À mon réveil, toujours pas de nouvelles de Thibault, pourtant j'arrête pas d'essayer de le joindre. Vient l'heure d'aller au boulot alors je quitte l'appart sans même déjeuner, j'ai vraiment pas d'appétit. Quand je retrouve Noah à la boutique, il remarque tout de suite ma mauvaise humeur.

- Ça va pas toi, raconte ce qui se passe?

- Il se passe que c'est impossible de joindre Thibault depuis hier matin.

- T'en fais pas, il va t'appeler, peut-être s'est-il fait voler son téléphone.

Mon portable vibre dans ma poche:

- Miracle, un SMS d'un revenant!

" Mon amour, désolé de pas avoir répondu plus tôt, j'ai fracassé mon portable, il a fallu que j'en rachète un, je viens de l'avoir, y a à peine cinq minutes. Là je suis au boulot, mais je passe te voir à midi. Tu m'as fait peur avec tes messages, j'espère que ça va, Je t'aime "

- Alors qu'est ce qu'il dit?

- Monsieur avait cassé son portable...

- Bah tu vois qu'est-ce que je te disais.

- Arrête c'est pitoyable comme, excuse, s'il faut il est en train de s'envoyer en l'air avec ce bouffon!

- Mec, tu te fais des idées, il est tranquillement au magasin de sport et il bosse.

- Je sais que je t'en demande beaucoup mais tu veux bien me laisser aller le voir tout de suite, s'il te plaît?

- Bien sur, vas-y, ça t'évitera de te faire une parano et puis t'es bien plus drôle quand tu tires pas la gueule.

Faut pas me le dire deux fois, je lui ai à peine dit merci, que je suis déjà monté dans ma golf. Je sors tellement vite de ma place, que je fais râler un usager mais je m'en contrefou, là je veux juste retrouver mon mec.

Après m'être énervé, contre trois feux qui passaient pas assez vite au vert, après avoir soupiré devant ses piétons que tu te demandes, s'ils le font pas exprès de prendre leur temps pour traverser, et m'être m'insurger sur la déviation qui m'a fait perdre cinq bonnes minutes, j'arrive enfin à destination.

J'entre dans le magasin mais ne le vois pas tout de suite, alors je me faufile à travers les rayons et le cherche du regard, mais la première personne que je vois est Sean, de dos. Puis la seconde d'après j'aperçois ce connard attraper le visage de mon homme entre ses mains et l'embrasser fougueusement. Là je tiens plus, je pète un câble, je me dirige vers eux comme une furie en hurlant:

- PUTAIN, SALE CONNARD DE MERDE, JE VAIS TE DEFONCER!

Ce gros lâche se barre en courant, faisant dégringoler les vélos pour m'empêcher de le chopper. Fou de rage, j'explose un miroir avec mon poing créant des entailles sur ma main.

- Alex calme toi, il s'est rien passé, il s'est jeté sur moi me dit Thib en venant à ma hauteur.

- Va te faire foutre dis-je blessé au plus profond de moi, les yeux embués par les larmes.

Je commence à partir, enjambant les Vtt au sol, mais il me rattrape, je lui lance aussitôt:

- J'ai pas envie de te parler, lâche- moi, je me casse!

- Hors de question que je te laisse partir, tu pisses le sang, tu dois souffrir, je t'emmène à l'hôpital et je te demande pas ton avis.

- Ça me fait bien plus mal ce que je viens de voir.

- Ce que tu as cru voir, je t'assure qu'il ne s'est rien passé et si tu m'avais regardé, tu aurais vu que je le repoussais.

- Je te laisse m'emmener à l'hosto mais c'est seulement parce-que je ne suis pas en état d'y aller tous seul, que j'ai rien mangé ce matin et que j'ai peur de tourner de l'oeil mais en aucun cas tu m'adresses la parole.

- Alex...je t'en prie commence-t-il alors qu'une fille fait irruption dans la boutique.

- Mon Dieu! qu'est-ce qui s'est passé ici? demande-t-elle affolée

- Une petite altercation, mais t'en fais pas Steph je m'occupe de tout, si tu peux mets le miroir dans l'arrière sale avec les invendus sinon je le ferais. Moi je vais à l'hosto il a besoin de soin.

- Ok, vas-y je m'occupe de tout.

- Merci dit-il en attrapant des bonbons sur le comptoir, les ouvrants avant de me les mettre dans ma main valide. - Tiens prend ça, et t'avise plus de partir le ventre vide.

Je ne réponds pas et m'installe dans sa voiture côté passager. Le trajet se passe dans le silence complet. Seul le bruit de la circulation et du moteur résonne dans l'habitacle. Il n'essaye pas de parler, mais il essuie une larme qui coule sur ma joue. Ça devrait m'énerver mais au lieu de ça, ça me fait du bien. Je ne veux pas qu'il le remarque alors je le repousse, il semble être blessé par mon rejet mais c'est rien à côté de ce que je ressens. On arrive aux urgences et je suis rapidement pris en charge par un jeune médecin, qui nous emmène dans une salle de soins.

- Hum, c'est pas très joli tout ça dit-il en examinant la plaie. Comment vous êtes vous fait ça?

- J'étais en colère, j'ai brisé un miroir...répondais-je

- Ce qui explique les morceaux de verre, bon et bien je vais désinfecter tout ça et on va faire quelques points.

Il arrête le saignement et désinfecte la blessure, je serre les dents, ça picote un peu. Il me fait une petite injection pour endormir la zone avant de suturer. Il quitte la pièce le temps de laisser le produit agir surement pour aller s'occuper d'un autre patient entre-temps.

- Tu peux t'en aller, je prendrais un taxi.

- Alex...s'il te plaît...

- Ça changera rien que tu restes, je t'écouterais pas de toute façon et j'ai rien à te dire.

Il ne part pas mais reste silencieux. Le médecin revient quelques minutes plus tard qui m'ont semblé interminables. Ma main, bien qu'endormi, me fait quand même fait souffrir, Thibault veut que je prenne la sienne pour la serrer dans les moments les plus douloureux mais je refuse, préférant m'agripper au lit.

- Voilà c'est fini, une infirmière va venir vous faire un bandage, je vous laisse patienter.

- Merci docteur.

Il repart une deuxième fois et nous laisse à nouveau seuls tous les deux. Je regarde ma main droite, chaque doigt a été recousu au niveau de la jointure de trois points tandis qu'il y en a bien sept sur le dos de ma main, les débris de verre ont créé une entaille dans la longueur surement au moment de l'impact. Je n'arrête pas de me rejouer la scène dans la tête, ça me fait tellement mal, ma douleur se déverse sur mes joues, je n'arrive plus à la contenir.

- Mon amour, non, ne pleure pas...dit-il en venant près du lit d'auscultation sur lequel je suis assis, pour me serrer dans ses bras. 

- Laisse-moi, va-t'en... dis-je en essayant de le repousser mais j'en ai même pas la force, alors je finis par arrêter d'essayer, laissant ma tête appuyée contre son torse.

- La dernière fois que je suis parti, j'ai foutu en l'air 4 années de notre vie parce-que j'ai pris ton beau-père pour ton mec, alors cette fois-ci je m'en irais pas, je veux pas que ça recommence... Ce que tu as cru voir n'a rien à voir avec la réalité des choses.

Repensant à ce que Sean m'a dit hier, je l'écarte de moi et lui dit sèchement;

- Admettons que je me trompe et que je me fasse des films, tu peux m'expliquer pourquoi hier matin, après m'avoir ouvertement dragué, il m'a balancé à la gueule de la manière la plus " élégante" qui soit qu'il avait couché avec toi et que bizarrement quand je veux te joindre tu réponds pas et tu me sors cette excuse pourrie de portable cassé.

- Putain, si je mets la main sur ce petit merdeux... Je peux savoir exactement ce qu'il t'a raconté cette enflure?

- En gros qu'il adorait t'entendre soupirer de plaisir, qu'il te rendait fou et que tu le suppliais de continuer. Mais je vois pas à quoi ça te sers de savoir ça mis a part retourner le couteau dans la plaie.

- Vaut mieux pour lui que je le croise jamais. Maintenant Alex, voila mon portable, comme tu peux le voir il est tellement mort qu'on distingue à peine que s'en est un, grace à la touche survivante du 6.

- Excuse-moi, j'ai vraiment cru que tu te foutais de moi...

- Je suis ravi que tu me croies mais ça,ce n'est pas le sujet, ce salopard t'a menti. Je n'ai jamais couché avec lui, c'est un ramassis de mensonges. Effectivement, avant-hier après qu'on se soit séparé au restaurant, je l'ai croisé dans la rue et il m'a fait des avances mais je l'ai envoyé balader. Je me suis barré, j'ai passé toute la journée avec Rose, Meredith et Crystal, tu peux leur demander. Vers 20h00 je suis rentré chez moi, j'étais pas bien, je me suis glissé dans un bain. J'ai eu un gros coup de blues jusqu'à que je reçoive ton texto ou tu me disais avoir passé un weekend génial. Et puis mon amour, tu me connais, t'as quand même plus confiance en moi qu'en lui?

- Évidemment...le truc c'est que quand je vous ai vu tout à l'heure, j'ai douté, je me suis dit que peut-être, vu que tu n'as eu que moi comme partenaire, tu avais envie de nouvelles expériences que ça soit avec lui ou un autre, cette idée me tracasse déjà depuis quelque temps. 

- J'ai pas envie de nouvelle expérience pour la simple et bonne raison que je suis un homme parfaitement comblé avec toi.

- Je te demande pardon, je me sens tellement con, désolé pour ton magasin et pour ce que j'ai pu te dire...

- C'est rien, mais tu me crois, je sais même pas comment il a su ou je travaillais, je l'ai repoussé Alex

- Je te crois, pardon mon amour...

- Mon trésor dit-il en prenant mon visage entre ses mains. Je t'aime et le seul homme avec qui j'ai envie de faire l'amour c'est toi, les autres que ce soit Sean, Luc, Paul, Vincent, j'en ai rien à foutre, je te veux toi.

Qu'est-ce que j'ai pu être con me dis-je à moi-même avant de descendre du lit d'auscultation pour être à sa hauteur et déposer mes lèvres contre les siennes.

- Ta bouche a le gout du tabac.

- Désolé c'est l'autre abruti...

- Raison de plus pour continuer à t'embrasser et enlever sa trace dis-je avant de le couvrir de tendres baisers jusqu'à ce qu'on entende des pas dans le couloir.

Une femme entre et s'occupe de bander ma blessure, puis après avoir rempli quelques papiers, on sort enfin et on retrouve la voiture avant de reprendre la route direction le centre-ville.

- Ma main ressemble à celle de Bibendum, quelle idée j'ai eu de briser cette vitre, en plus c'est la droite, je suis vraiment un idiot.

- Mais non chéri, t'a agi impulsivement, d'ailleurs avant qu'on tire un trait sur cet abruti, alors comme ça il s'est permis de te draguer?

- Ouais il a débarqué hier à la boutique, j'ai fait la connerie de lui dire où je bossais la seule fois ou ont à...bref il m'attendait là-bas avec Noah qui est parti nous laissant tous les deux. Sean voulait que je ferme la grille parce qu'il avait envie de moi. Bon la suite tu t'en doute, je lui ai dit de se barrer, il m'a parlé de toi, et si mon pote jamaïcain n'avait pas oublié quelque chose, je lui aurais foutu un poing.

- Dommage, j'aurais apprécié qu'il se prenne une mandale.

- Et moi dont... Tu me redéposes au boulot, s'il te plaît?

- Tu es sûr, tu te sens bien?

- Chéri je suis pas en sucre tu sais.

- Je sais bien mais je m'inquiète pour toi, j'y peux rien c'est parce-que je t'aime.

- Je t'aime aussi et pourquoi t'avais le cafard l'autre soir ? Qu'est-ce qui allait pas? 

- Comme toujours, j'étais tellement bien avec toi, que quand j'ai dû refaire face à la réalité, ça m'a fait mal. Je m'efforce de tenir pour mon futur bébé mais c'est dur, par moments j'ai envie de tout lui dire pour pouvoir être avec toi mais je n'ai pas à me plaindre, c'est de ma faute cette situation et tu en souffre bien plus que moi.

- T'arrête de dire des conneries et dorénavant quand ça va pas, tu m'appelle 

- Promis dit-il en s'arrêtant devant mon boulot. T'es sûr que ça va aller?

- Mais oui Thibault, je suis en pleine forme.

- D'accord mais tu fais attention à toi et tu m'appelles dès que t'es rentré chez toi.

- Oui mon amour, mais t'a intérêt à me répondre.

- T'inquiète, j'ai un nouveau portable qui marche très bien.

- Je t'appelle ce soir dis-je en essayant d'ouvrir la portière avec ma main gauche pour sortir mais je galère un peu.

- Je vais t'aider à ouvrir, mais d'abord tu me fais bisou, c'est quoi ça de partir sans m'embrasser?

Je souris et embrasse tendrement ses lèvres avant qu'il ne se penche pour m'ouvrir la porte. Je sors de la voiture quand il me dit:

- Alex... Y'aura toujours que toi, tu es mon homme, l'homme de ma vie, je t'aime.

- Et moi je n'appartiens qu'à toi, je t'aime beau blond dis-je en m'éloignant du véhicule avant de le regarder repartir jusqu'au coin de la rue et de retrouver Noah.