Chapitre 36
Hello there !
J'ai réussi à trouver le temps d'écrire ce chapitre en moins d'un mois, je suis contente ! XD
J'essaye de répondre rapidement à vos commentaires, mais sachez en attendant que je les lis tous, et plusieurs fois même, tant ils me font plaisir. Je vous aime fort ❤️
Bonne lecture !
Alice
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Ben se réveille difficilement. L'esprit encore embrumé par ce qui s'est passé la veille, il peine à reprendre un cheminement de pensée cohérent. Tout n'est que flashback. Il revoit la peau laiteuse de Rey, il la revoit l'embrasser à pleine bouche pour s'empêcher de gémir. Il revoit son visage crispé de douleur, la première fois qu'il est entré en elle, puis son sourire encore plein d'innocence alors qu'elle se laisse envahir par un bien-être encore indompté.
Le jeune homme tourne la tête. À côté de lui, emmitouflée dans la couette, la psychologue dort paisiblement. Il prend un instant pour écouter sa respiration paisible, puis secoue la tête. Ben doit profiter de ce moment seul pour avancer. À sa gauche, sur la table de nuit, se trouve un papier plié en quatre sur lequel sont imprimés les noms de toutes les personnes que Lucy a contactés durant ces deux derniers mois. Le tueur y est, Rey l'a reconnu. Elle y a surligné son nom en rose. Sans un bruit, le jeune homme sort du lit, enfile le pull de pyjama qu'il ne porte jamais et se faufile dans le salon, qu'il traverse pour aller se faire un café. La journée va être longue, et il sent déjà ses nerfs être mis à rude épreuve.
Tandis que son regard se perd vers un point lointain, il repense à toutes les coupures de journal qu'il a gardé dans un coin. Toutes parlent de Lila, de ce qui s'est passé à Denver il y a trois ans. Sa sœur n'était pas la seule. Maintenant, Ben doit trouver les autres, et surtout, les avis de recherche qui ont été lancés suite à ces meurtres. Les noms ne correspondront pas. Ben n'est pas dupe, si ce salopard est encore là à s'amuser à tuer des jeunes femmes, c'est que personne auparavant n'a réussi à lui mettre la main dessus. Il n'est même pas certain que les policiers en charge des précédentes enquêtes l'aient eu en face d'eux et aient pu faire un quelconque lien. De toute façon, Ben ne croit plus en la capacité de la police à faire face à ce genre de tueur. Même Rey, passionnée par ses recherches, a de plus en plus de mal à comprendre la psychologie de cet homme. Ou de ces hommes. Parce que ni lui ni elle ne sont convaincus qu'il agisse seul.
Le café terminé, Ben retourne dans la chambre. Rey dort toujours, tournée vers la fenêtre. Il allume l'ordinateur, déplie la liste des appels, et parcourt rapidement la feuille avant de se focaliser sur le nom mis en valeur. Quand sa bécane a ouvert sa session, il se met immédiatement sur un VPN, et se connecte aux serveurs de la police avec les identifiants volés à un inspecteur de police. Sans aucun mal, il se donne la certitude que James Portner, gynécologue, est inconnu de leur base de données. En prenant soin de ne pas faire grincer sa vieille chaise à roulettes, il se dirige vers la table de chevet, ouvre le petit tiroir, et en sort le journal de Lila.
Jusque-là, Ben n'a pas encore eu le courage de lire les dernières pages. Les premières, celles où sa sœur était une heureuse lycéenne complice de son frère, ça allait. Même si les mots couchés sur le papier avec un stylo bille, dans une écriture cursive parfaite, lui crevaient le cœur, Ben apprécie se remémorer ces moments. Mais, bien qu'il n'ait pas encore lu la fin, il peut déjà deviner ce qu'il risquerait d'y trouver. Et même si Lila ne se doutait de rien et écrivait innocemment vouloir une contraception pour pouvoir vivre un couple épanoui avec Poe, Ben lui, savait comment tout ça allait terminer.
Mais, à défaut de le faire pour Lila, il devait le faire pour Rey. Pour la protéger, et pour remplir son devoir, ce pour quoi elle est venue lui parler la première fois. Jusque-là, il s'était contenté de lui sortir les derniers rapports d'autopsie, quelques paperasses et notes des inspecteurs de police, et il l'avait laissé réfléchir à tout ça seule. Même en soutien psychologique, Ben se considérait comme à chier. Toutes ces années à observer la vie des gens, et il n'était pas capable de se souvenir que les apparences sont généralement trompeuses, et qu'une personne d'ordinaire forte peut aussi perdre son sang froid.
Le jeune homme n'a pas assuré. C'est maintenant ou jamais, pour se rattraper. Le coupable est désigné, il le sait. Après, Rey et lui sont certains que le gynécologue agit avec un complice. Peut-être que le journal de Lila et la liste des derniers appels pourront lui donner son identité. Alors il inspire profondément, et ouvre le journal là où il s'était arrêté. Au mois de juillet 2016. Dans quelques semaines, Lila meurt tragiquement, assassinée par un fou après avoir été violée.
La gorge nouée, il lit chaque mot, chaque phrase, chaque confession, chaque sentiment. Il lit le nom d'une amie très chère de Lila, qui revient à plusieurs reprises. Sa sœur la décrit comme la grande sœur scout que toutes les filles de sa tranche d'âge ont pris en exemple. Au fil des pages suivantes, Lila se pose de plus en plus de questions sur les raisons qui ont fait que Sarah ait des relations privilégiées avec le Père en charge de leur cérémonie de confirmation. C'est Sarah qui lui donna donc le numéro du docteur Portner, qui avait pris comme identité Jackson Sanderson. Ce nom sonnait affreux d'ailleurs, a pensé Ben en lisant la page qui le mentionne pour la première fois.
Le jeune homme s'arrête un instant dans sa lecture. Quelque chose ne tourne pas rond dans ce qu'il lit. Ou plutôt si. Il a l'impression d'avoir entre ses mains la dernière pièce du puzzle. Il ne lui reste plus qu'à la poser au bon endroit pour former l'image. Le procédé lui est familier. Madelaine, Mary et Lucy ont eu le numéro du docteur Portner par Eve, leur amie commune des Girl Scouts. Eve devait être la privilégiée de ce groupe. Elle a dû rester en vie pour une raison qui échappe à Ben, par choix probablement. Dans tous les cas, c'est le moins important. Ce qui occupe la totalité de ses pensées, c'est qu'il a trouvé la clé. Le docteur Portner a tué ces filles envoyées par Eve, mais Eve a le numéro du docteur Portner, a conduit ces filles à la mort à cause du prêtre. C'est lui, dans tout ça, qui a joué indirectement les intermédiaires et les a influencé à aller voir le gynécologue. Pourquoi, il n'en avait encore aucune idée. Tout ce dont il était convaincu, c'était que Rey ne devait en aucun cas s'approcher à nouveau de lui. Même s'il était très peu probable qu'elle soit prise pour cible après la nuit dernière, elle n'était pas à l'abri que James Portner fasse une exception pour elle. Ben n'est en rien psychologue, mais il lui suffit de voir les photos des cadavres et toutes les conclusions qu'ils en tirent depuis des semaines pour savoir que ce type est cinglé.
Ben, la respiration courte, referme le journal en un claquement, avant de se retourner sur sa chaise. Il va se lever pour secouer Rey, pour la réveiller, pour tout lui expliquer. Mais le lit est déjà vide. Pris dans sa lecture, il n'a pas remarqué que les volets étaient ouverts, que Rey avait quitté la chambre. En furie, il entre dans le salon, espérant la trouver assise dans le canapé avec un livre de psychologie. L'appartement est désert. Il n'y a pas un bruit. La veste fourrée de la jeune femme n'est plus sur la patère dans l'entrée. En retournant dans le salon, Ben aperçoit un post-it sur la table.
"Si tu lis ce message, sache que je suis partie prier. J'ai quitté l'appartement à 9h45. Bisous, je t'aime, Rey".
Le jeune homme jette un œil à l'écran de son téléphone. 11h18. Il est tard, Rey devrait se mettre en route pour rentrer manger. Mais rien, pas un message, pas un appel. Ben a envie de hurler. La boule qu'il avait dans la gorge descend comme un plomb dans son estomac et lui donne une envie soudaine de vomir son café. Il court donc vers son manteau et l'enfile, quand son téléphone s'illumine.
Un nouveau message.
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