Chapitre 50 : Ouragan
Bonjour ! Déjà 50 chapitres, qui l'eut cru ? On se rapproche dangereusement de la fin de cette fanfiction, donc il est temps de monter un peu le niveau. J'espère que vous êtes prêts !
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Chapitre 50 : Ouragan
Assis derrière une grosse benne à ordure, Michael regardait son père aller et venir, hurlant son nom dans la nuit. Malgré l'heure tardive, il continuait à s'acharner pour le retrouver. L'adolescent ne comprenait pas pourquoi. Il était horrifié. Il venait de comprendre que toutes les histoires qu'on racontait sur le restaurant étaient vraies. Les rumeurs sur les gardes de nuit qui disparaissent, les enfants disparus qui hantaient les costumes... Son père avait fait tout ça. Et si ce n'était pas seulement tout ? Les disfonctionnements des robots, l'accident d'Henry, toutes les choses étranges qui n'arrêtaient pas de se produire autour de lui. Comment avait-il pu mettre autant de temps à s'en rendre compte ?
Il effaça les larmes qui coulaient de son visage d'un revers de main. Toutes ces années, il avait pensé qu'il était la tare de la famille, le mouton noir qui avait réussi à tuer son petit frère, et pendant tout ce temps, son propre père faisait mille fois pire dans son dos. Dans le dos de sa mère.
Elizabeth. L'avait-il tuée elle aussi ? Sa petite sœur, son petit rayon de soleil, broyée par un robot comme du gruyère. Est-ce que c'était le sort qu'il lui réservait à lui aussi ? Maintenant qu'il savait, il allait forcément lui arriver quelque chose. Il n'était pas idiot, il savait qu'il s'était débarrassé de quelqu'un à la maison. Quelqu'un qui devait être au courant. Il était perdu. À qui s'adresser ? Sa mère ? Non, elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui. La police ? Alors qu'il n'avait aucune preuve tangible ? Ils le prendraient pour un fou.
Il n'y avait qu'une personne en qui il avait aveuglément confiance. Il se releva. William braqua sa lampe-torche dans sa direction.
« Michael ! cria-t-il, soulagé. Michael, s'il te plaît, écoute-moi. »
L'adolescent serra les poings, puis il commença à courir dans la direction inverse. Son père tenta de le poursuivre, mais il n'avait pas son agilité. Michael bondit au-dessus d'un grillage et s'enfonça dans l'obscurité, abandonnant son père derrière la grille, tétanisé.
Le jeune homme ne se retourna pas malgré ses hurlements de détresse. Alors qu'une pluie épaisse commençait à tomber, il ralentit l'allure et reprit un pas plus normal. Il se dirigea vers le sud de la ville dans un silence pesant. D'ordinaire, le trajet se faisait en voiture et prenait moins longtemps. Marcher ne le dérangeait pas. Il avait besoin de réfléchir. Presque naturellement, ses pas le menèrent devant le restaurant. Il remarqua deux yeux lumineux qui l'observaient à travers la vitre. Même de loin, la silhouette de la Marionnette restait reconnaissable.
Il hésita, puis, les poings serrés, s'avança vers la devanture du restaurant. Ce n'était pas son objectif, mais il voulait voir. Il avait besoin de voir de ses propres yeux. Dès qu'il s'approcha, le robot baissa ses yeux vers lui. Michael resta un long moment yeux dans les yeux avec elle, immobile.
« Tu n'as pas peur ? dit soudain une voix dans sa tête. »
C'était une voix de petite fille qui fit frissonner l'adolescent de manière inconsciente. S'il avait des doutes quant au fait que les robots étaient vivants et conscients, ils venaient d'être balayés de la main.
« Non, répondit Michael. Je... Je suis Michael Afton.
— Un nom bien dangereux à porter ces temps-ci.
— Je... Je sais tout. J'ai... J'ai trouvé ça sur la table du salon, dit-il en sortant le papier. Il vient du docteur Henry Miller. Il dit que mon père a... Qu'il a...
— Fait du mal autour de lui ? Tuer des enfants ? Oui. Je regrette, il l'a fait. Mais il ne l'a pas fait seul. Celui qui a écrit la lettre que tu tiens n'est pas plus innocent. Bien au contraire. »
Michael digéra la nouvelle difficilement. Il n'avait même pas remis en question l'auteur de la lettre, bouleversé parce qu'il y avait lu.
« Je vois que tu doutes.
— Je ne comprends pas. Je ne comprends plus rien, dit-il en effaçant les larmes qui s'étaient remises à couler. Pourquoi ? Pourquoi ils ont fait ça ? Qu'est-ce qu'ils cherchaient ?
— À l'origine ? Trouver un moyen de me ressusciter, et de ressusciter ton frère et ta sœur. Aujourd'hui ? Je l'ignore.
— Est-ce... Est-ce qu'ils sont encore là ? G... George et Elizabeth ?
— Ton frère est ici, oui. Cependant... Il n'est plus le même. J'ai tenté d'arrêter les victimes innocentes. On ne voulait pas causer autant de mal. Mais il ne supportait plus de ne plus être entendu. De ne plus avoir de voix. Puis-je vraiment lui en vouloir ? Quant à ta sœur, elle n'est pas ici. Elle se trouve sous terre. J'ignore où. La dernière fois que je l'ai rencontrée, ton père s'est assurée que je ne sache pas où je me trouve. »
Michael enregistra les informations. Derrière la Marionnette, les rideaux s'agitèrent. Elle tourna la tête. Freddy se fraya un passage et posa ses yeux sur l'adolescent. Les deux pupilles blanches virèrent au rouge et il donna un grand coup sur la vitre. Michael bondit en arrière, effrayé.
« Non ! Non, n'aie pas peur ! l'implora la Marionnette. Il... Il n'est pas méchant. »
La Marionnette semblait avoir parlé à l'ours. Il s'était calmé et le dévisageait en silence. Prudemment, Michael se rapprocha de nouveau pour mieux le regarder.
« Est-ce que... Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous aider ? Je... Je ne peux pas rattraper tout ce que mon père a fait, mais... J'aimerais essayer de... faire quelque chose. »
Les deux robots échangèrent un regard. À travers la vitre, il entendit Freddy parler, sans comprendre ce qu'il disait. La Marionnette restait silencieuse, mais il comprit qu'elle lui répondait de la même manière qu'avec lui.
« Je pense que cela nécessiterait une vraie discussion avec les autres, répliqua la Marionnette. Pour que tu comprennes et puisse agir en conséquence.
— Mais comment ? Mon père me cherche, je ne peux pas...
— Deviens garde de nuit. Je ne... Je ne garantis pas ta sécurité. Je ne contrôle plus George depuis bien longtemps. Mais je ferai de mon mieux pour t'aider et te protéger.
— D'accord. Je vais demander à Oncle Scott. J'étais parti pour le voir de toute façon.
— Merci, Michael. Tu ne sais pas à quel point ton geste me touche. À bientôt.
— À bientôt...
— Charlie. Mon nom est Charlie Miller.
— À bientôt, Charlie. »
La Marionnette recula. Freddy lui lança un ultime regard, puis la suivit. Michael observa leurs deux formes s'éloignaient dans l'obscurité, puis décida de reprendre la route lui aussi. Il ne savait pas s'il pouvait les aider, mais il préférait échouer en ayant tenté de faire quelque chose de bien plutôt que de ne rien faire du tout. Il restait à convaincre Scott.
La pluie redoubla d'intensité. Il serra son pull détrempé contre lui et poursuivit son chemin dans le froid et le vent.
**********
Assis au milieu des restes de son mobilier, William sanglotait. Il pensait ne plus être capable de pleurer. Il s'était lourdement trompé. Après la fuite de Michael dans la nuit, son cerveau s'était comme déconnecté de la réalité. Il avait essayé de le rattraper, de lui expliquer qu'il s'était trompé, en vain. Alors il était rentré chez lui, et il s'était déchaîné. Les chaises, la table, la vaisselle, il avait tout démoli à coups de pied et de poing, avant de brutalement réaliser que son acte ne servait à rien.
Ça ne lui ramènerait pas son fils. Ça n'excuserait jamais ses actes. Il ne pourrait jamais justifier ça. Il en était incapable. Il pensait pouvoir s'en sortir, il pensait qu'une fois le corps de cette femme disparu, il pourrait simplement reprendre sa vie comme il l'avait toujours fait. Mais non, non ! Henry avait encore trouvé le moyen de lui arracher ce à quoi il tenait le plus. Tout était de la faute de Henry.
Dans sa lettre, celui qu'il haïssait plus que tout au monde avait au moins raison sur un point : il était grand temps de mettre un terme à ce cirque. Il allait se débarrasser des robots, et des âmes qu'ils contenaient. Ils avaient passé tout ce temps à essayer de les garder dedans, peut-être que le schéma inverse serait moins compliqué ? Mais il restait le problème des preuves. Scott savait. Michael savait. Henry savait. Tous les trois représentaient un danger.
Et alors quoi ? Il ne pouvait pas juste continuer de faire disparaître des gens. Pour la première fois, William se rendait compte que se débarrasser de personnes avec qui l'on a tissé des liens était plus difficile. Il savait qu'il serait incapable de tuer son fils. Que Henry resterait sans doute introuvable. Il restait Scott. Scott était une cible facile. Il ne se méfiait pas assez. Il avait des doutes mais ne savait pas de quoi il était capable. Serait-il capable de l'abattre de sang-froid comme il l'avait fait avec la copine de Henry ? Il en doutait.
Il était perdu.
Sa vie entière partait en vrille et il n'avait plus la moindre idée de la manière dont il allait arranger les choses. Y avait-il seulement un moyen d'arranger les choses ? Il était allé trop loin, tout comme les robots étaient allés trop loin. Il n'y avait plus de retour en arrière. Ils entraient dans la phase terminale du projet : un combat à mort dont seuls les choisis ressortiraient vivants. Comme un jeu.
Il prit une grande inspiration et se força à se calmer et reprendre contenance. Il devait penser à la suite désormais. Henry réaliserait tôt ou tard ce qui était arrivé à sa femme, et ce n'était qu'une question d'heures avant que Michael ou Scott ne donne l'alerte. Il ne pouvait plus rester ici. Il monta dans sa chambre et attrapa un grand sac, dans lequel il enfourna des vêtements et des vivres pour quelques jours. Il descendit ensuite dans son atelier et en ressortit avec un gros bidon d'huile qu'il ouvrit et fit couler le long du couloir et du salon.
Il n'avait plus rien à perdre.
S'il devait partir, il le ferait dans le feu et les larmes. Son dernier coup d'éclat. Il craqua une allumette et la jeta sur le sol. Le salon s'embrasa en quelques secondes. William sortit, enfonça sa capuche sur la tête, et s'enfonça dans la nuit noire à pied, sans un regard pour la maison en proie aux flammes derrière lui.
Les Toys Animatronics, prisonniers de l'atelier, hurlèrent de douleur pendant des heures et des heures, puis leurs âmes s'évaporèrent, libérées à jamais.
**********
Henry patientait dans le salon, les yeux rivés sur l'horloge. Elle devrait être rentrée maintenant. Il ne fallait pas six heures pour déposer une plainte. Il espérait que les policiers acceptent aveuglément sa déclaration et ne cherchent pas à aller plus loin. Avouer son implication dans les meurtres lui avait déjà coûté, tout comme promettre de renoncer à tous ses projets après l'arrestation de William.
Il baissa les yeux sur la télévision et se figea. La chaîne d'informations parlait d'une maison en train de brûler. Ce n'était pas n'importe quelle maison. Difficilement, il attrapa la télécommande et remit le son, qu'il avait coupé quelques heures plus tôt, en attendant l'annonce qui mettrait fin à son cauchemar.
« Nous nous trouvons devant la maison du célèbre William Afton, fondateur de la compagnie Fazbear Entertainment et créateur des robots qui lui ont tristement donné sa célébrité. Les voisins ont appelé les pompiers il y a une heure pour signaler une quantité importante de fumée s'échappant de la maison du spécialiste de la robotique. Les pompiers sont en train d'intervenir actuellement et le feu est désormais maîtrisé, même si la structure de la maison reste instable. D'après les premiers éléments que nous avons récoltés, l'incendie serait d'origine criminel. Un bidon d'huile aurait été retrouvé au rez-de-chaussée. Pour l'instant, aucune trace de monsieur Afton ni de son fils n'ont été trouvée, suggérant qu'ils ne se trouvaient pas sur les lieux au moment du drame. La police cherche actuellement à joindre monsieur Afton pour s'assurer qu'il ne soit pas en danger. »
Henry accusa le coup. Même s'il ne l'avouerait jamais, il avait passé beaucoup de temps dans cette maison et la voir se décomposer de cette façon lui pinça le cœur. Cependant, il n'était pas dupe. William était trop pointilleux pour laisser un étranger entrer chez lui et mettre le feu sans rien dire. Il ne croyait pas à la thèse de l'effraction. Quelque chose avait dû se produire.
Mais quoi ?
Il attrapa son téléphone, et tapa une nouvelle fois le numéro de téléphone de sa nouvelle compagne. Il tomba immédiatement sur la messagerie. Son estomac se tordit curieusement. Elle n'avait quand même pas été le voir avant de porter plainte ? Il lui avait fait promettre de ne pas le faire, qu'il réagirait mal si jamais il s'apercevait de la supercherie.
Il composa le numéro une nouvelle fois et attendit. Soudain, on décrocha au bout du fil. Son cœur se souleva de soulagement, pour un bref instant.
« Allô ? Ici l'officier Clay Burke, police d'Hurricane. Identifiez-vous s'il vous plaît. »
Le sourire d'Henry se figea.
« Allô ? Nous avons trouvé ce téléphone dans les gravats de la maison de monsieur William Afton. Le connaissez-vous ? Savez-vous où nous pouvons le contacter ? Répondez, s'il vous plaît. »
Henry raccrocha et jeta le téléphone le plus loin que ses maigres forces le lui permirent. Il n'y avait plus de doute possible. Si son téléphone se trouvait chez William, quelque chose lui était arrivée. Il avait dû découvrir la vérité et se débarrasser d'elle. Mais pourquoi brûler la maison ? Pour effacer les preuves ? C'était ridicule, William savait cacher un corps. Ou peut-être que quelqu'un l'avait vu ?
Oubliant déjà sa petite amie disparue, Henry se dirigea vers la sortie en fauteuil. Il se sentit coupable de laisser l'appartement où elle l'avait logé dans cet état, mais... elle n'était plus là de toute façon. Dommage. Ce n'était qu'une victime collatérale parmi tant d'autre, cela ne le touchait plus vraiment.
Sans un regard en arrière, il s'engouffra dans l'ascenseur.
**********
Les coups répétés sur la porte tirèrent Scott de son cocon moelleux de couvertures. Il essaya dans un premier temps de les ignorer, mais ils devinrent de plus en plus insistants. Dans un grognement, il se glissa hors de son lit et tituba vers la porte d'entrée, en pyjama.
Il n'arrivait pas à dormir de toute manière. Trop de choses à l'esprit. Trop de choses concernant William à l'esprit. Le manager n'arrivait toujours pas à comprendre comment il avait pu en arriver là. Son ami n'était pas comme ça il y avait quelques années. Il était différent. Scott avait la sensation d'être une pomme en train de pourrir. L'intérieur était déjà noir, et la maladie s'étendait de plus en plus à la surface et devenait visible. Pendant combien de temps encore William pourrait-il garder le secret ? Combien de temps encore lui-même pourrait-il garder le silence ?
Même lui, pourtant si patient, se retrouvait poussé dans ses derniers retranchements.
Il entrouvrit la porte, craignant que ce ne soit encore des journalistes venus l'embêter à propos de la morsure de 1987, mais ce fut une toute autre vision qui s'offrit à lui. Trempé de la tête aux pieds, les yeux rouges, Michael Afton ne lui avait jamais paru aussi pitoyable.
« Mike ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Je sais tout. Je... Je sais ce qu'il a fait. »
Scott sentit son sang se glacer. Il prit sur lui, et se força à reprendre une respiration plus calme. Il sourit à l'adolescent et lui fit signe de rentrer.
« Viens, je vais allumer un feu et te ramener de quoi te changer. Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire tous les deux. »
Michael entra, et se jeta dans les bras de Scott. Surpris, le manager resta un moment les bras en l'air, grimaçant lorsque ses vêtements mouillés transpercèrent sa chemise de nuit, puis il se radoucit et lui rendit son étreinte.
« Je suis désolé, Mike. Tu n'aurais jamais dû apprendre tout ça. Allez, viens. »
Il referma la porte. La nuit allait être longue.
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