Chapitre 5

PDV Lucas Musseret :

Est-ce que c'est pour ça que Nagisa ne porte que des sweaters ? Bon, je sais que cela ne fait que deux semaines et demi que je suis là, mais il y a quand même de quoi se poser la question depuis que j'ai surpris la discussion du couple. De plus, on est en septembre et il fait encore chaud. Tout le monde est en débardeur ou tee-shirt manche courte, sauf lui. En parlant de l'androgyne, le voilà justement qui rentre dans la pièce. Il est accompagné de son petit ami. Mais what the fuck ! Il n'est pas parti lui ? S'il est ici, c'est que la réponse est non. Il s'installe à la gauche du bleuté, là où notre infirmière nationale avait ajouté une chaise il y a plusieurs minutes. Je les observe et un détail me saute tout de suite aux yeux. Nagisa porte le tee-shirt que son mec avait quelques heures plus tôt ! Mais il sort d'où le tee-shirt qu'il a sur lui du coup ? On s'en fiche, c'est pas si important que ça en fait. Ce qui l'est vraiment c'est le fait que je vois plus que bien la peau nu des bras de l'androgyne. Etant en face de lui, ça me donne une place de choix pour l'analyser sans me faire trop griller. 

Il n'exagérait pas quand il disait que son corps était plein de cicatrices, dont certaines plus qu'horribles. Il en a tellement que c'est impossible de les compter ! Et dire qu'il doit en avoir aussi partout sur tout le reste de son corps... Elles sont de toutes les tailles, de toutes les largeurs, mais aussi de tous types. Une minorité d'elles sont dues à des brûlures vu leur texture et leur couleur rosée. D'autres, pas très nombreuses, sont sûrement dues à du verre. En effet, les cicatrices là sont plus irrégulières dans leur tracé et leur cicatrisation a laissé de grandes traces roses sur le corps du bleuté. Le reste doit avoir été fait par diverses armes blanches qui, selon leur type, constituent à la fois les traces les plus anciennes et les plus récentes. J'en repère énormément qui sont causées par ce qui devait être un grand couteau de cuisine vu la largeur des marques et leur contour un peu boursouflé. On peut même se rendre compte que beaucoup d'elles ont été rouvertes à plusieurs reprises ou qu'elles ont dû mal cicatriser, grâce aux fameuses boursouflures, mais aussi l'aide de la couleur plus foncée de ces dernières. Les plus nombreuses sont partout sur les bras de Nagisa, mais ont une grande concentration sur les avants-bras. Elles ont été faites par des lames de rasoir et de ciseaux pour la majorité. Elle sont fines, nettes, bien droites et d'une couleur blanchâtre plus que discrète. De loin on ne peut pas les voir, mais on arrive bien à les remarquer quand on s'approche de plus près. Enfin je dis ça alors qu'elles sont presque invisibles de là où je suis.

Il ne faut pas être Einstein pour en déduire que l'androgyne a dû se faire torturer physiquement sur une large période de temps et que ça l'a conduit à lui-même s'infliger d'autres blessures. C'est plus qu'horrible de se dire qu'une personne lui en voulait bien avant que sa soif de sang ne se réveille. Il a subi cela durant plusieurs années, j'imagine, et n'a, je pourrai y mettre ma main à couper, jamais osé en parler à qui que ce soit. Il est plus que fort s'il a enduré tout ça en silence, autant au niveau physique que mental. C'est un autre point qui le rend si effrayant aux yeux des autres, mais pas pour moi. Ca le rend admirable à mes yeux. Bien que sa soif de sang le rattrape pour commettre des actes atroces, il reste néanmoins un être humain avec un passé douloureux dont les séquelles sont encrées à vie en lui. Le groupe connaît sont passé, et personne ne veut m'en parler à tel point il est affreux, alors il devrait se montrer plus compréhensif et le soutenir au lieu de le mettre à l'écart ! Il ne l'aide même pas panser ses blessures psychologiques alors que ce sont les plus dures à refermer d'après les livres que je lis. Et ensuite c'est lui qui n'a pas de cœur...

"Putain, mais c'est quoi ce délire ?! C'est une blague Marie ? 

— J'ai bien peur que non Karma, répond la douce infirmière."

Une voix un peu affolée me ramène à la réalité. Qu'est-ce qu'il se passe ? D'abord nous sommes tous convoqués vingt minutes avant le repas, ensuite l'âme-sœur de Nagisa débarque dans la salle à manger alors que les visites sont finies, et maintenant ça ! De quoi parle cette ce tas de documents pour alarmer autant Marie et Karma (si je me souviens bien de son prénom) ? Je vois que les autres sont curieux, mais aussi anxieux. Auraient-ils compris quelque chose de plus que moi ? Camille commence à s'agiter à côté de moi. Ses doigts frappent frénétiquement la table alors ses traits sont tirés et qu'elle se mort la lèvre inférieur presque jusqu'au sang. Elle semble perdu entre le rêve et la réalité, et ça n'annonce rien qui vaille. Je veux lui prendre la main afin de la ramener parmi nous, mais le bruit d'un poing frappant la table me détourne de mon objectif. Les yeux de Nagisa se tâchent d'orangé avant de virer à une couleur carmin pour enfin devenir d'un rouge très sombre. Ca ne sent pas bon tout ça, et vu le corps plus que contracté de Célia, cela confirme mes soupçons. 

L'androgyne sourit de plus en plus jusqu'à finalement éclater de rire. Il ne peut plus s'arrêter durant quelques minutes avant de reprendre enfin contenance. Il essuie quelques larmes qui avaient coulé entre temps et regarde Marie avec autant de sérieux qu'il le peut (c'est-à-dire beaucoup, bien que son sourire trahisse son amusement). Après s'être calmé, ses yeux retournent à leur habituel bleu, bien que les tâches orangées de tout à l'heure ne veuillent pas s'en aller. Ca lui donne un côté effrayant si on le fixe un peu trop longtemps. Je détourne vite le regard et attend des explications. 

" Ils ont recommencé ? demande Camille d'une voix tremblante. 

— C'est ce que Lovro-san a dit oui... 

— Enfin un peu d'amusement ici. Je vais pouvoir sortir de ce trou pommé le temps de quelques jours. Ça me fera du sport. De toute façon, je ne suis pas encore rouillé alors ils n'ont qu'à bien se tenir ! 

— Comment peux-tu dire ça Na-chan ? C'est ta vie qui est en jeu, aboie Karma mort de panique.

— Et qu'est-ce que dit ce papier exactement ?"

Merci Kamil d'avoir enfin posé la question ! Je commençais à désespérer de ne jamais savoir de quoi tout cela parle. Je ne voulais pas me faire passer pour un idiot si j'étais le seul à ne pas comprendre. d'après les dires de Marie et Camille, ce n'est pas la première fois que ce genre de document passe entre les mains d'un résident du secteur E. Et d'après les dire de Nagisa et Karma, ça m'a tout l'air d'être une mission dangereuse, bien loin du centre. Le bleuté se racle la gorge et commence à lire la feuille sous ses yeux. 

"L'état demande à l'ambassadeur japonais de la Ligue des Assassins (Lovro-san quoi) de faire libérer le patient Nagisa Shiota du centre des possesseurs de soif de sang à partir du vingt septembre, et ce, pour une durée indéterminée. Bien que les assassins du secteur E n'aient, normalement, pas le droit d'exécuter quelque mission que ce soit, le Ministre des Armées japonaises a demandé à ce qu'il remplisse, au nom de l'État, une mission de la plus haute importance. Voici ci-joint une lettre personnelle du Ministre des Armées ainsi que tous les documents nécessaires pour mener la mission à bien. L'État exige une remise à niveau de l'assassin avant qu'un agent du ministère ne viennent le récupérer le dix-neuf au soir. Nos plus sincères salutations, le secrétaire des armées."

Un silence de mort règne. Karma est à cran de savoir que son petit-ami va se mettre sciemment en danger, Camille est au bord de la crise de nerf, Marie et sur le point de pleurer et les autres ont un visage grave. Et après, il y a moi qui est révolté. Comment le ministère peut-il mettre en danger un adolescent sans aucun regret ? Je sais bien que c'est un assassin et qu'il est sûrement celui le plus dangereux de ce centre, mais ce n'est pas une raison ! Il a une vie, une famille, des amis ! Il n'est pas un soldat. Aucun contrat ne le force à faire ça, et pourtant, on ne lui laisse pas le choix...

"Vu la gueule de la mission, tu m'étonnes que c'est moi qu'ils envoient. Soit ils ne veulent plus perdre de soldat, soit ils veulent vraiment se débarrasser de moi. Quoi que, ça doit sûrement être un mélange des deux, dit sereinement le principal concerné. 

— Tu ne nous as toujours toujours pas dit en quoi elle consistait en attendant !

— J'y viens Célia alors tais-toi deux secondes, veux-tu ? Donc, le résumé de la mission... Ah, c'est cette feuille là ! Je commence à lire et je ne répéterai pas, donc ouvrez grand vos oreilles. Nous sommes désolé de vous attribuer cette mission suicide, mais nous n'avons plus le choix (tu parles oui !). Vous devrez tuer Mao Tanaka, un psychiatre à la tête d'un asile illégal qui ferait des expériences clandestines sur les patients. Il est soupçonné de comploter contre le gouvernement et de tenter un coup d'état après avoir créer des mutant semblables au monstre que vous avez combattu l'année dernière. Nous ne pouvons pas procéder à une prise du bâtiment, de peur qu'ils brûlent toutes les preuves de leur culpabilité, mais aussi de peur qu'ils fassent un meurtre de masse. Il nous faut impérativement un infiltré qui jouera le rôle d'un patient, et c'est à vous que ce rôle revient. Vous êtes expérimentez et possédez quelques capacités spéciales qui pourraient nous aider grâce à votre soif de sang. Vous serez donc introduit en tant que sujet d'expérience par un de nos agents qui est sous couverture. Comme ils n'appellent aucun sujet par leur véritable identité, vous aurez un nom de code. Dès le moment où vous aurez passé les portes de l'asile, vous ne serez plus Nagisa Shiota, mais Blue. Nous vous donnerons quelques instructions complémentaires à vos fiches par le biais de l'agent, mais vous serez obligé, globalement, de vous débrouillez seul. Entraînez-vous bien et encore bonne chance pour votre mission. Que le sort vous soit favorable. P.S. : étudiez attentivement chaque feuille du dossier qui vous a été envoyé. Peut-être que vous mettrez le doigt sur quelque chose que nous n'avons pas vu ou compris."

Si le silence régnait avant, ce n'est plus le cas maintenant que la sentence est tombée. Des cris indignés fusent de partout. La salle à manger est devenu un capharnaüm géant. Tout le monde a son mot à dire. J'ai la rage de voir que l'État considère aussi peu la vie de Nagisa, même s'ils essayent de faire penser le contraire avec leurs gentilles phrases à deux balles. La seule chose positive de cette histoire est de voir enfin une véritable coalition au sein des patients du secteur E. Personne ne compte laisser l'androgyne dans cette merde, et c'est presque beau à voir quand on oublie le contexte sombre de cette situation. La jeune infirmière, encore sous le choc de la cruauté de ce que l'on demande au bleuté de subir, réclame le silence d'un voix ferme, mais avec un sous-ton apeuré. 

"Mais enfin Marie, on ne peut pas les laisser faire ça ! Il faut agir avant qu'ils ne l'envoient à l'abattoir ! Tu sais autant que moi que ça risque de finir exactement comme avec Lucile ! 

— Je sais que c'est dur, mais, s'il-te plait, calme-toi Camille, dit doucement la femme au teint chocolaté. 

— Non ! Je ne veux pas, et je ne peux pas me calmer quand je sais que l'enfer va juste recommencer une seconde fois !"

La voix de Camille vire de plus en plus dans les aigus tandis que sa respiration s'accélère et devient sifflante. Elle se lève brusquement de sa chaise, qui se renverse avec fracas à ce moment là, et attrape sa tête entre ses mains. Ses yeux sont écarquillés elle pousse un long cri strident alors qu'elle semble avoir de moins en moins d'air qui passe par ses poumons. Ses membres tremblent comme si elle venait de se faire électrocuter et ont du mal à soutenir son poids. Luke a tout juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne s'effondre au sol. Il essaye de lui parler, mais c'est comme si elle n'entendait rien. Elle a quitté notre monde pour se retrouver dans le sien, plongé dans ce qui doit être ses terreurs les plus profondes. Elle cesse de crier et seule sa respiration hachée se fait entendre. 

Marie nous a lâché quelques instants le temps d'aller chercher ses médicaments et sa ventoline. Luke la tient toujours et tente de la ramener parmi nous, en vain. C'est à ce moment que Nagisa se détache de Karma, parce qu'ils étaient restés un peu à l'écart, et s'approche de la rousse. Il s'abaisse à sa hauteur. Il l'inspecte quelques secondes avant de l'arracher des bras du brun à lunette. Il la cale entre ses jambes et lui masse les tempes. J'avoue ne pas trop avoir cru Nagisa quand il parlait d'aura l'autre jour, mais il avait raison. J'ai appris à sentir la sienne et c'est vrai qu'elle peut devenir pesante, mais pas maintenant. Elle est bien plus légère qu'à l'ordinaire et semble entourer la rousse. Est-ce qu'il fait ça pour qu'elle ne ressente plus la peur des autres et se calme ?    

"Elle nous fait une jolie P3 avec CP5. Écartez-vous de près d'elle, vous lui volez son air ! Elle a besoin de calme, d'espace et de sérénité, et sans vouloir vous vexer, vous n'êtes ni calme ni dans un état d'esprit serein. Vous la stressez encore plus avec vos aura pleine de trouille alors dispersez-vous et reprenez contenance ! Ce n'est pas en paniquant que vous allez l'aidez, au contraire. 

— Qu'est-ce que ça veut dire P3 et CP5 ? demandé-je d'une petite voix. 

— Ça veut dire paranoïa de niveau trois avec crise de panique de niveau cinq. C'est langage codé de Yotsuba-san. 

— Et comment tu peux savoir ça toi ? Tu lui soutires des infos ou quoi ?"

Kamil regarde Nagisa avec un regard accusateur. Il pense que le bleuté est un enfoiré de première ou quoi ? Je savais déjà que le groupe n'a pas une grande estime de lui, mais là, ça dépasse l'entendement. De plus, ils vont vraiment entamer une joute verbale alors que notre surexcitée nationale est en pleine crise ? J'avoue qu'elle va un peu mieux maintenant que le plus petit à la situation en main, mais sa respiration reste encore un peu haletante, et ses yeux sont toujours autant perdus dans ce monde qui n'appartient qu'à elle. Le héros de la situation intime à son petit ami de s'approcher. Après quelques messes basses entre eux, le plus grand prend la jeune adulte dans ses bras avant de l'amener à l'écart. Cette dernière s'agite à cause du changement d'ambiance. Maintenant qu'elle n'est plus sous l'aura protectrice de Nagisa, elle ressent toutes les émotions que nous dégageons, et elles ne sont pas positives. Sa respiration recommence à siffler tandis que quelques perles de sueurs débute la descente de son front. Karma se recule pour finir à l'entrée de la pièce, dans l'encadrement de la porte plus précisément.    

— Pas du tout Kamil. Elle n'est pas la seule à faire des crises de paranoïa, et encore moins de panique. Pour le niveau ce n'est qu'une simple petite déduction selon ce que Yotsuba-san écrivait sur mes propres crises. Et avant que vous ne disiez quoi que ce soit de stupide, si vous lui demandez gentiment votre dossier, il vous laisse le feuilleter sous sa surveillance. Il dit que ça permet à certains de visualiser leurs progrès. 

— Pourquoi il ne nous en a jamais parlé alors ? 

— Il ne m'en a jamais parlé non plus. C'est à toi de te bouger le cul et d'oser lui demander. Il ne mord pas non plus. Enfin bref, je ne vous comprends pas de toute façon. Vous ne m'aimez pas, mais vous êtes quand même indigné qu'on m'envoie là-bas. Vous devriez être content, non ?

— On ne t'apprécie peut-être pas, mais tu restes encore l'un des nôtres. On ne peut pas tolérer qu'ils t'envoient à l'abattoir car, combien même tu sois un dangereux tueur fou à lier, tu es toujours un adolescent, déclare Mathéo d'un ton froid. 

— C'est joli de dire tout ça, mais s'il a fallu attendre la fin de la mission de Lucile pour vous rendre compte que ce n'était pas normal qu'on nous utilise, même pour des exceptions extraordinaires, ça ne vaut rien. S'il a fallu attendre la mort de votre amie pour vous dire que chaque vie humaine de ce centre ne devait pas être gâché pour des raisons égoïstes, alors vous ne valez pas mieux, dit sombrement le leader de la conversation. 

— Nagisa, ne pense pas... 

— Avec le peu de respect que je te dois, s'il-te plait Luke, tais-toi. Vous me mettez à l'écart depuis le début parce que je vous fais peur, et maintenant vous jouez les hypocrites en refusant de me laisser faire cette mission. Et tout ça pourquoi ? Moi je le sais. C'est juste parce que vous avez peur du fait que je puisse être en symbiose avec ma soif de sang. Vous êtes effrayés que je reste, en partie, maître de mon corps quand elle prend le contrôle de ma conscience pour faire ressortir mes sens les plus bestiaux. Vous êtes terrifiés que la soif de sang me fasse ressentir du plaisir à torturer mes victimes quand vous, vous ne le pouvez pas parce que vous êtes simplement impuissant face à votre propre corps. A part Lucas qui ne m'a encore jamais jugé, et Camille qui peut se révéler sympa et compréhensive quand vous ne la surveillez pas, je vous exècre tous ici !"

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Hey les gens ! Nouveau chapitre de 3097 mots. Je suis encore et toujours en retard, et en plus le chapitre n'est pas corrigé car j'avais la flemme. En passant, avec le rythme presque insoutenable de la terminale en ce moment, je passe à un chapitre par mois (le 13 du coup). J'adore la fin du chapitre ! Alors cette mission ? Elle en jette non ? A moins qu'elle ne fasse peur pour la suite ? Moi je sais déjà la suite donc je suis confiante, mais je sens que tout ça va faire peur à certains petits lecteurs. Promis, j'essayerai de ne pas trop amocher notre psychopathe des familles ! Sur ce, 

Kiss les gens <3                              

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