Chapitre 39 : Avertissement
Vous reprendrez bien une tasse de drama avec votre sel ? On enfonce un peu plus le clou, parce que tant qu'à faire :)
https://youtu.be/60f0sDC-kbM
Chapitre 39 : Avertissement
Cette nuit-là était différente. Charlie l'avait senti. Elle avait bien vu comment Georges était agité. Lorsqu'elle s'était réveillée, elle l'avait trouvée à la porte des coulisses en train de discuter à voix basse dans son dos. Elle s'était d'abord sentie vexée, avant de se rappeler qu'elle n'avait pas le droit de leur interdire de discuter entre eux. Après tout, ils étaient tous dans la même galère. Et puis Freddy avait subitement défoncé la porte. Il lui fallut plusieurs essais, mais il réussit à faire sauter le cadenas, et le morceau de bois retomba au sol dans un fracas de tous les diables.
Ce ne fut qu'à ce moment-là que la Marionnette remarqua la lumière dans le bureau du garde de nuit, fort inhabituelle. Cela faisait bien longtemps qu'aucun garde de nuit n'était venu ici. Le dernier n'avait pas connu une fin très honorable. Charlie trembla légèrement en comprenant rapidement les intentions de Golden Freddy. Il voulait les entraîner avec lui sur la piste de la vengeance. Elle pensait pourtant qu'il avait compris depuis ! Que le meurtre ne résoudrait rien ! Elle s'était bien trompée.
L'ours jaune lui adressa un regard sombre. Son aura lui indiquait clairement de ne pas s'en mêler.
"Georges, qu'est-ce que tu fais ?
— C'est lui, dit-il sans se retourner. Ton père. Je l'ai vu. C'est notre seule chance."
Charlie resta interdit. Elle lança un regard vers Freddy, mais il détourna la tête, pour lui signifier qu'il le suivrait. Les autres semblaient être du même avis.
"En le tuant, vous vous abaissez à son niveau ! Ce n'est pas la solution !
— Et qu'est-ce qui nous reste ? répondit agressivement Golden Freddy. Et si le tuer nous libère enfin de ce cauchemar ? Je ne sais pas toi, mais je ne compte pas passer l'éternité dans ce costume. Tu devrais le comprendre mieux que personne, tu as été la première à payer pour ses actes !
— Il a raison, intervint Freddy, plus doux. Peut-être que si on le tue, on sera enfin libérés ? Re... Regarde Foxy, il ne supporte plus son costume, et Bonnie pleure toutes les nuits. Ça ne peut plus durer."
La Marionnette se prit la tête entre les mains. Pour la première fois, le contrôle de la situation lui échappait entièrement. Ils se retournaient tous contre elle. Comme... Comme lui, ce soir-là dans la ruelle, alors qu'elle ne voulait rien de plus que passer une soirée à l'abri dans un endroit peuplé. Comment en était-elle venue à devoir empêcher le meurtre de son propre père ?
"Charlie, reprit Georges. Si on ne l'arrête pas, il va recommencer. Un homme comme lui, ça ne s'arrête pas à quelques enfants tués. Combien d'entre nous devront encore souffrir pour ses expériences ? Ton père est fou, il a perdu l'esprit. Et s'il ne trouve pas la force d'arrêter lui-même, ce n'est qu'un acte de clémence de le faire nous-même. Je ne te retiens pas si tu ne veux pas regarder. Ce sera avec ou sans toi."
La petite fille hésita, mais décida de suivre le mouvement. Le plan était plutôt simple : Freddy et Chica d'un côté, Bonnie et Foxy de l'autre, afin de bloquer ses sorties. Les robots se mirent en marche, malgré leur état catastrophique. Il ne restait plus grand chose des flamboyants robots qui avaient fait la renommée de la première pizzéria. Bonnie avait perdu son visage et un bras, les yeux de Freddy s'agitaient comme ceux d'une poupée cassée, Chica n'avait plus qu'une jambe pour se traîner au sol. Seul Foxy avait été relativement épargné, son remplaçant étant trop fragile pour piocher dans ses vieilles pièces.
Freddy fut le premier à rentrer dans le bureau. Henry essaya de fuir par l'autre porte, mais paniqua en apercevant Bonnie, bloquant déjà le couloir. Foxy sprinta et l'attrapa au col avec son crochet, le propulsant de nouveau dans le bureau. Le "gardien de nuit" heurta Freddy dans un bruit de métal avant de lever un regard apeuré vers les robots qui l'encerclaient désormais de toute part. Chica fut la dernière à arriver, contrainte de ramper pour avancer. Une fois pris au piège, Golden Freddy fit tranquillement son chemin jusqu'à lui, la Marionnette sur les talons, de plus en plus mal à l'aise.
"Charlie ! cria Henry, soulagé. Charlie, c'est papa, tu me reconnais ? Charlie, dis-leur de me laisser tranquille ! Tu sais bien que je ne te ferais jamais de mal ?"
La Marionnette releva les yeux vers lui, hésitante, mais l'ombre massive de Golden Freddy se plaça protectivement devant elle.
Tu es à vomir, lui dit-il télépathiquement. Comment oses-tu faire comme si tu étais innocent ?
"Geo... Georges... Tu es un bon garçon, que... que penserait ton père de tout... tout ça ? balbutia-t-il, effrayé."
Il recula et tenta de fuir entre les jambes de Freddy. L'ours leva le pied et l'abattit brutalement sur son bras dans un craquement sinistre. L'homme poussa un cri de douleur et tenta de se dégager. Foxy s'approcha, de toute évidence décidé à en finir, mais Georges lui bloqua la route.
Non, Foxy, ce serait trop facile, rit la voix, sadique. On ne voudrait pas qu'il meurt trop vite, pas vrai ? Je connais une punition bien plus appropriée et douloureuse.
Charlie était tétanisée par la peur derrière lui. Elle ne reconnaissait plus son ami. Ce rire, cette façon de faire durer l'attente lui rappelait quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'était William Afton. Se pouvait-il que la famille entière soit maudite ? Ce ne serait que le juste retour des choses. Dans leur monde de métal, le karma et la chance jouaient une part importante de l'histoire.
Golden Freddy tira sur son nœud. Son ventre s'ouvrit, révélant l'endosquelette, déjà ouvert pour qu'un homme puisse le porter. Henry comprit immédiatement ce qui allait se passer. Il tenta une nouvelle fois de fuir, mais cette fois, Foxy ne le laissa pas se relever. Son crochet se planta dans l'épaule de l'homme et il le tira de force vers le costume. L'âme de Georges sortit du robot. Après tout, lui aussi voulait regarder le spectacle. Bonnie vint aider à maintenir son deuxième bras, alors qu'il l'installait dans le squelette de métal. Ils fermèrent ensuite le costume.
Et puis Georges claqua des doigts.
D'un seul coup, tous les ressorts du costume lâchèrent. Une gerbe de sang vint éclabousser le visage de la Marionnette, trop près, alors que des cris d'agonie s'élevait. Henry hurlait à gorge déployée, alors Georges fit glisser un des ressorts dans sa bouche qui lui coupa net le sifflet. Charlie resta immobile un moment, les mains tremblantes.
Elle aurait aimé ressentir de la culpabilité, de la tristesse, de la pitié pour celui qui lui avait ôté la vie. Mais elle ne ressentait rien. Rien qu'un étrange sentiment de satisfaction, comme si un énorme poids venait d'être retiré de sa poitrine. Cependant, tous comme les autres, rien d'autre ne se produisit. Ils étaient toujours coincés dans leurs costumes.
Foxy fut le premier à craquer. Il hurla bruyamment et laissa exploser sa haine sur les objets du bureau, frappant frénétiquement les écrans, les papiers de son crochet. Bonnie éclata en sanglots. Les autres restèrent terriblement silencieux. Parce qu'ils savaient. Tuer Henry n'était qu'une partie du plan. Leur deuxième meurtrier était encore là, dehors. Et tant qu'ils ne l'auraient pas lui aussi tué, ils ne seraient jamais libres.
Golden Freddy, désormais sans corps, fut le premier à quitter la pièce, rageusement, sans doute pour aller laisser exploser sa colère ailleurs. Charlie hésita, mais tourna à son tour les talons pour regagner sa boîte. A quoi bon ? William ne l'avait pas tuée, ni elle, ni Georges, et pourtant, ils étaient encore tous les deux-là. Y avait-il seulement une échappatoire à cette histoire ? Ou tout n'était-il qu'une illusion ? Et s'il n'y avait vraiment aucun moyen de partir ?
Alors que l'horloge sonnait les six heures du matin, elle ne trouva pas le courage de dire aux autres de regagner les coulisses. Son existence n'avait plus de sens. Tout ce dont elle avait envie, désormais, était de baisser les bras.
*********
Le bruit de la machine à café tira William des sombres pensées dans lesquelles il était plongé depuis qu'il avait visionné les caméras de surveillance de la pizzéria. Il aurait préféré ne rien voir, mais la tentation d'en savoir plus avait été plus forte. Les robots l'avaient torturé. Si Henry sortait de cette épreuve, il y avait fort à parier qu'il ne soit plus exactement le même par la suite. Personne ne pouvait sortir de ça sans conséquences. Pas même son ami malgré son incroyable confiance en lui. Toute cette histoire allait beaucoup trop loin.
Il remercia Michael d'un signe de tête alors qu'il lui glissait un gobelet de café encore chaud. Le quinzième de la journée. Son fils s'installa à côté de lui, silencieux. Scott était parti quelques minutes plus tôt. Cela faisait des heures qu'ils attendaient des nouvelles de Henry dans un couloir miteux de l'hôpital. Les dernières nouvelles remontaient à une trentaine de minutes. Un médecin les avaient avertis qu'ils l'emmenaient au bloc opératoire et qu'il y en aurait pour plusieurs heures avant d'extraire tous les bouts de métal de son corps. Scott avait préféré partir pour aller nettoyer le restaurant, sans doute son moyen de décompresser.
William, lui, n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à perdre espoir. Parce que si Henry mourait des suites de ses blessures, il se retrouverait seul avec ce cauchemar sur les épaules. Et s'il y avait bien une chose que William craignait, c'était de devoir prendre conscience de la gravité de leurs actions à tous les deux et prendre des décisions. Qu'allait-il se passer maintenant ? Les robots bougeaient encore après l'avoir empalé. Le renard s'était énervé près de quarante minutes sur le bureau de garde de nuit. Quelque chose n'avait visiblement pas fonctionné dans leur plan. Mais quoi ?
Il se gifla mentalement. Et voilà qu'il recommençait ! Pourquoi n'arrivait-il pas à ressentir de l'inquiétude pour Henry ? La seule chose dont il avait peur était de se retrouver seul avec les robots. C'était vraiment la seule raison pour laquelle il voulait que son ami survive. Tous les gens fonctionnaient-ils de la même façon ou y avait-il un problème plus profond avec lui ? Pourquoi était-ce si difficile de simplement se sentir coupable ?
"Papa, comment est-ce qu'il a pu se retrouver dans le costume ? demanda Michael à côté de lui, perplexe. Qu'est-ce qu'il faisait dans son costume en pleine nuit ?"
William sentit les battements de son cœur s'accélérer. Ce n'était pas le moment pour ce genre de questions ! Si même son fils se demandait comment un tel accident avait pu se produire, qu'en penseraient les médias ? Non. Il ne devait pas céder à la panique. Il serra la prise sur son gobelet et se força à respirer calmement et reprendre une expression plus neutre.
"Je ne sais pas, Michael, mentit-il d'une voix parfaitement contrôlée. Les caméras n'étaient pas allumées cette nuit. On ne peut pas savoir ce qui s'est passé.
— Peut-être que ces histoires de robots hantés sont vraies.
— Non, répondit-il d'un ton un peu plus dur qu'il ne l'aurait voulu. Ne rentre pas dans le jeu des médias, Mike. Ce ne sont que des vautours qui veulent nous faire tomber. Il n'y a aucun problème avec les robots de la pizzeria."
La machine à café produisit un grincement inquiétant puis, d'un seul coup, elle se mit à cracher un liquide rouge par litres et litres sur le sol. Des infirmiers coururent pour arrêter le bloc de métal fou, et l'un d'eux finit par le débrancher. Mais cela n'arrêta pas le torrent, toujours aussi continu.
"Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta Michael.
— Sans... Sans doute un problème technique, répondit William d'une voix incertaine."
Il tenta de rester le plus neutre possible et d'ignorer le phénomène, mais il avait déjà compris qu'une de ses victimes n'avait pas apprécié sa dernière phrase. L'écoulement infernal finit par s'arrêter brusquement. Il porta doucement le gobelet à ses lèvres. Quelque chose lui effleura les lèvres. Il fronça les sourcils et regarda à l'intérieur de sa boisson. Un œil y flottait. Surpris, il poussa un cri et jeta le verre à terre, apportant sa participation au chaos ambiant. Le café se répandit sur le sol, mais l'œil, lui, ne sortit pas du gobelet. Le cœur battant la chamade, il se remit sur ses jambes.
Cet instinct, tout au fond de lui, lui hurlait de fuir. Il se sentait en danger. Non, il devait se calmer. Georges cherchait sans doute encore une fois de l'attention, comme au Circus Baby's World. S'il l'ignorait simplement, il finirait bien par se lasser et le laisser tranquille. Il ne comptait pas laisser le fantôme de son fils de cinq ans lui pourrir la vie. Il ferma les yeux puis se réinstalla à côté de Michael, aussi alerte que lui, les yeux rivés sur le gobelet à terre.
"Ce n'est rien, le rassura-t-il. Simplement un insecte. Ces machines ne sont pas fiables de toute manière, dit-il en pointant le désastre que les pauvres infirmiers et aides-soignants essayaient d'éponger."
Michael n'avait pas l'air convaincu, mais baissa finalement sa garde. Le silence retomba peu à peu dans la salle d'attente. William garda le silence, les mains encore moites. Qu'allait-il pouvoir bien faire du costume de Golden Freddy ? L'endosquelette était foutu, la fourrure tâchée de sang, jamais il ne pourrait rattraper ça. Mais cela aurait-il des conséquences sur son hôte ? Etant donné la facilité avec laquelle il jouait de son environnement, visiblement pas. Peut-être même que le pire était encore à venir.
L'attente promettait d'être longue et complexe.
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