Chapitre 30 : Bêtes de foire

Coucou ! Désolée de la petite absence la semaine passée, ce chapitre a été un casse-tête à écrire et je n'arrive toujours pas à en être satisfaite. Quoi qu'il en soit, le voici 😊

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Chapitre 30 : Bêtes de foire

Le bruit des os qui craquent sous les dents des fauves faisait partie de ceux que William n'oublierait jamais. Pour se débarrasser du corps de la garde de nuit, Henry avait eu l'idée de découper la femme en morceau et de la distribuer aux fauves du zoo d'à côté en pleine nuit. Le gérant n'avait aucune idée de pourquoi il l'avait accompagné, mais il ne pouvait détacher son regard du moignon ensanglanté qui dépassait de la gueule de l'énorme lion devant lui. La bête semblait apprécier ce repas hors du commun. Les soigneurs avaient intérêt à se méfier s'ils ne voulaient pas que le monstre y prenne goût.

A côté de lui, Henry souriait. Peut-être parce qu'il appréciait le spectacle, ou peut-être parce William avait cédé à ses demandes pour l'accompagner, il ne savait pas. Sans doute les deux. D'après ses propres mots, demain, les soigneurs penseraient à un imprudent qui avait voulu voir les fauves de trop près et classeraient sans doute l'affaire rapidement. Ou mieux, ils feraient sans doute exactement comme eux. Ce n'était pas exactement une bonne publicité. William détourna le regard, coupable.

"On ferait mieux d'y aller avant de s'attirer des problèmes, chuchota-t-il.

— Oui. Monsieur Cawthon nous attend dans la voiture. Dépêchons-nous."

Les deux hommes firent marche arrière et escaladèrent de nouveau la grande grille du parc animalier. William se glissa habilement de l'autre côté, mais Henry eut plus de mal à passer les énormes flèches d'acier qui ornaient la porte. Le métal crissa un peu sous son poids, mais il se laissa finalement tomber à un mètre du sol. Les deux hommes coururent ensuite vers la voiture noire qui attendait à quelques mètres de là, cachée derrière un buisson. Dès que les portes claquèrent, Scott démarra en trombes pour s'éloigner le plus rapidement possible du lieu.

"C'est fait ? demanda-t-il anxieusement.

— Oui, répondit Henry. Ils ne soupçonneront rien, on est trop loin de la pizzeria. Vous pouvez vous détendre. Tous les deux.

— J'espère que tu as raison, répondit William d'une voix sombre. Oublions juste cette histoire et passons à autre chose pour l'instant."

Le manager approuva d'un signe de tête distrait. Plus personne ne prononça un mot des deux heures que durèrent le trajet jusqu'à la pizzeria. Avant de repartir chez eux, les trois hommes veillèrent à nettoyer la voiture de Scott de fond en comble. Ils essayèrent tant bien de mal d'ignorer les coups délirants de la Marionnette derrière l'épaisse vitre du restaurant. Elle était de toute évidence très agacée par la barrière physique qui l'empêchait d'en finir avec ses proies.

Les trois hommes s'adressèrent un dernier regard entendu et se quittèrent sur le parvis de la pizzeria.

********

La Marionnette était très en colère. En colère après George, qui avait décidé de lui-même de s'en prendre à cette pauvre garde de nuit, en colère après les trois hommes devant le restaurant qui avaient caché le corps au lieu de le remettre à sa famille, et surtout en colère après elle-même pour ne pas avoir réussi à les en empêcher.

Depuis que William et Henry étaient revenus dans le restaurant, plus rien n'allait comme il le fallait. Golden Freddy, hors de contrôle, était prêt à tout pour venir à bout des trois hommes. Les deux enfants passaient leur temps à se disputer, de jour comme de nuit, et l'immortalité qu'ils avaient devant eux n'aidait pas à calmer les tensions. Son ami avançait l'idée que si William tolérait de nouveau Henry près de lui, des problèmes ne tarderaient pas à apparaître. Charlie, plus optimiste, espérait au contraire que cela change son père pour de bon et l'écarte définitivement du chemin macabre qu'il avait emprunté. Malheureusement, l'acte de Golden Freddy avaient ramené les deux hommes vers leurs démons, et ils n'avaient de toute évidence rien retenu de leurs précédentes aventures étant donné la froideur avec laquelle ils avaient nettoyé la scène de crime et s'étaient débarrassé du corps.

Lorsque la voiture s'éloigna, elle poussa un cri de rage et donna un nouveau coup dans la vitre, qui ne vibra même pas. Ses mains étaient trop fines pour l'endommager. Elle ne pouvait que regarder les coupables s'enfuir avec impuissance, sans pouvoir leur expliquer le fond de sa pensée. Elle poussa un soupir et abandonna la charge. A quoi bon ?

"Je te l'avais dit, l'avertit une voix derrière elle. Ils ne changeront pas."

Elle serra le poing et pivota vers l'ours. Comme à son habitude, il flottait quelques centimètres au-dessus du vide, le regard vide. Ses poils dorés étaient encore humides et rosés par endroits, là où les tâches de sang avaient eu du mal à partir. Son regard exprimait toujours de la colère, mais aussi un peu de culpabilité. Il fallait dire qu'ils étaient tous les deux de fortes têtes et qu'ils avaient parfois du mal à montrer leurs émotions correctement. La Marionnette s'en voulut immédiatement de déjà lui trouver des excuses. Il avait tué une femme ! Innocente, qui plus est. Elle savait pour les deux robots, et elle n'avait jamais rien dit. Elle ne méritait pas ce qui lui était arrivé.

"Peut-être qu'ils auraient changé sans ton intervention, siffla-t-elle. Qui sait ce qu'ils ont fait de son corps, maintenant ? Et si elle se retrouvait à errer comme nous, toute seule, tu y as pensé ? Elle doit être tellement effrayée...

— Charlie, elle avait décidé d'en parler à la police. Elle en parlait au téléphone avec son amie. Je n'ai fait que nous protéger !

— Tu l'as tué, George ! hurla la Marionnette. On ne peut pas tout résoudre par jouer avec la vie et la mort ! Tu deviens comme lui ! Comme eux ! dit-elle en pointant le parking derrière elle.

— Je ne m'excuserais pas, trancha-t-il froidement."

La Marionnette poussa un soupir. Cette discussion n'irait nulle part. L'ours était trop déterminé pour changer d'avis. Elle allait devoir ruser pour éviter qu'il ne reproduise ce schéma à l'avenir. Elle avait vite compris que dès que l'on commençait à tuer et qu'on y prenait goût, d'autres morts suivaient dans la foulée. Charlie n'avait jamais voulu ça. Elle ne l'avait pas ramené pour cette raison. A croire que tous les Afton aimaient jouer avec le feu. Il valait mieux éviter qu'il se brûle, ou l'incendie se propagerait si vite qu'il deviendrait incontrôlable. George avait basculé. William était au bord du gouffre. Si la situation continuait de se dégrader, elle ne doutait pas une seconde qu'il penche pour Henry. Après tout, il avait montré par le passé son obsession pour lui. Henry le fascinait autant qu'il le dégoûtait. Et ça en devenait trop dangereux.

Dépassée par la situation, elle préféra retourner s'isoler dans sa boîte. Golden Freddy essaya de l'interpeller, mais elle l'ignora copieusement. Elle avait besoin d'être seule. L'ours poussa un soupir et la laissa finalement partir.

********

Le lendemain matin, William fut le premier à arriver à la pizzeria. Il n'avait pas dormi de la nuit, et plutôt que de se perdre dans ses pensées, il avait décidé de ne pas perdre plus de temps et aller travailler. Il n'était que sept heures, personne ne viendrait avant encore deux bonnes heures. Il allait pouvoir travailler tranquille. Comme toujours lorsqu'il avait quelque chose à l'esprit, il choisit de faire de la maintenance sur ses robots. Il alla récupérer sa malle à outils et se dirigea d'un pas lourd vers la salle principale. La Marionnette ne pendait pas de sa boîte aujourd'hui. Il trouva cela étrange. Il jeta également un coup d'oeil dans les coulisses, mais rien à signaler. Golden Freddy était assis, même s'il avait légèrement bougé depuis la veille. Rien de bien grave.

Il s'approcha de l'ours et lui ouvrit le ventre, pour s'assurer que les springlocks étaient toujours serrés correctement. Il ne manquerait plus qu'un accident se produise en plein spectacle pour que les problèmes reviennent au galop. Juste lorsqu'il y pensa, un ressort sauta et rata de peu sa main. Il recula, apeuré, avant de lancer un regard sombre au robot.

"Tu es là, pas vrai ? George ?"

Et voilà qu'il parlait au robot maintenant. A quel point avait-il accepté l'impossible au point de descendre aussi bas ? Il leva les yeux au ciel et se reconcentra sur son travail. Il devait arrêter de croire aux histoires de Henry. Son fils était mort. Il ne reviendrait pas. Cela faisait presque deux ans que c'était arrivé maintenant. Il n'avait toujours pas tourné la page. Il serait hypocrite cependant de dire que la mort de Georges l'affectait autant que la perte d'Elisabeth. Les jolies boucles rousses de sa princesse, son sourire angélique et ses réflexions trop adultes pour son jeune âge lui manquaient davantage.

Le robot lui saisit brusquement le bras. William poussa un cri de surprise et essaya de se dégager. La prise était ferme. Le gérant releva les yeux vers la tête de l'ours, deux yeux d'un blanc surnaturel brillaient dans ses orbites vides. Même si le robot n'avait techniquement pas d'émotion, quelque chose lui hurlait qu'il était très en colère. A la simple pensée de ce qu'il avait fait à la garde de nuit, William paniqua. Il ne voulait pas finir dévoré par des lions. Il donna un grand coup de pied dans le torse du robot qui le relâcha immédiatement. Le roboticien rampa hors de la scène avant de courir vers son bureau sans se retourner. Il claqua la porte derrière lui, ferma le verrou, puis plaça une chaise sous la poignée.

Quelques secondes plus tard, il entendit que l'on grattait furieusement derrière la porte. Chaque coup repoussait un peu plus la chaise, et il craignit immédiatement que celle-ci ne tienne pas bien longtemps. Il n'avait pas tellement le choix d'espérer qu'elle reste à sa place. Il n'y avait pas d'autre issue dans la pièce. Des barreaux avaient été apposés aux fenêtres récemment pour empêcher d'éventuels intrus de s'introduire dans le bâtiment par l'arrière.

"William, chantonna une voix trop enfantine. Wilia-a-a-a-a-a-am ! répéta par-dessus une voix plus robotisée."

Un nouveau grand coup de pied fit trembler la porte et brisa un des gonds. Paniqué, le roboticien regarda autour de lui à la recherche d'une arme ou d'un autre moyen de défense. Il n'y avait rien ! Rien à part la grande armoire où était entreposée les chemises de la compagnie. Il ouvrit les portes avec difficulté, les mains tremblantes, avant de refermer derrière lui le plus discrètement possible. La porte vola en éclat et la chaise tomba lourdement au sol.

"Willia-a-a-m ?"

Le gigantesque ours doré entra dans la pièce et commença à regarder autour de lui. S'il avait été un vrai ours, William ne douta pas une seconde qu'il aurait la bave aux lèvres et le regard fou à la recherche de sa proie. Le gérant retint sa respiration alors que le monstre de métal se rapprochait de sa cachette. A bien y réfléchir, se cacher là n'avait pas forcément été la plus brillante de ses idées. Il n'y avait pas tellement de cachettes dans le bureau, et la sienne, de toutes, était la plus prévisible et cliché.

Une musique lui parvint depuis le couloir. La Marionnette déboula de nulle part et posa une main sur l'épaule de l'ours doré. Un instant, William se crut sauvé, mais l'ours la repoussa violemment avant d'avancer d'un pas décidé vers le placard. Il l'ouvrit en grand, prenant William au dépourvu. Les yeux des deux robots se posèrent sur lui, colériques.

"Ne... N'approchez pas ! Je vous préviens, je..."

L'ours poussa un grondement métallique inquiétant. Affolé, William regarda autour de lui. L'extincteur à incendie ! Il poussa le robot d'un coup d'épaule et se jeta sur la petite boîte. Il récupéra la bombonne et se retourna. Il aspergea les deux robots d'eau. Golden Freddy crépita. Plusieurs de ses ressorts lâchèrent et il se mit à convulser. William se précipita vers la sortie. Il tomba nez à nez avec Henry qui arrivait depuis l'entrée, alerté par le bruit.

"William ? Qu'est-ce qui se passe ?"

Golden Freddy déboula à son tour dans le couloir, mais avec beaucoup plus de difficultés. Henry écarquilla les yeux de stupeur. William le poussa.

"Reste pas là ! Cours !"

Les deux hommes se précipitèrent vers l'entrée du restaurant. Ils regagnèrent le parking à la hâte et se réfugièrent tous les deux dans la voiture d'Henry. Par la porte ouverte, ils aperçurent clairement Golden Freddy s'effondrer à terre, hors-service, ainsi que la Marionnette, intacte, qui regagna sa boîte comme si absolument rien ne venait de se passer. A bout de souffle, les deux hommes restèrent abasourdis. William se tourna vers son complice.

"Tu... Tu crois vraiment que c'est George ?"

La question surprit son collègue, mais son visage s'étira d'un sourire.

"Je ne sais pas, tu crois toujours que je suis fou ?"

Le roboticien resta silencieux, mais échangea un regard entendu avec lui. Ils allaient devoir avoir une vraie discussion très bientôt.

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