Je retourne et me retrouve face au gérant du restaurant, ne sachant pas quoi faire, je me contente de dire

- Je suis vraiment désolé, qu'est-ce qui s'est passé?

- Quand je suis arrivé sur les lieux, j'ai vu les flammes et apparemment des policiers devaient déjà faire leur ronde puisqu'ils ont choppé deux gosses qui s'éloignaient du lieu du crime, le troisième plus rapide leur a malheureusement échappé. Vous vous souvenez c'est les trois petits cons de l'autre jour. Ils ont attrapé la fille, et un des types mais celui qui a lancé les hostilités la dernière fois s'est enfui.

- Je suis vraiment navré...je vais tout faire pour vous aider a réparer les dégats, je vous dois bien ça, si vous ne vous étiez pas aperçu qu'ils étaient homophobes, rien ne serait arrivé.

- Vous n'êtes en rien responsable, vous n'avez pas vidé des bidons d'essence, ni allumer le feu que je sache.

- Non mais...j...

- Mais rien, la discussion est close.

- C'est rattrapable?

- Oui, par chance les pompiers ont vite maitrisé l'incendie. Je n'ai pas perdu grand-chose, la salle de restaurant, les meubles et évidemment les papiers peints qui sont partis en fumée. Mais la partie cuisine est intacte. J'ai pris une bonne assurance, ça devrait couvrir les frais et puis Antoine m'avait toujours dit de changer de déco, que ça faisait trop vieux et même s'il n'est plus là pour le voir, je vais le faire en son honneur et pourquoi pas changer l'enseigne aussi.

- Vous êtes sûr que je ne peux pas vous aider, ça me ferait  vraiment plaisir.

- Peut-être un coup de main pour la peinture, des bras en plus des miens ne serait pas de refus mais à une seule condition.

- Je vous écoute.

- Vous arrêtez de vous sentir coupable.

- Marché conclut

- Je pense qu'on pourra attaquer la peinture dans le weekend ou plutôt en semaine, je suis désolé c'est moi j'ai l'habitude de travailler le samedi et le dimanche.

- Ce weekend ça m'ira très bien. 

- Vous êtes sûr, avec votre main? Quelqu'un vous a agressé?

- Oh ça non, je me le suis fait tout seul, je dois enlever les points dès vendredi normalement.

- En tout cas, vous êtes un garçon très généreux et c'est rare de nos jours.

- Les pères qui aiment leurs enfants malgré leur " différence", ça aussi c'est rare et ça fait plaisir de voir que ça existe.

- Votre père vous a rejeté? je suis peut-être indiscret, pardonnez-moi.

- Non, ça me pose pas de problème, mon père me détestait bien avant de savoir pour moi, je n'ai jamais été assez bien comme fils pour être digne de lui, mais ça fait longtemps qu'il ne fait plus partie de ma vie et un autre homme est rentré dans la vie de ma mère quelques années après et j'ai une très bonne relation avec lui, c'est lui mon père et peu importe si ce n'est pas de sang.

- Vous avez bien raison. Je vais devoir vous laisser, il faut que je me rende au commissariat, tenez voici mon numéro de téléphone dit-il en me tendant un papier sur lequel, il vient de l'inscrire. Vous me rappellerez pour la peinture.

- C'est noté, au revoir dis-je alors qu'il s'éloigne de moi.

Je glisse ce qu'il m'a donné dans ma poche et retrouve Noah et Judith qui sont sur le bord de la plage. J'apprends que tout va très bien mis à part qu'elle a tombée son portable à l'eau et que c'est pour ça qu'elle ne répondait pas aux appels. Elle doit partir au Théâtre, alors on repart tous les deux de notre côté jusqu'à mon auto, c'est là que je l'aperçois, le troisième jeune responsable du sinistre qui essaye discrètement de se planquer derrière les autres véhicule. Il est surement revenu pour voir ce qui se passait pour ses amis puisqu'il a l'air de les regarder sur la plage.

- Hey Man qu'est-ce qu'il y a?

- C'est un des gars qui a fait brûler le restau, faut que je le choppe!

- Alex c'est à la police de faire ça.

- Écoute j'ai déjà rencontré ces jeunes quand je suis venu déjeuner ici-même avec nos amis de Paris et Thibault, ils nous ont insultés parce qu'on est gay. Le patron les a entendus et les as viré, c'est pour ça qu'ils ont cramé cet endroit pour se venger. Cet homme a vu son fils de 16 ans mourir dans ses bras après avoir été roué de coups par des homophobes et maintenant il lui arrive ça, je peux pas le laisser s'en tirer.

- Je ne savais pas tout ça...pauvre homme...il n'ira pas loin fais-moi confiance mais il faut ne pas se faire repérer et puis tu ne peux pas le faire tout seul avec ta main.

- T'as raison. Merci Noah.

On élabore un plan et on s'exécute. On part chacun de notre côté et on longe un peu la rue avant de traverser pour se retrouver sur le trottoir d'en face. Noah fait semblant de tenir une conversation téléphonique pendant que moi je marche l'air de rien vers l'individu accroupi derrière une berline noire. J'arrive devant lui et dis:

- Tu as perdu quelque chose?

Il sursaute, relève la tête vers moi et répond

- Euh...oui ma lentille de contact.

- Tu l'as surement fait tomber avec tes amis, quand tu t'échappais du lieu du crime après avoir mis le feu.

- N'importe qu... dit-il avant d'écarquiller les yeux. - Je te reconnais, t'es une des pédales de l'autre jour.

- T'as une bonne mémoire, j'aurais pas cru, quand on sait que t'allume un incendie en plein jour, c'est à se demander si tu n'es pas dépourvu d'intelligence. 

- Connard de pd, tu pollue l'atmosphère, dégage avant que je t'en colle une.

- Oh tu pourrais mais tu risques d'attirer l'attention mais de toute façon je vais te dénoncer aux flics donc ça changera rien et puis si tu t'enfuis encore, c'est pas grave je suis très physionomiste, je ne vais pas avoir trop de mal à les aider à avoir ton portrait et en plus j'ai un très bon coup de crayon.

Il se lève et commence à vouloir s'enfuir mais il est vite intercepté par mon complice.

- Tu comptes aller ou comme ça dit-il en lui maintenant le bras dans le dos

- Tes qui toi? lui lance-t-il alors que j'attrape son autre bras pour le maintenir avec Noah.

- Un mec qui supporte pas qu'on manque de respect à un de ses potes et aussi le copain d'une fille magnifique qui aurait pu perdre la vie à cause de toi. Allez viens petit merdeux.

- Lâchez-moi! crie-t-il en se débattant sans succès

On a vite fait d'emprunter le passage piéton et la plage de sable fin pour le remettre aux autorités qui l'embarquent avec les deux autres. Ils nous remercient mais nous disent que ce n'est pas à nous de faire leur boulot et qu'il aurait pu être armé. On écoute leur remontrance avant de retourner pour de bon au magasin. On reprend notre train-train quotidien et la journée se passe sans autre accroc. À la pause de midi j'ai appellé Crystal, ça fait déjà quelque temps que je l'ai pas vu, depuis la soirée d'anniversaire de Thibault. Je me dépêche vite de la retrouver en terrasse du petit café en face de sa boutique.

- Alors comment va la plus belle dis-je en lui déposant un bisou sur la joue.

- je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie, je t'ai pris un verre de menthe

- C'est gentil. Tu es radieuse dis-je en m'installant en face d'elle.

- Toi tu as l'air quelque peu soucieux par contre. tout va bien avec ton homme au moins? et qu'est-ce que tu t'ais fait? ajoute-elle en regardant mon bandage

Je lui récapitule l'intégralité des événements, la reformation du couple de nos amis parisiens, Sean, la raison de ma blessure et l'acte criminel qui a eu lieu ce matin sans oublier les insultes qu'on a reçues. 

- Et bien dis donc il s'en est passé des choses en si peu de temps! Quel emmerdeur ce Sean, surtout ne cédez pas, je vais vous aider à trouver une solution. Je ne laisserais personne briser votre couple.

- Nath va tout savoir, c'est inévitable...je voulais pas qu'elle l'apprenne comme ça, si elle doit le savoir c'est par Thib et moi.

- Il reste encore demain si j'ai bien compris, crois-moi on va trouver un truc.

- Je ne suis pas aussi optimiste que toi... Bon assez parle de moi, raconte-moi, ton histoire avec ton Jules.

- Je suis tombé follement amoureuse de lui, il est juste merveilleux. Il m'a fait découvrir des endroits splendides que je ne connaissais pas dans la ville. Il m'a charmé avec sa magie. Il me fait rêver, je suis une petite fille émerveillée à ses côtés. Il est absolument parfait et en plus il me dit qu'il m'aime, rien de mieux pour combler une femme romantique comme moi.

- Tu peux pas savoir comment ça me fait chaud au coeur de te voir heureuse, je suis sur qu'il est amoureux, ça ne fait aucun doute, le regard qu'il pose sur toi est rempli d'amour, je l'ai bien vu lors de la fête samedi dernier.

- Ce soir, je l'invite à diner chez moi et j'aimerais bien qu'il reste pour la nuit aussi. J'aurais besoin de ton avis sur ce que je compte porter dit-elle en me tendant son portable avec lequel elle s'est prise en photo dans sa tenue.

Elle porte, une jolie robe rouge et noir ( le haut est rouge, le bas noir), évasé en haut, avec un décolleté très discret au ras du cou, mais de l'autre côté, un dos nu vertigineux. Le bas de sa tenue est près du corps s'arrêtant un peu au-dessus des genoux.

-S' il ne craque pas, c'est soit que c'est vrai gentleman, soit il est gay mais ça je suis sur que non. C'est carrément un appel au plaisir charnel, tu es sublime...

- Merci Alex, bon je vais te laisser, il faut que je prépare le diner. dit-elle en cherchant sa monnaie

- Laisse c'est pour moi dis-je en réglant les boissons.

Elle me serre dans ses bras et me fait la bise avant de partir.

- Bonne chance lui lançais-je avant de retourner à ma voiture, garée plus loin dans l'avenue.

Dix minutes plus tard, je suis de retour chez moi, devant mon frigo a la recherche d'une idée de repas pour ce soir. Je me décide finalement pour des raviolis au fromage, un de mes plats préférés. Comme il est encore tôt et que j'ai largement le temps, je file sous la douche me rafraichir et retourne dans ma chambre enfiler un caleçon et un t-shirt puis je vais dans mon salon pour m'allonger tranquillement dans mon canapé. Je regarde tranquillement la télé une bonne petite heure avant de manger et après avoir fait la vaisselle. je recois le fameux texto que j'attends avec impatiente tous les soirs.

" Mon amour j'ai peut-être trouvé le moyen pour que Sean, nous laisse tranquille, je te tiens informé demain puisque à midi, tu manges avec moi, je passerais te chercher au boulot."

" Ça marche, je t'attendrais, ça tombe bien j'ai pleins de trucs à te dire, je t'aime mon roi lion"

" Si ça concerne la photo de toi dans le journal régional je suis au courant, moi aussi je t'aime mon petit chat sauvage ;) "

" De quelle photo tu parles ?"

" Regarde sur leur site internet, tu trouveras surement, je peux pas t'expliquer, nath vient de sortir de la douche elle arrive"

" ok je vais voir ça à demain, Je t'aime"

" Je t'aime aussi, bisou"

J'attrape vite mon ordinateur portable et me glisse dans mon lit, j'ouvre la page du journal en question et tombe sur la photo de moi et Noah en première page alors qu'on confie le troisième petit con à la police. J'avais même pas fait attention qu'il y avait des photographes...l'article qui l'accompagne ne m'apprend rien de nouveau, il dit juste que c'est un incendie criminel et que les suspects ont été interpellés dont un grâce à deux habitants. Mes voisins risque de me reconnaître, moi qui aime être discret , c'est super...Fatigué, je me mets un film mais éteint le pc avant la fin tombant de sommeil.