Chapitre 33 : La ballade de l'ours tueur
Bonjour ! Les événements se compliquent, et ça va devenir de plus en plus tendu désormais. Bonne lecture et bon courage !
https://youtu.be/3n_XvovtT0c
Chapitre 33 : La ballade de l'ours tueur
Georges et Charlie avaient passé la journée loin du restaurant. Les deux petits fantômes avaient pris leur courage à deux mains et avaient décidé de passer les portes vitrées pour aller se promener dans les environs. C'était leur première sortie à l'extérieur depuis le Circus Baby's World. S'éloigner du restaurant leur prenait beaucoup d'énergie, sans qu'ils ne comprennent pourquoi, mais lorsqu'un objet métallique se trouvait dans le coin, ils pouvaient temporairement le posséder pour se reposer. C'était moins drôle que les robots. Être une clé ne servait pas à grand chose, mais c'était reposant.
Depuis la course poursuite dans le restaurant, les deux enfants s'étaient plus ou moins réconciliés. Charlie avait toujours du mal avec l'agenda meurtrier de son colocataire, mais elle avait décidé de rester silencieuse pour l'instant. Il serait dommage de gâcher une aussi belle journée. A la nuit tombée, ils reprirent vie dans leurs corps robotiques. Cela semblait être une constante. Si le jour, ils pouvaient aller et venir entre leur corps et sous forme fantomatique, la nuit, de minuit à six heures du matin, ils restaient prisonniers de leur enveloppe de métal, ou tout du moins ne pouvaient pas s'en éloigner de plus de quelques mètres.
Etrangement, les deux enfants commençaient à se faire à leur nouvelle vie. Ils n'avaient de toute manière pas tellement le choix. S'il s'agissait de ce que l'éternité avait à leur offrir, ils allaient bien devoir l'accepter et vivre avec. Charlie avait même remarqué qu'elle développait d'étranges capacités depuis quelques jours, et elle travaillait dessus pour les améliorer. Elle pouvait manipuler des objets à distance désormais. Pendant la journée, elle s'amusait à faire bouger des fourchettes, des ballons, des chaises. Quelques personnes remarquaient les mouvements suspects, mais elle s'arrêtait avant qu'ils ne puissent prouver quoi que ce soit.
Georges aussi développait des pouvoirs, mais ils étaient plus inquiétants. Lorsqu'il se laissait envahir par la colère, il donnait parfois vie à des illusions. Parfois, il parvenait même à reprendre la forme du petit garçon qu'il avait été. Cela ne durait jamais plus de quelques secondes, mais ces phénomènes étaient de plus en plus nombreux et angoissaient Charlie. Elle ne pouvait pas le tenir sous contrôle, et il devenait de ce fait dangereux pour lui, pour elle et surtout pour les autres. Même si elle souhaitait à Henry tout le mal qu'il lui arrivait, rien ne justifiait qu'il s'en prenne à d'autres personnes, ce qu'il faisait de plus en plus.
La Marionnette se réactiva dans sa boîte. Même si elle ne sentait techniquement plus ses jambes et ses bras, la position accroupie n'était pas confortable. Elle poussa les battants de sa boîte et râla en s'apercevant qu'on avait encore posé des choses dessus. Elle poussa un grand coup et une pile d'assiettes sales en verre oubliée explosa au sol dans un boucan de tous les diables. Bien fait. William savait très bien qu'elle se levait la nuit, la prochaine fois, il n'aurait qu'à faire un effort.
Elle s'échappa de sa prison de métal et commença à faire le tour de la salle. Elle était très mal nettoyée. Des miettes traînaient encore sur les grandes tables et une odeur de pieds flottait dans l'air. Elle passait distraitement la main dans la piscine à boules lorsque son regard métallique fut attiré par des tâches de couleur sur une des tables rondes devant l'estrade de Foxy. Quatre grosses peluches à l'effigie des mascottes de la pizzeria avaient été abandonnées là. Etrange. Habituellement, les enfants adoraient les peluches et ne s'en séparaient jamais. Pour en oublier quatre, il avait vraiment fallu que leurs parents les oublient ici.
Un bruit étouffé résonna derrière les coulisses.
"Georges ? Tout va bien ? demanda-t-elle vers le rideaux."
Aucune réponse ne lui parvint. Elle contourna Foxy et passa derrière les rideaux. La porte de la salle était entrouverte, et elle pouvait voir Golden Freddy debout juste derrière. Il lui lança un regard et elle sentit immédiatement la grande aura de tristesse et de colère qui l'entourait. Il s'était passé quelque chose comprit-elle. Mais quoi ? Elle avança et ouvrit la porte avant de se figer.
Dans la pénombre, quatre petits corps étaient allongés dans une mare de sang séché depuis quelques heures. Ses bras tombèrent le long de son corps, impuissante. Ils n'avaient rien vu. Ils n'avaient pas été là pour les sauver et maintenant il était trop tard. Dans un coin de la pièce, quatre petits fantômes étaient blottis les uns contre les autres, le regard braqué sur les deux robots. Ils n'avaient sans doute pas encore réalisé ce qui venait de se passer. Accepter sa propre mort, à un aussi jeune âge, n'était pas chose facile. Charlie garda son sang froid. Avant de trouver les responsables et de les faire payer comme le suggéra bientôt Georges, il fallait s'occuper d'eux. Elle ne pouvait pas les laisser comme ça, seuls.
Doucement, elle s'accroupit près d'eux et tendit la main.
"Je suis Charlie, dit-elle d'une voix douce. Je suis là pour vous faire un cadeau. Je sais que... Que vous avez peur, et que vous ne comprenez pas ce qu'il se passe. Mais je vais vous aider."
Un des petits garçons s'avança vers elle, plus téméraire que les autres, et posa sa petite main translucide sur ses longs doigts effilés. Les autres suivirent et Golden Freddy ferma la marche. Un à un, elle les présenta aux robots du restaurant. Gabriel choisit le corps de Freddy, Jeremy celui de Bonnie, Susie celui de Chica, et enfin Fritz celui de Foxy. Ils étaient les héros du spectacle désormais, et alors que les enfants découvraient leur nouveau corps et celui de leurs amis, la Marionnette sentit son âme se gonfler d'amour et de bienveillance. Elle allait les guider et tout se passerait bien désormais. Ils n'avaient pas beaucoup de choses, mais ils pouvaient compter les uns sur les autres. Le temps que cela durerait.
*********
William et Henry s'étaient donné rendez-vous tôt le matin pour faire le point sur la situation. Les six heures venaient à peine de sonner que déjà ils entraient dans la pizzeria, de grands sacs plastiques à la main. Ils n'avaient pas besoin des caméras de surveillance pour comprendre que le plan avait fonctionné. Freddy, Bonnie, Chica et Foxy s'étaient désactivés au beau milieu de la salle de restauration, en plein mouvement. Seule la Marionnette pendait mollement de sa boîte, et Golden Freddy avait regagné les coulisses, comme en témoignait les empreintes rouges qui couvraient le carrelage.
Cela signifiait qu'ils n'avaient plus besoin des corps. William se chargea d'emballer les cadavres dans des sacs poubelles pendant qu'Henry astiquait la pièce. Les corps furent ensuite jetés à la va-vite dans le coffre de William et il les conduisit chez lui. Dans le sous-sol, Henry avait eu l'idée de construire un four pour se débarrasser plus efficacement des corps. Les cendres furent ensuite dispersées dans la forêt, là où personne ne les retrouveraient jamais.
Lorsqu'il retourna au restaurant vers dix heures, l'heure où il était censé commencer, il ne restait plus aucune trace de ce qui s'était passé la veille. Les peluches des enfants avaient terminés à la poubelle avec le reste des déchets, et le camion poubelle était passé peu de temps après. La dernière étape, la plus complexe, fut le lavage de la fourrure de Golden Freddy, qui avait un peu marché dans le sang. Un peu de javel réussit à effacer les dernières traces de sang, même si elles laissèrent d'immondes tâches blanches décolorées dans la fourrure de l'ours. Elles passaient inaperçues pour la plupart, mais une grosse trace sous ses fesses était assez gênante. Le temps que les flics se lancent sur leur piste, les deux gérants espéraient que la saleté du sol rende la décoloration suspicieuse.
La dernière étape, la plus fastidieuse, fut de remettre les robots à leur place sur scène. Malgré le guidage, Freddy eut des difficultés à remonter les marches et Foxy manqua de tomber. Tant bien que mal, néanmoins, ils regagnèrent leur place sans un bruit.
Scott arriva quelques heures plus tard, en début d'après-midi. Il avait raté le service du midi, ce qui ne lui ressemblait pas, et il avait l'air épuisé. Il adressa un sourire triste à William et Henry, en pause café, avant de s'installer dans son bureau pour se mettre au travail.
"J'ai passé la nuit à chercher les enfants qui ont disparu, expliqua-t-il. Ils ne sont nulle part. Les caméras étaient éteintes hier, alors je ne sais pas où ils ont pu aller, dit-il, l'air véritablement peiné. Leurs parents sont effondrés, j'espère qu'il ne leur ait rien arrivé de mal ou je ne me le pardonnerais pas. Vous n'avez vraiment rien vu ? Aucun de vous ? dit-il à l'attention de Jeremy derrière lui, en train d'enfiler son uniforme.
— Rien du tout, répondit William, d'une voix incroyablement maîtrisée. Quelqu'un les a peut-être attiré dehors. Le quartier n'est pas très fréquentable, il pourrait arriver n'importe quoi.
— Il a raison, approuva Henry. Il y avait cette affaire sordide de kidnapping d'enfants devant l'école de la ville, il y a deux ou trois ans. L'homme n'avait pas été arrêté. Peut-être qu'il est toujours dehors ?"
Bien sûr qu'il était dehors, pensa William. Il était juste devant lui. Henry lui avait avoué difficilement qui étaient les fantômes des animatroniques du Circus Baby's World, et cela faisait froid dans le dos. Il avait trompé et tué pas loin de six enfants entre 1981 et 1984, tous enlevés aux abords de l'école. Seuls trois avaient "fonctionné", les autres avaient tout simplement disparus. La police avait enquêté, sans jamais parvenir à remonter jusque lui. Cela avait quelque chose d'effrayant. Soit ils n'étaient pas doués, soit Henry avait vraiment un talent pour masquer les preuves. Qui savait ce qu'il pouvait bien cacher d'autre ?
"Peut-être bien, répondit Scott. Quoi qu'il en soit, les policiers passeront en fin de journée fouiller la pizzeria. C'est la procédure habituelle. Ils ne pensent pas que nous soyons responsables, mais ils ont besoin de pistes pour commencer à chercher.
— Bien sûr, c'est tout à fait normal, répondit Henry. Bon, sur ce, quel est le programme de l'après-midi. Il y avait un anniversaire, non ?"
Le changement de sujet permit à tout le monde de se détendre. William espèra vraiment que leur travail du matin avait suffi. Scott ne ralluma les caméras qu'après avoir rempli un dossier administratif. Tout ce qui s'était passé entre la veille et ce jour à quatorze heures trente n'existait plus. Henry fut le premier à retourner se mettre au travail, suivi du reste de l'équipe.
L'après-midi se passa sans accroc. Un des gamins du coin fêtait son anniversaire et l'ambiance festive réchauffa les coeurs. William et Henry firent un nouveau spectacle dans leur costume, et Henry en profita pour "accidentellement" renverser le gâteau au chocolat bien dégoulinant sur le costume de Golden Freddy. En se frottant, il étala le chocolat derrière sa jambe, là où se trouvait la ligne blanchâtre dûe à l'eau de javel. Le résultat fut saisissant. La marque disparut entièrement.
Lorsque les policiers arrivèrent après la fête, guidé par Clay Burke, ils ne trouvèrent rien. Ils passèrent toutes les salles en revue, posèrent des questions aux employés et inspectèrent les robots. William et Henry s'en tinrent à leur théorie du kidnapping d'enfants, tout comme Jeremy, influençable, qui avait fini par se ranger de leur côté. Ils repartirent sans pouvoir prouver que les enfants avaient été dans les coulisses. Tout se déroulait comme prévu.
Au moment de la fermeture, William resta optimiste. Si les policiers n'avaient rien trouvé au jour un, il y avait fort à parier qu'ils ne trouveraient rien par la suite. Un doux sentiment d'euphorie le prit aux tripes : les choses sérieuses allaient pouvoir véritablement commencer.
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