Chapitre 28 : Le monde est lent

Coucou ! On attaque la troisième partie de cette fanfiction :D Le chemin est encore long, mais William va réussir à s'en tirer, pas vrai ?

https://youtu.be/i_l9Rm-Ep1c

Chapitre 28 : Le monde est lent

Assis sur le canapé de son salon dans une mare de déchets, William restait amorphe. Cela faisait quelque chose comme trois semaines maintenant qu'il se trouvait dans cet état. Il ne savait plus à quand remontait son dernier bain, ni la dernière fois qu'il avait vu son lit. Plus rien n'avait d'importance. La télévision passait de vieux dessins animés de Fazbear Friends qu'il regardait sans vraiment les voir. Habituellement, ils étaient programmés le matin. Etait-ce déjà le matin ? Il ne savait plus vraiment. Les volets de sa maison n'avaient pas été ouverts depuis longtemps.

Son téléphone sonna depuis la cuisine. Il tourna la tête quelques instants vers la nuisance sonore avant de pousser un long soupir et de se recoucher dans son fauteuil. Sûrement Scott, encore une fois. Il passait quotidiennement pour s'occuper de lui, quand bien même William ne faisait que le repousser et lui hurler dessus. Une part de lui savait qu'il voulait l'aider à remonter la pente et enfin sortir la tête de l'eau, mais il avait fini par se demander s'il restait quelque chose à sauver chez lui. Sa vie partait en lambeaux et plus rien ne pourrait jamais la relancer comme avant. Tout avait une fin.

Le Circus Baby's World n'y faisait pas exception. Après les deux accidents consécutifs, le gouvernement avait exigé la fermeture du restaurant. Officiellement, ce dernier était lié à des fuites de gaz pouvant provoquer de fortes hallucinations. Cela avait permis aux médias de se détourner du problème. Rien de paranormal, pas d'enfanticide masqué comme ils l'avaient sous-entendu. Les robots avaient été déménagés dans le sous-sol de William, à côté de la pizzeria Freddy Fazbear. Il avait décidé de revenir habiter ici, initialement dans l'optique de reprendre son travail au restaurant.

Mais voilà, plus le temps passait, et moins il avait envie d'y retourner. Trop de mauvais souvenirs, et cette foutue Marionnette qui hantait toujours les lieux. Rien ne lui donnait envie de continuer. Il s'était résigné à rester sur son canapé et attendre que quelque chose se passe.

Malheureusement, comme tous les jours à dix heures et quinze minutes précises, la porte s'ouvrit en grand. Scott déposa un sac de courses sur le comptoir, puis renifla en retroussant le nez, clairement dérangé par l'odeur. Il poussa un long soupir et ouvrit les volets pour aérer un peu la pièce. William tourna à peine la tête vers lui, habitué à le voir aller et venir dans sa vie depuis le début de cet enfer. Il finirait bien par se lasser, lui aussi.

"William, ce n'est plus possible."

Et voici le sermon du jour ! pensa-t-il en levant les yeux au ciel. Il attrapa un coussin et le mit puérilement sur sa tête pour éviter son regard inquisiteur. Le manager soupira avant de lui arracher son outil de défense des mains.

"Tu comptes rester à te morfondre ici jusqu'à la fin de tes jours ? Ressaisis-toi, bon sang ! Tu ne peux pas baisser les bras comme ça et me laisser avec le restaurant sur les bras ! Ce qui t'arrive est terrible, mais ce n'est pas en restant comme ça que ça va aller en s'arrangeant. Tu crois que je n'ai pas assez de peine comme ça ? Je tiens à toi, William, et je ne compte pas te laisser t'empêtrer dans cet état de putréfaction ! Alors tu vas te bouger les fesses avant que je prenne des mesures plus drastiques.

— Comme quoi ? râla le gérant.

— Pour commencer, parler à Maggie. Comment crois-tu qu'elle se sent ? C'est moi qui ait été obligé de lui annoncer ce qui s'est passé ! Je n'arrive pas à croire que tu l'as tenue éloigné de ça pendant presque trois semaines ! Elle n'a même pas pu venir à l'enterrement, tu imagines le choc que ça lui a fait ?! Elle est... Elle est aussi très remontée contre toi, je ne te conseille pas de croiser sa route pour l'instant. Tu devrais lui parler... Ce n'est pas mon rôle."

William poussa un grognement à peine humain et se recoucha plus confortablement dans son fauteuil. Son ami soupira avant de se poster devant lui, les mains sur les hanches.

"Bouge de là et va prendre une douche, ordonna-t-il.

— Ou quoi ?"

Le visage de Scott vira au rouge. Il attrapa la couverture sous lui et tira dessus jusqu'à ce que William, surpris, bascule à terre, sur les fesses. L'intéressé le fusilla des yeux avant qu'il ne se lève. Son ami le menaça avec le coussin qu'il tenait à la main pour le dissuader de se rasseoir. Le roboticien finit par obtempérer et se dirigea d'un pas traînant vers la salle de bain.

Le reflet que lui renvoya le miroir le fit sursauter. Les cheveux trop longs, gras et en bataille, la barbe sale, il ressemblait davantage à un prisonnier en cavale qu'au brillant mécanicien dont la photographie apparaissait dans les journaux. Il détourna les yeux, gêné, pour faire couler de l'eau dans la baignoire. Il fouilla ensuite les placards à la recherche de vêtements propres, tout en évitant soigneusement ceux d'Elizabeth qui traînaient encore ici et là. Il n'avait pas encore réussi à retirer ses affaires, comme si son esprit refusait tout simplement sa disparition. L'eau vira au gris sale lorsqu'il s'immergea intégralement.

Après un bain chaud et pas forcément aussi désagréable qu'il ne l'aurait crû, il passa dix minutes à redonner un peu de forme à son visage : rasage, décrassage. Dans le miroir, il lui fit l'impression d'un fantôme. Son visage rond s'était creusé et son ventre pendait un peu. Ses pommettes saillaient davantage, et ses yeux bruns étaient tirés par d'énormes rides noires qui lui donnaient l'air d'un panda décoloré et triste. Il démêla difficilement ses cheveux et leur redonna une allure correcte avant de regagner le salon.

Scott l'inspecta des yeux avant de sourire, satisfait. Le temps qu'il se lave, son manager avait ouvert toutes les fenêtres, déblayé son espace de vie et il terminait la vaisselle, un grand sac poubelle plein à ses pieds.

"Tu n'es pas obligé de faire ça pour moi, dit son ami d'une voix triste.

— Ne me joue pas les chiens battus, tu sais très bien que je l'aurais fait de toute façon. William, s'il te plaît... Ne reste pas enfermé ici. Reviens à la pizzeria, même une ou deux fois par semaine, pour réparer les robots. Je n'aime pas te savoir seul ici. Et puis, ça devient difficile de tout gérer moi-même. J'ai besoin de toi.

— Scott...

— S'il te plaît..."

Il poussa un soupir qui élargit un peu plus le sourire de son manager.

*********

Le lendemain matin, debout devant les grandes portes rouges de la pizzeria Freddy Fazbear, William hésitait. Son cerveau voulait faire plaisir à Scott, mais son coeur et surtout ses jambes n'avaient pas vraiment envie de passer le pas. Conscient d'être observé par les passants trop curieux qui se demandait pourquoi un homme se tenait devant l'ouverture depuis dix minutes, il finit par avancer d'un pas mécanique.

Dès qu'il passa le perron, un employé inconnu releva la tête du comptoir où il était confortablement installé. Le jeune homme roux, la vingtaine à peine, remonta son noeud papillon rouge mal-assorti à sa veste en tweed d'un geste théâtral et ouvrit grand les bras.

"Bienvenue chez Freddy Fazbear Pizza, là où la fantaisie prend vie ! Nous ne sommes pas encore ouverts. Vous venez pour un renseignement ?"

William haussa un sourcil. Le gamin avait-il ne serait-ce qu'ouvert un journal récemment pour ne pas le reconnaître à ce point ? Ou s'était-il absenté tellement longtemps que tout le monde l'avait oublié ? Presque tout le monde, en jugea-t-il à l'arrivée souriante de Henry, les mains remplies de composants électroniques. Il adressa un clin d'oeil au gérant avant de disparaître dans la salle de restauration. Comme hypnotisé par cette apparition inattendue, William resta complètement figé sur place.

"Qu'est-ce qu'il fait là ? demanda-t-il au gamin de l'accueil."

Le jeune homme plissa les yeux, un peu suspicieux, avant de les écarquiller de surprise, comme si les deux uniques neurones de son cerveau venaient d'opérer une connexion miraculeuse.

"Mais vous êtes monsieur Afton ! Je... Je suis désolé, monsieur, je ne vous avais pas reconnu ! C'est que... Enfin... Je ne vous attendais pas aujourd'hui, et... Euh... Je... Je vais prévenir monsieur Cawthon de votre arrivée."

Il s'éclipsa à reculons, trébucha maladroitement, patina au sol et disparut finalement dans le couloir de service en criant le nom de son manager. William s'approcha du bureau et plissa les yeux pour lire le nom sur le petit écriteau blanc. "Jeremy Fitzgerald". Il avait l'air un peu idiot, mais si Scott l'avait engagé, il devait avoir quelque qualité utile. Il faisait entièrement confiance à son homme de main. Plutôt que d'attendre sagement, William fit un pas vers la salle principale.

La décoration avait un peu changé : les murs étaient désormais bleus et recouverts de gribouillis d'enfants, une zone avait été aménagée plus à l'écart, la fameuse antre des pirates, et de nouvelles machines d'arcade et autres jeux pour enfants rendaient maintenant difficile le passage entre les tables. La salle était encore déserte, il n'était que dix heures après tout, mais vu l'état de dégradation assez avancé de la piscine à boules, il ne doutait pas que la fréquentation du restaurant avait doublé, si ce n'était plus, durant son absence.

Sur la grande scène, toujours immobiles, Freddy, Chica et Bonnie attendaient patiemment leur heure, comme toujours. La scène de Fredbear et Springbonnie n'existait plus, remplacée par un comptoir à prix coloré où de nombreuses peluches à l'effigie des stars de la pizzeria attendaient les mains de leurs nouveaux propriétaires. Juste à côté, dressée au-dessus de sa boîte bleue rénovée, la Marionnette attendait elle-aussi son heure. William frissonna d'effroi à la vision de sa fine silhouette qu'il trouvait désormais terrifiante. Certaines choses ne changeaient malheureusement pas.

Henry était lui occupé avec Foxy, à côté du barre à salade. Le robot avait perdu une partie de son ventre après que plusieurs enfants aient envahis sa scène. Son costume avait toujours été le plus fragile après tout. Le retrouver dans cet état lui fit un peu de peine, même s'il éprouvait un étrange sentiment de distanciation avec ses robots, comme s'ils ne lui appartenaient plus vraiment. Il regarda autour de lui, avant de finalement s'approcher de Henry.

"Depuis quand tu travailles ici ? l'agressa-t-il.

— Depuis deux semaines, répondit-il sans se détourner de son travail. Ton manager m'a fait remplir un contrat d'embauche en bonne et due forme. Je crois qu'il se sentait mal de me laisser à la rue après la fermeture du Circus Baby's World. Je ne vais pas m'en plaindre.

— Et officieusement ? C'est quoi la raison ? Tu veux encore plus foutre la merde et continuer tes sordides recherches en te servant de l'établissement pour couvrir tes conneries ?"

L'homme posa son tournevis à terre et lui lança un regard véritablement peiné.

"Je pensais sincèrement qu'on avait dépassé ce stade, toi et moi. Mais je vois que je vais encore devoir te convaincre du bien fondé de mes recherches. Allons, William, tu l'as bien vue se promener dans ton sous-sol, pas vrai ?"

William garda le silence. Même s'il essayait de l'ignorer, depuis que Circus Baby avait été déplacée avec ses collègues dans les sous-sols, elle était bien plus active et curieuse que la Marionnette. Parfois, William regardait les caméras de suveillance, songeur, avant de repousser brutalement l'idée que cette chose soit sa fille prisonnière de ce corps robotique. Il déglutit difficilement avant de détourner le regard. Il n'avait pas envie d'en parler pour l'instant. Henry ne l'entendait pas de cette oreille.

"Tu sais que ma proposition tient toujours, dit-il à voix basse. Quand tu seras prêt, viens me voir."

Ils furent interrompus par l'arrivée en grande pompe de Scott, dans un costume vert à la fois très moche et très classe, tiré à quatre épingles comme à son habitude. Il offrit un sourire rayonnant à son acolyte. Le petit rouquin le suivait de près, calepin à la main, comme un bon petit toutou. William ne l'aimait pas et cela ne faisait que quelques minutes qu'il le connaissait. Il lança un regard interrogatif à son manager, qui poussa le jeune homme devant lui.

"Je suis content de te voir enfin en dehors de ta grotte, s'enthousiasma-t-il. Je vois que tu as déjà reconnu notre nouveau mécanicien, dit-il d'un ton légèrement suspicieux, mais je ne t'ai pas présenté Jeremy. Il s'occupe de l'accueil et des performances en costumes. Les enfants l'adorent et il est plutôt doué. On a aussi un nouveau cuisinier, Josef, et une garde de nuit, Diana, embauchée pas plus tard qu'hier.

— Une garde de nuit ? s'inquiéta le gérant.

— Eh bien... Nous avons eu quelques problèmes d'infiltrations nocturnes pendant ton absence, avoua-t-il. Elle va se contenter de les chasser. Enfin bref, voilà les nouveautés. Fais comme chez toi, tu sais où me trouver en cas de besoin, chef."

La nouvelle ne l'enchantait pas vraiment, mais il n'avait pas tellement le choix. Alors que les discussions allaient bon train, William se surprit à sourire. Les choses reprenaient un semblant de normalité. Mais pour combien de temps encore ?

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