New year, same shit

                     Holy









Tout le monde est chez les Koch en train d’attendre minuit, le sourire jusqu’au bout des oreilles, pour une fois qu’aucune mauvaise nouvelle n’est tombée, et moi je suis là. J’étais censé les rejoindre il y a deux heures lorsque mon avion a atterri, mais je suis là. Insatisfaite par tout ce qui représentait pourtant le strict minimum, nécessaire au bon fonctionnement de ma fichue vie. Dégoûtée par celle que j’ai cru bon de devenir auprès de lui. Contrariée par celui qui était censé être meilleur que Sinclair et qui en fin de compte n’en a fait qu’à sa tête alors qu’il m’a promis autre chose ––arrêter de suivre Sinclair. Il a continué. Il a fait pire, il s’est fait prendre et a balancé. Génial ! Bravo la dignité… Bravo pour l’honnêteté, un mois après les faits.

Qu’est-ce qu’il va penser de moi maintenant ? Oh la petite Holy ne peut décidément pas se passer de moi. Re-génial ! Avec tous les efforts consentis pour lui envoyer un message différent, me voilà revenue en arrière. En colère ? Non, en rage. Furieux au moment Semy est passé aux aveux dans la voiture, avant de me faire niquer par la nostalgie à la minute où je l’ai planté en plein autoroute.

Et si je suis honnête avec moi-même, il n’a qu’été question de ça en réalité. Je ne suis partie que pour être ici, là à me remémorer que mon cœur a tremblé un jour. Qu’il n’a pas toujours été aussi silencieux bien que chéri. Qu’il n’a pas toujours été aussi amer alors qu’aimé. Je sais que Semy m’aime, mais merde, rien n’y fait ! Un robot arriverait à respirer que moi je ne saurais toujours pas comment vibrer à ses côtés. Et je m’en veux. Je me hais…

Ma vie est pire que la merde ces derniers temps. Je ne dis pas que ma vie était toute rose avant. D’ailleurs mes journées ne sont, à quelques détails près, pas différentes de celles d’avant. Pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi malheureuse. Moins seule qu’avant et pourtant, il n’y a jamais eu autant de vide en moi. Avant je souffrais, aujourd’hui j’agonise. J’étais perdu, mais pas inerte. Effrayée, mais pas invalide.

Je suis désespérée, je cherche un soulagement. Soulager mon cœur qui suffoque, en manque… Il me manque tellement que j’ai l’impression que respirer ne suffit plus. J’ai pourtant essayé. J’ai travaillé, j’ai voyagé, j’ai aimé, j’ai ri, saisie cette chance que j’ai très souvent demandé à la vie et qu’elle m’a assez étrangement enfin accordé. J’ai passé du temps accroché aux basques de mon frère. Mais rien. Rien n’a suffi. J’ai recommencé, encore et encore, et encore, pour un résultat tout aussi pareil. Pour en revenir à la même conclusion : il n’est pas là. Nulle part en ces gens et en ces actions qui me servent de pansements. C’est pourquoi j’en suis là, au même point, à le chercher, même si je déteste cette seule idée.

Retrouve-moi Sinclair, je t’en prie…

Mais il ne viendra pas. Il ne m’aime pas. Et peut-être devrais-je finalement écouter Evaluna, brûler mes regrets et les laisser aller. Le brûler, et laisser aller…


–– Finalement tu le brûles ou pas ? Nous sommes plusieurs à attendre que tu te décides tu sais ?


Je ne sers pas plus qu’un regard bagarreur à Lena qui assure le service ce soir, à la place de Christopher dont le chien est tombé malade. Faussement intimidée, elle fronce les sourcils avant de me servir une moue dont l’innocence est en toc.


–– Je suis sérieuse poulette, il y a ces mecs figés là-bas au coin depuis un moment à se demander, j’en suis certaine, si tu brûles ou pas ?


Tout en me promettant de revoir la politique des relations que j’entretiens avec mes employés, je prends quand-même sur moi de vérifier ses dires après avoir relâché la pression sur le briquet. Et c’est là que je me fige. Mon cœur s’accélère. Si vite. Si fort, que j’en ai le tournis et me raccroche au morceau de bois sur le lequel trône ma boisson et que cette folle de Lena astique alors que toute son attention est portée sur mes réactions d’amoureuse transie. Je ferme plusieurs fois les yeux, incrédule, mais à chaque fois que je les rouvre, il est là, la bouche entrouverte, ses cheveux plus longs, sa barbe qu’il a laissé pousser ––et que je n’aime pas du tout––, son regard charmeur à vous provoquer un orgasme en un claquement de doigt… Il est là, et la nervosité me gagne, mes mains commencent à s’agiter sans raisons, la fréquence de mes déglutitions double…


–– Il est canon dit donc, persifle l’autre conne comme si je ne le savais pas déjà, et il arrive.


Commence aussi le compte à rebours tant qu’on y est. Putain je le vois, je vois s’avancer.

Et c’est flippant… Enfin, déstabilisant, parce que je perds mes moyens, avec cette impression que le souffle me quitte pour de bon. Sa démarche bon Dieu… Je vais mourir.

Certainement pas. Trop de bataille à livrer avant…

J’avale cul sec l’alcool fort que je boudais depuis mon arrivée, avant d’affronter à nouveau son sourire que je qualifierai d’attrape-mouche, compte tenu du nombre de spectatrices qui l’accompagnent du regard jusqu’à moi. Pourquoi faut-il qu’il soit aussi beau, même en étant aussi négligé et sonné, avec les cernes sous ses yeux et la ride nervosité sur son front ? A-t-il des problèmes ? Est-il malade ? Moi ? Elle ?

Respire Holy...

Qu’est-ce qu’il fait là ? Quelle était la probabilité que je le trouve ici, aujourd’hui ? À cette question par contre, je me refuse de répondre, de peur de verser à nouveau dans la connerie et l’idiotie. Nous deux ça n’a jamais compté, même si sa présence en ces lieux, en ce jour et à la même table pourrait signifier le contraire...

Non, ça suffit la rêvasserie.

De toute façon, il est là, s’accote au comptoir, à presque rien de moi, brutalisant par cette simple proximité et son parfum mon cœur, au-delà de ce que le simple fait de le voir, lui infligeait déjà. Il commence par se racler la gorge, me rappelle que j’ai lâchement fuis son regard comme un petit écureuil effrayé. Revenue aux cristaux bleus dans ses yeux, je me sens très vite enveloppée par une vague de chaleur et surprise par une secousse sismique qui m’ébranle tout le corps. Il me détaille, me déshabille, me caresse, sans me toucher. C’est tellement excitant que c’en est flippant. Soudain mes lèvres me semblent sèches, tout comme ma gorge, m’enjoignant ainsi à passer ma langue sur le cosmétique marron qui les recouvrent ––un geste qu’il suit avec un intérêt perturbant, avant de caresser de sa langue, la rangée supérieure de sa dentition. Je manque de m’évanouir, ce mec me rend dingue. C’est si bon… C’est l’horreur… J’ai peur pour santé mentale.


–– Tu fais sacrément vieux avec ta fourrure d’ours, lancé-je en premier, pour mettre fin au supplice qu’il m’affligeait en silence.


–– Il paraît que c’est ce qui te branche dernièrement. Les yétis, ricane-t-il comme si c’était la meilleure blague du siècle.


–– Toujours aussi con à ce que je vois.


–– Un seul mot, parfaite.


Ses paroles m’arrachent un frisson. Et Dieu sait que ce n’est pas le premier, juste le plus prononcé depuis la seconde où je l’ai vue.


–– J’en connais un qui n’a pas encore digéré le fait de s’être fait largué pour une fois, poursuis-je sur le même ton sarcastique, me voulant claire dans le message que j’essaie hypocritement de faire passer : je suis passée à autre chose.


Pourquoi je fais ça, alors qu’il y a peu, j’implorais le ciel pour qu’il le ramène jusqu’à moi ? Je n’en sais rien. Un gros coup d’égo je dirais. Peut-être la peur aussi. Peut-être les deux en fait. Si c’est bon, c’est aussi accablant de se dire que votre guérison réside entre les mains d’un individu lambda parmi sept milliards d’habitants. Même dans les cas de maladies graves, ça n’arrive presque jamais. Les options restent soit multiples, soit inexistantes. Alors qu’avec le cœur, il n’y en a une seule… Une seule. Ce seul capable de vous mettre en transe en un battement de cil. Capable de faire plier le plus solide des cœurs, d’affaiblir la plus forte des femmes. Je croyais l’être aussi, alors qu’aujourd’hui je me sais en mesure de me jeter à son cou, à ses pieds s’il le voulait, s’il me donnait une seule bonne raison… S’il n’y avait pas cette fille. Et maintenant Semy.


–– Et si je te disais que je ne cherche pas la bagarre ce soir Holy.


Je pouffe. Je n’y crois pas une seconde. Ou alors, la bagarre, c’est moi qui la veut. Maintenant que ce feu brule en moi et que je me sens revitalisée d’un coup, je peux en profiter pour chasser la fille niaise qui me possède depuis un moment non ? Et quoi de mieux que de remettre nos vieilles bonnes habitudes sur le tapis, hein ?


–– Parce que tu vas manquer l’occasion de me balancer à la gueule que tu as fichue une sacrée raclée à mon petit ami ? Ou que tu as mis en mal mes plans de vengeance ? corsé-je le tout par ce mensonge destiné à creuser le plus de distance possible entre nous.


–– Ce n’est certainement pas moi qui vais te reprocher de l’avoir fait. Et si tu voulais m’écouter deux secondes, tu comprendrais Holy…


–– Ah ah ! Si, ponctué-je, tu as bien dit si. Et heureusement. Parce qu’il se trouve que, je ne veux pas.


Il s’apprête à renchérir, lorsque Lena croit bon de nous rappeler qu’elle nous écoute depuis un moment.


–– Vous vous connaissez…


–– Dieu sait que c’est le plus grand regret de ma vie, soupiré-je, sans lui laisser aucune chance de poursuivre.


Mais Sinclair fait vite de me reprendre. De me clouer le bec, même.


–– Dieu, comme tu dis, sait que c’est l’unique chance de nos vies Holy. Toi et moi le savons également.


J’aurais aimé lui demander s’il va bien, s’il n’a pas reçu un coup à la tête, trop abasourdie par toutes ces belles choses qui sortent de sa bouche, mais Lena s’en mêle une fois de plus.


–– Allé Holy, ne fait pas ta tête de mule…


–– La ferme Lena !


Je jure que je la massacre si elle continue. Par chance mon regard d’hyène en colère réussi à la convaincre. Elle s’éloigne après avoir levé les mains en l’air. Mon œil glisse alors vers le reste de la salle où je nous sais avoir des spectateurs, malgré le groupe de jazz qui qui rend stratégiquement les lieux mélancoliques. Plus que sur les autres, je m’attarde sur Mark qui me lance un sourire, puis une main que je lui rends machinalement.


–– Ne m’ignore pas Holy, me ramène Sinclair qui a compris mon manège.


–– Va-t-en Sinclair.


–– Pourquoi ? Qu’est-ce que tu fais là toi ? Ici, aujourd’hui, à cette heure ?


–– C’est mon bar je te rappelle.


–– Et donc, ça justifie que tu aies fait le chemin depuis Manhattan un jour de saint Sylvestre pour venir… Bruler une feuille ?



Nos regards obliquent en même temps vers le bout de papier posé près de mon verre. Mon cœur en course repars avec une nouvelle vitesse. Plus froid cette fois, apeurée par les intentions que je lis dans le regard de l’homme en face de moi. Puis s’arrête lorsque le cauchemar devient réalité. Plus rapide, Sinclair s’empare de la feuille que j’aurais dû ranger dès l’instant où je l’ai vu s’approcher.

Stupide !


–– Rends le moi Sinclair, m’énervé-je alors qu’au bord de l’apoplexie, de la crise de nerfs, de la crise de larmes.


C’est ce moment où on aimerait retourner dans le passé, où on aurait eu le temps de bien faire les choses. Pourquoi ne l’ai-je pas brûlé après l’avoir écrit ? Ou tout à l’heure avant qu’il ne le lise ? Je ne suis pas aussi grande que lui. Pourquoi je ne suis pas aussi grande, ni aussi forte ? Pourquoi je n’arrive pas à le lui arracher des mains ? Il va lire… Il lit. Et je tremble. Me couvre le visage de honte. Il va voir tout ce que je regrette… Tout ce que j’aime. Que je l’aime. Tout ce dont j’ai honte.


–– Rends le moi, merde !


Dans mon emportement, j’envoie brutalement mon verre à la rencontre du sol, ainsi que mon tabouret. Sauf qu’il est trop tard. Qu’il est déjà exorbité. Crispé. Sombre. Un peu… furieux ? Et qu’il range mes aveux dans la poche de son pantalon. Morte de honte quelques temps avant minuit, voilà qui sera inscrit sur ma pierre tombale.

Les larmes amoncelées dans mes yeux trouvent leur chemin sur mes joues. La musique a cessé et ma respiration démesurément bruyante l’a remplacée. Les poings serrés, je le regarde en chien de faïence, rêvant de le tuer mille fois avant de me mettre à le pleurer comme la conne que je suis.


–– Je te déteste si tu savais. Rends-moi ce fichu papier, il est à moi.


Il déglutit, serre plus fort les mâchoires, si bien que la veine dans son cou grossit. Il s’avance, je recule. On le fait deux fois, avant qu’il ne se décide au final à respecter l’écart que je nous impose.


–– Tu pensais vraiment tout ça quand tu l’as écrit ?


–– Chaque mot, déglutis-je, convaincue que nous parlons de la même chose, alors que non.


–– Alors dis-le, murmure-t-il, le visage déchiré par une émotion qui me vaut un coup de poing dans les tripes.


Sauf qu’à présent je suis en colère. Je ne me donne pas la peine de réfléchir aux raisons, mais je me laisse aller à cette émotion qui me sert de paravent.


–– Dire quoi ? Tu n’as pas lu peut-être ? Tu as jeté aux oubliettes le respect que tu me dois. J’ai dit ne pas lire. Et ne pas lire, c’est ne pas lire. Alors débrouille-toi avec ça, et fiche-moi la paix.


–– Dis que tu m’aimes.


Mon palpitant explose ! Un bruit de chaise en couvre les bruits, pas les effets. Une cape d’invisibilité serait la bienvenue à cet instant, sauf que nous ne sommes pas à Poudlard. Je me tiens bien dans ce bar, et les murmures commencent à s’élever. Le film a l’air intéressant on dirait. Et les acteurs, très… mais très bons. Ce n’est pas cette voix de cinglée dans ma tête m’incitant à le dire enfin ce qu’il veut entendre, qui dirait le contraire.


–– Je… Je t’aimais, mais plus maintenant.


La déception se fait entendre dans la salle, comme au madison après un panier manqué. Pourtant elle n’équivaut en rien au regard fuyant de Sinclair. C’est un fend-le-cœur. Il me faut baisser les yeux pour apaiser la douleur au creux de mon estomac. Raide, je regarde ses pieds s’approcher. Je me sens lessivée. Émotionnellement épuisée par ces quelques minutes passées à ses côtés, acculées de toutes parts par mes peurs, ma honte, mes regrets, mes remords et mon désespoir. Oui, désespoir. Parce que j’ai l’impression d’être un rat sur une roue. De revenir au même point, peu importe mes efforts et mes stratégies. J’ai l’impression qu’il gagne toujours, alors même qu’il semble perdre, comme maintenant où je le sens démunie pour la première fois.


–– Il faut qu’on parle Holy.


Sans donner suite à cette injonction, je me dirige vers ma pochette, mais me heurte à une montagne au moment où je m’apprête à ramasser mon manteau gisant au sol. Inutile d’essayer de discuter le bout de tissu, il a déjà gagné. Consciente de ce fait, j’oblique en silence vers la sortie, tandis que les désespérés avides de sensations fortes dont est remplie la salle n’en finissent pas de lancer tout haut leurs pronostics pour certains, leurs déceptions pour d’autres, des tentatives de dissuasions qui me sont destinées et des encouragements pour Sinclair qui me suit avec aplomb. Un vrai spectacle ! Et gratuit en plus. Ils ne pourront pas dire qu’avec ça, ils auront mal commencé l’année. Moi par contre…


–– Holy… Holy… Holy ne me tourne pas le dos. Tu me l’as promis un jour.


–– Pas de chantage petit merdeux, réponds-je enfin.



Il vient encore de gagner, je me suis arrêtée.



–– C’est la guerre Holy. Et j’entends bien la gagner.



Alors qu’aucun de nous ne se décide à interrompre l’affrontement silencieux qui suit sa réplique, l’horloge murale sonne minuit, et le vacarme s’élève de plus belle. L’orchestre reprend du service pour acclamer la nouvelle année, tandis qu’au loin des cris de joie et des feux d’artifices se font entendre. Je n’ai aucune idée de ce qui se passe à cet instant-là, mais toute ma nervosité retombe d’un coup. Comme ça. C’est la nouvelle année, un jour de fête, une chance de plus, une vie de plus, et sans savoir pourquoi, ces rappels me réchauffent le cœur.



–– Bonne année Sinclair, fais-je partagée entre nostalgie et une plénitude injustifiée, avant de tourner les talons.



Pourtant, il ne me faut pas deux pas, pour comprendre qu’il n’est pas du même avis. Et avant que je n’aie eu le temps d’opposer une résistance solide, mon corps bute contre le sien, aussi violemment que cette étreinte aspire toute volonté en moi. Puis vient le moment où ses lèvres emprisonnent les miennes. C’est si abrupt, si bon que j’en perds pied, sous les applaudissements du public. Une charge semble quitter mes épaules, un rayon de soleil semble dégeler mes membres, un anxiolytique semble lénifier mes angoisses. Mais je sais que je ne dois pas. Qu’il ne faut pas. Ma famille, sa famille, sa fiancée, mon petit ami, ses mensonges…

Et je le repousse. Puis le gifle. Fort. Très fort. Même si ça n’égalera jamais tout l’amour contenu dans ce geste qui contredit en tout ce mot sacré. L’amour, la ferveur et la passion qui le talonnent de près. Parce que quand on aime, on se fait du bien.



–– Plus jamais ! craché-je comme s’il s’agissait d’une insulte.



–– Certainement pas.



–– Ah ouais ? Et tu comptes t’y prendre comment ? Tu vas me forcer peut-être ?



–– Holy…



–– Rien du tout Sinclair ! Vas la rejoindre. Vas-y, je t’en prie et fiche moi la paix. Pour l’amour du ciel.



Les mains plaquées sur mes yeux, à bout de nerfs, je ne vois pas Mark arriver et s’interposer entre nous en arbitre. Il n’y a que au moment où il interrompt son ami que je le remarque.



–– Je crois que vous vous êtes assez donné en spectacle pour ce soir.



–– On rentre, tranche tout de suite Sinclair, les yeux explicitement posés sur moi.



Surement pas mon gars, souffle une voix hypocrite mais raisonnable dans ma tête. Celle que je m’empresse de suivre.



–– Je ne vais nulle part avec toi si c’est pour ça que tu me regardes.



–– Est-ce que ça avait l’air d’une question ?



On ne fait pas plus étonnée que moi au moment où ma bouche s’entrouvre en même temps que mes yeux. Ma mimique cartoonesque parvient d’ailleurs à voler un sourire à ce crétin de première, comme s’il ne se fichait pas déjà assez de ma gueule.



–– Non mais je rêve !


–– Holy, s’empresse de s’interposer à nouveau Mark, du calme je t’en prie.



–– Mais pas du tout, le contredis-je, toujours aussi choquée. Il se prend pour qui ce fils à papa pour me donner des ordres ? Je ne vais nulle part, tu m’entends ? C’est une remorqueuse qui devra…



Je n’ai pas fini de parler que mes pieds flottent déjà dans les airs.



–– Suffisait de demander, maugréé ce bandit des grands chemins, ignorant mes plaintes et les coups que je déverse contre son torse.



Je ne sais pas qui de la foule en délire mais totalement passive alors que je me fais simplement enlever sous leurs yeux ou de cet imbécile au sex-appeal révoltant je hais le plus sur le moment. La réponse ne tarde pas à m’apparaître à l’instant où il me dépose près de sa voiture, plus culoté que jamais avec ce regard de tueur qu’il pose sur moi. Il rêve s’il croit pouvoir m’intimider de cette façon.



–– Imbécile, crié-je en le poussant de toutes mes maigres forces. J’ai dit que je n’allais nulle part.



–– Et moi je dis que….



–– Est-ce qu’on peut avoir la paix cinq minutes, Romeo et Juliette ?



J’en connais un autre que je vais tuer ce soir.



–– Tu m’appelles encore comme ça Mark, je jure que je te tue.



–– Alors arrêtez de vous comporter comme des gamins, assomme-t-il en appuyant mon manteau entre sur l’épaule de Sinclair. Vous vous comportez comme des enfants de la maternelle-là, c’est presque triste.



–– C’est de sa faute !



Nous nous accusons simultanément, finissant ainsi de donner raison au rouquin. Celui, dépassé, secoue la tête tel un cheval qui s’ennuie.



–– C’est exactement ce que je disais, souffle-t-il avant de fendre l’air compris entre Sinclair et moi.



Je n’ai aucune idée de ce qu’il a en tête, jusqu’à ce qu’il ouvre la portière.



–– Rentre avec lui Holy. Je te le demande, s’il te plait. Ecoute-le, je t’en supplie. Et toi Sinclair, parle lui d’accord. Avec le cœur de préférence. Parce que tu l’aimes. Vous vous aimez, martèle-t-il en nous dévisageant l’un après l’autre. Et même quand vous vous disputerez, parce que l’amour vache ça vous connais, ne l’oubliez pas… vous vous aimez.

                                           









Bonne lecture ♥️

Love guys 😜❤️

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