Chapitre 8 - Point de vue Thibault - Perdu
Je viens de quitter Alex, il a beau me rassurer, je me sens pas vraiment mieux et c'est à reculons que je rejoins le magasin de sport. Toute la journée je rumine toute cette histoire, entre deux, trois conseils sur les équipements sportifs, qui se trouvent en rayons. Je me sens complètement perdu, il peut me dire qu'il m'aime, j'en doute pas mais dire que je suis un mec bien...non. Est-ce que quelqu'un de bien serait en couple avec une jeune fille alors qu'il aime un homme? Est-ce que quelqu'un de bien par peur de la solitude jouerait avec les sentiments d'une personne? Est-ce que quelqu'un de bien ferait passer l'amour de sa vie au second plan?
Non c'est évident, j'ai peut-être été un homme bon mais aujourd'hui je n'aime pas celui que je suis devenu. Maintenant de cette comédie, un petit être de deux mois est en train de se former et c'est mon enfant. Ce petit bout n'a rien demandé et, il ou elle va naître dans une famille qui n'en est pas une. Bien sûr j'ai toujours eu ce désir d'enfant dans un coin de ma tête, mais pas de cette façon...et surtout avec Alex, mais vu l'état actuel de la société concernant l'homoparentalité...mais bon c'est une autre histoire.
Il a peut-être raison en disant quelque part que c'est positif, c'est peut-être ma seule chance d'être père...et malgré tout, je l'aime déjà ce bébé...Je ne peux pas briser Natacha alors qu'elle est enceinte, je ne veux pas quand plus du salaud que je suis, elle le perde a cause de moi et d'un côté je ne veux pas faire souffrir Alex, je ne veux pas qu'il se sente comme mon amant...comme celui que je rejoindrais en cachette...qui ne se sentira jamais comme mon mec.
En sortant de mon boulot, je me dirige dans une boutique de fringues pour retrouver une amie, j'ai vraiment besoin de parler à quelqu'un et a part elle je ne sais pas à qui m'adresser, Jonas et Fred sont rentré sur Paris et je préfère discuter avec une personne, qu'avec un téléphone. Je jette un œil à la vitrine avant de rentrer à l'intérieur. Je dis bonjour à la jeune femme qui se trouve derrière la caisse et aperçois Crystal au fond du magasin. Elle me sourit et me fait signe de venir.
- Salut Cryss...Tu veux bien me rejoindre dans le café en face, quand tu auras fini ta journée? J'ai besoin de te parler...
- Alex m'a expliqué ce midi...Je viens, j'avais pas vu mais j'ai terminé depuis dix minutes dit-elle en regardant sa montre. On va plutôt aller chez moi c'est mieux pour discuter, ça te dérange pas? J'habite juste au bout de la rue.
- Pas de problème.
En effet, après avoir longé l'avenue, ses divers commerces et un restaurant, nous poussons une grande porte en bois pour atterrir dans une petite cour intérieur au sol en pavés. Au milieu de celle-ci se trouve une fontaine en pierre. L'eau s'écoulait auparavant par deux tête de cygnes, mais comme Crystal me l'a expliqué, depuis le temps qu'elle habite ici ça n'a jamais marché. Elle me raconte aussi qu'elle partage cet espace avec sa voisine qui habite en face de chez elle. Je monte a sa suite les trois petites marches avant de pénétrer dans sa demeure. Elle dépose son long manteau sur le support prévu a cet effet sur lequel je pose aussi ma veste. Elle me fait entrer dans son salon gris, égayé par un mur prune et des rideaux assortis. Alors qu'elle s'assoit dans un fauteuil blanc au côté d'un canapé de même teinte, je fixe le tableau au-dessus, représentant Crystal et sa meilleure amie qui malheureusement n'est plus de ce monde.
- C'est vraiment un beau cadeau que vous m'avez fait, j'adore ce tableau, Alex à vraiment du talent .Dit-elle
- Oui, il est magnifique...
Elle se lève et je sens sa main se poser sur mon épaule.
- S'il t'a tout raconté, tu dois penser que je suis un salaud, mais t'as raison, tu sais, c'est vrai, je ne suis qu'un con.
- Je ne penserais jamais une telle chose dit-elle en se rasseyant sur son siège et en me faisant asseoir sur le sofa. Ok c'est pas très classe, même limite ton histoire avec Natacha mais je suis ton amie Thibault, je ne te jugerait jamais.
- Merci Cryss...Je mérite pas une amie comme toi et encore moins, l'amour d'Alex...
- Dit pas de bêtise.
- Mais regarde la vie que je lui propose, rester mon mec, alors que je vis avec quelqu'un d'autre...Je suis lucide, il va finir par cesser de m'aimer et je vais le perdre...
- Thib, tu es toute sa vie, cesser de t'aimer, il ne sait pas ce que ça veut dire. Il n'était plus que l'ombre de lui-même durant ces longues années sans toi, il n'avait plus gout à rien, puis tu es réapparu et depuis que vous vous êtes retrouvés, il est redevenu l'Alex que j'ai connu, heureux, souriant, vivant tout simplement.
- Je ne doute pas de ses sentiments, je sais qu'il m'aime mais je lui en demande beaucoup et puis cette histoire de bébé rajoute une couche.
- Je pense qu'il t'aime suffisamment fort pour supporter la situation mais il faut que tu lui montre que tu l'aime même si je sais qu'il le sait, que tu lui prouve ne peut pas faire de mal...c'est un conseil que je te donne. Après je comprends que tu veuille t'occuper de cet enfant et c'est tout à ton honneur mais ne l'épouse pas, il faut que tu lui parle, que tu te libère de ce poids, rien ne t'empêchera de t'occuper de ton gosse.
- Je sais pas si c'est le moment, elle vient d'apprendre qu'elle va être maman, ça va la détruire...
- Y'a jamais de bon moment pour annoncer un truc comme ça, mais quoi que tu fasses, je te soutiendrais et ton chéri aussi. Tu sais il m'a dit ça au téléphone tout à l'heure " elle l'a dans son lit, dans ses bras, elle partage sa vie quotidienne avec lui, mais c'est de moi dont-il est amoureux et c'est moi qu'il désire, alors j'ai besoin de rien de plus pour être heureux.
- Mon mec c'est vraiment une perle...peu de gens peuvent supporter de " partager" la personne qu'ils aiment.
- Oui, sauf un homme très amoureux et c'est le cas d'Alex et je suis sûr et certaine que si les rôles avaient été inversés, tu aurais toi aussi continué à l'aimer.
- Bien sûr, je l'aime comme un fou et d'ailleurs je vais aller tout de suite suivre ton conseil et lui donner une preuve d'amour.
- A quoi tu penses?
- Lui faire livrer des fleurs avec un petit mot, mais il va peut-être trouver ça nul...
- Non je suis sûr que ça va le toucher, c'est un romantique Alex. Moi j'adorais qu'on m'offre des fleurs, mais déjà faudrait que l'amour frappe à ma porte.
- Ça viendra j'en suis sûr, t'es merveilleuse Crystal. Merci d'être là pour moi dis-je en la serrant dans mes bras.
Je me dirige vers l'entrée, remet ma veste, lui dit au revoir et me retrouve vite dans l'avenue. Je reprends ma 106 blanche et marque un arrêt chez un fleuriste avant de rentrer chez moi, retrouver Natacha qui prépare le dîner. Je la rejoins pour l'aider et lui demande:
- C'est pour quand la première échographie?
- C'est pas le moment-là, on en parlera plus tard
- OK désolé dis-je avant de me dire pour moi " c'est sûrement les hormones"
On passe à table et comme à son habitude, elle me parle des potins qu'elle a entendu a son boulot. Je l'écoute d'une oreille plongé dans mes pensées car je viens de sentir mon portable vibrer dans ma poche et je demande si c'est mon chéri. Je rempli le lave-vaisselle pendant qu'elle va se coucher puis j'en profite pour regarder mon téléphone.
" Coucou mon pti blond, je voulais juste te souhaiter une très bonne nuit, je pense à toi, je t'aime"
Je lui réponds " Tu me manque, je t'aime amour de ma vie, fais de beaux rêves" avant de passer à la salle de bain pour me laver les dents. Je me glisse quelques minutes plus tard sous les draps auprès de Natacha qui lit une revue people.
- J'ai vu sur internet qu'une échographie ça se fait entre la neuvième et la onzième semaine de grossesse, si t'en est à déjà deux mois, ça devrait venir ce mois-ci, c'est qui qui va te suivre?
- J'ai rendez-vous le 15 et mon médecin c'est le docteur Mar...Maréchal, maintenant laisse-moi dormir je suis fatiguée.
- En tous cas, t'as pas pris un gramme, je t'avoue que ça m'inquiète un peu, j'ai hâte que tu fasses cette écographie.
- Je t'ai dit que j'étais crevée, t'es bouché ou quoi! dit-elle en éteignant la lampe de chevet a ses côtés.
Surpris par son agressivité je n'ose plus rien dire et m'allonge sur le flanc droit, me laissant gagner peu à peu par le sommeil.
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