Fred commence à s'éloigner, je vois qu'il est prêt à fondre en larmes et ça me fend le coeur. Je le rattrape et lui lance:

- Hey peut-être qu'il a juste du retard.

- Non Jo n'a jamais de retard, au contraire, il est du genre à arriver toujours en avance. Il vien...

- Mais aujourd'hui il a peut-être besoin d'un temps de réflexion. Coupais-je

- Vous êtes gentil mais il en a vraiment eu marre de moi. J'ai tout gâché c'est tout.

- J'en suis pas si sûr, si tu regardais en l'air plutôt que le sol...

En effet, Jonas est là, à quelques mètre du lieu du rendez-vous. Il s'avance vers nous tandis que nous sommes à l'arrêt.

- Jo t'es venu...

- Je veux pas que nous deux ça s'arrête, mais je veux que tu aies confiance en toi. Je t'aime, je suis heureux avec toi.

- Je suis désolé pour tout...sincèrement désolé.

- Moi aussi je suis désolé, j'avais pas idée d'à quel point tu pouvais avoir peur de me perdre. Ta lettre me l'a montré. J'avais pas conscience que tu complexais en te comparant aux autres et que tu t'imaginais des trucs tout seul. Comme le fait que je pouvais ne pas être satisfait de notre vie et qu'un autre me comblerait mieux, m'offrirais plus. Faut que tu arrête ça frisouille, j'ai pas envie d'un type friqué, qui roule en merdeces, qui s'habille avec du luxe  et qui peut m'offrir monts et merveilles. Je m'en fou du tralala. Moi ce que je veux c'est passé ma vie avec ce garçon qui m'a embrassé pour la première fois ici-même. Rien de plus, rien de moins.

- Je vais tout faire pour changer mon comportement et si j'y arrive pas, je ferais une thérapie.

- De mon côté, je pense qu'on va se dégager du temps pour se retrouver en amoureux, faire plus de chose ensemble.

- Ça me plairait beaucoup.

- Une petite dernière chose, je suis un homme jaloux, mais dans ces moments-là, j'ai pris l'habitude de te regarder, regarder comment tu réagi aux stimuli des autres et toujours, je me rend compte que j'ai aucune raison de l'être. Après si ça te rassure que je l'exprime, je le ferais.

- Oui, ça me plairait au moins un peu quant à moi, j'essaierai d'appliquer cette technique.

- Pas trop non plus, j'aime bien la jalousie mais bien dosé.

- C'est promis.

- Et si tu m'embrassait maintenant ?

Pour répondre, Fred glisse ses bras autour de la taille de son cheri et l'attire à lui pour un long et tendre baiser.

- Tu m'as tellement manqué, lui murmure-t-il ensuite.

- Toi aussi tu m'as manqué, énormément, mais c'est fini, on se retrouve.

- Qu'est-ce que ça fait plaisir de vous voir comme ça, vous êtes trop mignon dis-je

- Je pourrais vous dire la même chose, je suis content que vous vous soyez retrouvés, même si votre situation n'est pas facile, Cryss m'en a parlé hier, vous êtes fait l'un pour l'autre, comme mon chéri et moi c'est une évidence.

- Je suis bien d'accord. Dites, si on allait manger quelque part, j'ai trop faim? Interroge Alex

- Je suis pas contre, mais juste une question avant, Thib, t'as inversé tes fringues avec mon mec? me demande-t-il

- Il me les a prêté répondais-je

- Ah d'accord.

- Quant à moi, j'ai pas piqué les affaires de Thibault, j'ai juste eu envie de changer mon style alors avec l'aide d'Alex et Crystal, j'ai changé de look. Et si Thib porte mes vêtements, c'est parce-qu'il a passé la nuit chez son homme et que je fais à peu après la même taille que lui, donc je lui en ai prêté.

-  Tu es vraiment affolant comme ça, et j'aime beaucoup cette nouvelle coupe de cheveux.

- C'est vrai? Comme c'est ta spécialité, j'avais peur que ça te déplaise.

- Non c'est très réussi, je suis juste un petit peu jaloux de ne pas m'être occuper personnellement de toi.

- C'est mignon, je l'aurais bien, fait faire par toi mais je voulais te faire la surprise.

- Je comprends et pour le coup j'ai été surpris, quand je t'ai revu à la fête de Thibault, j'en ai eu le souffle coupé, ça faisait une semaine que je t'avais pas vu et tu me manquais terriblement. J'avais déjà pris ma décision mais je voulais te retrouver aujourd'hui, dans ce lieu particulier, c'est pour ça que je suis parti de la soirée, sinon j'aurais craqué.

- Alors quand je t'ai dit je t'aime, Alex avait raison t'as hésité?

- Ta voix avait l'air tellement brisée, c'est pour ça que j'ai failli revenir vers toi et je t'ais répondu tout bas que je t'aimais aussi. Mais je suis pas resté parce que le rendez-vous à la plage, c'était trop mignon comme réconciliation puis je voulais aussi lire ta lettre.  Bref à part ça, je trouve que ton nouveau look de soirée et de tous les jours, te va hyper bien. Tu es très beau, mais je veux pas que tu change pour moi, je te trouve toujours canon, peu importante ce que tu portes.

- Je me trouve mieux mis en valeur que dans mes tenues d'ado, c'est sur que c'est un peu pour te re-seduire que je change mais aussi pour moi. Je voulais faire plus homme qu'adolescent, sans avoir l'impression de pas être moi et j'ai réussi à trouver ce qui me convenait.

- Si tu es bien comme ça, alors je suis bien aussi. Je suis totalement séduit.

- J'en suis ravi, allez allons manger, moi aussi  j'ai faim.

Après une courte réflexion sur l'endroit où nous allons déjeuner, on se dirige vers un restaurant en bord de plage où allaient souvent Fred et ses parents. On commande tous les quatre, un risotto aux gambas et une part de tarte au citron conseillé par Fred. Ça tombe bien c'est un de mes desserts préférés. On voulait inviter Crystal mais elle était déjà prise par un certain Jules. On commence à entamer notre plat de riz avec gourmandise, on a rien mangé ce matin.

- C'est sympa de se retrouver, comme ça entre mecs dis-je 

- Oui, et cette fois on ne va pas vous laisser en plan, tous les deux. dit Jonas

- Votre plan a plutôt bien fonctionné puisque je suis en couple avec ce beau blond dit mon chéri à mes côtés.

- C'est Crystal qui a l'air de bien s'amuser aussi, j'ai vaguement parlé avec ce Jules, sympathique comme gars. dit Jo

- En effet ça marche très bien, j'ai l'impression dis-je

- C'est pas qu'une impression mon amour, hier elle l'a embrassé et je l'avais jamais vu aussi heureuse, elle est mordue moi je vous le dis. Je voudrais pas m'avancer mais je crois qu'elle a trouvé le bon.

 - C'est une super bonne nouvelle ça, depuis le temps qu'elle tombe que sur des cons dit Jo

- En fait, tout va pour le mieux ajoute son mec

- Presque...oui dis-je

- Non mon ptibou, tout est parfait dit Alex en me lançant un regard amoureux. On est avec nos potes, on s'aime, il fait beau, il fait chaud, profite de cet instant de bonheur.

- Ton mec a raison, peu importe les complications qu'il y a dans votre relation, vous êtes amoureux l'un de l'autre, et l'amour c'est plus fort que tout. me dit Fred

- Je suis tellement dingue de toi chéri...dis-je à mon homme

- Et moi dont dit-il alors que le dessert nous est servis

- Ça vous ennuie pas les gars de nous ramener après le repas qu'on récupère la voiture de Fred, il va falloir qu'on reprenne la route.

- Oui je serais bien resté plus longtemps mais je reprends le boulot à la librairie demain.

- Pas de problème, en tout cas, vous allez me manquer,j'ai adoré partager cette semaine avec toi Freddy, et la fête avec vous deux et ce restau c'est  cool. dit Alex

- Oh mon chéri, t'es tristoune, c'est mignon dis-je

- Toutes les bonnes choses ont une fin, c'est juste que ça m'a fait super plaisir de vous revoir, on se voit si peu parfois je regrette un peu ces bons moments qu'on a eus dans notre jeunesse.

- On est encore jeune Alex dit Fred

- Oui, t'as compris ce que je voulais dire.

- De toute façon, il se pourrait qu'on vienne vous voir beaucoup plus souvent, enfin c'est encore une simple supposition mais j'ai beaucoup réfléchi, cette semaine, et si mon homme est d'accord, j'aimerais qu'on revienne vivre ici.

- C'est génial ça m'exclamais-je

- Vraiment tu veux qu'on revienne ici?

- J'en ai un peu marre de Paris, puis y'a rien qui nous retient, ici y'a tes parents, ma grand-mère, nos potes, ma vie d'avant me manque, même si j'adore celle que j'ai construite avec toi. Qu'est-ce que t'en pense mon chéri?

- J'en pense que je suis super heureux et je suis ravi de revenir ici dit-il en l'embrassant, faisant râler la table derrière

- Regardez des tantouses! dit un des gars qui doit avoir à vue d'oeil à peine 18 ans

- Allez faire vos saletés ailleurs, bande de déchets! lance son voisin.

- C'est dégueulasse, ça me fait vomir dit la seule jeune femme présente.

Je bouillonne de rage, je commence à vouloir me lever quand Alex me retient, alors que Jonas fait de même avec son chéri. J'espère que ça ne va pas leur donner envie de rester sur Paris me dis-je alors que j'entends un bruit violent provenant de la table des trois abrutis. On jette tous les quatre, un oeil derrière nous découvrant à première vue le chef du restaurant qui vient de déposer un plat de fruit de mer. 

- Vous allez bien ouvrir vos oreilles bande de petits cons parce-que je ne vais pas me répéter deux fois, vous allez vous lever, prendre vos affaires et quitter mon restaurant immédiatement. dit-il en s'adressant à eux

- Vous n'avez pas le droit de nous virer comme ça! s'exclame la jeune femme

- J'ai tous les droits, je suis propriétaire de cet établissement et toute discrimination est proscrite ici. Dégagez tout de suite où c'est moi qui vous sors.

- Vous allez voir, on va vous faire une sacrée réputation, plus personne ne viendra manger dans votre restaurant de crevard. dit un des adolescents

- C'est ça, débarrassez le plancher et si quiconque a un problème avec mes règles, la porte est ouverte sur ce bon appétit et désolé pour cet esclandre.

Il s'approche de notre table et nous dit:

- Je suis désolé messieurs pour ce qui vient de se produire, la maison vous offre une coupe de glace pour se faire pardonner.

- C'est très gentil mais vous n'avez pas à vous excuser, vous n'êtes pas responsable de la connerie des gens, monsieur. Vous êtes bien aimable, c'est rare les gens comme vous. dis-je

- Oui je sais, et les gens comme eux encore trop nombreux,laissez-moi vous offrir ce dessert s'il vous plaît j'y tiens.

- Votre cuisine est tellement délicieuse qu'on ne peut refuser ajoute Fred

- Mais vous devriez vous assoir, vous allez par l'air bien dit Alex

- Oui vous êtes tous pâle dit Jo en attrapant un fauteuil en osier pour le lui donner.

- Merci. Justine s'il te plaît apporte 4 coupes de glace pour cette table dit-il après avoir noté les parfums choisi sur son calepin qu'il lui tend.

- Tout de suite monsieur

- Vous vous sentez bien? vous voulez qu'on appelle un médecin? demande Alex

- Non, tout va bien, ces trois gosses ont fait remonter, de vieilles blessures. J'avais un fils Antoine, il aurait eu 18 ans aujourd'hui dit-il en sortant une photo de son tablier. C'est à cause de mecs comme eux que je l'ai perdu, il y a de ça deux ans, quand on l'a retrouvé il était méconnaissable, les derniers mots qu'il m'a dit dans l'ambulance c'était "papa je t'aime".

- C'est terrible...vous avez retrouvé ceux qui lui ont fait ça? Demande Jo

- Oui, au bout d'une semaine, une fillette d'une dizaine d'années a assisté à la scène, c'est elle qui a prévenu les secours et on a pu les identifier grâce a son témoignage. Ils étaient trois, trois butes de 90 kg, sur un adolescent qui n'en faisait même 60...mon petit garçon...je m'efforce de survivre sans lui mais c'est pas facile tous les jours surtout quand je tombe sur des enfoirés comme aujourd'hui.

- Je suis vraiment désolé, je suis sur que de là où il est, il est fier de vous. dis-je

- Vous savez surement raison, en tout cas je fais de mon mieux. Bon il faut que je vous laisse mes fourneaux m'appellent. Désolé de vous avoir importuné avec mes histoires, ça m'a fait du bien de parler en ce jour

- Ça ne nous a pas dérangé, ne vous en faites pas, en tout cas on reviendra dans votre restaurant.

- Vous serez les bienvenus, mais jeune homme, votre tête me dit quelque chose, on s'est pas déjà rencontré?

- Je m'appelle Fred, je venais souvent ici avec mes parents quand j'étais gamin.

- Ah mais oui je me souviens, c'est toi qui avais fait un caprice a ta mère parce-que je n'avais pas de glace à la banane?

- Oui c'est bien moi dit-il alors qu'Alex, Jonas et moi émettons un petit rire suite à cette anecdote.

Le patron repart à sa cuisine et on termine notre glace encore sous le choc de l'histoire de se pauvre homme. On se rend tranquillement vers la voiture pour retourner chez Alex. On se retrouve chez lui pour boire un dernier verre et pour que Fred récupère ses affaires puis on leur dit au revoir chaleureusement avant de leur faire signe de main du balcon. Ils se dirigent vers chez Crystal pour lui faire un petit coucou avant de partir. On les regarde s'éloigner avant de rentrer à l'intérieur et de s'installer dans le canapé l'un contre l'autre, mon bras autour de sa taille, sa tête sur mon épaule, on profite d'un petit moment de tendresse, le temps d'un film avant que je ne me décide à rentrer chez moi. Je l'embrasse longuement et tendrement une dernière fois avant de le quitter à contre-coeur. J'aimerais tellement revenir en arrière, prendre d'autres décisions, ou juste revenir à samedi soir dans le parc, quand il a posé ses yeux sur moi, quand je l'ai embrassé. Ce weekend était juste parfait. Tous les instants avec lui sont des moments parfaits. 

Tout le long du trajet jusque chez moi, je me refais le film de ces deux jours passés ensemble, jusqu'à que je tombe sur ce type, le pseudo dragueur du bar qui m'interpelle

- Voyez-vous ça, le petit copain d'Alex.

- Qu'est-ce que tu me veux toi?