Chapitre 4
Décembre est arrivé, et emportée par l'enthousiasme qui m'habitait depuis que j'étais en couple avec Octave, j'ai décidé de lui faire une surprise. Quelque chose qui l'étonnerait réellement, qui le laisserait bouche bée...
J'étais heureuse, mais une angoisse diffuse m'emplissait, une sorte de complexe de l'imposteur. Je n'arrivais pas à me débarrasser de l'idée qu'un jour, Octave se rendrait compte qu'il s'était trompé à mon propos, que je n'étais qu'une étudiante banale, indigne de son attention, et qu'à ce moment, il m'abandonnerait. Si bien que je ressentais le besoin de me battre pour le garder, pour lui montrer que j'étais prête à changer pour lui, à m'élever à sa hauteur. Je n'aspirais plus qu'à lui ressembler. Il affrontait le monde fièrement avec sa barbe bleue, proclamant à tous sa différence et son détachement vis-à-vis des conventions sociales. J'ai décidé de faire de même. J'ai poussé la porte d'un salon de coiffure pour me faire teindre les cheveux.
Il m'avait fallu une bonne semaine pour me décider concernant la couleur que je souhaitais. J'avais d'abord envisagé un bleu, la même nuance que celle qu'il portait. Mais je m'étais ravisée, ne voulant pas donner l'impression de le copier. Un rouge ? Trop punk, un peu commun aussi. Un vert, un jaune ? Cela ne me serait pas allé. Je tenais à rester élégante, comme l'était Octave.
J'ai finalement jeté mon dévolu sur un rose pâle. Une couleur douce mais étonnante, conforme à l'image que je souhaitais renvoyer. Elle me mettait en valeur, soulignant flatteusement mes yeux bleus ainsi que ma peau claire.
Le résultat a été à la hauteur de mes attentes, et c'est avec excitation que je me suis rendue chez Octave ce soir-là pour lui révéler ma surprise. Avec un peu d'appréhension, aussi. Qu'il approuve mon initiative était si important à mes yeux...
Je n'ai pas été déçue de sa réaction. À peine m'a-t-il ouvert la porte qu'il s'est figé, frappé d'étonnement comme jamais auparavant. J'avais réussi ; j'avais fait quelque chose d'inattendu.
Après quelques secondes, il s'est avancé et m'a serrée dans ses bras. Je me suis sentie aimée, encore plus qu'au cours des semaines qui venaient de s'écouler.
— Ça te plaît ? lui ai-je demandé lorsqu'il s'est écarté de moi.
À présent, je ne doutais plus de sa réponse...
Il a gardé le silence et m'a embrassée, ses lèvres encore plus avides que d'habitude. À chaque fois que je me détachais de lui, il se penchait à nouveau sur moi, refusant de me laisser partir.
— Qu'est-ce qu'il y a ? m'en suis-je amusée, après avoir enfin réussi à faire un pas en arrière. Je t'ai tant surpris que tu en as perdu tes mots ?
Il a souri, laissé échapper un petit rire, puis souri encore, en entortillant une mèche de mes cheveux autour de son index. Depuis que je le connaissais, il m'avait toujours présenté une facette parfaitement maîtrisée de lui-même. Celle d'un homme aux sentiments profonds, mais qui ne se laissait jamais submerger. Et là... ses digues avaient sauté
Je me suis sentie inondée par son amour pendant tout le repas qu'il avait cuisiné pour moi, aux anges. Ces cheveux roses symbolisaient pour moi la nouvelle Sophie, la Sophie d'Octave. J'étais si fière de les arborer... et cela m'a donné l'envie de préparer bien vite une autre surprise pour celui que j'aimais. Nos deux mois de relation approchaient, et j'avais envie de marquer le coup. Ce n'était pas vraiment un cap symbolique, mais j'étais si heureuse que j'étais d'humeur à tout fêter. Cela faisait quelque temps que j'avais repéré un restaurant qui organisait tous les dimanches matin un brunch-expo, qui permettait de découvrir le travail d'un jeune artiste différent chaque semaine tout en dégustant des viennoiseries, C'était exactement le genre de sortie qui était susceptible de plaire à Octave, et c'est donc avec peu de doutes sur sa réaction que je lui en ai parlé alors que nous parlions au téléphone un soir, avant d'aller nous coucher.
— Super idée ! s'est-il exclamé, me faisant sourire jusqu'aux oreilles. J'ai hâte de découvrir cet endroit avec toi. Quand veux-tu y aller ?
J'ai éloigné mon téléphone de mon oreille pour afficher mon calendrier électronique, et après une brève vérification, j'ai proposé :
— Dimanche prochain ? Si ça te va, je réserve.
— Dimanche, je ne peux pas, a rétorqué Octave d'une voix soudain glaciale.
— Oh, tu as déjà quelque chose ? ai-je supposé sans relever le changement dans son ton.
— Hmm hmm.
— Le dimanche suivant, alors ?
J'ai entendu mon petit ami soupirer longuement à l'autre bout du fil.
— Un dimanche, tu es sûre ? m'a-t-il lancé après plusieurs secondes. C'est le seul jour où tu peux faire la grasse matinée, tu me l'as dit.
— Un brunch ne commence pas aux aurores, ne t'inquiète pas ! ai-je ri. Et puis nous sommes obligés d'y aller ce jour-là, c'est le seul de la semaine où le restaurant l'organise.
— Hmm. Je ne suis pas convaincu que ce soit une si bonne idée, finalement. On sera concentrés sur la nourriture, on ne verra pas bien les tableaux... Je ne pense pas qu'on pourra déambuler entre les tables autant qu'on le souhaiterait.
— Mais si, c'est très bien organisé, d'après ce que j'ai lu, le...
— Tu ne préférerais pas qu'on aille au restaurant un soir, plutôt ? Henry m'a justement parlé d'un nouveau thaï qui vient d'ouvrir pas très loin de chez moi. Il paraît que leur curry à la patate douce est excellent.
Octave venait de tirer sur ma corde sensible : mon amour de la cuisine asiatique... J'ai facilement cédé à sa contre-proposition. Et je ne l'ai pas regretté : nous avons passé une super soirée. Malgré tout, son changement brutal d'attitude à propos du brunch m'est resté en tête. J'avais bien compris que son enthousiasme face à ce que je suggérais ne s'était pas dissipé comme par magie : le problème, c'était visiblement que mon petit ami n'était pas disponible le dimanche matin, et ne souhaitait pas me l'avouer. Ce n'était pas la première fois qu'il esquivait ainsi un rendez-vous entre nous que je comptais prévoir à ce moment-là. Je me posais des questions, évidemment. Qu'est-ce qui pouvait bien le retenir ? Une activité dont il ne souhaitait pas me parler ? Des rendez-vous médicaux ? Quelque chose de plus trouble ?
J'étais curieuse, mais je me suis retenue de poser des questions indiscrètes à Octave. Certes, notre relation était idyllique, mais je gardais conscience qu'elle était encore très jeune. Je ne voulais pas provoquer une crise en le forçant à me parler avant qu'il ne soit prêt. Il était parfait avec moi en dehors de cela, me manifestant son amour au quotidien ; je n'avais aucun doute quant au fait que son secret du dimanche matin n'avait rien à voir avec moi. Il me paraissait inenvisageable qu'il voie une autre femme, par exemple, ou bien qu'il fasse quoi que ce soit qui s'apparente à une trahison. Il était à moi six jours et demi par semaine ; je pouvais bien lui laisser son jardin secret le dimanche matin, en attendant qu'il soit prêt à m'en ouvrir la porte.
Et puis, bien vite, j'ai eu quelque chose d'autre sur quoi concentrer mon attention. J'avais compris depuis longtemps que son meilleur ami Henry était l'une des personnes qui comptaient le plus à ses yeux... et il m'a proposé de le rencontrer le deuxième week-end de décembre.
Octave m'avait souvent parlé de lui. Il mentionnait souvent ce qu'il pensait de tel ou tel film, un voyage qu'ils avaient fait ensemble, une anecdote de leurs études... J'avais également remarqué qu'ils échangeaient très fréquemment par SMS. Il arrivait même qu'Henry appelle mon copain lorsqu'il était avec moi, ce que je supportais tant bien que mal : j'aurais aimé que nos soirées en amoureux ne soient qu'à nous... Mais j'en profitais pour téléphoner à mes parents ou à ma sœur de mon côté.
Par curiosité, j'étais allée consulter son compte Instagram, et j'avais constaté sur ses photos que lui aussi arborait une couleur de cheveux inhabituelle : ils étaient teints en rouge sombre. Cela m'avait suffi pour déduire que les deux jeunes hommes partageaient la même vision du monde, loin des diktats parfois absurdes imposés par la société ; une impression corroborée par ce que mon copain m'avait déjà dit de son ami.
Les quelques images que j'ai vues m'ont suffi pour me dire que du duo, c'était Octave que je préférais (et ce n'était pas seulement mon cœur de jeune femme amoureuse qui parlait). Mon copain était plus beau, tout d'abord : il avait les traits fins et bien dessinés, que sa barbe soigneusement entretenue soulignait. Henry, lui, avait le visage plus quelconque, un peu bouffi, et ses joues étaient marquées par des crevasses laissées par une acné qui avait dû être sévère. Mais au-delà de ces éléments objectifs, il y avait dans son sourire quelque chose d'ironique que je ne retrouvais pas chez Octave, et qui ne m'attirait pas.
J'avais cependant hâte de le rencontrer. Je savais qu'il comptait pour mon copain, et je voulais découvrir tout ce qui constituait l'univers de ce dernier. Pendant deux mois, nous avions vécu notre relation dans une bulle, et je me sentais prête à en sortir, à intégrer Octave dans ma vie et à ce qu'il me fasse entrer dans la sienne. , j'ai immédiatement manifesté mon enthousiasme, bien décidée à ne pas laisser passer l'occasion.
J'ai attendu cette soirée avec autant d'impatience que d'angoisse. L'après-midi la précédant, j'ai passé des heures à réfléchir à ma tenue, allant même jusqu'à demander son avis à ma collègue Sarah pendant mon service au Fruits & Coffee. Elle a plaisanté en me faisant promettre de lui transmettre le numéro du meilleur ami de mon copain s'il était aussi parfait que lui.
En rentrant chez moi après le travail, je me suis appliquée sur ma coiffure et mon maquillage, peut-être plus encore que pour mon premier rendez-vous avec Octave. Parce que cette fois, je savais quels étaient les enjeux. Mon copain aussi semblait en avoir conscience : si sûr de lui d'habitude, il m'avait glissé quelques recommandations sur la manière de me comporter pour la rencontre avec son meilleur ami, comme si lui aussi l'appréhendait.
Une fois fin prête, j'ai pris le métro en direction de l'appartement d'Octave. Lorsqu'il m'a ouvert, j'ai croisé son regard, et son sourire en me découvrant m'a donné du courage. Mais je n'ai pas pu avancer pour l'embrasser ; j'entendais déjà dans son dos une voix inconnue qui s'exclamait :
— Eh bien ! Voilà donc la fameuse petite amie !
Mon copain a fait un pas sur le côté, puis il s'est approché et a collé une bise sur chacune de mes joues.
— Je suis ravi de faire ta connaissance, Sophie, m'a-t-il affirmé. Depuis le temps que j'entends parler de toi...
— Moi de même.
Nous sommes allés nous installer sur le canapé d'Octave. Sur la table basse, des verres étaient déjà préparés, et une bouteille de vin ouverte. Henry m'a posé quelques questions sur ma vie, mes études, ma famille, puis il s'est mis à discuter avec mon copain d'un concert auquel ils devaient assister la semaine suivante. Je me suis sentie un peu à l'écart de la conversation, mais cela me convenait : intimidée comme je l'étais, le silence me permettait d'être certaine de ne pas commettre une erreur qui me ridiculiserait. Sans compter que cela m'autorisait à les observer tous les deux. Henry expliquait pourquoi il trouvait ridicule la musique d'un groupe de rock pourtant en plein essor mondial, et Octave approuvait avec gravité. Ils semblaient si certains de leurs goûts, si prêts à les assumer quoi qu'en pense leur entourage... Cela me donnait envie de leur ressembler.
Je les écoutais, savourant le vin et en piochant de la nourriture sur le plateau d'apéritifs qu'Octave avait préparé, m'enivrant autant de la boisson que de la discussion enlevée à laquelle j'assistais. Moi, l'étudiante en philosophie qui aimait tant les belles argumentations, j'étais servie...
Toutefois, je n'étais pas là pour rester passive. Je tenais à faire une bonne impression à Henry, et pour cela, il fallait que je parle, au moins un peu. J'ai profité d'une pause dans leur conversation pour lancer :
— Au fait, comment vous êtes-vous rencontrés, tous les deux ? J'ai cru comprendre que ça fait un bout de temps que vous vous connaissez, non ?
— Plus de quinze ans ! s'est exclamé Henry. Octave ne peut plus se passer de moi.
J'ai ri, tandis que mon copain buvait une nouvelle gorgée de vin.
On forme un duo de choc, tous les deux, a embrayé Henry. Depuis nos études, lui et moi, nous sommes les outsiders de notre cercle d'amis. On se suffit à nous-mêmes ; de toute façon, rares sont les gens qui ont la même position vis-à-vis de la société que nous. Et c'est difficile de respecter quelqu'un qui ne voit pas au-delà des conventions, n'est-ce pas, Sophie ?
J'ai souri poliment, pas trop sûre de ce que je devais comprendre de cette tirade. Heureusement, l'atmosphère s'est vite détendue lorsque Henry s'est mis à me dresser un tableau des moments les plus drôles de leurs années passées ensemble.
— Tu te rappelles la fois où nous avons échangé nos copies d'Histoire pour que je puisse sauver mon brevet blanc in extremis ? s'est-il notamment remémoré. J'étais nul pour me souvenir des dates, contrairement à toi... C'est bien l'une des seules fois où tu es rentré chez toi avec un 5, mais avec ton 18, j'ai même pu taper la mention Assez Bien. La tête qu'a fait madame Brunel... Et puis, tu t'es bien rattrapé au vrai examen. Pas moyen d'inverser nos feuilles à ce moment-là, nous n'étions même pas dans la même pièce...
Henry a attrapé une cacahuète, puis ajouté :
— Octave est vraiment un super ami. Le meilleur de tous.
J'ai souri : au vu de la manière dont il se comportait dans notre couple, je ne pouvais qu'être d'accord. J'ai rebondi sur l'histoire que venait de raconter Henry :
— Vos parents ne se sont doutés de rien quand ils ont vu les notes arriver ?
J'ai senti l'atmosphère se tendre tout à coup. Octave a posé son verre un peu trop brusquement sur la table basse et lâché un sobre :
— Non.
Puis il s'est levé pour aller chercher quelque chose dans la cuisine. Je l'ai suivi du regard avec étonnement.
— Oh, tu n'étais pas encore au courant, Sophie ? m'a chuchoté Henry.
Je me suis tournée vers lui. Il a poursuivi :
— Octave ne voit plus ses parents, depuis des années. Ils sont... en froid.
Voilà donc pourquoi mon copain ne m'avait encore jamais parlé d'eux... Cela m'avait paru étonnant, car je mentionnais assez fréquemment les miens ainsi que ma sœur Anne, mais j'avais conscience que tout le monde n'avait pas la chance d'avoir une famille aussi unie que la mienne... Qu'Henry confirme mes craintes m'a attristée.
— , a-t-il ajouté. Quand il a eu besoin d'eux, ils ne lui ont pas accordé tout le soutien qu'il méritait, et c'est moi qui ai dû le ramasser à la petite cuillère. Il a bien fait de s'en éloigner : des personnes toxiques comme ça, mieux vaut les tenir à distance.
— D'accord...
D'un côté, qu'Henry me raconte tout cela nourrissait ma curiosité, et je me disais que connaître le passé de mon copain me permettrait de mieux le comprendre et d'éviter de futurs faux pas. Mais en même temps, ces révélations m'ont mise mal à l'aise : j'avais le sentiment de violer l'intimité d'Octave. C'était lui qui aurait dû me parler de tout cela, et non son meilleur ami... J'ai été soulagée lorsqu'il est revenu dans le salon, me dispensant de poursuivre cette conversation ambivalente. Après cela, Henry et lui ont embrayé sur un débat à propos d'un réseau social émergent dont je n'avais jamais entendu parler, et j'ai préféré me mettre en retrait histoire de digérer les échanges précédents.
Au bout d'une petite demi-heure, je suis allée porter la coupelle de cacahuètes désormais vide dans la cuisine ; j'ai sursauté lorsque, en me retournant, j'ai constaté qu'Henry m'avait suivie.
— Tu l'aimes vraiment beaucoup, m'a-t-il dit en souriant. Cela se voit.
J'ai hoché la tête.
— Et il t'aime aussi. Vous allez bien ensemble tous les deux. Un vrai couple de contes de fées. Barbe bleue et cheveux roses...
Henry a marqué une pause, me détaillant de la tête au pied, puis il a ajouté, son sourire s'élargissant :
— J'ai hâte de vous voir fiancés.
— Oh, nous en sommes encore loin...
Même si mes sentiments pour Octave gagnaient du terrain dans mon cœur de jour en jour, ma lucidité dressait encore des garde-fous à mon enthousiasme, heureusement. Je ne peux pas nier qu'il m'était arrivé de jouer à m'imaginer ce à quoi notre mariage pourrait ressembler, mais je savais faire la différence entre des fantasmes et de projets.
— Qui sait ? a rétorqué Henry. La vie réserve parfois des surprises... Et puis tu es une jeune femme extraordinaire, Sophie.
Le compliment m'a étonnée, étant donné le peu que le meilleur ami d'Octave avait pu entrevoir de moi ce soir-là. Mais il m'a touchée : j'avais besoin de ces mots pour me rassurer.
C'est moi qui ai quitté notre petite soirée en premier : j'aurais aimé passer la nuit chez mon copain, mais j'avais un cours important tôt le lendemain matin et je voulais être en forme. Henry m'a félicitée de m'investir autant dans mes études, et a plaisanté en disant qu'au moins, je ne lui arracherai pas son meilleur ami de sitôt. J'ai éclaté de rire, et Octave m'a raccompagnée jusqu'à la porte avant de m'embrasser passionnément dans le couloir, loin du regard de son invité.
J'ai pris le métro du retour avec le cœur plus léger qu'à l'aller. Il me semblait que j'avais fait bonne impression à Henry, suffisamment pour qu'il n'hésite pas à me faire confiance et à me livrer des détails de son passé commun avec Octave. Il était un peu trop enthousiaste pour que cela me mettre parfaitement à l'aise, mais mieux valait cela que l'inverse, n'est-ce pas ?
Il ne me restait plus qu'à parler de mon copain à mes propres proches. Je ne craignais pas vraiment leur réaction : je savais que ma famille m'aimait et qu'elle accueillerait à bras ouvert toute personne que j'aurai choisie...
Sauf cas exceptionnel.
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