Chapitre 17
Coucou tardif !
J'espère que votre semaine s'est bien passée :)
Je ne pense pas avoir répondu à tous les commentaires (ou aux réponses de commentaires), mais je le ferai, promis juré :)
Bonne lecture !
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Ben est calme. Du moins, il a cette sensation que la bête féroce qui l'incite à casser quelque chose chaque fois qu'elle se réveille, a été littéralement sédatée par la présence de la jeune femme. Rey a son caractère, il ne peut pas dire qu'elle soit un exemple de moine bouddhiste zen, mais elle a une façon d'appréhender la colère et une façon d'ouvrir le dialogue très... digne d'un psychologue. Mais Ben doit avouer que depuis qu'il est en contact avec elle, qu'elle soit avec lui physiquement ou non, il se sent mieux.
Aujourd'hui est un jour où Ben est seul chez lui. Rey a plusieurs heures de cours à donner, et lui a eu un contrat à effectuer. Il a passé la matinée à chercher les informations sur le chercheur en aéronautique qu'on lui a demandé de retrouver, puis s'est de nouveau attelé à la décomposition du dossier de Madeleine. Pour aider la jeune femme, qui préfère lire un dossier sous format papier (le budget surligneur de cette doctorante doit crever le plafond, s'est-il dit), il a tout fait imprimer. En attendant qu'elle le récupère le lendemain, Ben a tout le loisir d'éplucher le moindre détail des comptes-rendus concernant le peu d'indices qu'ils ont pu envoyer à la police scientifique.
Les indices qui concernent Madeleine sont quasiment inexistants. Le tueur a bien pris soin de préparer le corps pour que rien ne soit laissé au hasard. Les coutures ne disent rien de plus que ce que Ben et Rey savent déjà. L'interprétation est religieuse, mais dans les faits, le fil utilisé est un banal fil de suture, utilisé en bloc opératoire ou dans certains cabinets médicaux. En tout cas, n'importe quel médecin peut y avoir accès. Le point est soigné, chirurgical. On a donc affaire à quelqu'un qui s'y connait, qui a fait au minimum les huit premières années de médecine. Ce qui porte Ben à penser que le médecin serait peut-être spécialisé en gynécologie, d'une part, ce sont les déclarations de Madame Lanval, que la mère de Mary pourra peut-être confirmer. En tout cas, le vagin de cette pauvre fille a été soigneusement nettoyé avec de la Bétadine gynécologique, ou quelque chose qui s'en rapproche. Le produit a été utilisé en si grande quantité que la flore ne s'est jamais refaite. Le fait que ça a pu être fait post-mortem y est aussi pour quelque chose. Reste à savoir pourquoi elle a été nettoyée de la sorte : si elle était vierge, ç'aurait été totalement inutile. Et comme le désinfectant moussant à tout détruit dans le bas-ventre de la demoiselle, impossible de savoir s'il y avait du sperme ou non. En tout cas, les scientifiques n'ont rien trouvé, le légiste non plus.
Pour Mary, il n'y a qu'un seul élément de plus. Ben est agacé. Il en est à son quatrième café de l'après-midi. Il a les mains qui tremblent, mais il a eu du mal à dormir, tourmenté par les photos des corps qu'il a longuement analysé la veille, comme si le visage figé de ces demoiselles pouvait lui apporter une réponse dont il a besoin depuis bien trop longtemps. La seule chose que Mary a de plus que Madeleine, c'est le petit morceau de gant en latex stérile coincé sous un de ses ongles. Un autre est arraché. Le point de la piqûre, au creux du coude, est élargi. Mary s'est débattue avant de mourir. La personne qui a commis ces meurtres est forcément dans le domaine médical. Tout semble converger vers ça : le gant, les sutures, le désinfectant, jusqu'aux quantités astronomiques de chlorure de potassium retrouvées dans le sang des deux jeunes filles.
Ben soupire. Ça ne les rapproche pas forcément du but. Combien y a-t-il de médecins établis à New-York ? Et les spécialistes ? Il leur faudra dix cadavres de plus avant qu'ils ne mettent la main sur lui. Ou elle. Rien ne prouve que l'assassin est un homme. Même si pour Ben, il ne peut y avoir qu'un homme pour commettre ce genre d'atrocité. Les femmes n'ont pas forcément beaucoup à leur envier, niveau meurtre, mais quelque chose dans le mobile, dans la mise en scène, lui donne l'intuition qu'il ne peut y avoir qu'un homme qui aurait pu faire ça.
Ben s'octroie une pause durant laquelle il regarde des émissions débiles à la télévision, faute de série intéressante à regarder sur Netflix, et attend jusque 17 h, histoire d'être sûr de ne pas déranger Rey quand il décrochera son téléphone pour l'appeler. Ce qu'il fait d'ailleurs une fois son feuilleton terminé.
- Allô ?
Rey a décroché après la première tonalité. Comme si elle attendait son appel. Ben est pris par surprise, il pensait avoir plus de temps pour réfléchir à ce qu'il pourrait lui dire. La vérité, c'est qu'il n'a pas vraiment de raison de lui parler.
- Salut Rey. Pas trop dure ta journée ?
Bien. La faire parler, ça lui laissera le temps de trouver.
- Longue, mais reprendre à l'ordre ton copain Poe qui s'amuse à essayer de draguer toutes les filles de sa promo, c'est amusant je dois dire.
- Laisse Poe, dit Ben sur un ton amusé, avant de reprendre, plus sérieux. Chacun s'en sort comme il peut. Moi j'ai la colère, lui il a la drague.
Un bref silence se fait, Ben se mord une peau autour d'un doigt, stressé d'avoir dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Il espère de tout son cœur qu'elle n'ira pas le cuisiner à propos de ça. Rey comprend trop vite.
- Bref, c'était une journée amusante.
- Tant mieux pour toi, répond Ben. Dis-moi, ça te tenterait pas d'aller manger une pizza ce soir ?
- Tu veux dire : je viens chez toi me poser dans ton canapé et on se fait livrer ?
- Non, je veux dire : on se donne une adresse, on s'y rend chacun de notre côté, et on mange autour d'une table, comme les vrais gens le font.
- Tu sais que ça sonne beaucoup rencard ça, quand même.
- Et bien sachant que j'ai peut-être trouvé des trucs concernant notre affaire, considère ça comme un dîner professionnel.
- Bien. Et comme la bonne professionnelle que je suis, je ne manquerai pas de mettre une robe alors.
- 20 h chez Tony, près de St James Street ?
Un bref silence se fait. Ben sait que Rey est d'accord, elle doit peut-être même chercher quoi porter. Aucun des deux ne raccroche, pourtant, alors que la conversation est terminée.
Ben ferme les yeux. L'atmosphère autour de lui s'est adoucie. Avoir le téléphone contre son oreille, attendant les mots de Rey, lui donne l'impression qu'elle est là, tout près de lui. Il peut presque sentir sa chaleur quand elle murmure :
- À tout à l'heure, Ben.
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