Chapitre 3

PDV inconnu :

Combien de temps depuis la dernière fois que suis venu ici ? J'ai l'impression que cela fait une éternité. Je n'ai qu'une hâte, revoir sa gueule d'ange qui me hante tant. Mes nuits à la maison ne sont plus pareilles sans lui. Je sens qu'il manque quelqu'un chez moi. Non, chez nous. Sa présence dans mon lit se fait désespérément attendre, sans jamais arriver. Ses affaires ne traînent plus dans sa chambre initiale. Il n'y a plus personne pour passer des heures dans la cuisine afin de nous faire un bon repas. Je n'ai plus personne à embêter, à câliner durant des heures. Tout paraît si vide quand il n'est pas là. Je n'aime plus passer du temps dans cet endroit qui me fait émerger tant de souvenirs, bons comme mauvais. Des moments à réchauffer l'atmosphère, comme à glacer le sang d'un claquement de doigts. Des nuits agitées par le désir, et des nuits agitées par les terreurs nocturnes quasi quotidiennes. Cela devient presque écœurant de se souvenir de tant de choses en l'espace de quelques minutes à peine.

Tout a aussi changé d'un point de vue scolaire. La disparition de Na-chan de Kunugigaokoa a créé un déferlement de sentiments. Les gens ayant peur de mon bleuté ont été soulagés. Ceux de mon avis ont été bouleversés par la nouvelle, mais heureux de savoir qu'il est en sécurité, même s'il est ailleurs, loin de nous. Ce radical changement nous a divisé, a brisé notre groupe. Sugino a trouvé que c'était du bon débarra et a fissuré le tout en premier. Rio a tenu un bon mois supplémentaire avant de craquer. Elle a rejoint Kanzaki, Maehara et Isogai en nous donnant comme excuse qu'elle ne supportait plus les tensions qu'avait amené la perte de Na-chan et le départ brutal du dingue de Baseball. Je ne lui en veux pas pour ça. Quant à Terasaka et Itona, les fissures jusqu'à la cassure complète se sont faites naturellement. Petit à petit, nous avons pris nos distances. Il ne faut pas croire, on traînait toujours ensemble, seulement, ce n'était plus aussi fréquents, et notre relation n'est plus la même qu'auparavant. Nos différents choix de lycée et la distance arrangent un peu les choses dans notre cas, mais il manque toujours Na-chan pour que ça aille mieux. Cette histoire nous est tombée dessus, nous a déchiré puis piétiné, comme si nous n'étions rien. Juste des dommages collatéraux.

Je ne veux même pas penser à ce que tous ceux du bâtiment principal, ainsi que Asano senior, ont ressenti quand ils ont su que le psychopathe du collège était enfin emprisonné loin de leur sale gueule d'intello. Ils me dégoûtent profondément car ils n'ont aucunes idées de la situation, mais ils se permettent de juger et critiquer sans relâche. Le principal l'a fait et c'est le premier à en avoir subi les conséquences. Il a failli perdre sa place de chef, son bras et son autorité, en plus qu'il lui soit retiré sa dignité, son honneur et son fils. Il ne pourra jamais oublier tout cela. Il s'en souviendra chaque jour de sa vie jusqu'à ce que la faucheuse se décide à le libérer de son lourd fardeau. Il ne doit pas exister pire châtiment que de voir un être aimé s'envoler aux cieux. Son erreur le poursuivra à vie, j'en suis persuadé.

C'est fou de se rendre compte à quel point que le garçon que j'aime le plus au monde puisse impacter autant de vies, les ravager, pour ensuite les réduire en cendres, quand elles deviennent trop envahissantes ou simplement dérangeantes. Il a de la chance que je l'aime comme il est. Peu de gens voudraient rester avec un fou comme lui. Après, à mes yeux, il n'est pas si dégénéré qu'il n'y paraît. Je l'ai connu plus intimement que quiconque, je sais comment il est dans le privé. Il n'y a pas plus grande différence que l'image qu'il renvoie et son vrai visage. Enfin bref, cessons toutes ces pensées négatives. Un petit sourire étire mes lèvres tandis que j'approche de plus en plus du centre où est placé mon cher et tendre.

Une fois que je suis entré à l'accueil, je discute rapidement avec la secrétaire. Je lui laisse mes affaires, comme d'habitude, avant de me diriger vers la salle commune. Je prie pour qu'il y soit, bien que cela soit de plus en plus rare. Les autres le haïssent, pas étonnant qu'il ne veuille pas les côtoyer. Il doit se sentir si seul au milieu de toutes ces personnes, comme un indésirable. J'arrive enfin devant la porte et l'ouvre dans un silence religieux. Tous ont stoppé leur activité pour me voir entrer dans la grande salle. Les regards se font vite pesants tandis que je cherche des yeux mon Na-chan. Je le vois enfin, tout au fond de la pièce, en train de regarder son portable. Pas loin de lui, un garçon que je n'avais encore jamais aperçu ici. Il lit sur un autre pouffe. Il semble n'en avoir rien à faire de la situation.

Je m'approche de Na-chan sans qu'il ne me voit. Une fois juste devant lui, il relève la tête vers la personne qui lui cache la lumière (moi en l'occurrence). Ses yeux s'agrandissent avant qu'il ne me saute dessus en hurlant mon prénom. J'ai à peine le temps de le réceptionner que je manque de tomber. Heureusement que je n'ai fait que vaciller car je n'ai pas plus envie que ça de me donner en spectacle. Enfin, plus que que maintenant je veux dire. Ces gens n'en valent pas la peine. J'inspecte le visage de mon petit ami. Il est si beau avec ce grand sourire qu'il me fait, mais je vois bien que ces nuits ne sont pas reposantes vu les cernes qu'il arbore. Je m'inquiète pour lui, mais j'essaye de ne pas le montrer. Il à l'air tellement heureux de me voir. Na-chan à bon fond malgré tout ce que ces ordures peuvent dire.

"Tu es là !

- Évidemment ! Pourquoi ne serai-je pas venu ?

- Je ne sais pas, me répond mon bleuté.

- On a peur de se faire oublier ?

- Tu sais bien que j'ai besoin de toi Karma. Je ne veux simplement pas que tu me laisses du jour au lendemain, me murmure-t-il pour que personne d'autre que nous n'entende.

- Donc tu as bel et bien peur. Viens là que je te montre que tu ne quittes pas mes pensées."

Je m'affale dans un pouffe, l'entraînant dans ma chute. Je le cale confortablement sur mes genoux et détache ses couettes attachées négligemment. Une fois libérées de leur prison, je passe ma main droite dedans tandis que mon bras gauche entoure ses hanches. Je réfugie ma tête dans son cou, sa tignasse me cachant. C'est vrai que Na-chan occupe mes songes, la plupart du temps du moins. Tout de lui me manque quand je suis loin de lui, et tout de lui m'appelle quand j'arrive enfin à trouver un moment pour aller le voir. Sa voix m'attire, sa bouille d'ange me captive, son odeur m'enivre et sa manière d'être avec moi me rend complètement fou. Moi, addict à ce mignon petit psychopathe ? Vous devez vous tromper de personne.

En vérité je ne peux pas me permettre de dire cela. Ce gars me rend barge dès l'instant où il est près de moi. Il me rend aussi si mal quand il n'est pas là. J'embrasse tendrement la nuque qui m'est offerte, déposant pleins de petits baisers sur la chaire tendre. Mon psychopathe soupire de contentement et un gémissement pathétique sort sans le vouloir d'en travers mes lèvres. Je suis si désespéré de ne jamais pouvoir faire ça avec lui que je fonds au moindre contact. Faiblesse humaine quand tu nous tiens... Je le sens, lui aussi était impatient de revivre ces gestes de tendresses. Mon bleuté se colle le plus possible à moi. Il cherche absolument à ce que son corps soit au maximum en contacts avec le mien. Cela faisait longtemps aussi. Trop longtemps même. Est-ce que l'on peut vraiment être malade d'amour ? Si c'est le cas, alors nous le sommes je pense.

PDV Lucas Musseret :

Alors c'est lui ? Il est charismatique ce fameux Karma Akabane. La manière qu'il a de se comporter avec Nagisa est si tendre. Je n'aurai jamais vu de personne plus attentionnée envers lui, pas même Marie. Mais c'est normal aussi, elle n'est pas son âme-sœur. Jamais je n'aurai cru pouvoir voir ce genre de scène avec l'androgyne au centre de l'action. On dirait quelqu'un d'autre, une personne qui n'a rien à voir avec le garçon froid et distant qu'il est d'ordinaire. Ce duo m'épate. Il y a tant de sensualité qui règne entre eux. En même temps, s'ils sont fusionnels et qu'ils ne se voient presque jamais, ça doit être très dur à supporter au quotidien.

Je baisse la tête et regarde les pages de mon livre comme si je lisais vraiment. Ils ont beau être dans leur bulle, je n'ai pas envie que l'un ou l'autre me grille en train de les espionner. Pire encore, je n'ai pas envie que les autres me voient les observer plus que nécessaire. Si ça arrive ils vont encore me mettre en garde sur Nagisa. Je n'ai pas besoin d'eux pour faire mes propres choix. J'ai beau être le plus jeune, je suis assez mature pour me gérer un minimum. Enfin, j'imagine qu'on est censé être une famille dans cette section en particulier, mais j'ai déjà une famille qui m'a élevé et qui m'élève encore. Cela peut sûrement paraître méchant ce que je vais dire, mais ils ne pourront jamais être comme ma famille. Ma mère, mon père et ma grande sœur seront toujours les seuls à occuper cette place de mon cœur. C'est comme ça et puis c'est tout.

Je veux bien admettre que si je réfléchis de cette façon, c'est surtout parce que je suis là depuis moins d'un mois. Mais j'ai l'intime conviction que ma vision des choses ne changera pas avec le temps. Oui, Kamil, Célia, Luke, Camille et Mathéo sont mes amis, mais ils resteront à ce stade. Peut-être que la rousse et l'empêcheur de bouquiner en paix deviendront un peu plus (confident(e) ou meilleur(e) ami(e)), mais c'est tout. Un soupire s'échappe de mes lèvres. Je peux penser de manière tellement antipathique parfois. Je me désespère tout seul. Mais n'allez pas croire que je suis un enfoiré en pensant ça. Disons que je me montre plutôt réaliste sur l'état des choses.

"Tu m'as l'air vachement concentré sur ton livre.

- Camille, ne me fait pas peur comme ça ! hurlé-je en me retournant vers elle.

- Je suis désolé. Ta lecture ne te plait pas ? Ça fait dix minutes que tu es sur la même page.

- Si, l'histoire me plait, mais je me suis perdu dans mes pensées.

- C'est à cause de Karma et Nagisa hein ?"

Je ne réponds rien, de peur qu'elle me fasse la morale comme les autres. Elle me regarde quelques instants dans un calme olympien avant de rependre la parole.

"Ils sont un peu... déboussolant quand ils sont ensemble, me dit la rousse en faisant bien attention au mots qu'elle choisie.

- Comment une personne si froide d'apparence peut devenir un vrai nounours en si peu de temps ?

- Tu sais, certaines personnes qui ont subi beaucoup de mauvais moments dans leur vie préfèrent uniquement montrer le pire d'eux afin de ne pas être blessé une nouvelle fois. Je ne cautionne pas ce qu'il a fait à l'apprenti assassin le jour de sa sortie de quarantaine, mais il a vécu des horreurs pire que nous autres avant d'atterrir ici. Après, son changement de comportement est dû à Karma. Un possesseur de soif de sang est toujours plus doux et calme en présence de son âme-sœur. Ce dernier peut faire voler le masque du possesseur en à peine quelques secondes alors que plusieurs mois, voire années, ont été nécessaires pour le former. C'est là toute la beauté d'avoir une âme-sœur.

- Tu en parles avec tant de passion, dis-je admiratif.

- En effet. C'est une partie complémentaire de la soif de sang qui m'a toujours intrigué. Je suis ravie de pouvoir t'apprendre un peu de ce que je sais."

Ses connaissances vis-à-vis des âmes-sœurs ont l'air impressionnantes. Ce qu'elle vient de me dire me captive. Peut-être que si je lui demande elle voudra bien me donner plus d'explications sur ce phénomène. Elle pourrait même me montrer certains trucs avec son âme-sœur si elle en a une !

"Vu que tu as l'air de t'y connaître, tu dois en avoir une toi aussi ?

- J'en avais une oui, répond-elle d'une voix nostalgique.

- Comment ça ? Ça peut disparaître ?

- Elle m'a abandonné et j'ai cru que j'allais en mourir quand je l'ai appris. Tout ce que je sais de cette période, c'est que la camisole qu'ils ont utilisé sur moi ne devait pas être ordinaire pour me maintenir sous contrôle.

- Mais pourquoi cette personne t'a fait ça ! Elle ne peut pas, si ?"

Ses yeux fixent un point dans le vague. Son dos s'est arqué et ses mains semblent trembler. Il n'y a aucun doute qu'elle soit plongée dans un autre monde, même si elle me répond d'une voix qui se fait maintenant monotone. Elle doit revivre certains souvenirs, que je doute être douloureux, en rapport avec son âme-sœur. Je ne voulais pas la rendre triste, mais je ne pouvais pas savoir non plus ce qui lui est arrivé dans le passé. J'étais juste curieux...

"Tu es encore un peu jeune pour comprendre tout ça, mais un jour tu verras ce que je voulais dire. Et je souhaite de tout cœur que cela ne t'arrive pas."

Camille se leva et me fit un sourire triste avant de s'en aller. Qu'est-ce qu'elle voulait me dire par là ?

PDV Nagisa Shiota :

Enfin il est de nouveau là ! J'ai cru défaillir ce matin quand j'ai pensé que, peut-être, il avait eu un empêchement et qu'il ne viendrait pas finalement. Je ne sais pas pourquoi je me fais du mal comme ça, mais c'est arrivé. J'ai pleuré la moitié de la matinée en pensant à cette idée stupide. Je suis vraiment con parfois... Heureusement que j'ai ma fierté car je crois sincèrement que je me serai remis à pleurer quand je l'ai vu arriver. L'amour m'abrutis vraiment.

Mais maintenant tout va mieux. Je sens sa main qui joue avec mes cheveux lâchés tandis que l'autre m'enserre la taille. Je sens son souffle chaud alors qu'il embrasse mon cou. Je crois que je peux même sentir son impatience et sa joie de me voir. Oui, Karma est bien là. Ce n'est pas mon imagination cette fois-ci. Je dois avoir l'air d'un extraterrestre aux yeux des autres. D'habitude je n'ai pas l'air aussi gentil, je ne souris pas , je ne rougis pas et je ne suis pas serein (pas du tout même). Les baisers de ma tête de piment se font de plus en plus intenses et remontent de plus en plus mon cou. Mon visage chauffe un peu plus et je remue comme je peux pour me dégager de son emprise. Comme vous avez pu le constater, je suis légèrement mal à l'aise de me donner en spectacle devant des crétins finis.

"Arrête ça tout de suite, feulé-je le plus bas possible.

- Mais pourquoi ? Ça fait tellement de temps qu'on a pas eu un moment comme ça, répond-il en dégageant sa tête de mon cou pour me voir.

- Regarde mon visage, regarde ton visage et maintenant regarde la salle : trouve l'erreur.

- C'est juste parce que tu ne peux plus leur faire peur avec ta tête que tu me fais cette comédie. Lève tes petites fesses que je puisse enfin profiter de toi au calme."

Je n'ai pas le temps de comprendre quoi que ce soit que Karma me pousse de ses genoux. Je me relève en trébuchant, mais sa main vient agripper mon bras avant que je ne tombe. Un peu sonné par la rapidité et l'empressement de ses actions, je le laisse me traîner hors de la salle commune tandis qu'il crie un petit "En route pour la chambre !". Cette phrase, bien que dite sur un ton enfantin, me fait un peu plus virer à l'écarlate. Nous arrivons bien vite à ma chambre qui, heureusement, n'était pas à moitié détruite pour une fois. Oui, j'aime beaucoup me défouler contre le mobilier à défaut de pouvoir le faire sur moi-même et/ou sur les autres.

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Hey les gens ! Me voici avec un petit chapitre (encore en retard pour ne pas changer) de 2 784 mots. J'avais écrit la suite dans ce chapitre, mais, quand j'ai vu que j'étais à plus de 3 200 mots et que j'étais loin d'avoir fini toute la scène, j'ai décidé de vous faire patienter. Oui, je suis sadique ! Est-ce que vous sentez cette tension que j'ai incorporé tout au long du chapitre ? Eh bien tant mieux car elle vous aidera encore moins à patienter pour la suite ! Comme je l'ai dit au dessus, oui je suis sadique. J'espère quand même que je n'étais pas trop lourde avec ça. J'ai corrigé ce chapitre, mais comme je ne suis pas parfaite, je suis certaine qu'il doit rester quelques coquilles. Enfin bon, la routine quoi. Sur ce,

Kiss les gens <3

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