9. « Décision. »


Je t'attends comme si t'allais rentrer.
Tu vas me manquer, tu vas me manquer.

Les souvenirs ne cessent de me hanter.
Tu vas me manquer, tu vas me manquer.

Presnel venait d'annoncer à ses coéquipiers français qu'il allait prendre sa retraite suite à la Coupe du Monde qui allait se dérouler dans un mois.

Il y avait longuement réfléchi, seul, et sa décision était à présent prise.

Les joueurs français s'étaient initialement regardés entre eux, surpris par la décision du désormais capitaine du PSG depuis le retour de Marquinhos dans son club formateur au Brésil.

Mais aucun d'eux n'avait fait d'objection. Ils devaient être dans la partiale incompréhension, à exception de certains qui devaient se douter.

Kylian, Ousmane, Randal et Lucas avaient vu, malgré le faite que le premier soit parti au Réal il y a quelques temps.

Ils avaient vu l'effet que le départ de Julian avait eut sur lui. Les ravages que ceci avait fait sur son cœur, et la manière dont ça l'affectait toujours. Mais par chance ils avaient gardé le silence.

Cette nouvelle leur avait fait oublier un épisode embarrassant arrivé le matin même lors de leur arrivée à Clairefontaine, impliquant Presnel et Florian.

Oui, Thauvin, qui était passé à Clairefontaine pour souhaiter bonne chance à ses anciens coéquipiers pour ce nouvel objectif, à 8 ans de distance de leur dernier titre mondial.

En voyant l'ancien marseillais de dos et la ressemblance avec l'homme qu'il avait aimé, Presnel s'était précipité vers lui en manquant de le faire tomber vers l'avant.

Ses pensées n'étaient pas contrôlées, et il avait directement pensé qu'il s'agissait de Julian. Sans réfléchir à ce que l'allemand aurait pû faire ici, ni les raison de son retour.

Il s'était ensuite précipitamment excusé auprès de son ancien coéquipier sans expliquer la raison de cette agression improvisée, pour ne pas risquer de recevoir des moqueries.

Car ce n'était pas normal qu'après trois ans il soit encore en train de penser à Draxler comme si la dernière fois qu'ils s'étaient vu avait été la veille.

Ils s'étaient écrits la veille, justement. Un inattendu message de la part de Julian avait apparu dans la barre des notifications du téléphone de Presnel. Les derniers remontaient à l'anniversaire de l'allemand.

Dans ce message, Julian lui souhaitait bonne chance pour la Coupe du Monde imminente.

Les mêmes messages presque insignifiants avant chaque match important ou chaque événement qu'ils s'échangeaient depuis des années, avec des pauses de temps en temps durant lesquelles leurs messageries respectives restaient silencieuses.

C'était un miracle qu'ils n'aient pas perdu de contact total après tout ce temps. Devait-il donc croire qu'un jour ça aurait évolué ?

Presnel se demandait aussi si l'allemand était si timide pour enchaîner une nouvelle conversation avec lui a chaque fois, et si il lui envoyait des message de temps en temps juste pour être poli.

Mais il connaissait Julian, même si son attitude avait sans doute changé. Si il n'avait pas voulu maintenir le contact il se serait limité à ne pas lui écrire tout court.

Cette fois-ci l'allemand avait accompagné son message par une question. La banale question qu'ils se posaient réciproquement à quelques intervalles de temps. En répondant toujours de la même manière.

« Comment ça va ? »

« Bien. Et toi ? »

« Bien, merci. »

Sans que l'un ne puisse accéder aux sentiments de l'autre. Des messages froids et privés de la tendresse qu'ils partageaient auparavant.

Presnel n'avait aucune idée de ce que ressentait Julian à présent. Si les souvenirs le hantaient encore et toujours comme dans son cas.

Si il pensait chaque jour à eux, les moments ensemble qu'ils avaient partagé, les entraînements en paire qu'ils faisaient, les baisers et les mots doux échangés répétitivement.

Peut-être qu'il était comme lui. Impuissant, prisonnier de ses propres pensées en se demandant pourquoi est-ce qu'il n'avait pas eut la possibilité de rester au PSG.

Peut-être qu'ils étaient tous deux trop impuissants pour pouvoir un pas en avant vers l'autre.

Ils avaient peur de faire la même erreur, en devenant des robots qui s'échangeaient des messages aussi banal les uns que les autres, enchaînés aux souvenirs et aux remords qui les hantaient.

⋆ ⋆ ⋆

⋆ ⋆ ⋆

Mon Julian.

Je me suis remis à apprendre l'allemand, tu sais ? Après tout ce temps, oui. Cet dingue.

Je me souviens de t'avoir demandé de commencer à me l'apprendre, une fois. Je me rappelle de ton expression désespérée quand j'avais prononcé la première phrase entière en allemand !

Mais malgré ça tu m'avais aidé.

Et tu n'avais pas ri quand, le jour de ton anniversaire, je t'avais préparé un poème en allemand et que je te l'avais lu à haute voix. Au contraire, tu avais l'air heureux et ému.

Il y a des phrases et des mots dont je me souvenait. Meine Liebe. Et aussi Ich liebe dich. Quelque chose qui me fait penser à toi.

Oui, car pour moi tu resteras toujours l'amour de ma vie, peu importe tout ce qui est arrivé, les erreurs et la distance qui nous sépare.

Je me demande ce que tu fais maintenant.

J'ai lu que tu avais divorcé avec ta femme. Tu me comprends donc, maintenant. Est-ce que tu ressens les mêmes choses que moi, à présent ? Peut-être que tu l'as toujours fait.

Quand j'ai divorcé avec Sarah, j'ai réalisé que le vide qu'elle a laissé n'avait rien à voir avec celui que toi, tu avais laissé. Est-ce que c'est la même chose pour toi avec Sethanie ?

Je ne veux pas que tu comprennes autre chose que ce que je veux dire. Je ne suis pas heureux, au contraire. Jamais de la vie je ne t'aurais souhaité ce genre de chose.

Même si au fond j'aurais espère que nous ayons été plus courageux que ça, en mettant tout de côté pour faire avancer notre relation.

Moins lâches. En évitant de faire souffrir des innocents qui ne méritaient pas ça.

Nous le voulions tous deux, Liebe.

Il y a tant de choses que j'aimerais faire si seulement nous pouvions retourner en arrière dans le temps.

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