujours été un vrai plaisir pour moi. Non seulement cela me permet de me muscler le dos, les membres, mais je m'y sens comme si j'étais dans mon élément également. Peut-être suis-je une sirène, expulsée de son royaume, et dont la mémoire a été effacée ?

Non, je m'emballe un peu. Encore. Pour changer.

Trempés jusqu'aux os, Eric et Álvaro s'éloignent. Je les entends demander des serviettes propres à Maria. La colère qui les habitait semble s'être envolée par l'opération du Saint Esprit.

Ou peut-être ai-je parlé trop vite ?

Ils se retournent tous les deux dans ma direction, retirent leurs habits jusqu'à rester en caleçon de bain, m'observent avec un sourire en coin et sautent à leur tour dans l'eau.

Ils se sont apparemment mis d'accord pour me couler. Comme des prédateurs, des crocodiles, ils ondulent jusqu'à moi tranquillement et m'attrapent par les bras avant de me mettre la tête sous la surface sans aucun mal.

Que la bataille commence ! Rira bien qui rira le dernier !  

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