Je regarde à l'intérieur de la pièce pour voir si je ne le dérange pas. Le Geek et lui sont allongés sur son lit, et le petit gamer a posé sa tête sur son bras. Ils rigolent. Ils sont tellement mignons, je n'ose pas les déranger... Pourtant je reste planté là à les observer. Tout à coup le Geek demande « Patron, je peux te demander quelque chose ? ». L'autre acquiesce « Tout ce que tu veux mon chou ». « D'accord. Eh bien... C'est difficile à dire... En fait, je voudrais que tu arrêtes de violer les gens. ». Le prédateur se redresse et le fixe à travers ses lunettes sombres. « S'il te plaît... Je ne te demande pas d'arrêter tes autres activités, tu peux même continuer à voir Julie si tu veux, mais arrête de violer, j'y tiens. Tu as bien vu comme ça m'a fait souffrir... Je... » supplie-t-il, se redressant aussi, très sérieux. « Tes désirs sont des ordres ! » le coupe-t-il dans un sourire. « Quoi ? Je... Non ! Mais... » fait le Geek, confus. Mais le Patron dépose tendrement ses lèvres sur celles de son partenaire pour l'empêcher de parler. Il sait très bien que le Gamer est mal à l'aise quand il lui dit cela.

Il réussit à m'arracher un sourire, aussitôt remplacé par des larmes qui coulent sans interruption. Je mets une main sur mon visage. Tout cela me rappelle lorsque j'étais avec Maître Panda. Je ne peux pas supporter de les voir plus longtemps, et je détale pour revenir m'enfermer dans ma chambre, en m'adossant au mur commun avec mon ex-petit ami. Mes larmes continuent pourtant de couler. Cette douleur... C'est insupportable. Je veux que ça s'arrête.

Tout à coup quelqu'un frappe à la porte. « Pas lui, je supplie, pas lui ». Et avant que j'aie pu m'essuyer les yeux le Patron entre dans ma chambre. « Ça va pas fort en ce moment, hein ? il me dit. Tu veux en parler ? ». Je le regarde, les yeux encore ruisselants. « Tu sais que... Le Panda et moi c'est fini... J'ai cassé » je commence, hésitant. Il répond « Théoriquement quand tu casses avec quelqu'un c'est ton ancien partenaire qui a le plus mal, pas toi. » avant de me laisser m'expliquer. Je sais qu'implicitement il me dit qu'il a compris que quelque chose n'allait pas. Il a raison, si je m'étais séparé de mon amour parce que je ne l'aimais plus je n'aurais pas été affecté. Et ce n'est clairement pas le cas. Il sait qu'il a raison. Je regarde autour de nous et lui dit « Pas ici ».

Nous nous rendons dans un bar du coin. Ici, personne ne nous entendra. Chacun à ses problèmes et personne ne fait attention à personne. Nous sommes complètement anonymes. Je lui explique « Eh bien... C'est compliqué... Je... En fait... Tu te rappelles le Prof ? Il y a quelques années je l'ai abandonné car je voulais passer à autre chose et renouveler sa rubrique... Seulement voilà, il l'a tellement mal pris qu'il s'est mis en tête de se venger de moi et du Panda qui a pris sa place. Tu comprends que quand il a appris que nous étions ensembles, il a trouvé une opportunité pour nous détruire tous les deux et... Il m'a forcé à rompre et le faire sortir lui aussi de l'émission sans quoi il s'en prendrait à lui. Je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit par ma faute, à cause de mes erreurs passées... S'il te plaît, aide-moi » finis-je, suppliant. « Ça fait longtemps que tu ne m'avais pas demandé de service gamin, dit-il en réfléchissant. Tu veux que je m'occupe de lui ? ». « Non ! Surtout pas ! Ce qui lui arrive est de ma faute... Il n'y a pas un autre moyen ? ». « Non. Sauf si tu réussis à te réconcilier avec lui. Mais je ne vois pas comment je peux t'aider dans ce cas. » Soudain, un homme se présente à la table. C'est sûrement un serveur. Il nous propose deux verres de bière « Mais nous n'avons rien commandé... » je proteste. « En effet, c'est un cadeau de la maison pour deux de nos plus fidèles clients... » assure-t-il. Le Patron me regarde en fronçant les sourcils. Je hausse les épaules et nous buvons tous deux un verre. Quelque chose cloche... Le serveur, sa tête me dit quelque chose. Oh non, pas ça. Mes pires cauchemars sont en train de se réaliser : c'est le Prof. Il fait un sourire de dément, le regard fou. « Coucou... ». Et c'est la dernière chose que j'entends avant de sombrer dans l'inconscience.