We'll never die

                      Sinclair








Un mois de réclusion, et c’est déjà l’enfer. Alors cinq ans, je préfère ne pas perdre mon temps à essayer d’imaginer ce que ce sera. Je ne veux pas me mettre à pleurnicher. Ce n’est pas mon genre, mais penser à Holy, squelettique et inconscience sur le banc de cette salle d’audience me fait toujours le même effet. C’est encore pire que le poids de mes péchés. Et comme il n’y a rien de plus sincère que les larmes d’un homme, c’est pour elle que je les verse chaque nuit, la tête enfuie dans mon oreiller. Ça ne dure pas, mais elles en manquent jamais à l’appel. Comment pourraient-elles, en tenant compte tout ce qu’elles signifient.


Holy je t’aime de toute mon âme. Holy tu me manques comme le soleil et la pluie. Holy attend moi, je t’en prie. Holy ne m’oublie pas, entretiens mon souvenir. Holy tient tes promesses, aime-moi jusqu’au bout, je t’en supplie. Holy continue de croire en moi, en nos rêves. Holy bats toi pour nous. Holy résiste, va de l’avant, continue à vivre. Holy je suis là, fais-moi une place éternelle dans ton cœur. Holy pardonne-moi. Holy je t’attends, viens à moi, je meurs. Holy épouse-moi. Holy j’ai peur.


Holy, Holy, et encore Holy. Et donc ces larmes sont ma prière du soir. Tout croyant en fait afin rendre grâce au ciel pour la journée écoulée, et pour demander la protection contre les forces démoniaques qui errent la nuit. Moi je répète la mienne avec l’espoir. Est-ce possible ? Est-ce réaliste ? Certainement pas, mais c’est la seule chose qui m’aide à tenir. Me bourrer le crâne de sottises, me nourrir d’espoirs, même et surtout pour des choses improbables, et visualiser ma prochaine vie. Celle d’après ma sortie. Je le vois là, avec moi, dans notre lit. Je repense à ses sourires, à ses mimiques, à ses réparties loufoques. Je la vois en train de danser pour moi, belle, si belle, trop, beaucoup trop belle et m’aguichant en seulement un battement de cils. Je la vois sur moi, me sondant de son regard si spécial, avec tant d’amour que pendant ces instants, j’avais l’impression de devenir quelqu’un d’autre, quelqu’un de bien, l’homme que je veux être pour elle et avec elle.
Ouais c’est ça, je me suis trouvé dans son regard.


À présent elle m’en veut. Ma mère me l’a dit, le fait qu’elle ne soit toujours pas venu me rendre visite me l’indique et ça fait mal. Pour autant, je ne regrette rien. J’ai fait ce qu’il fallait, en allant raconter la vraie version des faits au procureur. Faye n’avait pas à payer pour mes erreurs, ni pour mes faux pas. Parce qu’il s’agit bien de ça : une faute d’inattention. Danich nous a tous berné c’est certain, mais j’étais censé être plus intelligent que ça. J’ai eu le temps de me souvenir de ses menaces, de toutes ces fois où j’ai eu l’impression d’être suivi, ou d’avoir été fouillé, sans jamais penser à elle. Holy a raison on l’a trop sous-estimé, moi le premier. Et cette erreur va me couter cinq ans de ma vie.
J’ai joué, j’ai perdu, mais Holy l’a dit elle-même, malgré qu’elle n’en saisi plus le sens aujourd’hui, on a grandi. Et bien avant le bonheur, doit et se classera toujours la paix. Celle du cœur, ma quête, un calvaire…


Mais je suis prêt. Pas content et apeuré c’est vrai, mais je lui dois ça. Je le leur dois à tous. Les Tiger se sont montrés solidaires envers ma famille et de toute façon, ma tigresse, même si elle refuse de se l’admettre, ne m’aurait pas pardonné, si j’avais agis autrement. On le sait tous, je suis coupable.


Je la connais ma tigresse : c’est sa façon à elle d’aimer. Une sorte de mécanisme d’autodéfense contre l’agressivité de son amour. Elle souffre de mon absence, alors elle essaie de se protéger. Protéger son cœur, de la solitude et de la douleur. Je la connais, comme mon propre cœur. Normal, c’est elle qui lui a redonné vie. Je la connais, comme ma propre chair, et ce n’est pas plus mal. Ce simple fait arrive à apaiser mes peurs. Je me dis que même si ça été aussi court, ça été pour le meilleur et pour le pire, tellement bon. Si bon qu’elle n’est pas prête de m’oublier tout de suite.
Je la porte dans mes veines, elle aussi, j’en suis certain. Elle me pardonnera ça aussi j’en suis sûr. Quant à ce qui est de m’attendre par contre…




–– Eh monsieur le maire ! m’interpelle le gardien, bien content d’amuser la galerie au passage. Tu as de la visite, et pas n’importe laquelle.




Ça siffle dans les alentours. Pas besoin d’être Einstein pour comprendre de quel type de visite il s’agit à partir de ses grimaces salaces. Holy est là, enfin. Ma mère m’en a informé dans la semaine, mais connaissant les talents de boudeuse de ma tigresse, j’avoue, je me suis interdis d’y croire. Être déçu en temps normal c’est déjà super moche, alors être déçu et enfermé… je ne veux pas essayer.
Je fais fi du brouhaha dégoutant qui dégouline autour de moi et suis le gardien dans les couloirs, non sans me faire violence pour contenir ma hâte. Elle est là putain, ça me fais mille et une sensations toutes différentes à la fois. Je brûle, j’ai froid et j’ai envie de vomir. Tout à la fois. Quoi de plus illustratif pour me confirmer ce que je sais déjà : elle est la plus grande énigme de ma vie.


Je me fais fouiller, j’entends à demi-mot les consignes données, mon esprit s’est déjà envolé. J’y suis déjà avant même de l’avoir franchie, cette seule porte qui nous sépare à présent l’un de l’autre. Et tout à coup, je n’en suis plus aussi certain.


On change tous, surtout après que la terre ait tremblé sous nos pieds. L’instinct de survie nous révèle à nous même. C’est ancré en nous, ce besoin constant d’évoluer. Elle le voudra elle aussi, et je serais là, statique, ici, à lui retenir le pied.




–– C’est vrai qu’il y en a qui ont la chance hein. Vise-moi cette beauté.




Et je lui claque la porte au nez, à défaut de lui claquer autre chose.




–– L’heure tourne mon salaud, l’entends-je crier de l’autre côté de la porte, quand toute attention est à présent posé sur elle.




Elle est là. La même et une autre à la fois, mais toujours aussi belle. Me fait déglutir d’appréhension tant son regard sur moi est indéchiffrable. M’a-t-elle fermé son cœur ? Je me raidis à cette seule idée. Je vois la souffrance dans chaque trait de son physique de rêve, et si c’était déjà difficile de composer avec ça loin d’elle, maintenant c’est encore pire.


Elle va me pardonner, m’attendre, elle va rester…



Voilà ce que je veux croire. Pour ne pas perdre la tête. Pour tenir bon ici, croire en cette vie d’après. Voilà de quoi est fait tout mon regard sur elle : de passion, de suppliques, d’espoir. Mais si je veux être entendu, il faudra parler. Il faudra aussi l’écouter, et vite, car le temps est désormais contre nous. Beaucoup plus qu’à l’origine.




–– Tu fais la grève de la faim maintenant ? On peut savoir pour quelle cause ? Je pourrais être intéressé moi aussi, on ne sait jamais.




Elle a maigri. Beaucoup, même s’il y a une nette amélioration depuis la dernière audience. Son regard aussi est marqué. Gonflé de cerne, il manque de vivacité, ses cornées ont perdu de leur blancheur et on voit bien qu’elle a du mal à garder les yeux grands ouverts. Ils doivent faire mal, comme son cœur, comme le mien.




–– Joue pas avec mes nerfs Sinclair. Je te jure que c’est très mauvaise idée.




Elle se met sur ses jambes, offrant à ma vue sa silhouette affublée d’une robe évasée en cuir noir et qui, moins la turgescence de ses fesses et de ses seins ayant résisté à son mauvais régime alimentaire, aurait été au goût de Vogue. Et là sans surprise, je me prends une méchante décharge électrique dans le corps. Il a bien raison ce con de Trevor Granger ––je parle du gardien de tout à l’heure–– j’ai bien de la chance.  Sur cette pensée, mes lèvres s’étirent d’un sourire appétissant si j’en crois, l’agitation soudaine de ma tigresse. Bien décidé à me consumer pour de bon, je décolle mon épaule de l’encadrement de la porte, et fonce vers elle comme si j’avais le diable à mes trousses.




–– Enfoiré ! Crapule ! Menteur…




Une gifle refreine mes ardeurs, des coups contre mon thorax finissent de les piétiner. Ma reine se déchaîne, les griffes bien aiguisées. Ça fait mal, c’est surtout bon, trop bon d’ailleurs pour les circonstances je pense. Je deviens maso apparemment. Ou alors, j’accepte simplement de porter ma croix.

Elle finit par se calmer, par se blottir contre moi. Très fort, partagée entre l’envie de m’étouffer et celle de se fondre en moi. Je sens aussi ses ongles. Pointus, ils me châtient malgré la couche orange qui les sépare de ma peau.




–– Tu m’en veux, n’est-ce pas ?




–– Je te hais, gémit-elle, son regard chaud arrimé à la froideur du mien.




Le désert contre la mer. Sa chaleur, ma glace.




–– Il le fallait, et tu le sais. La situation m’a échappée, et de toute façon, il fallait bien que je paie pour mes erreurs. Tu t’en souviens ? Tu me l’as toi-même dit un jour. Le karma.




Elle secoue la tête, le nez froncé de désapprobation.




–– Ne me renvoie pas ma connerie au visage, je t’en prie.




D’un geste brusque elle virevolte et manque de retrouver le sol grâce mes bras restés près à la garder. Je vois rouge l’espace d’un instant. Le temps que la compassion remplace la colère qui m’est montée à la tête. S’est-elle nourrie aujourd’hui ?




–– Viens, on va s’asseoir.
Le petit lit grince sous notre poids, puis quand je me lève.




–– Il doit bien y avoir un truc à consommer dans ce boudoir, soupiré inquiet en m’accroupissant au niveau du mini-frigo.




–– Je ne mange pas de la merde de taulard, balance-t-elle hargneuse.




La justesse du tir, aussi cruel soit-il, me va droit au cœur, mais j’avale en silence. Et puis merde…




–– Tu ne manges simplement pas, c’est différent. Tu veux te tuer ou quoi ?




–– Tu m’as déjà tué. Tu sais quoi, on va arrêter de parler et passer plutôt à l’essentiel, grimace-t-elle dégoût en observant cette pseudo chambre de motel à bas prix. Qui sait jusqu’à quand je serais en mesure de supporter ça. Alors tais-toi et baise-moi.




Le coup de griffe cette fois est mortel. Elle s’en rend bien compte, elle ne me connait comme personne. Pourtant elle reste égale à elle-même, tout était calculé. Elle veut me faire payer ses maux d’amour, seulement ceci équivaut aussi à sa propre destruction et ça, je ne peux pas laisser faire.




–– Hors de question, refusé-je à contrecœur. Il faut qu’on parle. Tu ne peux pas continuer comme ça.




Le regard exorbité, son sourire ébahi se mue rapidement en une moue de haine.




–– J’ai mal entendu ou tu me repousses ?




–– Ce n’est pas ça Holy. Tu manques de force. Regarde-toi.




–– C’est aussi pour ça que tu as refusé de sortir sous caution avant le procès ?




–– Tu sais très bien pourquoi.




–– Non je ne sais pas ! s’emporte cette fois ma tigresse, le visage lisant de larmes. Tu aurais au moins pu me laisser le temps de me faire à l’idée…




–– Ou le temps de te donner de faux espoirs, et peut-être de mauvaises idées. Tu sais que j’ai raison. Tu crois que quoi, j’ai eu mal aussi. J’ai toujours mal. Et tu ne facilites pas la tâche Holy.




–– Alors épouse-moi.




J’ai un mouvement de recul. Aussi sonné que ravi, mais conscient tout de même.




–– Holy…




–– Tu vois, c’est bien ce que je me disais. Tu ne m’aimes plus.




–– Tu ne peux pas faire l’enfant toute ta vie Holy. Ça suffit ! Et arrête de pleurer, ça me rend dingue. Je suis tombé amoureux d’une guerrière, pas d’une mauviette. Comporte-toi comme une femme, une vraie, ou alors sort d’ici et ne reviens jamais.




Ma gorge serre, mais je dois continuer. Il faut qu’elle rebondisse. Ça a trop duré.




–– Je t’avais dit, suffoque-t-elle en fonçant sur moi, comme une voiture folle, belliqueuse jusqu’aux ongles. Je t’avais dit de ne pas me mentir. De ne pas me donner de faux espoirs. Tu avais promis que jamais plus je ne serais seule. Et regarde maintenant ! Je fais quoi moi maintenant, hein ? Comment je fais pour vivre ? Je ne sais pas où commencer. Et nos projets ? Et nos rêves ? Et mon cœur qui coule, qui m’entraîne avec lui, hein ? Je meurs sans toi Sinclair, finit-elle par s’apaiser, la tête inclinée, les épaules affaissées.




On en connu des douleurs tous les deux, pas des moindres, mais jamais je n’ai pensé qu’une autre aurait pu surpasser celles du passé. La prendre dans mes bras, j’y pense en premier, mais me rétracte au dernier moment. On a cinq années de calvaire à passer, la dorloter n’est certainement pas la meilleure option compte tenu du contexte. Il faut d’abord mettre les choses au clair. Aujourd’hui et maintenant, si nous voulons avoir un demain et un toujours. Alors je l’entraîne devant le bout de miroir collé au-dessus du lavabo fixé juste à côté du lit.




–– Regarde-toi. Et regarde-moi Holy. Tous ternes, tous tristes. C’est ça que tu veux pour nous ?




–– Tu l’as voulu, m’accuse-t-elle en se couvrant la face.




–– Tu aurais préféré que Faye paye pour mes crimes Holy ? Mes crimes bon sang ! Sort ta tête de ton cul. Il faut que tu comprennes. D’ici je ne peux plus rien pour toi. Je ne serai pas là Holy. Et s’il t’arrive quoique ce soit là-bas en mon absence, alors tu m’auras tué toi aussi.




Ses sanglots s’intensifient et à nouveau elle se love contre moi. La gorge et les cornées en feu, la bouche amère, cette fois je suis qui l’étouffe pour me fondre en elle. J’aimerais tellement pouvoir annihiler ses peurs, absorber sa tristesse, mais c’est impossible. C’est impossible on le sait tous les deux. Tous les deux marqués au fer rouge, pour toujours et à jamais. Il ne nous reste plus qu’à accepter les choses. Moi je l’ai fait, pas elle et c’est d’autant plus difficile.


Je l’ai finalement portée jusqu’au lit et nous sommes allongés dans le silence, l’un contre l’autre. Ses spasmes et ses larmes se sont eux aussi apaisés, même si la douleur elle, grossi avec le temps. Je rêve d’un baiser, je brûle de désir, mais demeure dans ma retenue. Je pense à elle, plus qu’elle ne le fait elle-même, aussi folle de douleur que d’amour. Un amour souffrant de restriction. Et toujours, les mêmes questions dansent dans ma cervelle : est-ce qu’elle va m’attendre ? Elle m’a demandé de l’épouser, ça devrait suffire à répondre à mes angoisses et pourtant… je ne sais pas, une partie en moi me dis que je ne dois pas.




–– On s’est pris un coup à la gueule hein, rompt-elle le silence au bout d’une longue inspiration, me devançant ainsi de peu.




–– J’avoue, je n’ai rien vu venir. Ça été si brusque.




–– Terrassant, spécifie Holy. Il n’y a pas meilleur mot pour le décrire. Je me sens terrassée, émiettée, démunie. Comme un haillon après une longue et abondante pluie.




–– Je sais. Tu me manques. Le vide est un supplice. J’ai l’impression d’être entourée de flammes infernales, tout le temps.




La pression de sa main sur la mienne est la seule réponse à cet aveu, mais le silence ne l’emporte pas longtemps cette fois.




–– Eva appelle ça un cataclysme existentiel. Quelle connerie. J’ai repris mes séances avec elle, ta mère a dû t’en parler.




–– Oui et ta mère aussi. Ça se passe bien ?




–– Non, pas vraiment. Je déteste tout le monde en ce moment. Je suis sûre qu’ils ont tous envie de m’étriper, mais dommage pour eux, j’ai des circonstances atténuantes.




L’entendre rire soulève quelque chose d’étrange en moi. Dieu merci, quelque chose de chaud.




–– Et bien sûr tu vas en profiter pendant un moment, conclus-je pour elle, amusé par son éternelle mauvaise foi.




Cette femme aura ma peau. 




–– Monsieur a bien fait ses classes on dirait.




C’est bon de rire à nouveau, tous les deux, ensemble. Il y a de l’espoir finalement, bien que mes questions restent en suspens. À vrai dire, et je m’en rends seulement compte maintenant, j’ai peur de m’exprimer clairement sur mes envies. J’ai peur de me heurter au refus. J’ai honte de la contrainte sous-jacente à toute supplication.




–– C’est que tu es le meilleur sujet d’étude du monde Holy.




–– Pourquoi tu refuses de m’épouser ?




Déterminée et un peu rancunière, elle se redresse pour chercher mon regard.




–– Tu mérites mieux que la taule, lui réponds-je en toute franchise, même si mon cœur saigne de cette vérité. Je ne peux pas t’imposer tout ça.




Et un de dit, ma honte à l’étalage.




–– Mais j’espérais seulement te faire comprendre que je suis à toi aujourd’hui et pour toujours.




–– C’est vrai ? m’excité-je comme un gamin ébahi, les yeux écarquillés d’émerveillement.



Dans mon empressement, j’ai décollé mon buste du drap rose dont est recouvert le matelas, et entraîné ma beauté dans le mouvement. Le sang en ébullition, le souffle court, le cœur aux abois, je traque le doute sous toutes les formes sous lesquelles il pourrait se présenter, sans jamais le trouver. Holy sourit faiblement, et la pièce reprend des couleurs.




–– Je t’ai dit que tu ne vas pas de débarrasser de moi.




Mon cœur s’affaisse, je retrouve ma paix intérieure. Je le réalise à l’instant, je marchais sur des œufs tout ce temps.




–– Tant mieux alors. Tant mieux, parce que j’ai très envie que tu m’attendes.




Et deux de dits, mon espoir et mon désespoir à l’étalage. Tout est dit à présent.




–– Il est bientôt l’heure.




Je renonce au baiser dont j’ai tant envie pour la prendre dans mes bras, respirer son parfum et ressentir sa chaleur avant d’en être privé pour un long moment. C’est tout ce que j’aurai, tout ce qu’elle aura aussi, pour tenir le coup à chaque intervalle, jusqu’à ma libération définitive : des souvenirs.




–– Je sais.




–– Tu me manques déjà.



–– Je t’aime.




–– Je te tiens, susurre-t-elle à mon oreille à son tour. Jusqu’au bout, comme on s’est promis. Je suis ton âme sœur, tu te souviens ? Je suis l’amour de ta vie. Je suis ta putain d’âme-sœur. Je suis l’épine dans ton pied et la couronne sur ta tête. La lance face à toi et le bouclier contre toi. Le sac dans ton dos et la cape sur tes épaules. Je suis tout ça, seulement pour toi. Et je ne vais nulle part sans toi.




–– Tu les as retenus, souris-je contre son oreille, tandis qu’une larme me brûle la joue.




Ma déclaration d’amour dans le parking de l’hôpital, c’est fou, moi non plus je ne l’ai jamais oubliée. Je l’avais pourtant pas préméditée.




–– Je retiens tout de toi.




Je passe une main dans ses braids de couleur marron clair, comme je les préfère, et elle me mord l’épaule pour mieux me marquer. Je souris, attendri… Comme si je pouvais ne serait-ce qu’envisager de l’oublier. Je ne pourrais pas, même si je le voulais.




Voilà longtemps déjà qu’on est fichus à vie.




–– Prends soin de toi d’accord ? Je ne veux plus te savoir en pleure. Un jour tu as dit m’avoir choisi. Aujourd’hui de te demande de te choisir toi. Vis, autant que possible, reviens me voir dès que tu en ressentiras le besoin, mais ramène-moi de la joie.




Elle pleure putain, elle pleure. Je vais exploser.




–– D’accord, nasille cette dernière entre deux reniflements. Mais toi aussi tu fais attention. Tu ne cherches pas d’histoire. Tu…




–– Chut, l’apaisé-je d’une caresse dans le dos. Ne t’en fais pas, je sais prendre soin de moi. Et j’ai bien trop hâte de reprendre ma vie à tes côtés.




Nous séparons peu à peu, puis naturellement, nos lèvres se moulent l’une à l’autre, sous les impulsions de nos cœurs à l’agonie, tourmentés par les aiguilles qui basculent en notre défaveur. Trop de sentiments, trop peu de temps. On se devra se contenter de se baiser la bouche chastement, timidement. Il ne faudrait pas réveiller la bête, alors qu’elle ne sera pas assouvie par la suite.




–– Je vais pleurer souvent, mais je vais m’accrocher, me promet-elle sur le pas de la porte, la main agrippée à mon bras, avant rompre le contact pour très longtemps, car...


Il est l’heure.






C'est le dernier tournant avant la fin. N'hésitez pas à voter et à commenter.
L'épilogue dans quelques instants.

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