Prologue
Holy
Et c’est ça l’amour
Ces lendemains incertains
Ces nuits d’angoisses, après les fièvres de la passion
S’arracher la peau à mains nues
Dingue de cette folie
Le manque telle une flamme cruelle l’incendie
Pousse à tourmente éternelle…
L’absence sans compassion me la démange
Agressive, hanteuse, douloureuse, vive
Me pousse à la haïr
La haïr au point de ne plus prier que pour en finir
Puisque sans bout, pas de boucle…
L’enfer !
Il me regarde, il ne me voit plus
Il me touche, de moi il ne rêve plus
Car, si quand je ferme yeux, je ne vois plus qu’elle
Dans ces moments où je l’enlace et ne ressens qu’elle
C’est peut-être parce qu’il la porte en lui désormais
Comme je le porte moi, dans chaque cellule de mon être.
Et c’est ça l’amour
Sombrer dans un gouffre profond
Partir de la lumière pour les bas-fonds
Faible face à la gravité
Impossible dorénavant de lutter
J’ai perdu trop de force à essayer de léviter
Alors je me laisse tomber
J’espérais qu’il me rattrape
Il m’a laissé tomber…
L’amour, oh ! Mon amour !
Hier encore j’étais jeune
Pleine de cette énergie que tu m’as volée
Pétrie de cette vitalité dont aujourd’hui j’ai flétrie
Amour pour qui j’ai lutté
Amour duquel j’ai saigné
Amour auquel j’ai tout donné
Je n’ai plus rien à présent
Mes pensées hors de mon corps
Le désir loin de mon âme
Et les deux emprisonnés en ton sein.
Légère je me voudrais
Vide je suis
Tu m’as tout pris
Je t’ai tout offert…
Et c’est ça l’amour
Plonger dans l’océan
S’y noyer et accepter sa fureur
Trembler de peur
Trembler surtout en attendant le retour des beaux jours…
De ce baiser brûlant par lequel j’ai si souvent perdu l’haleine
Et toujours, la tête
Réduite en cendres, démunie
Perdue, même après le tournis
L’immense gloire de la couleur,
La lumière à son apogée.
C’est suer et attendre jusqu’à ce que les liquides aient fusionné
Les regarder s’empourprer
Bouillonner, s’échauffer
Surveiller l’équilibre et
Attendre que la tempête passe
Attendre qu’elles s’apaisent
Que les eaux se referment
Pour découvrir sur le bord une épave
Le vestige précieux de ce monstre flottant
Qui a pris feu au milieu des flots…
Ils appellent ça un bourgeon
Le monde d’en-dessous l’aurait expulsé
Une nouvelle vie s’annonce
Mais bébé, on s’est déchiré
Vêtus de guenilles, c’est nous sur la rive
Bébé tu nous as décimé
Alors rentre dans l’eau
Rue-moi dans ces eaux
Qu’elles nous baptisent à nouveau
Même essoufflée, je n’en ai pas assez…
Parce que m’accrocher à toi comme si tu es ma seule destinée,
L’eau de toutes mes solutions
La cause de toutes mes réactions…
Pour moi c’est ça aimer.
Hé bébé ! Cogne-moi donc le cœur
Soulage ses anémies
Tu sais cette goule, peut-être une stryge aussi
Pour sûr mon hybride
Ton cobaye quand ailleurs tu vibres
Après m’avoir promis l’éternité d’un paradis
Une vie digne,
C’est dans les larmes qu’il rajeunit
Sous la morsure du froid, de tes départs, du lit vide
Il n’arrête pas de brûler
Tu n’es pas là pour le consumer
Alors bébé, brutalise-moi l’âme !
Tu sais j’ai vu la tienne
J’ai bu ton mal
Je l’ai maintenant en héritage…
Et c’est ça notre amour.
–– Et je me souviens de chaque douleur, comme si je les vivais sur le moment. Comme si elles m’étaient affligées à l’instant. On dit dans certains cas que la douleur est le signe évident de l’urgence qu’il a à devoir rebrousser chemin. Mais ça c’est pour les autres. Quand on est une Tiger, ça veut simplement dire que l’on est en terrain conquis... J’aurais tant voulu être une autre. J’ai franchi tellement de paliers. Supporté un nombre infini de souffrances. Et voilà, je ne sais plus comment m’y prendre pour ne serait-ce que penser au retour. Comment revenir à la félicité, quand je jouis sous cet amour amer ? … Je voudrais devenir une autre… Et je pensais l’être devenue auprès de Sinclair vous savez. J’ai pensé que changer de nom y contribuerait également, mais j’ai eu tort. Enfin de compte, je reste la même… Ou peut-être ne m’a-t-il simplement jamais accepté. Je ne sais où, quand ni comment, mais nous nous sommes perdus quelque part. Parce que… parce que cet amour-là ne me rend plus heureuse, il a comme perdu son naturel ; il… me fait suffoquer, crisser des dents tant les blessures sont de plus en plus vives. Est-ce que c’est ça ? Aimer serait donc souffrir tout le long, et n’avoir droit qu’à des secondes de bonheur ? Une chose en moi me confirme de plus en plus que non. Alors, suis-je sur le mauvais chemin ? Ou lui et moi sommes uniquement le résultat d’une belle erreur ? Ma foi en lui a pris des coups dernièrement, de la même façon que j’ai vu mes rêves se briser. Je pense à mes enfants… C’est pour eux que je suis là Eva. Je ne veux plus de drames ; apparemment être une Tiger me rend apte à pouvoir en supporter, mais ça c’est que les autres ont décidé pour moi. Moi je veux vivre en paix, sans peurs. Et il est chaque jour un peu plus flagrant que je n’obtiendrai rien de cela avec Sinclair.
J’inspire à pleins poumons, les bras tendus entre les cuisses, en étirant mon buste ; et lorsque je relâche tout, la tension dans mon corps retombe en même temps que mon souffle grinçant.
–– C’est bon Holy, tu as fini ? m’interroge la thérapeute assise entre nous, mais à trois mètres au plus, en arrière sur un large fauteuil vert en velours.
Les paupières rabattues, j’acquiesce à une rapidité frénétique, puis reprends pendant une vingtaine de secondes, mes exercices de respiration.
–– Très bien, alors c’est à toi Sinclair.
Rien de nouveau sous le soleil, son seul nom crée au creux de mon abdomen, un monstrueux envol de papillons. Et soudain le voir devient encore plus vital que respirer, comme si je n’avais pas fait que ça lorsque je détenais la parole ou même tout au long de ces dix dernières années. Tout porte pourtant à croire qu’il s’agit du même homme : en dehors du nombre de tatouages sur son corps qui a doublé, des piercings et de la ride du lion en train de se creuser sur son si précieux visage, il est physiquement intact ––et Dieu sait que mille fois plus beau avec le temps qui passe.
Il est devenu plus ténébreux à sa sortie de prison, de quoi bousiller un peu plus mes hormones ; et si je m’y attendais, jamais je n’ai envisagé que les flammes de sa colère, sa rancœur, ou peu importe ce que c’est, pourraient me meurtrir moi aussi. Enfin bon sang ! Juste après il m’a demandé en mariage, a prononcé devant le monde entier les vœux d’amour les plus attendrissants qui soient ––ces vœux chers à mon cœur, et auxquels je me suis agrippée pendant tout ce temps pour ne pas sombrer––, il m’a si souvent répété au milieu de soupirs alanguis, à ces heures où fondus en moi il devient mon dieu, ma terre, mon ciel, qu’il m’aime. Comment aurais-je pu me l’imaginer ? J’en ai des frissons, la respiration courte et la bouche pleine d’eau rien que d’y penser ––comment croire qu’il n’a pas toujours ressenti la même chose que moi ?
À chaque fois que je le regarde je ne peux retarder cette exaltation qui soulève mon âme, malgré tout. Mais la vérité est qu’il n’est plus le même, et ça ne date pas d’aujourd’hui. Alors il est plus que temps de s’inquiéter d’un sujet plus important, celui de m’en sevrer, de l’oublier.
Malgré moi j’en suis encore amoureuse. Sauf que voilà, parfois l’amour ne suffit pas. J’ai autant de peine que de difficultés à l’accepter, mais malheureusement, je ne l’aurais pas mon « pour toujours ».
Je lui ai dit un jour que je ne survivrais pas à ça, et lui m’a promis que ça n’arriverait jamais… pourtant nous en sommes-là. Est-ce je me sens en train de mourir ? Oui, oui et oui, mais je tiens le coup pour mes enfants…Ils n’ont rien demandé, ils ne sont pas responsables de nos fautes et avant n’importe quel autre serment, j’ai fait et pris à cœur celui de les aimer, les protéger et veiller sur leur bonheur. Je sais assez ce que ça représente d’avoir des parents torturés, je ne veux pas ça pour Chiding, Awera Raymond…
Sinclair se racle la gorge, et à nouveau je ne vois plus que sa belle allure nonobstant les traits de fatigue et la rage qui froissent son visage. Il m’a l’air d’un dieu furieux et malheureux assis ainsi, dos vouté, mâchoires crispées, avec au-devant une moue à la fois boudeuse et dégoutée. Il peine à soutenir mon regard depuis des jours maintenant, je crois qu’il me déteste lui aussi... Et c’est tant mieux…
–– Holy je t’aime pour ce que tu es, et ça me choque que tu ne l’aies pas encore compris, après toutes ces années. Mais à bien y penser, tu es peut-être celle qui n’a toujours aucune idée de qui elle est réellement. Alors tu ne peux me mettre sur le dos tous les malheurs qu’il nous arrive de connaître Holy. Tu sais que je fais des efforts. Pour être un bon mari, un bon père… mais je suis aussi un humain à qui tu ne peux pas demander d’être parfait. Je ne l’ai jamais été, tu l’as toujours su et tu as promis de m’aimer envers et contre cet état de fait.
Comme trop souvent récemment, Sinclair a du mal à garder son calme. On le croirait facilement posé sur des braises ardentes. Entre les reniflements et les soubresauts artificiels qu’il provoque lui-même en tapant du pied avec furie, je ne reconnais pas mon époux… ni mon amour.
–– Je n’ai jamais exigé de toi que tu sois parfait Sinclair.
–– Bien sûr que si, s’énerve-t-il en prenant appui sur sa cuisse pour redresser son buste d’acier, et c’est bien pour cette raison que nous sommes assis ici. Tu voudrais que je devienne un autre. Cette autre que Dieu sait comment et quand, tu t’es fabriquée dans ta tête. Mais je ne le suis pas, et ne le deviendrai jamais.
Oh, le manipulateur ! Il n’est clairement pas question de cela, et il le sait très bien.
–– Ne change pas de sujet, tu sais qu’il n’est pas là le problème.
–– Oh que si, il est exactement là. Tu as des problèmes avec ta propre identité, mais tu préfères les rediriger sur moi, parce que c’est bien plus facile de me blâmer. C’est sûr, nous nous sommes égaré quelque part ; et oui je reconnais j’ai eu tort, je t’ai demandé pardon, je continue de le faire parce que je tiens à toi… (d’une main fébrile il soutient son front) ne gâche pas tout Holy, seulement parce que tu n’es pas foutue de te poser les bonnes questions.
–– Non mais tu es d’un culot Sinclair !
–– Et toi d’un sans gêne effarant. As-tu pensé une petite seconde aux enfants ? Au mal que tu nous fais ?
Et ça continue… Mais s’il croit qu’il va s’en tirer de si bon compte, c’est vraiment qu’il me connait toujours aussi mal. Ce qui est regrettable, après autant d’années. Quel gâchis !
–– Qu’est-ce que tu racontes ? Mais c’est toi qui nous fait du mal ! Ah, pourquoi ça m’étonne encore ? C’est bien dans ta nature de jouer les autruches. Qu’est-ce que je dis ? C’est une spécialité made in Delano, ironisé-je, loin de vouloir être drôle, en agitant théâtralement les mains dans les airs. Et tu sais quoi ? Eh bah, j’en ai ma claque, emporté-je pour de bon en me hissant sur mes jambes, saoulée par tous ces mensonges.
Il ne tarde pas à m’imiter, bien décidé à avoir le dernier mot comme toujours. Tomber des nus définit on ne peut plus ce que je suis en train de vivre à l’instant… que dis-je ? Depuis des mois maintenant. L’impression d’être en face d’un étranger, de tout perdre, d’avoir manqué un nombre incalculable d’épisodes et de me réveiller ainsi sonnée en plein milieu de la série. Comment en sommes-nous arrivés là ?
–– Ta claque de quoi Holy ? Que je fasse tout pour vous protéger ? Ou que je me refuse d’endosser cette étiquette d’aristocrate qui a commencé à te faire envie depuis je ne sais quand ? Qu’est-ce que tu me reproches Holy ? Mais surtout qu’est-ce que tu veux ? J’essaie d’arranger les choses, je me suis soumis à ces séances dans l’espoir que tu y vois plus clair. Que tu m’ouvres à nouveau ton cœur, mais j’ai plutôt l’impression de régresser, qu’on s’éloigne davantage. Le divorce, tu n’as que ça à la bouche, comme si c’était la plus douce des mélodies. Pire encore, tu veux me faire porter toute la responsabilité. Mais qu’en est-il de toi ? Tu es si pressée de me quitter ; et pourquoi ? Tu es tombée amoureuse de cet imbécile…
Assez !
D’une gifle aussi féroce que la balafre sur mon cœur a été cruelle, je le fais taire et par la même occasion, à nouveau je m’enfonce dans ce cycle de violence duquel je croyais avoir pourtant été délivrée après tellement d’efforts et de sacrifices. Sauf qu’il en faut plus pour arrêter mon époux lorsqu’il est lancé. C’est un jusqu’au-boutiste, doté d’un courage rare. Je le lui ai toujours admiré, et non, ça non plus je n’ai jamais pensé pouvoir un jour le regretter.
Un jour je l’ai vénéré, aujourd’hui je le maudis… maudis entêtement.
–– Ou alors tu te l’avoues enfin, reprend-il dans un souffle calme, sans pour autant être dépourvu de hargne et de haine, tu as honte de moi. C’est bien ça n’est-ce pas ?
Quelque chose se déchire en moi, dans mon ventre ; à l’intérieur de ma poitrine mon cœur s’arrête, battu par cette pluie de monstruosités et vertigineux sous ce tourbillon de malveillance. Exorbitée, bras ballants devant autant d’arrogance et de suffisance, je prends alors conscience avec toute la brutalité secondant généralement de près le gros de toute brusquerie, de tous mes torts… Ce monstre, je l’ai créé. Aussi c’est à moi de la défaire.
Il n’y a plus de possibilité de retour. Quitte à nous détruire, autant aller jusqu’aux cendres…n’est-ce pas ?
–– Eh bien tu sais quoi ? Tu as raison sur toute la ligne. Oui, oui, oui ! J’ai honte de toi. Que tu n’es rien fait pour nous extirper ce de cycle vicieux de la mort. Que tu préfères rester un voyou, un moins que rien. J’ai honte d’être toujours au centre de toutes les conversations, d’être tout le temps jugée… Et ce dont je devrais me protéger et protéger mes enfants, c’est de toi.
Le silence ne revient pas même s’il y a eu mort d’hommes pour sûr ; s’en suit ma respiration laborieuse d’abord, avec elle mes regrets tardifs, puis son ultime intervention de nature glaciale, tranchante et assassine. Comme une arme biologique, sournoise mais plus désastreuse encore, il n’a pas besoin de faire trop de bruits pour m’anéantir.
–– Nos enfants Holy. Nos… enfants, ne l’oublie pas. Et maintenant que tout est dit, OK. Tu veux le divorce, je signerai. Tu veux les enfants, tu les auras. Mais ta punition Holy sera ça.... Cette lueur dans tes yeux qui ne trompe personne. Tu m’aimes Holy, sourit-il d’un air mauvais qui, collé à la suffisance dont il fait preuve, achève de m’éteindre. Tu m’aimes et contre ça, même toi tu n’y peux rien. Tu veux me faire souffrir ? Excellent ! Sache tout de même que je ne serai pas le seul à descendre en enfer, tu m’y accompagneras… Mon amour, souffle-t-il non loin de ma bouche en allongeant le cou. J’attends les papiers du divorce.
Sur ce il bouscule le fauteuil, me toise méchamment du pied jusqu’à la tête, puis sans adresser un quelconque regard à Evaluna restée comme promis neutre et absente malgré sa réelle présence, et fonce vers la porte qu’il claque enfin de toute son énergie destructrice…
Une énième secousse, la secousse de trop, et donc sans surprise je m’effondre.
Ahaha 😌😝😏... Une petite mise en bouche... Grosse, grosse dispute... Et je vous en réserve des pires ( ouais la vie de couple n'est pas toujours drôle... Pire avec le temps qui passe )
Mais bon, est-il possible de trancher selon vous à partir de ce tout petit résumé ? Vous pourriez dire qui des deux est en tort ? Si oui pourquoi ?
N'hésitez pas à laisser vos avis en commentaires. Je suis trop contente d'être de retour et pouvoir partager ce nouveau tome né de ma tristesse à mes quitter... J'espère qu'il ne sera pas bateau ( si c'est le cas, vraiment faut pas hésiter...) Je compte sur vous pour m'éclairer sur tout ça.
Sur ce je vous dis à très vite.
Prenez soin de vous et vivez !
Ciao ciao
Love guys 😜❤️
🖤🖤🖤
Alphy
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top