Chapitre 36 : L'image de marque
Coucou ! Un chapitre un peu plus court pour introduire l'année 1986, qui vient elle aussi avec son lot de problèmes. On est à peu près au milieu de l'intrigue désormais :D J'en profite pour vous annoncer que le tome 2 de La Dernière Âme sort aujourd'hui, intitulée Le Dernier Espoir. Vous le trouverez sur mon profil <3
https://youtu.be/vDKGRuo0DFQ
Chapitre 36 : L'image de marque
La sonnette de la maison continua de hurler, pour la troisième fois en moins de dix minutes. Les yeux encore ensommeillés, William traîna des pieds jusqu'à la porte d'entrée. Cette nuit, comme les nuits des sept dernières semaines, il l'avait passé à bricoler sur les nouveaux robots du restaurant, dont le projet touchait enfin à son terme, malgré deux gros mois de retard. L'année 1986 était entamée depuis trois bons mois maintenant, et le roboticien commençait à être à court de fonds monétaires, chose embêtante à quelques jours seulement de la grande réouverture. Mais comme d'habitude, chez Fazbear Entertainment, l'illusion que tout se passait bien prenait le pas sur le reste.
Malheureusement, ce n'était pas le cas de la vie de William. Sa maison était un chantier de guerre dans lequel poser un pied devant l'autre relevait de plus en plus de l'exploit. Plus que jamais, il s'était laissé aller, le chômage technique n'aidant pas spécialement à le motiver à ranger. Il fallait dire aussi que Scott, qui assurait habituellement ce rôle, ne venait plus aussi souvent. Le manager se battait pour sauver le restaurant et avait affronté vaillamment la contre-visite des services sanitaires seuls. Ils avaient officiellement le droit de réouvrir, et tout l'enjeu reposait désormais sur les nouveaux robots qu'Henry et lui avaient confectionnés. Son partenaire se trouvait d'ailleurs toujours à la cave, lui aussi endormi sur les plans. Ils habitaient tous les deux en bas désormais, et rien ne semblait pouvoir les en faire bouger.
Tout du moins le croyait-il jusqu'à qu'il ouvre la porte.
Un jeune homme brun se tenait là, nerveux. Il devait avoir dans les seize ans, le visage couvert de boutons et l'air idiot de tous les adolescents de son âge, un peu comme Jeremy, en moins roux. Son cerveau mit du temps à lui trouver des traits vaguement familiers avant que les neurones ne se connectent enfin.
"Mi... Michael ? s'exclama-t-il, sous le choc."
L'adolescent dansa d'une jambe sur l'autre, nerveux, comme s'il hésitait à répondre. Il poussa un soupir et baissa finalement la tête.
"Bonjour Papa... Je... Je peux rentrer ?"
Il avait l'air épuisé. De grandes cernes noires couvraient le dessous de ses yeux, signe qu'il n'avait pas dormi depuis longtemps, et il portait sur son dos un gros sac vert. Ses vêtements étaient tachés et abimés également. William hésita. Des tas d'émotions qu'il pensait avoir oublié resurgissaient brutalement : sa colère et sa peine après le décès de Georges, la douleur de la séparation avec sa femme, la perte d'Elisabeth, certes, mais aussi un immense soulagement de le revoir. Il poussa un soupir et ouvrit les bras.
"Viens là, toi."
Michael ne se fit pas prier et se jeta dans les bras de son père. Il le serra de toutes ses forces. William se rendit bientôt compte qu'il tremblait. Il poussa un léger soupir avant de l'accompagner jusqu'au salon. Au même moment, Henry poussa la porte de la cave. Il lança un regard perdu à William avant de secouer la tête et prendre la direction de la cuisine pour se faire du café.
L'adolescent se débarrassa de son sac et se laissa tomber sur le canapé en cuir. Il remonta immédiatement ses genoux sous son menton et adressa un faible sourire à son père, un peu perdu. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu, cinq ans, peut-être même plus, qu'il avait l'impression de ne plus trop savoir quoi dire pour l'aider ou le rassurer. Après tout, il n'avait jamais été très doué avec les relations familiales, et en particulier avec Michael, qui avait toujours été plus indépendant que son frère et sa sœur.
"Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demanda-t-il d'une voix incertaine. Je pensais que ta mère et toi aviez déménagé loin d'ici et... Enfin, qu'elle ne voulait plus entendre parler de moi.
— Je suis parti, dit-il simplement."
William écarquilla les yeux.
"Comment ça tu es parti ? Tu as fugué ?
— Oui."
Il resta figé. "Comment convaincre un adolescent qui a fugué de chez sa mère de retourner chez sa mère pour ne pas que son père ait de problèmes" ne figurait pas dans le manuel intellectuel de William. Maggie allait le tuer si elle apprenait que son fils avait traversé deux états en entier juste pour revenir ici. Mais comment désamorcer le problème ? Appeler Maggie ? Il n'était pas suicidaire au point de se frotter au dragon en personne. Mais pouvait-il pour autant trahir son fils en lui donnant sa localisation ? Et s'il partait avant qu'elle ne vienne ? Pourquoi tout devait toujours être aussi compliqué ? Lorsqu'il avait signé pour être père, il n'avait jamais imaginé qu'il y aurait tant de petites clauses illisibles en bas du contrat à appliquer dans les vingts années suivant la naissance.
Dans le pire des cas, si sa mère le cherchait, elle finirait bien par appeler, non ? Fermer les yeux sur le problème, c'était une méthode que William connaissait et appréciait tout particulièrement.
"Dur, dit-il simplement. Tu peux rester ici le temps que tu as besoin, ça ne me dérange pas. Et puis la maison est un peu vide depuis que... Enfin, tu sais.
— Merci, papa."
William lui tapota gentiment la tête avant de l'accompagner jusqu'à son ancienne chambre, devenue entre temps la chambre d'ami. Il donna de quoi se laver à l'adolescent et le laissa tranquille, pour rejoindre Henry. Ce dernier était déjà retourné dans la cave, bien loin des préoccupations familiales. William le retrouva devant Toy Bonnie, un de leur nouveau projet. Comme le Bonnie original, il s'agissait d'un lapin, légèrement plus petit et bleu clair. William n'aimait pas vraiment son maquillage, qui le faisait ressembler à une fille, et encore moins l'aspect plastique du robot. Scott préférait les voir en cette matière, avançant l'idée qu'ils ressemblaient davantage à des jouets que les anciens.
Les autres robots servaient principalement de réservoir à pièces. Ils se trouvaient toujours dans le restaurant, dans les coulisses et dans un sale état. Bonnie en particulier avait beaucoup souffert du transfert. Henry lui avait démantelé un bras et des morceaux de son visages avaient servi à la reconstruction de Toy Foxy, qui ressemblait à son compère du Circus Baby's World en plus rond et plastique. Son principal problème, comme pour le Foxy original, avait été le poids du costume sur l'endosquelette du robot, qui éclatait parfois pour aucune raison.
"B'jour, salua William. Tu travailles sur quoi ?
— Le scanner facial, encore. J'essaie de le rendre plus discret. C'est ton fils en haut ? D'où il sort comme ça ?
— Il a fui de chez sa mère.
— Vraiment ? Et... Tu ne l'appelles pas ? Ou les flics ? Enfin... Il doit y avoir des trucs légaux à faire pour signaler qu'il est là, non ?
— C'est qu'un gamin paumé, ce n'est pas si grave.
— Si tu le dis."
Un silence pesant s'installa entre les deux hommes, seulement dérangé par le bruit du tournevis dans la tête du robot devant eux. William hésita, avant de relever la tête vers son ami.
"Du mouvement ?
— Non, rien cette nuit. Je ne pense pas que les âmes soient attachées à des pièces en particulier. On va devoir garder les vieux robots pour continuer notre petit projet. Même avec une jambe, Chica a été très active cette nuit, j'ai été vérifier les caméras. Tu as vu que Scott cherche encore à recruter un nouveau gardien de nuit ? Il commence à devenir... embêtant avec ça. Je pensais peut-être à... prendre le poste.
— Quoi ? Tu es complètement fou ! Tu as vu ce qu'ils ont fait aux précédents ?
— Je les connais mieux qu'eux, peut-être qu'ils ne réagiront pas de la même façon. Et puis s'il ne trouve pas, il risque de mettre Jeremy à cette place. Le gamin est trop nerveux, s'il voit un truc bizarre il va alerter tout le monde."
Le gérant poussa un soupir. Ce plan ne lui plaisait vraiment pas. Qui savait ce qui pouvait mal se passer si Henry se faisait tuer dans l'opération ? William ne se sentait pas capable d'assurer seul et de couvrir l'affaire. Pas avec les parents des mioches tués l'année passée qui continuaient encore et toujours de rôder autour de la pizzeria. Plusieurs lui avaient envoyé des cartes de voeux en janvier pour le remercier, Scott et lui, de leur attention sur les recherches. William n'avait rien fait. Le manager était le seul à se rendre malade sur cette affaire. Tout ce qui l'intéressait dans les nouveaux robots étaient les scanners faciaux offerts par la police. Ils transportaient le fichier des prévenus de ces dernières années et se déclenchait s'il en repérait un. La première chose que William avait fait en les obtenant avait été de s'assurer que ni lui, ni Henry ne deviennent la cible des robots. Il avait bricolé une fonctionnalité pour ne jamais les considérer comme des criminels, même si par malheur ils rentraient dans le fameux fichier. Malheureusement, avec les fantômes qui pouvaient modifier les circuits à tout va, il se demandait si cela serait seulement utile. Golden Freddy, Georges, avait déjà montré ses capacités à prendre le contrôle d'autres robots. La dernière chose dont ils avaient besoin étaient quatre robots hurlants qu'ils étaient des criminels, ce qui attirerait forcément la curiosité des autorités sur eux.
William laissa Henry tranquille pour aller bricoler sur Toy Freddy. Les robots étaient pratiquement terminés, mais il préférait faire un dernier tour dessus pour s'assurer que rien ne clochait. L'heure de leur présentation au public ne serait plus très longue. Ils n'avaient pas le droit à l'échec.
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