Chapitre 7
PDV Nagisa Shiota :
Marie nous a distribué à tous nos emploi du temps, et je trouve que le mien n'est pas si horrible que ça. Bon, j'ai le plus rempli et je n'ai qu'une grande pause de une heure pour manger, mais je m'attendais à bien pire sur son contenu. Je me retrouve avec énormément de renforcement musculaire, des combats, du cardio, l'entraînement de mes capacités, de la "résistance psychologique" et de la méditation. Pourquoi de la méditation, je ne sais pas, mais ça doit servir à quelque chose si c'est là. J'ai remarqué que tout ce qui va être physique sera avec les autres patients. J'avoue que c'est plutôt intéressant de les utiliser car ils ont tous une spécialité, bien qu'ils ne m'égalent pas dans la plupart des catégories. La méditation sera faite avec Marie, ce qui lui convient bien. Elle est toujours très douce et attentionnée, à croire qu'elle ne peut jamais s'énerver. Tout ce qui va toucher de plus près à ma soif de sang et à mon mental seront supervisés par Yotsuba-san et un envoyé de Lovro-san, si ce n'est lui-même. Ça, plus Karma qui va assister à tous mes entraînements "au cas où", je pense qu'on sera largement assez.
"Mais sachez que ce n'est pas tout, commence l'infirmière après que tout le monde ait regardé le programme du jour.
— Comment ça ?
— Je crois que c'est le bon moment pour que Lucas commence son propre entraînement."
Et là, le silence. Tout le monde s'observe entre eux afin de déterminer si l'information est une blague ou non. Quand le visage de Marie montre qu'elle est très sérieuse, une vague de protestation se fait entendre.
"Tu ne peux pas le laisser faire ça !
— Sa soif de sang n'est même pas éveillée !
— Pourquoi aurait-il besoin d'un entraînement alors qu'il n'est pas comme nous ?
— Ça n'a pas de sens !
— Ça va lui faire plus de mal que de bien.
— Et puis...
— VOUS AVEZ FINI OUI OU MERDE ?!"
De nouveau le silence. Je n'élève pas souvent la voix ici, pour ne pas dire hurler, encore moins quand Karma est là. Ça leur fait tout drôle. J'ai horreur de m'énerver autant et de crier pour des gens comme eux, mais ils commençaient sérieusement à me taper sur le système. Je prends plusieurs secondes pour me calmer avant de me reprendre. Je jette un coup d'œil à la plus âgée et elle ne sait plus où se mettre. Je me tourne du côté de Lucas cette fois. Le principal concerné semble effrayé de toute l'agitation qui vient de se produire. Super, maintenant c'est à moi de réparer les pots cassés... Gé-nial.
"J'espère que vous êtes fière de vous parce que là, vous êtes au top de la débilité. Déjà, pour commencer, qui vous a permis de hurler comme ça ? Vous vous êtes cru au zoo ou comment que ça se passe ? A ce que je sache, ce n'est pas le cas.
— Et toi ? Tu as autant hurlé que nous je te ferai dire. Et puis tu t'es pris pour qui ? Notre mère peut-être ? Si c'est le cas, tu es mal placé pour parler, attaque Célia avec ce ton si typique qu'elle n'utilise que pour moi.
— Actuellement non, je remplace Marie puisque vous l'avez presque agressé avec vos remarques merdiques. S'il y a bien une mère ici, c'est elle, et je ne veux pas de sa place au dernière nouvelle. Maintenant continuons, veux-tu ?
— ...
— Donc, je disais, non seulement vous hurlez, mais en plus vous ne l'avez pas laissé expliquer pourquoi est-ce qu'il ferait cet entraînement. Et, par-dessus tout ça, vous avez fait peur à Lucas à vous indigner de la sorte. N'est-il pas censé être votre ami ? Vous devriez vouloir son bien, alors pourquoi tenter de lui refuser l'entraînement ? Je ne pense pas que vous aillez été torturé ou quoi que ce soit durant le votre. Ne vous étonnez pas qu'il finisse traumatisé si vous vous comportez ainsi avec lui tous les jours.
— Parce que tu crois être un ami exemplaire peut-être, Nagisa ?
— Avant que Karma ne s'énerve, sachez que je ne suis PAS votre ami, ni celui de Lucas, et donc, que je ne vous dois rien. Je ne suis pas obligé d'être gentil ou à votre écoute si je n'en ai pas l'envie. Par conséquent, il est impossible pour vous de juger comment je suis en temps qu'ami. De toute façon, vous-même ne me considérez pas comme votre ami, mais comme une sorte de monstre à l'aspect humain, sans cœur, avec qui vous n'avez pas le choix de cohabiter au quotidien. Et ne me regardez pas comme ça, je sais que vous le pensez au plus profond de vos entrailles, dis-je d'une traite."
Si le silence n'avait rien d'agréable avant, il est à présent glacial et pesant. Karma frotte mon bras en guise de réconfort car, même si je ne le laisse pas paraître, il sait que ça me rend un peu triste de m'admettre que j'ai l'air si peu humain auprès des autres. Les gens ont tendance à ne pas se rendre compte que même derrière la personne la plus froide qui existe se cache un cœur avec des émotions enfouies et instables. Néanmoins, je fais comme si de rien était et leur lance un regard de pur dégoût.
Marie, qui a enfin retrouvé ses esprits, reprend la situation en main. Elle gronde la bande de jeunes adultes, comme s'ils étaient redevenus des enfants de huit ans. Cela semble marcher, malgré qu'ils n'aient plus l'âge pour ce genre de conneries, et ils baissent la tête, honteux qu'un autre adulte ait dû les reprendre. Tout cela me montre bien une chose en attendant : il y a quelque chose en rapport avec la soif de sang qui les a fait resté des gamins dans leur tête. Je ne vois pas d'autre explication à leur comportement.
PDV Lucas Musseret :
"Je suis vraiment déçue de votre comportement. Vous êtes des adultes maintenant, mais vous agissez comme des enfants. Est-ce que vous trouvez cela normal qu'une personne plus jeune que vous vous fasse la morale ? Je sais bien qu'ici vous n'êtes pas totalement traité comme tel, mais ce n'est pas une raison. Célia, tu es la plus vielle, c'est à toi de montrer le bon exemple, alors cesse donc d'être si puéril.
"Mais Marie... commence Célia dans le but de se défendre.
— Je ne veux pas entendre tes excuses ! Tu as vingt-et-un ans, il est temps que tu prennes certaines responsabilités en tant que senior du secteur E ! Maintenant, écoutez moi bien. Si Lucas va faire cet entraînement, bien qu'un peu différent du votre, c'est en prévention. Peut importe le secteur, chaque nouvel arrivant reçoit un entraînement. Il n'est pas le même selon la section du bâtiment que vous occupez bien sûr, mais il n'en reste pas moins obligatoire. De toute façon, Lucas a été évalué comme un rang S par Lovro-san alors cela lui sera forcément bénéfique et utile, même si je ne le veux pas, dans un avenir plus ou moins proche.
— Que veux-tu dire par "rang S" ? demandé-je d'une petite voix.
— Cela signifie deux choses dans ton cas. La première, c'est que tu es un possesseur de soif de sang avec un niveau très élevé de risque d'éveil, pour ne pas dire qu'il est sûr à cent pour cent. La seconde, c'est que cette soif de sang a un potentiel de dangerosité élevé lui aussi. En d'autre terme, tu es considéré comme étant un individu dangereux pour la société, ainsi que pour toi-même. C'est à cause de cette analyse de Lovro-san que tu es ici, et crois-moi, pour l'avoir souvent côtoyé, je peux te garantir qu'il ne se trompe pas, me répond Nagisa avant que Marie n'est pue ouvrir la bouche.
— C'est tout à fait ça, mais s'il-te-plait Nagisa, ne répond pas pour moi, même quand tu connais la réponse. C'est déplacé et irrespectueux, voyons."
L'androgyne se contente de grogner face à la réplique de l'infirmière. Quand à la femme aux cheveux noirs, elle soupire avant de caresser affectueusement la joue de son patient préféré. Oui, je soupçonne Nagisa d'être le préféré de Marie, bien qu'elle ne l'ait jamais avoué de vive voix. Après, je pense pouvoir affirmer qu'elle le chouchoute bien plus que nous. Il a toujours le droit à des caresses réconfortantes, des mots gentils, des petites attentions, et ce, même s'il n'est pas des plus sympa ou démonstratif avec elle. Au moins quelqu'un l'aime ici. En même temps, Marie est bien trop douce et consciente du bien et du mal pour laisser tomber une personne comme ça. Yotsuba-san aussi doit avoir espoir en Nagisa, mais sûrement pas autant que la jeune infirmière. Il faut dire qu'il est plus distant avec ses patients : il sait différencier sa vie personnelle et sa vie privée. J'ai l'impression que c'est beaucoup moins le cas de la femme couleur chocolat. On ne peut pas vraiment lui en vouloir cependant. Elle vit avec nous, dort au centre avec nous, est constamment en contact avec nous et nous aide quand on a besoin d'aide. C'est peut-être l'infirmière en chef du centre, mais avec sa spécialisation dans le secteur E, elle nous compte certainement plus comme des membres de sa famille que comme ses patients à proprement parlé. Après, je ne dis pas que c'est une mauvaise chose ou qu'elle fait mal son travail... Seulement, si un jour il nous arrive pareil qu'à Lucile, cela fera bien plus mal à son cœur parce qu'elle s'est attachée. Trop attachée.
"Qu'est-ce que tu attends Lucas ? Tu as un entraînement à faire. Allez, viens, tu as une heure de renforcement musculaire là."
Je sors de mes songes suite aux dires de Mathéo. Tout le monde est sorti de la salle, ne laissant que nous deux. Il me prend la main, et moi je les observe entrelacées, un peu hébété par son geste soudain. Je me redresse et le regarde droit dans les yeux. Il soutient mon regard quelques secondes avant de fermer les yeux et soupire un grand coup. Le plus grand me tire avec douceur en dehors de la salle, sa main toujours dans la mienne. Son contact me perturbe. Ce n'est pas la première fois qu'il me touche, et j'avais déjà senti ce sentiment d'être minuscule, une proie face à un prédateur, mais c'est tout aussi apeurant et perturbant à chaque fois. L'impression d'être face à un carnivore qui veut te dévorer sur place au moindre mouvement est très désagréable. J'en ai parlé à Camille une fois et elle m'a rassuré sur le sujet. C'est quelque chose de normal quand on est pas habitué aux possesseurs de soif de sang, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle évite de me toucher. Ça me fait très plaisir qu'elle ait pensé à moi, mais j'aurai aimé qu'elle me le dise plus tôt. J'ai cru au début que c'était parce qu'elle était une maniaque qui ne supportait pas les contacts de ceux qu'elle ne connaissait pas assez. Je sais à présent que ce n'est pas le cas.
Dans le même style, il y a Kamil aussi. La capacité de sa soif de sang est de jauger celle des autres, et ce, même quand elle dissimulée ou qu'elle n'est pas ressortie. C'est une capacité très spécifique, mais utile pour le centre. Après, elle a ses inconvénients aussi. Elle est éprouvante pour le basané : quand il sent la puissance du, futur ou non, possesseur de soif de sang, il se fatigue plus ou moins selon son intensité. Heureusement qu'elle ne se déclenche que sur volonté, Kamil serait fatigué tout le temps sinon. Ça me rappelle que peu après le début de ma quarantaine, on m'a demandé de serrer doucement la main de Kamil au cours d'un examen. Son touché n'est pas oppressant comme celui de Mathéo, mais la sensation n'en reste pas moins étrange.
Yotsuba-san m'a pris en charge la séance suivante. Il m'a expliqué que je finirai au secteur E, le plus fermé et surveillé. Le psychiatre pensait à mon arrivée que je terminerai dans la section B, ou C, mais certainement pas dans la E. Et non, je ne me suis pas trompé. Il n'a jamais été question que j'aille dans le secteur D. Marie a dit qu'elle m'avait "attrapé au vol" uniquement pour minimiser les dégâts. Bien que Kamil devait s'en doutait (en même temps il a passé le reste de l'après-midi à dormir après mon passage), mais pas les autres patients, non. Ils sont si impulsifs ici que le choc de voir un "enfant" de douze ans arriver dans le même secteur qu'eux aurait pu déclencher une sorte de crise générale, ou quelque chose du genre (on ne m'a pas vraiment expliqué).
Kamil a senti en moi une soif de sang bien plus élevée que la moyenne, même si elle n'est pas encore ressortie et qu'il n'y ait pas de signe avant-coureur plus alarmant que celui d'un possesseur moyen. Pareil pour les signes avant-coureur, on ne m'a rien dit de plus afin qu'il n'y ait aucune fuite et que la population entière ne panique pas. En même temps, je n'imagine pas le déferlement de colère et de peur si le peuple japonais venait à apprendre l'existence même de la soif de sang. Ce serait une pure catastrophe.
PDV Mathéo O'Brian :
"Est-ce que tout va bien Lucas ?
— Oui, ne t'en fais pas. Je me suis juste perdu dans mes pensées, me dit-il avec un sourire un peu gêné.
— Tu es sûr ? Tu n'as rien écouté de ce que Marie a dit."
C'est moi ou Lucas semblait un peu perturbé ? Après, peut-être que je me trompe, mais il avait quand même l'air mal à l'aise sous sa gêne. Est-ce que c'est de ma faute ? J'ai fait quelque chose de mal ? Non. Et de toute façon, le blond ne réagit pas comme ça quand c'est le cas. Il est plus du genre à s'énerver et s'en aller.
"Ton touché me perturbe.
— Comment ça ? Et pourquoi tu ne m'as rien dit avant ?! lui demandé-je surpris.
— Tu sais, ma soif de sang n'est pas sortie, et comme je ne vous côtoie pas depuis très longtemps avec les autres, j'ai encore du mal avec vos contacts physiques. Je n'ai rien dit parce que ce n'est pas si grave que ça.
— J'aurai dû faire plus attention. J'oublie toujours que ceux qui n'ont pas l'habitude de traîner dans le secteur E sont proies au sentiment de malaise quand on les touche.
— Arrête de t'inquiéter et de t'énerver pour rien. Tu n'as pas à faire attention avec les autres donc tu n'as pas pris le pli de le faire, c'est tout. Maintenant explique-moi ce que j'ai manqué à cause de mon inattention, me dit-il d'une voix douce."
Je m'attèle donc à la tâche et redonne l'entièreté du programme de cette heure. Une fois fini, il se place que le tapis de sol à côté du bleuté et commence le gainage tandis que je le chronomètre. S'il tient bien les deux premières minutes, cela se gâte après. Je n'ai pas le droit de le laisser abandonner, par contre, je peux rectifier sa position et l'aider un peu à soutenir son poids. Ça doit soulager un peu ses abdos puisque je vois sa poitrine se soulever et se baisser plus profondément. Et à côté, il y a Nagisa qui tient sans aucun problème.
Je ne sais pas comment ce type peut y arriver alors qu'il est tout chétif. Est-ce qu'il est vraiment humain ? Il est censé tenir huit minutes, mais je suis sûr qu'il pourrait continuer bien plus longtemps. Bordel, il ne peut pas faire comme tout le monde ? Je sais bien qu'il a vécu des choses difficiles, mais on dirait simplement une machine de guerre. Il ne bouge pas d'un iota, même avec ses yeux fermés on ressent la froideur de son regard, ses lèvres sont tirées dans une moue concentrée et sa posture est parfaite. On dirait un véritable soldat quand on le regarde ainsi, et il en a même le caractère. Mais il reste un enfant quand on se penche sur son âge. Un enfant qui a vu trop de choses, dont on s'est servi à des fins militaires. Je crois que c'est ça qui le rend si terrifiant. Il est un monstre. Non... Il est devenu un monstre. Sa soif de sang ce serait réveillée même s'il ne lui était pas arrivé tout cela vu sa puissance. Mais est-ce qu'il serait le même ? Bien sûr que non Mathéo !
Mais pourquoi je pense à lui ? Et pourquoi je ressens comme une flèche dans la poitrine ? Je ne peux quand même pas me sentir mal pour une personne comme Nagisa ! Et puis quoi encore ? Peut importe ce qui est arrivé, ça ne change rien au fait qu'il soit complètement fou et incontrôlable. Il est dangereux et je n'arrive pas à croire que l'État va le laisser partir en mission. Lucile est partie, mais elle était à peu près saine d'esprit au moins... Ils vont lui laisser carte blanche tant qu'il tue le scientifique à la tête de ce bordel, qu'il épargne les patients-tests et qu'il ne touche pas aux documents. Autant dire que ça va foirer à coup sûr. On va sans aucun doute le retrouver dans un cercueil ou avec, au moins, un pied dans la tombe. Ou alors, scénario plus improbable, il va s'en sortir vivant et en état acceptable, par contre, pas sûr qu'il n'exerce pas ses penchants sadiques sur quelques personnes autres que les cibles à éliminer. C'est terrifiant de savoir à quel point il peut se montrer sans-cœur face à ses victimes. Je sais qu'il arrive à entrer en symbiose avec sa soif de sang, ce qui n'est que partiellement le cas pour nous (oui parce que même si on se fait presque toujours expulser de nos corps, quand on utilise nos capacités on entre dans une sorte de symbiose quand même). Mais faut-il donc avoir peur de Nagisa lui-même ou de sa soif de sang meurtrière ?
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Hey les gens ! Me revoilà, en retard pour ne pas changer, avec ce joli chapitre de 3060 mots. On peut voir un certain développement des personnages dedans, et c'était plutôt chouette à relire et corriger. J'espère que vous avez tous passé de bonnes fêtes de Noël malgré le contexte sanitaire particulier. Je vous souhaite tout le bonheur possible, ainsi que la santé, pour cette année 2021. En espérant que ça ne soit pas pire que 2020. Je n'ai rien d'autre à dire, donc, sur ce,
KIss les gens <3
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