Chapitre 20
Bien le bonjour !
On est samedi, il est midi et quelques, et c'est l'heure du Reylo :)
Je vais devoir sérieusement me remettre à l'écriture de cette fanfiction (et à l'écriture tout court). Et oui, mes vacances d'écrivain doivent se terminer ! (En vérité, j'ai juste eu beaucoup de mal à coupler mon stage de fin d'étude qui me prend du coup toute la journée, et l'écriture, qui il faut le dire, est du boulot aussi).
Allez, j'arrête de raconter ma vie. Des bisous sur vos deux fesses !
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Rey est rentrée conquise. Le temps d'une messe, elle a réussi à se recentrer, à oublier son nom, tout ce que ça implique, et de communier à nouveau avec le Seigneur. Cela faisait trop longtemps que ça n'était pas arrivé. La jeune femme habite plus proche de l'église, alors elle a invité Ben à dormir chez elle le soir.
Elle est donc là, dans la cuisine, en train de préparer le repas, et attend que Ben revienne de chez lui avec son ordinateur et de quoi se changer le lendemain. Rey pense à Noël qui approche, au fait qu'elle sera seule pour la première fois de sa vie. Est-ce que ce n'est pas mieux, finalement ? Si, elle en est sûre. Tout ira bien. Sa famille est détachée de toute façon. Rey n'est là que pour transmettre le nom de famille, et ses parents ont toujours regretté de ne pas avoir eu de fils. Sheev, son grand-père, lui a de toute façon bien fait savoir que son unique rôle dans l'arbre généalogique était de reprendre la firme familiale à sa mort, et à celle de ses parents. Pas de chance, en mettant le nez dans lesdites affaires, elle a déterré un business tout sauf propre, et l'a dénoncé.
Elle est tranquillement en train de touiller le contenu de sa casserole quand Ben frappe à la porte, entre, et dépose ses affaires sur le canapé. Rey ne bouge pas. Elle écoute attentivement ses pas feutrés sur le parquet vieillot de l'appartement, et fait semblant de ne pas l'avoir entendu quand il débarque dans la cuisine. Elle le sent se pencher par-dessus son épaule pour sentir la bolognaise maison. Pendant deux secondes, elle se demande s'il est vraiment intéressé par la nourriture. La jeune femme sent l'immense main de Ben se poser sur son ventre, son torse se rapprocher d'elle, son souffle caresser ses cheveux. Pendant ce moment d'intimité, dont elle ne saurait dire si c'est gênant ou pas, Rey ne pense plus à rien. Elle savoure juste ces nouvelles sensations. Ben est en réalité bien loin du gros rustre dont elle avait fait la connaissance au café.
- Ça a l'air bon, murmure-t-il. Je ne savais pas que tu pouvais être aussi bonne cuisinière.
Rey fait mine de lui assener une tape sur le bras, et se retourne pour le toiser.
- Et bien met la table si tu ne veux pas qu'on mange dans une heure, se moque-t-elle en lui désignant la petite table et les deux chaises.
Il s'éloigne, et Rey expire. Elle a la sensation que le temps recommence à filer, et qu'elle était figée dedans, pendant les quelques secondes où Ben était contre elle. Comme s'il n'y avait plus rien. Plus d'enquête, plus de procès, plus d'université, plus de tueur qui rôde dans les rues de New-York. Juste elle et lui, et le calme. Rey sait que ce n'est pas normal, mais elle ne se pose pas la question. C'est comme ça, point.
Ben récupère deux assiettes dans le petit meuble près du frigo, les couverts qui vont avec, et deux verres. Quand il a fini, il s'assoit. La jeune femme sent son regard sur elle. Elle fait mine d'être concentrée sur sa cuisine (alors qu'il ne s'agit que de touiller une bolognaise qui mijote tranquillement), pour qu'il ne la voit pas rougir. Rey n'est pas amoureuse de lui, elle en est certaine. Peut-être pas, en vérité. Elle n'est jamais tombée amoureuse. Elle ne saurait même pas dire comment ce sentiment se manifeste. Tout ce qu'elle sait, c'est que la présence de Ben lui fait du bien, et la rassure.
- Dis Rey, entend-elle dans son dos.
Elle lui jette un regard par-dessus son épaule.
- J'étais en train de me dire... tu passes Noël en famille toi ?
- Non. Pas cette année, vue l'affaire... et c'est tant mieux. Je n'ai jamais aimé Noël.
- Est-ce que ça te dirait qu'on le passe ensemble ?
La voix de Ben meurt alors que la jeune femme écarquille les yeux, stupéfaite.
- T'as le droit de dire non ! s'empresse-t-il d'ajouter.
Rey lutte pour empêcher sa mâchoire de se décrocher. Jamais elle ne se serait attendue à une pareille demande. Pourtant, la réponse sort presque immédiatement.
- Bien sûr, pourquoi pas ! Ça me changera, et... peut-être que toi aussi, j'imagine. Tu ne fêtes jamais en famille ?
- Je n'ai pas vu ma famille depuis trois ans.
Rey pince les lèvres. Elle n'ose pas poser de questions. Elle ne le fera pas. La jeune femme sent que le sujet est sensible, alors elle attendra, en bonne psy qu'elle est, qu'il accepte d'en parler de lui-même.
Quand le petit timer à côté de la plaque de cuisson sonne, Rey éteint les deux feux, égoutte les pâtes sous les yeux attentifs de Ben, et pose le tout à table, l'invitant à se servir. Il s'exécute, et Rey le regarde faire.
- J'ai commencé à lire le journal de Madeleine, dit-elle en s'asseyant. Elle était comme sa mère l'a décrite : pieuse, sérieuse... à un petit ami près.
Ben lève les yeux vers elle.
- Le petit ami en question, reprend-elle, n'est pas du tout catholique, ni même chrétien de façon générale. Ça faisait plusieurs mois qu'ils se voyaient en cachette et Madeleine avait l'intention d'être un peu progressiste, pour une fois, et de ne pas attendre le mariage pour coucher. C'est bien sa mère qui l'a poussé à prendre rendez-vous chez un gynécologue, mais elle comptait se servir de cette prescription pour pouvoir coucher avec son mec.
- Mouais, mâchonne Ben. Il y a un petit ami, d'accord, mais il n'a pas l'air d'avoir de mobile.
- Non, c'est vrai, ça m'étonnerait vraiment. Et puis il n'est pas le dernier à l'avoir vu, loin de là.
Ben reste un moment silencieux. Il savoure son repas, et Rey songe.
- Ceci dit... il pourrait mentir. Mais là encore, je ne comprends pas ce qui le pousserait à faire ça. Et puis tuer sa copine parce qu'elle veut prendre la pilule ? C'est n'importe quoi, marmonne Rey.
Ben ne répond pas. Il a les yeux perdus dans le vide. Il trifouille ses spaghettis avec sa fourchette, ne faisant pas du tout attention à ce qu'il fait.
- Ben, tout va bien ? demande-t-elle, le faisant sursauter.
- Ouais, gromelle-t-il, ouais, ça va.
- À quoi tu penses ?
Il soupire. Ses sourcils sont froncés, il a le regard qui se perd dans le vide, puis se focalise sur la jeune femme, avant de retourner à la contemplation du mur.
- J'aimerais qu'on arrête d'enquêter sur les meurtres pour les trois jours à venir, lâche Ben.
- Pourquoi ça ?
- Parce que dans quatre jours tu passes en Cour d'Appel, et je tiens à ce que tu sois bien préparée. Je t'ai monté un dossier en béton, mais tu vas devoir l'apprendre, connaître chaque preuve, chaque manœuvre sur le bout des doigts.
Un silence se fait. La joie de Rey se fane comme une vieille fleur, et son sourire meurt. C'est vrai. C'est bientôt. Rey s'est efforcée de ne pas y penser, mais Ben a raison : il est temps pour elle de faire attention, et de se préparer. Peut-être qu'elle ira en prison, peut-être pas. Ça ne dépend que d'elle.
- Ben, murmure-t-elle, pourquoi tu tiens à ce point à ce que je gagne ce procès ?
Ben ne répond pas tout de suite. Il ancre ses yeux aux siens, et Rey se sent couler comme un plomb au fond de la noirceur de ses yeux. Pourtant, quand elle observe bien, il y a quelque chose d'autre, là, plus près qu'elle ne le pense.
- J'ai... je... parce que je tiens à toi, Rey, bredouille-t-il. Et j'ai besoin de toi.
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