10. « Gâchis. »
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Je t'attendrai encore, encore et encore.
Tant que mon corps supportera ton absence.
Je t'attendrai encore, encore et encore.
J'attendrai que tu rentres.
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Presnel avait passé la soirée en boîte de nuit. En voie exceptionnelle, en compagnie de certains de ses coéquipiers en Équipe de France.
Le départ pour les États-Unis où allait se dérouler la Coupe du Monde 2026 était imminent, et malgré ça quelques membres de l'équipe nationale avaient pris la décision d'aller fêter un peu.
Le défenseur du Paris Saint-Germain les avait suivi, ayant besoin de se changer les idées. De mettre une barrière entre lui et la réalité en buvant quelque chose.
Il n'avait pas touché à l'alcool depuis des années, sans pourtant ressentir de manque.
Il avait craqué ce soir là, en voulant noyer ses sentiments dans un verre ou deux. Ou trois. Ou quatres. Il avait perdu le compte au bout d'un moment.
D'une chose il était sûr, pourtant. Il avait passé la nuit seul, par chance. Il était uniquement rentré chez lui après cet épisode de sa vie qu'il ne pensait de ne pas être capable d'affronter un jour.
Trois années s'étaient écoulées et jusqu'à là il n'avait jamais cédé à la tentation de noyer ses préoccupations dans un verre, malgré tout ce qu'il avait passé. Seul.
Ce soir là, il avait reçu de différentes approches de la part d'hommes et femmes. Et il regrettait que son regard se soit attardé sur un homme aux cheveux bruns d'un ou deux ans de moins que lui.
Cet inconnu lui rappelait énormément son Julian, pour son allure, sa coupe de cheveux brune et son rire si spontané.
L'homme avait bien vite remarqué le regard de Presnel pointé sur lui, et lui avait souri en s'approchant progressivement de lui. Il était visiblement seul aussi, en recherche de quelqu'un avec qui passer une nuit avant de tout oublier.
Mais Presnel, non. Il n'aurait pas cédé à ce sentiment de vide au creux de sa poitrine. Car personne n'aurait été capable de remplacer ce que Julian était pour lui, même si cela aurait duré uniquement une nuit.
De plus les yeux verts de l'inconnu qui s'était approché n'avaient rien à voir avec les belles perles couleur noisette qu'étaient les iris de Julian.
L'homme, en notant le vague intérêt du français avait tenté une approche que Presnel avait repoussé en lui faisant clairement comprendre qu'il n'allait pas céder à la tentation. Il n'avait pas envie, même après tout ce temps.
L'inconnu, en remarquant que ses tentatives étaient vaines, avait bronché, en s'éloignant pour aller chercher quelqu'un d'autre qu'un pauvre homme prisonnier de ses souvenirs.
Presnel l'avait entendu murmurer quelque chose lorsqu'il s'était éloigné de lui.
« Quel gâchis, un si bel homme. »
Mais était-ce du gâchis le faite de se dévouer uniquement au seul homme qui avait occupé son cœur et qui en était aujourd'hui même le propriétaire, même après tant de temps ?
Étais-ce du gâchis d'avoir vécu uniquement pour celui qui avait été l'homme de sa vie ?
Jamais Julian n'allait être remplacé, même après ces années passées seul et plongé dans sa mémoire. Jamais personne n'allait avoir la capacité de recouvrir ses plaies laissées par le départ de son allemand bien aimé.
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J'ai rêvé de toi, Julian. Encore.
Hier soir en rentrant, seul dans mon lit comme d'habitude.
Ce lit froid et vide dans lequel je me refuge quand je sens que tout va mal. Je dors la majeure partie du temps, quand je peux. Quand je sens que je n'ai pas la force pour continuer à rester éveillé.
Car dans mon sommeil je peux m'échapper de la réalité. En créant de faux scénarios qui me permettent de fuir le monde réel, même pour quelques instants.
C'est fou la manière dont j'arrive à fuir ce qui est réel uniquement car une personne n'est désormais plus dans ma vie.
« Une personne ». Cette personne sur laquelle toute ma vie était basée. Mon étoile polaire, celle qui me guidait en illuminant ma vie. Et cette lumière, je ne la vois plus depuis longtemps.
Mais peut-être tout ceci ne sera qu'une parenthèse. Une parenthèse sombre de notre vie qui laissera la place à des années plus gaies.
Des années ensemble. Un futur dans lequel nous sommes côte à côte.
Ça ne vaut rien d'essayer d'y imaginer, non ?
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