8. « Illusions et Doutes. »


Je pense tellement à toi.
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.

Plus les années passent et plus je réalise
à quel point j'avais de la chance de t'avoir.

Une autre année s'était lentement écoulée avec un rythme monotone et presque fatiguant. Les jours, les semaines et les mois se succédant ne faisaient qu'augmenter le compteur sans laisser de traces.

Presnel avait à présent 31 ans, aussi impensable que cela puisse l'être. Au fond, il se sentait bien plus âgé que les années qu'il portait sur le dos. Une âme âgée emprisonnée dans un corps jeune, comme on dirait.

31 ans et il envisageait déjà à prendre sa retraite du football. International et en club, malgré l'amour qu'il portait pour ses coéquipiers, ses supporters, et pour ce sport qu'il avait côtoyé depuis son plus jeune âge.

Il avait perdu la motivation, et l'envie de continuer à courir après un ballon, même si ceci avait toujours été sa passion.

Le français avait seulement envie de tout lâcher, s'acheter une maison au milieu de nulle part et y passer le restant de ses jours. Sans aucune responsabilité et sans rien de tout ce qui avait caractérisé sa vie jusqu'à là.

Juste lui, ses pensées et ses satanés souvenirs, toujours bien présents en boucle dans sa tête comme un disque qui n'arrêtait pas de tourner, en répétant toujours la même mélodie. Toujours les mêmes, encore et encore.

Il craignait aussi qu'un jour ou l'autre il aurait fini par oublier Julian. Son cœur ne voulait pas. Mais il se répétait que ça aurait été mieux pour lui, en essayant de se convaincre que le temps aurait tout effacé.

Que ses souvenirs auraient été remplacés par d'autres événements plus gaies, comme la précédente victoire en Ligue des Champions et à l'Euro avec les Bleus.

Mais non, au contraire. Il n'avait jamais oublié les souvenirs qui avaient le devoir de le rendre heureux tout comme nostalgique. Ça restait ancré dans sa tête.

Et pour raviver cette flamme, il regardait régulièrement les publications du compte Instagram de Al-Ahli dans l'espoir d'apercevoir l'allemand parmi les autres joueurs.

Julian n'avait pas changé physiquement, durant ces années. Il avait toujours les mêmes cheveux bruns soyeux et la même bouille d'ange qui lui conférait un air éternellement jeune même du haut de ses 33 ans.

Le français se sentait apaisé en regardant ces photos là, qui avaient le bénéfice de le faire sourire légèrement à la vue de l'allemand.

Il en était accro. Au point que la voix de Draxler résonnait dans sa tête à chaque fois qu'une pensée le concernant traversait son esprit.

Presnel entendait son rire et se figurait dans la tête le sourire qu'avait l'allemand lors d'une situation amusante. La manière dont il plissait les yeux quand un fou rire l'emportait.

Il entendait le ton rageur que le milieu de terrain employait et la bouille vexée qui figurait sur son visage lorsqu'il voulait laisser comprendre qu'il était en colère.

Ses pleurs, les remarques taquines qu'il sortait de temps en temps et la manière irrésistible dont il murmurait le prénom du français entre un baiser et l'autre.

Si ce n'était pas déjà le cas, a force Presnel serait devenu fou.

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Ce matin je ne suis pas allé à l'entraînement du club. Le coach va me reprendre en ne se gênant pas de me coller sur banc lors du prochain match.

Mais c'est pas grave. J'ai sincèrement plus trop envie de jouer au foot, maintenant.

C'est peu crédible, vrai Babe ? Mais je te jure que dernièrement je n'arrête pas de me poser des questions concernant ma carrière et le futur que pourrait avoir celle-ci.

Qu'est-ce que je donnerai pour t'avoir à mes côtés maintenant.

J'aurais vraiment besoin de toi, de tes mots rassurants et de ta raison pour m'aider à faire le bon choix.

Ma dernière blessure m'a fait perdre la motivation, même si maintenant je suis en grande forme pour reprendre les performances sur le terrain.

Mais je pense que ça remonte à bien plus longtemps.

Ça fait trois ans que tu as quitté le Paris Saint-Germain. Et trois ans que je sens que je ne fais que tomber dans le néant. J'ai l'impression de n'avoir plus personne, depuis.

Je suis un ingrat, car un temps j'avais bien plus que ce que j'ai à présent. Mais je n'ai fait aucun effort pour conserver le contact et le lien avec les gens que j'aime et que j'ai aimé.

Sarah, Kayis, les gars de l'équipe de France, ceux du PSG, et toi. J'avais de la chance de vous avoir. Et de t'avoir toi en particulier.

On ne se parle plus, désormais. Avec le temps on a coupé tous les ponts qui nous liaient l'un à l'autre, peut-être sans même pas s'en rendre compte.

Je ne sais pas si depuis tu es revenu en Europe malgré le faite que le coach allemand ne t'ai plus convoqué. Je ne sais plus rien, à part les quelques informations sur toi qui passent parfois sur les journaux.

J'ai tout perdu. Ça signifie que visiblement je ne mérite pas tant que ça.

Je ne te méritait pas toi. Je ne les méritait pas, eux.

J'ai tout foiré, Julian.

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