Chapitre 27
Bonsoir !
Pardon pour cette heure tardive pour la sortie du chapitre (en retard en plus). C'est juste que j'ai tenu à rattraper le temps perdu ces derniers jours, vu que j'ai enfin terminé tout ce que j'avais à rendre par rapport à la fac (et que je travaille encore pour mon stage), le reste du temps a été au profit de prendre soin de moi et de voir mes amis. Donc forcément, je n'ai pas pris le temps d'avancer sur le chapitre avant ce soir, en fait.
Je ne sais pas d'ailleurs si vous remarquez comme moi que plus ça avance, plus on voit les choses s'inverser. Je trouvais intéressant de mettre un peu en avant la notion de bien et de mal, mais ça implique aussi un certain équilibre, et au final... je sais pas comment expliquer XD
Mais Rey, par exemple, qui est très spirituelle de base, commence tout doucement à remettre en question les principes de sa religion, le fait que le catholicisme soit du côté du bien, tandis que Ben, qui ne croyait en rien, et bien... commence à se poser d'autres questions. Bref, je trouve que cette problématique et le fait qu'elle commence à prendre plus de place au fur et à mesure qu'on s'approche du dénouement est très intéressant et me plait beaucoup :)
Sur ce, j'arrête de parler. Bonne lecture !
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Ben se réveille avec le Soleil. Il se rappelle s'être couché tard. Très tard. Lorsqu'il s'est glissé dans sa chambre pour récupérer son pyjama, il l'a senti bouger. Rey a ouvert les yeux, tout doucement, et lui a chuchoté :
"Viens dormir avec moi."
Le jeune homme n'a pas eu le temps de répondre. Rey s'est rendormie, emmitouflée dans la couette. Ben s'est dépêché de se changer, et s'est collé à elle. De ce qu'il se souvient, il s'est endormi collé au dos de Rey. Il se réveille à présent recroquevillé dans le lit, la tête posée sur son ventre. La couette a été embarquée il ne sait où.
Quand il lève la tête, il constate que les volets n'ont pas été fermés. Rey dort encore paisiblement, ses lèvres semblants marmonner quelque chose d'incompréhensible. Immédiatement, quand Ben comprend que les lèvres de la jeune femme sont bleues à cause du froid ambiant de la pièce, il se redresse, récupère la couette tombée de son côté du lit, et la remonte sur son corps tout frêle. Il suffit de quelques secondes pour qu'elle cesse de grelotter.
Ben se lève pour aller faire du café. Après la soirée qu'ils ont passé la veille, ils en auront besoin. Du coin de l'œil, il remarque le carnet qu'il a ramené. Rey ne l'a pas regardé, lui n'en a même pas parlé. Serait-ce une première ? se demande-t-il. Peut-être que c'est effectivement son premier pas vers la guérison. Peut-être ne sera-t-il pas capable d'avancer sans la brune à ses côtés.
Pendant que la cafetière se remplit, il part allumer les radiateurs. Les loyers dans le Bronx restent chers, alors il fait des économies sur le chauffage. Tant pis si c'est mal isolé. Mais là, il n'est pas seul. Rey a encore les moyens de payer son petit appartement, et elle est habituée au chauffage. Et puis même, quand il l'a vu trembler, Ben a eu mal au cœur. Il ne peut pas lui infliger ça.
Quand il se retourne pour aller poser deux tasses sur la table basse, comme ils ont pris l'habitude de le faire depuis que Rey a emménagé temporairement chez lui (il y a quelques semaines déjà), il voit Rey, debout devant lui, saucissonnée dans la couette. Ben ne peut s'empêcher de sourire. Rey est aux antipodes de ce que lui peut être. Lui est peut-être fort en apparence, parait froid, distant, et pourtant, le jeune homme est si faible mentalement. Ancien alcoolique, incapable de faire son deuil trois ans après, instable. Rey est frêle, à chaque fois qu'il la prend dans ses bras, il a peur de la casser. Tout son être reflète une innocence précieuse. Et pourtant, personne ne pourra être aussi déterminé qu'elle. Personne n'aura plus de courage qu'elle pour traquer un tueur en série.
Ben s'approche de Rey. Il ne dit rien. Les tasses reviennent se poser sur le petit bar, pour libérer ses mains. Elles se glissent à nouveau, tels des serpents, et l'attrapent par la taille pour la coller contre lui. Le jeune homme reste là, sans rien dire. Il savoure la chaleur de la psychologue, savoure le fait qu'elle ait compris, sans même un mot, que la parole n'a rien à faire là.
Sa barbe naissance se frotte à la peau de pêche du cou de Rey. Ben a envie d'y promener ses doigts. À défaut, il y promène les lèvres, y parsemant de petits baisers. Il garde les yeux clos, se concentre, essaye de calmer son cœur qui s'emballe. Le jeune homme est incapable de mettre les mots sur le mélange subtil de sentiments qu'il ressent. En tout cas, il en est certain, ça n'a rien de bon.
Quand il se détache d'elle, Rey l'interroge du regard. Il passe à côté d'elle, farfouille dans la bibliothèque mal rangée. Il en sort un cahier aux pages ondulées, qui ont manifestement servies à recevoir énormément de textes. Ben regarde la couverture, la gorge serrée. La couverture est noire avec des paillettes. Ben ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. Ça correspond si bien à Lila. Elle savait mettre de la vie dans la noirceur la plus profonde.
Le cahier en main, Ben fait demi-tour. Il le tend à Rey, les yeux baissés.
- J'ai quelque chose de très important à faire, alors je peux te laisser ça ? demande-t-il à voix basse.
En réalité, Ben n'ose pas dire qu'il n'a pas le courage de le faire lui-même. Pourtant, il le faut. Rey prend le cahier sans rien dire. Les mots ne sont pas nécessaires. La jeune femme a brisé sa carapace, il l'a senti, alors elle peut voir tout ce qu'il ressent rien qu'en le regardant.
Emmitouflé dans un gros pull à capuche, Ben regarde les lourdes portes en bois, closes. Un instant, il se demande ce qu'il fiche ici. Puis il se rappelle ce sentiment pressant qu'il a ressenti ce matin en se réveillant. Il a besoin de réponses, et seul Lui peut lui en donner. Après tout, même Rey ne peut pas l'aider à retrouver son chemin, quand lui ne comprend même pas dans quoi il s'est perdu.
Ben pousse la grande porte et entre dans l'allée de pierre. A sa droite, il observe le bénitier, immobile, et rempli d'eau. Il s'approche de la cuve, observe l'eau qui y dort paisiblement. Le jeune homme appuie ses mains sur la pierre, et se penche pour regarder son reflet. Il y voit ses cernes, son regard endeuillé. Il reste un instant à contempler le reflet de son corps sans âme, quand une petite brise vient troubler l'eau. Il en profite pour faire un geste que jamais auparavant il n'avait fait. Ben trempe deux doigts dans l'eau gelée, et se mouille le front.
Comme sorti de son corps, il se voit avancer vers les bancs. Il s'assoit sur l'un d'eux, et ferme les yeux. La gorge nouée, il joint les mains, et attend. Il pense très fort, parle, espère. Il s'entend poser mille et une questions, rire jaune.
- Je ne comprends pas pourquoi je m'attends encore à recevoir une réponse, grommelle-t-il.
Mais Ben ne croit pas à ce qu'il a dit. S'il est ici, c'est qu'il sait qu'il peut avoir ces réponses. Que si Dieu existe, alors il est le seul qui puisse les lui donner. Qui puisse lui expliquer ce qui ne va pas chez lui. Qui puisse le guider. Il va se lever, soupirant, quand une force lui intime de rester assis. Le jeune homme se laisser retomber sur le banc, la poitrine serrée. La peur s'empare de lui. Jamais il ne s'est senti aussi petit, de toute sa vie. La religion n'est que foutaises, s'est-il répété toute sa vie. Quand il a su que Rey était catholique, la première chose qu'il a eu envie de faire était de rire. Maintenant, il ne sait plus trop. Il veut demander pardon, voilà tout.
"La réponse à tes questions se trouve au fond de toi, Ben."
La voix est douce, et pourtant très grave, masculine, oppressante. La bouche sèche, Ben parvient à murmurer.
- Je ne sais pas comment faire...
Encore une fois, il ne s'attend pas à une réponse. Force de l'habitude. Pourtant, le jeune homme ne se lève pas pour autant. Il frissonne.
"Tu sais déjà comment faire, Ben. Il te faut juste accepter, et trouver le courage."
Le courage de quoi ? Ben n'en sait rien. Il ne comprend plus rien à ce qui se passe. Plus les secondes passent, et moins il sait quoi faire, quoi dire, quoi ressentir. Jamais il n'aurait pensé avoir le droit de L'entendre. Lui, ancien alcoolique, brebis égarée depuis la naissance, pourquoi lui et pas un autre ? Parle-t-Il à Rey de la même façon ? Ou sait-Il qui a besoin de l'entendre ?
- Je vous en prie, aidez-moi...
Ben attend la réponse quelques secondes. Quand le vent souffle à nouveau dans l'église déserte, il se sent revenir dans son corps. Il ouvre les yeux. Un apprenti prépare l'autel en silence. Ben le n'a pas entendu venir. Le jeune homme en soutane l'a laissé faire sa prière en paix. Il lui esquisse un petit sourire, Ben ne répond pas. Il ne sait pas quoi faire, alors il se lève, et il part.
Quand il arrive à l'appartement, il se sent plus léger. Il ouvre la porte, presque souriant, ne sachant même pas pourquoi. Il a juste l'impression d'avoir franchi une nouvelle étape de sa vie, d'avoir fait un pas de plus vers la guérison. Il tombe sur Rey, assise devant la table basse, les yeux bouffis par les larmes, qui n'ont cessé de couler. Elle aborde une expression que Ben n'a jamais vu chez elle, et qui efface toute trace de légèreté ou de joie chez lui. Elle a le visage de la fureur, de la rage, de la haine. Il voie devant lui une harpie prête à lui bondir dessus pour le déchiqueter. Devant elle, ouvert sur la table, se tient le journal de Lila. Elle l'a lu en entier. Ben devine un peu mieux l'origine de sa colère.
- Tu comptais me le dire un jour ? fulmine-t-elle. Hein Ben Solo, tu comptais me le dire quand ? C'est pour ça que tu m'as choisi pour t'aider, d'ailleurs ? Parce que je suis potentiellement la prochaine d'une longue liste de femme cobaye de ce grand malade ? Ou alors c'est parce que je suis le meilleur substitut non incestueux de ta petite sœur ?
Ben ouvre la bouche, la referme. Les mots s'enfuient, alors il fait le poisson devant une Rey qui bondit et s'approche de lui à grands pas, pour hurler.
- Hein Ben ?! Tu comptais me cacher encore combien de temps que tu avais la piste la plus importante de cette enquête ?!
Ben déglutit. La porte d'entrée claque doucement derrière lui, et il se sent soudain pris au piège, tel un agneau entre les crocs de Rey.
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