Chapitre 53 : Réconciliation
Hello, hello ! Il reste un ou deux chapitres à écrire pour cette histoire, j'espère que vous êtes prêts <3
https://youtu.be/OYDEzbW0yX4
Chapitre 53 : Réconciliation
William contempla son travail. Ça manquait cruellement d'inventivité. Comme le reste de sa vie tombait en lambeaux, l'inspiration s'était envolée. Si ses professeurs d'université le voyaient aujourd'hui, ils diraient qu'ils avaient eu raison. On ne fait pas carrière dans la robotique. On survit un temps, puis on tombe dans l'oubli. Un oubli qui se rapprochait inexorablement.
Le roboticien avait tout prévu. Ce soir, il achevait le travail. Il allait réduire à néant les robots, la pizzéria et tout ce qui le reliait encore à ce passé. Si Michael venait se dresser sur sa route, eh bien... Il aurait voulu affirmer qu'il hésiterait, qu'il ne pourrait jamais tuer son propre fils, mais il savait la ligne rouge franchie depuis des années. En quelques heures, il avait assassiné Clay Burke, un de ses plus fidèles amis, de sang froid, puis Scott, qui avait toujours essayé de l'aider, même après avoir appris la vérité. Dès qu'il repensait au sang de son manager sur le carrelage, son estomac se tordait de douleur.
Ce n'était pas ce que monsieur Fazbear aurait voulu pour son jeune prodige. Il n'existait pas de deuxième Scott. Était-ce du regret ? Il ne savait pas. Il s'était tellement distancé de lui-même qu'il avait l'impression de lui même être devenu un robot, agissant sur les commandes d'une voix supérieure qui n'était pas la sienne. Plus la sienne. Alors qu'il savait pertinemment qu'il était le seul responsable. Il avait la vie de ces hommes, de ces enfants entre ces mains, et il n'avait rien fait pour empêcher le sang de se répandre.
Monsieur Fazbear aurait renié son nom à la seconde où il avait jeté le corps de cette gamine à la poubelle, s'il avait su. Il avait choisi le mauvais homme pour porter son héritage. Ça arrivait. Le vieillard aurait au moins un héritage. Lui ? Une fois qu'il en aurait fini ici, il comptait fuir dans un autre pays. Recommencer à nouveau, avec un nouveau nom, loin des États-Unis. Il songeait à la France. Ou l'Italie. Il avait toujours rêvé d'aller en Europe, mais le prix de ses études, puis des restaurants, son divorce, la mort de ses enfants... Tout s'était ligué contre lui pour retarder le départ.
Il secoua la tête, pour essayer de se concentrer malgré l'heure tardive. Il avait l'impression que ses propres pensées le fuyait depuis qu'il avait tué Scott. La fatigue y jouait un rôle, la culpabilité aussi. L'envie d'en finir.
« Activation. », ordonna-t-il au robot devant lui.
Deux pupilles violettes s'illuminèrent devant lui, puis la tête de l'ours se redressa lentement pour lui faire face. Il l'avait appelé Shadow Freddy. Il s'apparentait à l'ours star de la pizzéria, à l'exception qu'il avait la fourrure noire comme la nuit, afin de ne pas attirer l'attention sur lui. Comme lui, le robot n'était qu'une coquille vide, dénuée d'empathie. Une ombre. Il n'existait que dans un but : détruire.
William actionna le noeud papillon mauve, récupéré d'un vieux modèle de Fredbear, pour ouvrir le ventre de sa création. Il avait travaillé toute la nuit sur le petit bijou de technologie qui brillait devant lui. À partir de ce qu'il se rappelait des plans d'Henry, il avait conçu un petit réceptacle, à l'intérieur du robot. Le corps mécanique, doté de scies circulaires, détruirait la carcasse des robots. Le reste servait à collecter les âmes, les piéger.
Quelque part, il donnait vie au plan d'Henry, qui avait toujours cherché à récupérer les âmes pour les implanter dans des êtres humains. William, lui, se contenterait de les récupérer, puis de les détruire, d'une manière ou d'une autre. Le plan lui paraissait bancal, et il n'avait aucune garantie que ça puisse fonctionner, la science d'Henry, comme la sienne, étant limitée au plan physique. Il espérait que le vieux fou avait raison.
Le robot irait seul dans la pizzéria, pour leurrer les âmes jusqu'à ce qu'il trouve un moment idéal pour les bloquer et les détruire. William resterait dans sa voiture et le contrôlerait à distance. Il avait décidé de ne plus prendre aucun risque. Si les évènements tournaient mal, il voulait se trouver loin avant que quelqu'un n'appelle les flics. Il ne pouvait pas aller en prison. Pas après tout ça. Il n'y survivrait pas.
Il inspira, puis, avec la télécommande, fit marcher le robot Il obéit à ses ordres sans problème. Mais pour combien de temps ? Si une des âmes s'échappait, il était fort probable que sa nouvelle création serve à son tour de réceptacle. Mais avait-il seulement le choix ?
Il n'y avait plus de retour en arrière à présent. Il attendit patiemment que la nuit tombe, dans sa planque, près du restaurant.
**********
Michael fit claquer la porte au museau de Foxy. Le renard s'écrasa contre le métal dans un bruit de métal. Nerveux, le jeune homme lança un coup d'oeil au compteur d'énergie. Si Bonnie ne revenait pas, il en aurait assez pour terminer la nuit. Sinon... Eh bien, il n'aurait plus qu'à courir jusqu'aux toilettes comme les deux nuits précédentes.
Il devait l'avouer, il croyait de moins en moins au plan de la Marionnette. Elle lui avait proposé de prendre le poste de nuit, pour que les robots s'habituent à sa présence, et de leur parler. Jusqu'à présent, les robots avaient surtout essayé de le tuer, sans aucune pitié, sans lui accorder un moment de répit. La Marionnette réussissait parfois à les convaincre d'abandonner et d'écouter, mais Golden Freddy trouvait toujours un moyen de les encourager à l'attaquer de nouveau.
De ce qu'il avait compris, George était Golden Freddy. Et il était en colère, plus que jamais, contre lui. Michael avait tenté de se justifier, mais il n'écoutait jamais. Il peinait à superposer l'image de son petit frère, si effrayé par toutes ces histoires de fantômes, avec celle de cet ours robotique incontrôlable et assoiffé de sang. La Marionnette avait raison, plus rien ne semblait pouvoir les arrêter.
La seule raison pour laquelle Michael s'accrochait était que son père viendrait forcément à un moment ou un autre. Il ignorait encore ce qu'il ferait quand il le verrait. Le tuer semblait une issue trop facile. Il ne voulait pas tomber aussi bas que lui. Mais le temps qu'il appelle la police, rien ne garantissait qu'il ne le fasse pas disparaître comme...
Son estomac se retourna et il prit de grandes inspirations pour empêcher les larmes de couler de nouveau. Scott avait été enterré le matin même, en même temps que Clay Burke, retrouvé mort à proximité de la voiture de son père. Michael n'avait aucun doute sur ce qui s'était passé. Officiellement, des jeunes de la cité lui avaient tiré dessus, mais Michael était persuadé que c'était William. Le commissariat avait écarté William, considérant que puisqu'il était un ami proche du lieutenant, il n'avait aucune raison de lui vouloir du mal. Il serra les poings. Comme pour Scott. Et pourtant.
Ce qui avait frappé le plus Michael restait la présence des parents des enfants disparus de la pizzéria. Tous avaient été là pour lui rendre un dernier hommage. Du moins ceux qui n'avaient pas abandonné. Michael avait appris le suicide des parents de la petite Susie alors qu'il était venu les saluer. Vu la date de disparition, il était sûr qu'il s'agissait du fantôme qui hantait Chica. Bouleversé, il n'avait pas pensé à demander le nom des autres. Malgré les drames et les disparitions qui se multipliaient, tous avaient apprécié le dévouement de Scott, qui n'avait jamais arrêté de chercher et de maintenir le contact. Il était la raison pour laquelle certains d'entre eux s'étaient reconstruits et avaient osé refaire des enfants, la raison pour laquelle certains, malgré la douleur, s'étaient forcés à avancer.
Michael n'avait pas réussi à soutenir leur regard plus de quelques minutes. Pas en sachant qui était le monstre qui leur avait tout pris, et qu'il continuait de couvrir pour protéger les âmes de ses victimes. Un seul nom. Un seul nom aurait mis un terme à leurs années de calvaire, et il n'était pas parvenu à leur donner. Il se sentait sale, traîné dans la boue, et complice des crimes de son père.
Un mouvement à l'entrée attira son attention, et détourna celle de Bonnie, qui s'apprêtait à rentrer dans le couloir pour tenter de l'atteindre une nouvelle fois.
« Mais qu'est-ce que... »
Un nouveau Freddy venait de pousser la porte du restaurant. Mauve délavé, ses finitions laissaient à désirer. Plusieurs parties étaient décharnées, et d'autres raccommodées, comme s'il n'y avait pas eu assez de matière pour faire le costume. Michael sentit son coeur battre un peu plus fort. Son père pensait-il les robots assez débiles pour ne pas comprendre qu'il était en dessous ?
L'ours avança dans le hall, un pas après l'autre. Sa tête tournait de temps à autres pour observer les environs. Les moments lui parurent trop robotiques pour être humains. Si son père n'était pas dans le costume, où était-il ? Michael était certain qu'il s'agissait de son oeuvre. Il ne comprenait pas ce qu'il cherchait.
Bonnie repéra immédiatement le nouveau venu. Perturbé dans un premier temps, il finit par s'avancer, et s'arrêta à un mètre du robot, suspicieux.
« Qui es-tu ? » entendit-il appeler via l'écran de la caméra.
L'ours ne répondit pas, et se contenta de faire un pas supplémentaire en avant. Bonnie ne bougea pas, peu impressionné. Il aurait dû. Soudainement, le torse du nouveau Freddy s'abattit brutalement vers le bas et deux immenses pinces saisirent les bras du robot, le figeant sur place. Une énorme scie sortit de l'intérieur du robot et commença à trancher le costume de Bonnie.
Il y eut ensuite un flash lumineux, et un hurlement d'enfant qui figea Michael sur place. Bonnie s'effondra sur le sol, la tête en avant, et le Freddy mauve piétina ce qui restait du robot, comme pour s'assurer qu'il ne se relève pas. Le jeune homme resta bouche bée. Ce n'était pas dans le plan ! Et maintenant quoi ? Bonnie était mort ! Vraiment mort !
Il ne fut pas le seul à être pris de panique. Alors que l'ours se retirait, les autres robots accoururent dans le couloir. La Marionnette tomba à genoux à côté des restes du lapin, et souleva son masque, les mains tremblantes. Freddy, Chica et Foxy n'étaient pas loin derrière elle, figés. Michael ne parvint pas à entendre ce qu'ils se disaient, peut-être discutaient-ils par télépathie. Tout s'était produit beaucoup trop rapidement.
Michael se recula des caméras, et sursauta. Golden Freddy était là, ses yeux vides braqués sur lui. Le jeune homme tomba de sa chaise et rampa hors d'atteinte, terrifié. Il avait compris que l'ours jaune ne pouvait rien lui faire, mais il restait impressionnant.
« Tu es fier de toi ?! cria une voix bien trop familière dans sa tête. Il était là et tu n'as rien fait, et maintenant il a eu Bonnie ! Je n'arrive pas à l'atteindre ! Qu'est-ce que tu as fait ? gronda-t-il, de plus en plus fort. C'était une diversion, c'est ça ? Tu es venu pour nous perturber pour qu'il puisse faire ça ?
— Non ! répondit Michael. George, je ne suis pas avec lui ! Je n'ai pas plus compris que toi ce qui vient de se passer. Je suis là pour vous aider, je ne comprends pas pourquoi tu refuses d'écouter ! Si tes amis ne m'avaient pas bloqué ici toute la nuit, j'aurais pu faire quelque chose.
— Et si tes amis ne m'avaient pas coincé la tête dans ce robot pour me tuer, je t'aurais peut-être cru. »
Michael détourna le regard.
« Je ne voulais pas te tuer. C'était un accident. On a été trop... J'ai abusé de toi et de ta confiance, et je le sais maintenant. Je suis tellement désolé, George. Ça n'aurait jamais dû aller aussi loin. »
Le jeune homme inspira. Il n'aurait probablement pas d'autres chances pour parler avec lui. Autant aller jusqu'au bout et lui dire franchement ce qu'il pensait de la situation.
« Mais tu ne peux pas me regarder dans les yeux et me dire que je suis comme lui. Ça fait des jours que j'essaie de vous aider, mais parce que tu es toujours en colère, tu refuses de le voir. Mais tu as fait des erreurs aussi. Jeremy était entièrement innocent. Scott n'avait rien à voir dans cette histoire, il n'a fait qu'essayer de vous aider, et tu l'as tué au moment où il avait la possibilité de faire arrêter William. C'était le seul qui pouvait témoigner, avec des preuves. Et maintenant il est mort, et je n'ai aucune preuve pour le faire aller en prison, pour le faire juger. Seulement ma parole contre la sienne. Et qui crois-tu qu'on écoutera ? L'homme qui a changé le visage de cette ville, ou l'ado perdu qui a fait tuer son frère accidentellement ? »
Le fantôme ne répondit pas pendant longtemps. Puis, lentement, ses épaules s'affaissèrent.
« Je ne voulais pas faire du mal à toutes ces personnes.
— Je sais. Tu voulais simplement que l'on t'écoute. Et je suis là pour ça, maintenant. Je peux vous aider. Mais je ne peux pas le faire seul. J'ai besoin de votre aide. Pour éviter que ce qui est arrivé à Bonnie ne recommence.
— Il ne méritait pas ça... Et les autres sont dévastés. Ils sont ensemble depuis longtemps... J'ai peur que maintenant...
— Eh, on va le faire, d'accord ? On va l'arrêter. Mais j'ai besoin de leur parler. Et pour ça, j'ai besoin de toi, et de Charlie. On peut encore changer les choses. On peut encore l'arrêter avant qu'il ne fasse du mal aux autres. »
Il put sentir son aura. Sceptique. Mais, lentement, George rendit les armes.
« Suis-moi, dit-il doucement. Je vais te présenter aux autres. »
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