Chapitre 38 : Mauvaise journée
Hey ! Vous connaissez le dicton ? A trop jouer avec le feu, on s'en brûle les moustaches. Ça n'a jamais été plus vrai qu'ici :D
https://youtu.be/0Pue2W_qqAs
Chapitre 38 : Mauvaise journée
Le petit-déjeuner se passait dans un silence lourd. Alors que Michael touillait ses céréales sans grand appétit, cela faisait la troisième fois que William essayait de contacter Maggie. Il ne cessait de tomber sur la messagerie, ce qui n'avait rien de bien surprenant. Son ex-femme avait absolument tenu à le rayer de sa vie. Si elle avait toujours son numéro de téléphone, cela tenait du miracle. Elle l'avait sans doute bloqué, ou reconnu, et refusait de répondre. Scott, qui avait passé la nuit à la maison, continuait de l'encourager du regard, comme si cela pouvait la faire décrocher plus rapidement.
Après une nouvelle tentative, une voix rauque et terriblement masculine répondit enfin à l'autre bout du combiné.
"Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle agressivement. Vous êtes qui ?
- Bonjour, pourrais-je parler à Maggie, s'il vous plaît ?
- Qu'est-ce que vous lui voulez ? Vous êtes qui ? Si c'est pour lui vendre votre merde, vous pouvez vous la carrer dans le cul.
- Son ex-mari, répondit calmement William, en essayant de garder son sang-froid. C'est à propos de Michael."
L'homme bougonna et hurla soudain après Maggie. Les deux adultes se disputèrent un moment. William ne comprit pas tout ce qu'il se disait, mais l'essentiel lui parvint : elle n'avait aucune envie de discuter avec lui, mais accepta lorsque l'homme lui dit qu'il s'agissait de Michael. Un soupir froid et désagréable retentit de l'autre côté de la ligne. Le roboticien sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Il n'avait pas prévu d'en arriver aussi loin. Maintenant quoi ?
"Qu'est-ce que tu veux, William ?"
Pendant quelques secondes, il ne dit rien. Sa voix n'avait pas changé et ramenait avec elle tout un tas de souvenirs qu'il avait crû enfouis depuis bien longtemps. Scott lui donna un coup de coude pour qu'il se reprenne. William se frotta douloureusement les côtes avant de s'exécuter en tirant la grimace.
"Bonjour, Maggie. Je voulais simplement te prévenir que Michael est venu me rejoindre ici. Il ne t'a pas tenu au courant apparemment donc...
- D'accord. C'est tout ?"
William fronça les sourcils, perturbé par sa remarque froide et cinglante.
"Enfin... Je pensais que tu le cherchais ou... Enfin... Avec les gardes et...
- Tu peux le garder avec toi, dit-elle en se radoucissant. William, je... Je crois que je suis enceinte d'un autre homme. Et Michael ne le supporte pas, et... Et puis il y a ses... mœurs légères. Wilbert dit que ce n'est pas sain. Mais il ne l'écoute pas.
- De quoi tu parles ? demanda William en se massant le front, perdu.
- Ton fils côtoie des femmes et des hommes, William. Ce n'est pas... Ce n'est pas correct."
William resta silencieux, le temps que l'information monte à son cerveau.
"Tu l'as mis à la porte parce qu'il...
- Je n'ai rien fait du tout ! Il est parti de lui-même et c'est peut-être mieux comme ça. Si tu as besoin de papiers, je vais écrire au juge et tu deviendras son tuteur légal. Mais s'il te plaît, n'essaie plus de me recontacter. Je ne veux plus rien avoir à faire avec le meurtrier de mes enfants."
Il en resta bouche bée. C'est comme ça qu'elle le voyait alors ? Il serra les poings et prit sur lui pour ne pas céder à l'envie de lui hurler dessus et de lui expliquer pourquoi elle n'avait pas à lui parler sur ce ton, mais il abandonna rapidement. A quoi bon ? Il ne la reverrait jamais et elle avait refait sa vie. Il ne voulait pas s'interposer. Quand il releva les yeux vers Scott, celui-ci était à moitié debout, comme s'il avait été prêt à se jeter sur lui au moindre dérapage. Michael, lui, regardait toujours ses céréales avec le regard vide, faussement désintéressé de ce qui se passait.
"D'accord, approuva-t-il. Ne tarde pas pour les papiers. Et bonne chance pour la sui..."
Elle raccrocha avant même qu'il ne puisse terminer sa phrase. Il reposa le téléphone sur son socle en bougonnant. Scott posa une main réconfortante sur son bras, mais William ne réagit pas plus.
"Vois le côté positif des choses... Tu n'as plus à le faire maintenant. Tu as réussi à obtenir la garde ? devina-t-il.
- Oui, Mike peut rester ici.
- Oh, parfait. Maintenant que ce détail est réglé, on peut parler d'un emploi à mi-temps dans la pizzeria, non ?"
Le père du garçon sourit. Il y en avait au moins un qui ne perdait pas le nord. Cela ne sembla pas déranger Michael outre mesure puisqu'il rebondit immédiatement sur la proposition, enthousiaste. Pourquoi pas après tout. Il était assez grand pour savoir ce qu'il faisait, et tant qu'il ne restait pas trop proche des robots, il ne risquait pas grand-chose.
Alors que les discussions allaient bon train, William n'écoutait plus que d'une oreille. Un autre point l'inquiétait sérieusement. Il était plus de sept heures trente et Henry n'était toujours pas rentré. Il n'avait bien sûr pas de compte à lui rendre, après tout, il n'habitait pas vraiment ici, mais il serait au moins venu lui faire un rapport sur la nuit, non ? Il poussa un grognement. Il voulait vraiment rester à la maison ce matin, mais il savait que sa conscience ne le laisserait pas tranquille tant qu'il n'aurait pas vérifié.
Il se leva de table et déposa son mug dans l'évier, avant de se retourner vers Scott et son fils.
"Je vais aller faire un tour au restaurant pour essayer de réparer Toy Foxy.
- Super ! l'encouragea Scott. Je termine de discuter des détails avec Mike et on te rejoint là-bas.
- Je laisse les clés sur le meuble près de l'entrée. Ne laisse pas rentrer le chat des voisins."
Scott hocha distraitement la tête, déjà occupé à expliquer les futures tâches de Michael dans le restaurant, visiblement très excité à l'idée d'avoir un nouvel employé. Mike risquait de vite déchanter en découvrant que les coulisses du petit coin de paradis de son enfance n'étaient pas exactement extraordinaires. Récurer les toilettes et les assiettes sales, ramasser le vomi des enfants, servir des parents impatients et pas toujours très polis... Il y avait de quoi dissuader quiconque de s'engager. Mais il paraissait motivé, alors pourquoi pas ?
Et puis, si ça pouvait lui permettre de se payer des études convenables, c'était toujours ça de pris. William avait les moyens de lui payer une université, certes, mais ce qu'il ne dépensait pas dans le restaurant terminait souvent dans les pièces détachées de ses robots ou les factures de la maison. En se rendant compte qu'il se propulsait enfin dans l'avenir, un fin sourire étira ses lèvres. Peut-être s'agissait-il de la dernière pièce du puzzle qu'il lui manquait. Peut-être, au fond, le retour de Michael lui faisait bien plus de bien qu'il ne le pensât.
Il traversa les quelques rues qui le séparait du restaurant de bonne humeur, pour une fois. La journée avait mal débuté, mais elle pouvait encore être rattrapée. Peut-être qu'Henry avait fait une nouvelle découverte sur les âmes qui avait retenu son attention ? Cela expliquerait son absence. Son côté scientifique fou avait tendance à resurgir de temps à autre, et lorsque c'était le cas, plus rien d'autres n'avait d'importance. Ou peut-être n'était-ce là que la vision idyllique que voulait lui faire croire son subconscient, puisqu'en arrivant devant le restaurant, il remarqua immédiatement que les lumières étaient éteintes.
Il déverrouilla la porte lui-même et entra. Au premier abord, rien de vraiment louche. Dès qu'il alluma les lumières, les nouveaux néons du hall d'accueil lui brûlèrent les yeux. Scott n'avait pas fait les choses à moitié en les changeant. D'un mouvement mécanique, William se dirigea dans la cuisine, où se trouvait généralement son ami le matin, accroché comme un koala à la machine à café. Mais pas aujourd'hui. En voyant l'espace vide, un très mauvais pressentiment lui noua l'estomac.
Il se retourna suspicieusement vers la Marionnette. Comme tous les matins, la poupée de l'enfer pendait hors de sa boîte. William attrapa un balai et donna un petit coup dedans, pour s'assurer qu'elle ne bougeait pas, puis lui releva la tête. Il la relâcha immédiatement. Une traînée rouge avait coulé de son visage.
"Merde, merde, merde... paniqua William. Henry ? Henry !"
Il courut dans les coulisses et ouvrit les rideaux en grand. Golden Freddy n'était pas là, mais de grandes traces de pas avaient percé la poussière, signe que quelque chose avait marché ici. Il prit une grande inspiration et calma les battements erratiques de son cœur. Il descendit de la scène et regagna l'entrée pour aller vers les bureaux. Un premier indice lui indiqua que quelque chose s'était très mal passé ici. La porte qui maintenait les anciens animatroniques enfermés était au sol. Un coup d'œil à l'intérieur lui apprit que les quatre robots ne s'y trouvaient plus. Il continua d'avancer.
Freddy bloquait l'entrée du bureau de garde de nuit. Son regard vide était braqué vers l'intérieur de la pièce. Avec précaution, William passa lentement sous son bras tendu pour voir ce qui avait attiré son attention. Les trois autres robots se trouvaient là, eux aussi. Chica, dont il manquait une jambe et les deux bras était étalée au sol en étoile de mer. Foxy était assis contre le mur, son crochet tâché de sang. Bonnie bloquait la deuxième porte, sa tête sans visage terrifiante et trop grande pour entrer dans l'espace exigu. Au milieu d'eux se trouvait Golden Freddy.
L'ours jaune ne l'était plus. Sa fourrure était tâchée de grandes taches rouges que, cette fois, même le meilleur des détachant ne pourrait effacer. Sa mâchoire pendait et des pics d'acier dépassaient partout hors de son costume. William écarquilla les yeux en comprenant immédiatement ce qui s'était produit. Les ressorts avaient sauté. Quelqu'un était à l'intérieur.
"Oh non... murmura-t-il, horrifié."
Il s'accroupit et tira lentement la bouche de l'ours, pour essayer de l'ouvrir. Il reconnut immédiatement le visage tuméfié de son ami, bleu violet, alors qu'un pic d'acier lui traversait les joues. Était-il mort ? Difficile de savoir avec l'entièreté du costume sur lui. William prit une grande inspiration. Il ne pouvait pas rester planté là sans rien faire ! Il appuya sur le nœud papillon pour ouvrir le torse du costume. Celui-ci obéit dans une plainte métallique. Le gérant retint de justesse le haut-le-cœur qui le traversa en découvrant l'état du corps. Les ressorts dépassaient de sa peau partout où il posait son regard.
Et pourtant, il repéra un mouvement au niveau de son torse. Il crut avoir rêvé dans un premier temps, avant de poser sa main dessus pour s'assurer que c'était réel. Il était en vie. Alors il ne réfléchit pas et courut prendre le téléphone. Il appela les urgences et leur expliqua brièvement la situation. Après ça, il prit son courage à deux mains et tria tant bien que mal les robots hors du passage, pour que les secouristes puissent entrer. Freddy posa le plus de problème. Il fut contraint de le repousser en arrière et de le remettre en position neutre, légèrement tourné sur le côté pour éviter que son épaisseur ne bloque la route. Il essuya aussi le crochet de Foxy.
Cette fois, il ne pouvait plus nier ce qu'il avait sous les yeux. Leurs petits protégés ne comptaient pas en rester à l'activité nocturne. Henry avait été un idiot en restant là. William l'avait bien averti : ce n'était pas une bonne idée. Rien de tout ça n'était une bonne idée. Ce n'était pas juste un meurtre, comme celui de l'ancienne garde de nuit, cette fois, ils avaient torturé leur bourreau et l'avaient laissé se vider de son sang. Pire, ils avaient regardé sans bouger. Depuis combien de temps Henry avait-il été empalé dans son costume ? Et qu'allait-il dire pour expliquer ça aux médias cette fois ?
Alors que la panique le gagnait, un bruit de sirènes le tira de ses pensées sombres. Il lança un dernier regard à son ami, puis partit ouvrir la porte aux secouristes, pour les guider jusqu'à la scène sanglante.
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