Chapitre 37 : Nouveau départ

Encore un peu de développement de personnage avant le prochain chapitre qui va être... Particulièrement douloureux. Eh eh eh.

https://youtu.be/yiI9IYH3hjQ

Chapitre 37 : Nouveau départ

Les rues se remplissaient à mesure que William avançait vers le restaurant, ses quatre nouveaux robots sur les talons. Plutôt que de les conduire au restaurant en camion, ce qui aurait coûté de l'argent, il avait décidé de conduire ses créations lui-même jusqu'au restaurant, qui n'était après tout qu'à quelques rues de là. Henry ouvrait la voie, repoussant gentiment les badauds trop tactiles, tandis que William se débrouillait tant bien que mal avec les télécommandes des quatre robots.

Toy Freddy se trouvait en tête de ligne. Plus petit que le Freddy originel, il était aussi plus rond et plus clair, avec les joues rouges, comme les autres. Toy Bonnie, le lapin bleu ciel aux yeux verts, le suivait de près, sa guitare rouge à la main. Il y avait ensuite Toy Chica, une version rajeunie de la Chica originale, plus jaune et aux grands yeux pétillants, et enfin Toy Foxy, le renard blanc, qui marchait légèrement recourbé vers l'avant suite à un choc en descendant des escaliers. Toute la petite troupe marchait au pas, insensible aux hurlements de la foule qui l'entourait.

Même si l'engouement général lui faisait plaisir, William ne pouvait s'empêcher d'angoisser. Comment allait réagir la Marionnette en découvrant que ses quatre "bébés" avaient été définitivement remplacés ? Pire encore, comment allaient réagir les quatre intéressés ? A partir de ce soir, la porte des coulisses serait cadenassée, pour éviter que les anciens robots ne se promènent librement et abîment les nouveaux arrivants. Il y avait fort à parier que cela ne leur plaise pas, et encore moins à leur gourou à rayures qui les maternait depuis leur mort.

Le restaurant ne tarda pas à apparaître à l'horizon. Les robots passèrent à un la porte, avant de se diriger vers la salle de restauration, les uns à la suite des autres. Scott, déjà présent sur place, se contenta de superviser l'opération et écarter tables et chaises sur la route des robots, afin de les faire gagner l'estrade déjà vide en toute sécurité. Freddy, Chica et Bonnie y parvinrent sans grande difficulté. Pour Toy Foxy, ce fut bien plus complexe. Au moment d'entrer dans l'antre des pirates, son bras sortit brutalement de ses gonds et vola dans la pièce sur plusieurs mètres. William poussa un lourd soupir et décida de simplement fermer les rideaux, comme si cela suffisait à effacer le problème. Il trouverait bien un moment pour réparer le robot, mais ça attendrait quelques heures, voire jours.

"Désolé, le restaurant est fermé, entendit-il Scott dire derrière lui. Nous...

— Mon père est là, répondit une voix plus jeune."

William se retourna. Michael se tenait dans l'encadrement de la porte, retenu par le manager. Le regard de Scott alla de l'un à l'autre, puis il plissa les yeux sur le visage de l'adolescent. Sa bouche forma un "O" de surprise avant qu'il ne s'écarte vivement pour le laisser entrer.

"Je suis désolé, Mike, je ne t'avais pas reconnu ! Il faut aussi dire que ton père n'a pas jugé bon de me prévenir, ajouta-t-il avec un ton de reproches à peine dissimulé. Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Il a fugué, répondit Henry à sa place, occupé à nettoyer les pieds des robots, mais son père est aussi un enfant et a décidé de ne pas le dire à sa mère.

— William... Tu ne peux pas faire ça ! cria le manager, outré. Qu'est-ce qui va se passer si Maggie découvre qu'il est ici ? Tu risques d'être accusé de kidnapping !"

Pour toute réponse, l'intéressé haussa les épaules. Scott se couvrit le visage de la main, désespéré. William resta cependant campé sur ses positions. Si sa mère voulait le récupérer, elle n'avait qu'à l'appeler. Il ne voyait pas pourquoi il devait faire le premier pas après toutes les vacheries qu'elle lui avait lancé au visage lors de leur divorce. Peut-être bien qu'il restait un enfant, comme l'avait si bien dit Henry. Mais au point où il en était, un procès de plus ou de moins n'était pas exactement un problème.

L'adolescent s'installa dans un coin de la pièce, sa console de jeu dans les mains, distant. Il n'avait pas beaucoup parlé ces derniers jours. William avait essayé de renouer le contact, mais la plupart des réponses du garçon se résumait à "oui", "non", "peut-être", "ok" et "hum". Peut-être qu'elles avaient des significations spéciales dans la langue étrange des adolescents, mais son père n'avait pas eu le manuel pour les décoder. Le gamin avait aussi refusé d'expliquer pourquoi il ne voulait pas retourner chez sa mère. William se sentait en véritable extrêmement coupable. Après la mort de Georges, il l'avait violemment rejeté alors qu'il était de son devoir d'être là pour lui. Il regrettait sa décision, d'autant plus qu'il était tout ce qu'il lui restait à présent. Cette pensée l'inquiétait. Il ne voulait pas qu'il termine comme son frère et sa soeur en restant trop près de lui. L'histoire ne pouvait pas se répéter une nouvelle fois. Il n'y survivrait pas.

Il secoua la tête et sortit de ses pensées sombres pour regarder les robots. Ce soir, le restaurant rouvrait enfin, et avec le petit coup de marketing qu'il venait d'effectuer, nul doute que la salle serait comble. Un grand spectacle était prévu pour fêter la toute nouvelle ère de la pizzeria Freddy Fazbear. La salle avait été rénovée pour l'occasion de fond en comble, plus moderne. De nouveaux jeux avaient fait leur apparition ici et là, autant pour soutirer un maximum d'argent aux parents que pour le plaisir des enfants. Après tout, les travaux avaient coûté chers, ils leur devaient bien ça.

"Tout est opérationnel, l'informa Henry. On peut faire un essai si tu veux.

— Oui, j'aimerais beaucoup ça."

En particulier pour s'assurer qu'il n'y avait pas de mauvaise surprise dans les robots avant le grand show. Cette fois-ci, il espérait sincèrement que rien ne vienne perturber la fête. Mis à part si Golden Freddy décidait malencontreusement de prendre possession d'un des robots, rien n'était censé déraper. En théorie. Henry lança le spectacle à partir du boîtier de commande sur le mur. Les robots se mirent instantanément à danser et chanter. William sourit. Il ne se lasserait jamais de ces petits moments hors de tout problème. Il peinait parfois encore à réaliser la chance qu'il avait d'effectuer un métier libre de (presque) toutes contraintes. Cependant, il ne put s'empêcher de trouver ces nouveaux robots trop superficiels. Il ne savait pas si c'était l'aspect pratique ou leur taille légèrement réduite, mais il trouvait que quelque chose n'allait pas dans leurs balancements joyeux et leurs mimiques forcées. Ou peut-être n'était-ce là que le syndrome "C'était mieux avant", il ne savait pas.

La démonstration se termina sans encombre, et Scott l'approuva également. Après ça, il fallut s'atteler à la mise en place des tables et des chaises. Michael décida spontanément de leur donner un coup de main, et le gamin s'avéra particulièrement efficace. En moins de deux heures, tout était prêt pour accueillir les clients. Tout... Sauf les pizzas, étant donné qu'ils avaient légèrement oublié d'allumer les fours. Certaines choses ne changeaient jamais. De mauvaises pizzas un jour d'ouverture signifiaient une ouverture réussie. Ils avaient pourtant tout intérêt à s'améliorer sur ce point par la suite. Maintenant que les services sanitaires les avaient à l'oeil, ils allaient devoir se tenir à carreaux.

Sur les coups de dix-huit heures, les premières familles poussèrent les portes. Et elles furent nombreuses, tellement nombreuses qu'un problème de place se fit rapidement sentir. Les employés couraient dans tous les sens, Jeremy, encore en repos, fut rappelé illico presto pour donner un coup de main, et même Michael y mit du sien pour tenter de répondre au mieux aux attentes, questions et commandes de tout le monde. Ils purent se reposer lors de la représentation, qui pour une fois, se passa sans aucun problème. Les robots firent fureur. En une soirée, près de la moitié du stock de peluches du mois disparut dans les mains avides d'une foule de bambins capricieux. Une vraie réussite.

Le service se poursuivit jusqu'aux environs de vingt-deux heures, avant que les derniers retardataires soient gentiment invités à quitter les lieux. L'équipe, soutenue par Clay Burke et sa femme venus en renfort, s'attela au nettoyage juste derrière, l'objectif étant de quitter les lieux absolument avant minuit pour éviter une mauvaise rencontre. Ils s'en sortirent plutôt bien malgré le tas de vaisselle monstrueux qui leur donna du fil à retordre. Après vingt-trois heures trente et un dernier café, Scott, Henry, William et Michael se retrouvèrent enfin seuls.

"Je veux faire un essai de service ce soir, annonça Henry au moment où ils allaient s'en aller. Je vais prendre le poste de nuit.

— Dans ton état ? s'inquiéta Scott. C'est la réouverture, tout le monde est usé. Tu ne vas quand même pas...

— Je prendrais quelques tasses de café, et puis je sauterais le service du midi, si ça vous va."

William sentit une boule d'angoisse lui nouer l'estomac. Comme Scott, il pensait qu'il s'agissait d'une très mauvaise idée, mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Les robots n'avaient encore jamais passé la nuit avec l'un d'entre eux dans le restaurant. Si bien sûr, leur réaction serait intéressante à analyser, que se passerait-il si quelque chose de mal se produisait ? Bien sûr, il ne put pas formuler ses craintes à voix haute, à cause de Scott et Michael et se contenta d'approuver la décision d'un hochement de tête.

"Bonne nuit, dans ce cas, dit-il simplement en sortant de son mutisme. Mike est fatigué, je vais rentrer.

— Je vous dépose ? proposa Scott. C'est sur le chemin. Encore merci de ton aide, Michael. Tu sais, si jamais tu cherches un emploi étudiant, on sera ravi de t'accueillir parmi nous. Tu as été très efficace ce soir.

— Plus que Jeremy, remarqua William. Je propose qu'il prenne sa place.

— William, veux-tu laisser ce pauvre Jeremy tranquille ?"

Michael sourit timidement, visiblement flatté. Il se gratta nerveusement le cou, puis releva les yeux vers son père.

"Papa, est-ce que tu crois que... Je pourrais rester vivre ici, avec toi ? Pour... de vrai ? Je... Je sais que je peux t'attirer des ennuis, mais je ne veux vraiment pas retourner à la maison. Et puis... J'aimerais beaucoup travailler ici, c'est vrai.

— Je ne sais pas si... balbutia William. Tu sais que je n'ai aucun problème avec ça, mais le juge a donné la garde à ta mère. Je... Je peux essayer de l'appeler si tu veux, et voir ça avec elle. Mais il va lui falloir une excuse et...

— Elle voit quelqu'un d'autre, c'est un enculé. Il ne m'aime pas."

Choqué par ce changement brutal de langage, William lança un regard nerveux vers Scott pour appeler à l'aide. Le manager détourna immédiatement les yeux pour admirer un morceau du plafond. Le gérant prit une grande inspiration.

"Je vais voir ce qu'on peut faire, d'accord ? Je... Je ne te promets pas qu'elle dira oui, mais je te promets d'essayer. Tu es grand maintenant, il y a peut-être un moyen pour que l'on s'arrange. Un nouveau départ."

L'adolescent ne parut pas franchement convaincu, mais apprécia l'effort. Il sourit avant de se diriger vers la voiture de Scott. Ce dernier resta à côté de lui, un peu gêné.

"On dirait que tu vas devoir affronter le dragon. Je... Je peux venir, demain, si tu veux. Je sais que tu n'es pas très doué pour ce truc de diplomatie. Et si tu commences à l'insulter, ça ne va pas fonctionner.

— Ton aide serait vraiment appréciée, en effet. Je n'arrive pas à croire qu'il veuille rester ici. Les ados ne sont pas censés courir après les villes huppées des Etats-Unis ? Genre... New York ?

— Je pense que tu lui as manqué, idiot. Je suis content pour toi. Tu oublies parfois que toi aussi tu mérites d'être heureux, William."

Le visage du gérant se ferma légèrement à sa remarque. Scott se dirigea vers le parking et William le suivit, l'air songeur. Le méritait-il vraiment ?

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