'a'ole wau 'a'ole'ike
Tu vois, ce genre de moment ?
C'est le genre de moment qui me fait douter de tout.
Je ne sais même plus ce que je veux ou ce que je vaux. Qui suis-je vraiment ? J'ai l'impression que la réponse vient des autres. Je ne suis qu'une pierre que chacun taille comme bon lui semble. Que le reflet de ce qu'ils veulent voir dans le miroir.
Je ne suis même pas capable de me définir. J'ai mis du temps à me façonner une image, une personnalité bien tracée et précise pour qu'elle plaise. Ça plaisait. Mais elle s'est fissurée depuis que j'ai rencontré des gens vrais. Jusqu'à se briser totalement. Crac. Et tomber au sol en mille morceaux. Boum. C'est fini. Je ne pourrais plus être cette façade sous laquelle je me glissais. Et il va me falloir du temps pour la recommencer.
Mais je n'ai pas l'impression d'en avoir envie. Je crois que j'ai la flemme. Flemme d'être quelqu'un qui ne me ressemble pas. Je te jure, c'est si chiant ! Et puis, je n'ai plus envie de me cacher depuis que je le connais. Il est trop vrai pour parler à quelqu'un de faux. Et je ne veux pas qu'il arrête de me parler.
Tu sais, il m'en a parlé, l'autre jour. Il n'était pas triste, mais il n'était pas joyeux. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas. Et il m'a parlé d'elle. Il m'a parlé de sa sœur. Sa jumelle. Je ne l'ai pas interrompu. Il m'en a parlé pendant longtemps. Il m'a tout raconté. Je me suis tue. Même quand il avait fini, je me taisais. J'ai fait comme toi. Comme tu l'as toujours fait pour moi. Ça m'a toujours fait du bien. Et je crois que lui aussi, ça lui a fait énormément de bien. Il avait l'air mieux.
Tu sais, il m'a même emmenée la voir. Il a attrapé ma main avec la sienne, la sienne si douce et si chaude. Il m'a dit "viens avec moi". Je n'ai pas répondu. Mais je l'ai suivi. On ne parlait pas. Mais on se disait plein de choses. Je lui transmettais tout l'amour que je pouvais, il me remerciait. Silencieusement. Personne ne le voyait. Personne ne l'entendait. Mais nous on le sentait.
Quand on est arrivés devant elle, c'était quelque chose. À cet instant, il lui a dit "je t'aime". Et moi j'ai posé une fleur sur elle. Je l'avais cueillie le matin même, elle me faisait penser à toi. Je n'ai eu aucun regret à lui offrir. Et puis il m'a parlé d'elle. Il me racontait des anecdotes, et moi je riais. Mais je ne disais toujours rien. Au bout d'un moment, il s'est arrêté. Il l'a regardée, le sourire aux lèvres. Et il m'a dit, sans la lâcher des yeux "je l'aime". Alors j'ai serré encore plus fort sa main que je n'avais toujours pas lâchée, et je lui ai dit "je sais". Et puis on est partis.
C'était beau, ce moment là. Et depuis je doute. Je ne sais plus quoi penser. Il m'a ouvert son cœur, il s'est confié à moi. Il me fait confiance. Je ne me suis jamais sentie si importante.
On n'en a jamais reparlé. Ça servirait à rien. Y'a rien à dire. Ce genre de truc, ça s'explique pas. Ça se vit. Je le remercierais jamais assez pour sa confiance. C'était le plus beau cadeau qu'il pouvait m'offrir.
Oh tu sais, il est danois. Il m'a appris un mot en danois. Smuk. Ça veut dire belle. Il m'a dit que je l'entendrai souvent si j'allais là bas. J'adore apprendre des choses sur lui. Je suis passionnée par sa personne. C'est ça, que t'appelle être amoureuse ? Parce que j'adore apprendre des choses sur plein de gens. J'suis peut être polyandre ?
Mais lui, c'est différent. Apprendre quelque chose de nouveau sur lui, c'est comme un petit rêve qui se réalise. Ça me rend inexplicablement heureuse. Mais je suis pas amoureuse de lui ! J'ai déjà été amoureuse, je sais ce que c'est. Mais là, je le suis pas. J'ai pas le cœur qui bat dès que je le vois. Je rougis pas dès qu'il me parle, j'suis même pas jalouse quand il parle à d'autres filles !
C'est mon ami.
Ou alors juste un peu plus. Parce que quand il me parle, j'ai l'impression que faire partie de sa vie est un immense privilège. Parce que dès qu'il m'apprend quelque chose de nouveau, j'ai l'impression d'avoir trouvé un nouveau sens à ma vie. Parce que dès que je lui apprends quelque chose de nouveau, j'ai l'impression d'être d'une intelligence suprême.
Et puis, je pense tout le temps à lui. Quoi que je fasse, je pense à lui. Il est toujours là, quelque part, à trotter dans ma tête. Et quand il m'envoie un message, je suis joie. J'ai toujours ce sourire niais et débile qui hante mes lèvres quand je lui réponds. En même temps, il me fait rire !
Et puis je me fais des films avec lui. Je nous imagine plus tard. J'ai pas envie de plus lui parler, l'année prochaine. Je tiens à lui, tu comprends ? Je veux pas le perdre. Pour lui je donnerais ma vie. Je pourrais tout sacrifier. Mais ça veut pas dire que je suis amoureuse de lui ! Je l'aime, mais comme un ami. Tu vois ce que je veux dire ?
Hein ? Tu vois ce que je veux dire ?
Ah bah non, tu peux pas voir.
Tu peux pas savoir.
T'es une carte postale.
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