Chapitre 34 : Problèmes intérieurs

Coucou ! Après une petite semaine de repos, on poursuit l'odyssée de William avec un chapitre un peu plus réflexif et qui commence à aborder le prochain gros problème de notre duo.

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Chapitre 34 : Problèmes intérieurs

William jeta un coup d'oeil aux avis de recherche placardés sur les poteaux devant et autour du restaurant. Cela faisait plusieurs semaines maintenant, et les parents des enfants persistaient à chercher après eux. Ils étaient seuls. La police en était arrivée à ses limites. Après avoir ratissé la ville, puis les forêts alentours, ils avaient déduit à un enlèvement. Même s'ils ne le disaient pas à voix haute, ils avaient déjà baissé les bras. Les médias tournaient peu à peu la page eux aussi. Très bientôt, ce ne serait plus qu'une mauvaise passe. Il poussa un soupir et poussa la porte du restaurant, avant de marcher mécaniquement vers son bureau.

Scott n'avait lui non plus pas abandonné. Il se sentait coupable et continuait à faire des rondes dans le quartier le soir, juste pour être sûr. Il était aussi activement à la recherche d'un nouveau garde nuit, ce qui posait beaucoup plus de problèmes à William et Henry que la disparition des enfants. Avec ce qui était arrivé au dernier et maintenant deux fois plus de robots en activité la nuit, il serait compliqué d'assurer sa survie sur plus de quelques jours.

D'autant plus que les robots commençaient à affirmer leur personnalité. William avait commencé à prendre des notes au fur et à mesure de leurs routines nocturnes, à la demande de Henry. Elles étaient toujours les mêmes. Bonnie et Chica avaient un besoin obsessionnel de se diriger vers les couloirs de bureau de garde, ainsi que dans les coulisses derrière la scène. Ils pouvaient y rester pendant des heures et des heures sans bouger, et parfois même y rester le matin, ce qui contraignait William à les redéplacer en bougonnant en arrivant le matin. Freddy était moins actif, mais plus malin. Il se déplaçait la majorité du temps de manière très discrète et réussissait à surprendre William plusieurs fois en entrant brusquement dans le cadre d'une des caméras. Et Foxy... Il n'aimait vraiment pas Foxy. La plupart du temps, le renard restait simplement derrière les rideaux de sa scène. Mais il pouvait d'un coup bondir et courir à une vitesse effarante, faire tout le tour du restaurant, et finalement retourner dans sa "cage", comme si rien ne s'était passé.

Et puis il y avait cette foutue Marionnette. Si Golden Freddy ne s'intéressait pas plus que ça aux nouveaux venus et continuait sa vie de son côté, cette dernière passait ses nuits entières à les aider, les pousser à tester leurs limites et même leur chanter des chansons. Il se rappellerait longtemps de cette voix d'enfant d'outre tombe qui chantait Une souris verte dans le noir. Néanmoins, il commençait à s'interroger sur la place de la poupée des enfers dans la vie de ces petits miraculés. Ils lui faisaient aveuglément confiance, obéissaient aux moindres de ses ordres et avaient l'air de se satisfaire de ce mode de vie, tant bien que mal.

Les robots n'avaient dans tous les cas pas oublié leurs meurtriers. William n'osait plus s'approcher d'eux que dans les cas d'extrême urgence. Freddy l'avait déjà plusieurs fois saisi au bras sans qu'il ne le voit venir, et il commençait à craindre une tentative de rébellion. L'ours et le renard étaient les deux plus actifs pendant la journée. Si Freddy restait la plupart du temps immobiles, il arrivait à William de parfois retrouver Foxy en train de marcher au beau milieu de la salle, avant de sprinter droit sur lui. Pour le moment, William n'avait jamais eu de mal à l'éviter et à se cacher quelques minutes dans une salle. Il ne faisait de toute manière ça uniquement lorsque lui ou Henry étaient seuls.

Les recherches, elles, allaient bon train. Elles consistaient principalement pour le moment à observer les robots évoluer et prendre des notes. Cela prenait du temps. William avait commencé à tenir un journal de bord et à y référencer chacune des activités inhabituelles des robots. Il y avait par exemple cette fois où Bonnie avait décidé d'aller dans la salle de bain plutôt que dans le couloir qui menait au bureau. Où cette fois où il avait surpris Chica en train de jouer avec les peluches du comptoir à prix. Dans l'ensemble, les enfants avaient gardé beaucoup de leur ancienne personnalité. Freddy et Foxy se chamaillaient souvent, Bonnie pleurait parfois pour aucune raison, Chica se mettait de temps en temps dans des situations compliquées qui mettaient à mal son squelette métallique. Ce n'était pas le cas de la Marionnette, qui avait des réactions bien plus adultes. Elle maternait les enfants comme s'ils étaient les siens, sans jamais en laisser un de côté. A contrario, Golden Freddy s'en tenait éloigné. William se demandait même s'il leur avait seulement parlé. L'ours s'isolait, voire ne s'activait presque plus. Il ne ressemblait plus à Georges. Il avait déjà formulé cette remarque avant, mais elle le marquait désormais de plus en plus. Quelque chose n'allait pas correctement avec le garçon.

Et puis il y avait eu les pouvoirs étranges que développait la Marionnette. Elle pouvait maintenant faire bouger des objets à distance. Au départ, elle-même le faisait de manière inconsciente, mais plus le temps passait, plus il se demandait si elle n'avait pas compris qu'elle en était l'origine. Lorsqu'elle était triste ou en colère, elle pouvait sur un coup de tête décider de faire voler la moitié de la salle principale contre le mur. Cette nouvelle habitude était dérangeante. Elle avait déjà cassé deux chaises et une table, au point que William envisagea de les clouer au sol comme certains restaurants le faisaient. Il n'était cependant même pas certain que cela soit suffisant, étant donné sa force. Ces nouveaux événements paranormaux, s'ils fascinaient Henry, terrifiaient William. Qu'est-ce qui se passerait si elle décidait de jouer son petit tour en plein jour ? Ce ne serait pas forcément aussi facile à cacher que ce qui s'était passé au Circus Baby's World.

"Tu as l'air bien pensif."

William sursauta et se retourna vers Scott, à l'entrée de son bureau. Perdu dans ses pensées, le gérant fixait le vide depuis une dizaine de minutes à réfléchir aux dernières semaines. Il s'étira et fit craquer son cou avant d'inviter son bras droit à rentrer. Scott déposa une tasse de café devant lui avant de s'asseoir dans le fauteuil en face de lui.

"Il est tard, tu ne rentres pas ? lui dit-il d'une voix amicale.

— Je voulais en terminer avec les impôts avant de partir, mais je m'endors debout. Cette paperasse va me rendre complètement cinglé. Pourquoi tout doit toujours être aussi complexe ? On devrait inventer un robot pour le faire à notre place. Fiscal Freddy, ça sonne bien.

— Ça sonne comme un mauvais titre de journal, grimaça-t-il."

William attrapa la tasse et la porta à ses lèvres. Il soupira d'aise lorsque le liquide amer se répandit dans sa bouche. Scott avait vraiment un don pour faire le café et connaissait les préférences de tous ses employés. Il avait même corrompu cette petite fouine de Jeremy alors qu'il ne s'abreuvait que de sodas d'ordinaire.

Son ami avait cependant l'air troublé. Il n'avait pas touché à sa propre tasse et ne cessait de jouer avec ses mains, un tic nerveux qu'il avait lorsque quelque chose tournait en boucle dans son esprit. William soupira. Il allait encore lui parler des enfants disparus. Il n'avait que ça à la bouche depuis des semaines et peu importait les diversions, il finissait toujours par y revenir d'une manière ou d'une autre. William ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait simplement pas lâcher l'affaire comme les autres. Noël approchait, ils allaient devoir penser à leurs animations et à leur chiffre d'affaire, mais lui restait coincé sur le passé.

"Qu'est-ce qui se passe encore ? demanda le gérant sur un ton passif-agressif.

— Je pensais... Je pensais encore aux enfants. C'est Noël cette semaine, et les parents m'ont envoyé des cartes de voeux, alors que... Alors que je suis responsable de ce qui est arrivé. Si on avait mieux surveiller, alors peut-être que...

— Oui, oui. Peut-être, peut-être, peut-être. Peut-être aussi que si les parents avaient surveillé leurs gosses, ils ne se seraient pas enfuis. On ne peut pas changer ce qui est arrivé. Scott, ça fait un mois et demi maintenant. Passe à autre chose."

Il garda le silence, les yeux baissés sur la tasse. Ses main tapotèrent la table avec nervosité.

"Peut-être que tu as raison, avoua-t-il, défaitiste. Mais... Moi, je vois ces familles tous les jours, William. Chaque matin, elles viennent au restaurant et me posent la même question : "Est-ce que vous avez des nouvelles ?". Et chaque jour, je suis obligé de leur répondre qu'on a rien de nouveau et ça me fend le coeur. La maman de Gabriel, chaque jour qui passe sans nouvelles, je la vois sombrer un peu plus. Et cette lueur d'espoir qui faiblit un peu plus dans leurs yeux. Je ne comprends pas pourquoi je suis le seul ici à être autant touché par cette affaire. Ce... Ce n'est pas un reproche, peut-être qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez moi, mais... Je ne sais pas. Je ne me sens pas capable de rester sans agir. Il y a forcément quelque chose que l'on peut faire..."

William évita son regard. Il se confiait à lui, il lui parlait de sentiments difficiles, sans jamais savoir que la source de ses problèmes se trouvait devant lui. Il détestait cette situation de toute son âme. Il se donnait une fausse prestance et un air détaché de la situation, mais il se sentait plus mal que jamais. Regrettait-il pour autant ? Il n'en était pas certain. Henry et lui avaient fait d'énormes progrès depuis que les robots s'étaient activés. Ils commençaient à mieux comprendre le phénomène, et même comment les âmes se liaient aux robots et les faisaient bouger. Le chemin était encore long, certes, mais ils pouvaient s'en sortir, il en était certains.

"J'ai parlé avec Clay Burke, aujourd'hui, avoua-t-il. Tu sais, il existe des puces avec des fichiers criminels. Peut-être que si on les implante sur les robots, ils pourraient trouver les personnes déjà fichées par les services de police avant qu'ils ne... Avant qu'ils ne fassent du mal à d'autres enfant. Clay m'a dit que si les enfants ont disparu sans aucune trace, la ou les personnes qui ont pu les enlever sont expérimentés, et sont sans doute récidiviste.

— Je fais des robots de spectacle, pas des robots policiers, Scott. Et puis qu'est-ce qui se passerait si jamais l'un d'eux avait une erreur et se mettait à accuser des gens au hasard ? On va juste y gagner à se prendre un nouveau procès sur le dos."

Etait-ce la vérité ? Oh non, bien sûr que non. Le coeur de William battait vite de peur que les robots se retournent contre Henry et lui à la seconde où ce système serait mis en place. Après tout, les âmes pouvaient modifier les circuits des robots. C'était de cette manière qu'ils pouvaient se déplacer la nuit. Ils le faisaient sans doute de manière inconsciente, mais que se passerait-il si on leur donnait les outils pour pointer directement leurs meurtriers ? Ce serait une catastrophe. Il devait à tout prix faire abandonner cette idée à Scott.

"Tu n'as simplement pas assez confiance en toi. Ce n'est qu'une idée, tu restes le patron. Mais... Clay pourrait te forcer la main si d'autres événements bizarres continuent d'impliquer le restaurant, je te préviens. Et puis, tu ne me retireras pas de la tête que tout ce bazar arrive depuis que Henry Miller est revenu. Tu le connais bien, toi ? Il me semble toujours un peu à l'écart et bizarre, parfois.

— Oh... Henry a toujours été comme ça, répliqua rapidement William, en essayant de cacher tant bien que mal son malaise. Il n'est pas très bavard, c'est plus un homme d'action. Et puis, ce qui est arrivé avec la Marionnette date d'avant.

— C'est vrai, soupira Scott. Peut-être que je juge trop vite. Je devrais aller me mettre au travail. Oh, au fait, Jeremy a encore cassé le micro-ondes. Si tu peux y jeter un coup d'oeil avant ta ronde sur les robots...

— Ce gamin est une catastrophe, geignit William. Pourquoi on le garde déjà ?

— Il est gentil et serviable. Montre-toi plus aimable avec lui. Et puis... Je songe à le passer sur le poste de garde de nuit. C'est mieux payé que ce qu'il fait actuellement, et ça n'a pas l'air de le déranger."

Oh non. Tout sauf ça. Le gamin ne tiendrait pas dix minutes avant de courir chez les flics pour aller se plaindre de l'activité nocturne du restaurant. Il devait en parler à Henry, et vite.

Le plus innocemment possible, il termina son café et se dirigea vers la sortie, les jambes tremblantes. Cela faisait trop de choses auxquelles penser là tout de suite. Il n'était pas encore au bout de ce cauchemar.

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