Ma femme

Sinclair









Magnifique !

Tellement belle que mon cœur se serre d’une émotion douce-amère, empli autant par la chaleur que le froid, l’amour et la peur… Elle est devenue tellement mieux sans moi ; moi je ne suis rien sans elle.

Assise sur au bout du lit, nue… toute nue, tenant entre ses bras porteurs à la fois de tendresse et de bonheur, notre fils Ray de cinq mois accroché à son sein comme j’aimerais moi, Holy m’offre une vision des plus divines. Sa peau plus assombrie célébrant encore l’été fraîchement parti, brille à tel point que j’en ai des envies de succions ––beaucoup plus que d’habitude, beaucoup plus souvent qu’elle n’est en mesure de se laisser aller à mes désirs. Ses courbes plus voluptueuses qu’avant n’arrangent rien à ma situation déjà critique. Les hormones en débandade, j’ai une envie folle de la pénétrer avec rudesse, de la pilonner avec ma dernière énergie, comme un damné…

Je ferais ça, la main perdue entre le long rideau de cornrows* marron clairs qui balaie agréablement ses fesses, tandis qu’à quatre pattes, elle se cambrerait davantage de plaisir et gémirait mon nom avec une volupté excitante. Elle me ferait bander encore plus fort, je me ferais plus vorace. Je rêve de me vider en elle dans une plainte aussi tonitruante que salvatrice, un cri de guttural de victoire, le corps terrassé par un raz de marée d’ondes électrisantes. Elles me secoueraient, je basculerais et, enragé mon bassin possédé par les esprits sulfureux de la jouissance conduirait ma queue dans ses profondeurs les plus intimes ––elles qui me manquent tant, elles dont je rêve tout le temps, elles par qui je revis juste en y repensant. Pour sûr, j’y resterais un bon moment.

Seigneur, je voudrais y demeurer toute ma vie durant !

Mon Eve, elle porte en elle mon jardin d’Eden, tout ce que j’espère. Holy ma passion, ma rédemption. Holy mon plus grand trésor, j’aurais tout perdu si je la perds elle. Alors je fais tout ce qui est humainement possible pour que jamais ça ne se répète.



–– Tu sais que tu es beau toi, me surprend-elle par un baiser sur mon téton percé.



J’accuse le coup par le léger sursaut. Je ne l’ai pas vu s’avancer, ni coucher le bébé, mais je suis surtout maltraité par la nouvelle vague violente de désir née en même temps que nos corps sont entrés en contact, et renforcée par les titillements de sa langue persistante et joueuse contre mon torse tatoué ––désormais tatoué d’elle, au sens propre comme figuré. D’une lenteur profonde, mes poumons se vide, tandis que ma main, mue d’une vigueur impérieuse lui fait passer tous les messages dont ma bouche est désormais contrainte de se passer, tant le désir m’obstrue la gorge.

J’ai envie de toi Holy. Tellement que j’en ai mal au cœur, aux tripes, aux couilles… Soulage moi, je t’en supplie, j’attendrai toujours la guérison avec impatience, mais ne me laisse pas comme ça. Pas ce matin, pitié.



–– Je t’aime tu sais, murmure-t-elle contre mes lèvres, les ongles plantés dans la partie latérale de mon crâne, en massant ma verge à travers le tissu noir de mon boxer.



Je sais, et moi je te vénère Holy ; mais ce n’est pas le moment. Prends-moi plutôt, puisque je n’ai plus le droit de le faire moi.

Rien ne vient, si ce n’est un grognement rouillé, alors de la main à nouveau je l’incite cette fois à descendre s’étendre de la manière qui me convient le mieux : causer, si ce n’est avaler ma verge dressée, veinée et gorgée pour et grâce à elle. Holy se soumet à ma volonté avec plaisir pour mon plus grand soulagement…



–– Putain oui, soupiré-je à cet effet, lorsque je coule entre les parois chaudes, humides et douillettes de ses lèvres charnues et sur sa langue délicieusement rappeuse, pour buter contre le fond de sa gorge. Hssssst ! aspiré-je entre mes mâchoires vissées. Ah ! relâché-je, avançant sûrement vers les portes de l’extase, dos contre ce mur à partir duquel je la reluquais depuis un moment.



Maîtresse dans cet art comme dans beaucoup d’autres, Holy fait tantôt preuve de facétie ––lorsqu’elle me sort de sa bouche pour ne laisser que mon gland rougi et gonflé, sous l’emprise de sa langue agile et agitée––, et tantôt preuve de rudesse en pressant la base de mon sexe et en l’éraflant délicatement de ses dents. Et dans les deux cas, elle pousse le bouchon de la frustration à des extrêmes stratosphériques qui manquent de me rendre fou, mais qui je sais, rendront l’explosion encore plus éclatante.

Je croise son regard gourmand quand elle entreprend de me lécher telle une sucette au goût exquis, mais démesurément énorme pour être enfouie, et c’est alors qu’elle me sourit avec malice… Malicieuse, c’est comme ça que je l’aime, elle est cette flamme par qui ma glace intérieure fond. Malicieuse, c’est une femme surprenante auprès de qui la vie n’est qu’appétit, tant elle est savoureuse et appâtante. Malicieuse, elle me vole un râle féroce de jubilation avant l’apothéose dès la seconde où entreprend de suçoter mes bourses, pendant que ses doigts continuent de caresser le bout de ma trique monstrueuse. Sur la pointe des pieds, je voudrais pouvoir toucher le ciel de ma chair et pas uniquement en esprit ; mon bassin se lève de lui-même, tourmenté par une chaleur incendiaire et grisante, et des étoiles explosent sous mes paupières closes. Tendu sous les courants euphorisants de la concupiscence, je me déverse sur sa main, puis dans sa bouche parce que derechef, elle s’y dirige aussitôt pour me boire, comme pour mieux me garder en elle.


–– Fan-tas-tique !


Merci !

Et je l’embrasse une fois que celle-ci se remet debout, sur le front, le nez ; un smack sur la bouche, puis sur les deux joues empourprées. Mes doigts par-delà les hésitations s’aventurent également plus bas à cet endroit auquel je n’ai plus accès depuis des mois, à cet endroit qui me manque et dont j’ai désespérément besoin, mais comme toutes les autres fois je me fais recaler avant même d’être parvenu à ne serait-ce qu’à effleurer son pubis.



–– Ok, m’efforcé-je à sourire, un peu honteux et déçu à la fois en serrant un poing de la main en faute. Je suis désolé.



Compréhensive, elle secoue la tête de dénégation et laisse par la suite sa paume ramper contre ma joue qui présentement, est loin d’être aussi douce et lisse que la fesse d’un bébé.



–– Je sais que ça fait longtemps qu’on n’a pas fait l’amour tous les deux et… (elle déglutit en minaudant de gêne, le regard fuyant) pardonne moi d’accord ? Je ne comprends vraiment pas ce qui m’arrive, se justifie-t-elle à mesure que sa voix se brise.



Touché comme et là où il faut, je remets aux oubliettes ma libido et ses exigences, et la prend chastement contre moi.



–– Rien ne presse Holy. Ton bien-être est plus important, le reste peut attendre. On va s’en sortir, ne t’en fait pas.



Ses ongles se crochent de plus belle à mes épaules, rapprochent son corps tentateur du mien… C’est d’une violence sans nom, que de devoir en faire abstraction. Cependant, je pensais chaque mot prononcé, elle passe avant tout.



–– Allez, files sous la douche maintenant. On a assez fait de bruits comme ça, et ce n’est dans l’intérêt d’aucun des deux que ton fils se réveille.



Elle le couve beaucoup trop je trouve. Mais après, ça se comprend facilement, quand on sait la frayeur qu’il nous a fait à sa naissance, en restant muet et inerte l’instant d’une minute quarante. J’ai moi-même cru devenir fou, c’est dire… Ce n’est pas pour autant qu’elle va en faire un bébé à sa maman tout de même !



–– Tu aurais dû l’installer dans sa chambre comme avec les autres, boudé-je, légèrement vexé aussi de passer au second plan depuis sa naissance.


Et dire que des années avant, c’est elle qui me le reprochait avec Chiding… Ce serait presque à croire qu’elle me rend la monnaie de ma pièce. Elle en serait bien capable, tiens… Non, bien sûr que non, je déconne. C’est comme je l’ai expliqué plus haut, il nous a fait une belle frayeur ce petit glouton possessif et jaloux.



–– Bientôt mon amour, me sourit-elle avec timidité, en retirant mes mains de son cou. Mais dis, tu ne serais pas un peu jaloux de ton fils dernièrement ?
À ses mimiques moqueuses et son sourire devenu plus grand, ma tête de coupable honteux doit être une catastrophe naturelle.



–– Il m’a dans le viseur lui aussi, je te signale. Donc j’ai toutes les raisons. Et à vrai dire, faut pas s’en étonner ; on en a après la même tétine, ricané-je en pinçant son téton granuleux dont le bout a âprement durci.


Ah, tout n’est pas perdu alors : elle a envie de moi…

Son regard séducteur prend du grade avec le battement de cils qui l’accompagne. Mon palpitant en est entraîné dans une cadence endiablée, suite à cette vague de désir qui m’est encore violemment monté à la tête. Voilà ce qu’elle fait de moi : son esclave, son prisonnier, un insatiable, un misérable… son héros ; ses iris n’ont qu’à se déplacer sur ses cornées, et en moi tout bascule. Un parmi tant d’autres gestes anodins pourtant. Mais anodin, seulement pour le reste du monde. De sa façon de bouger à celle d’observer, en passant par celle de parler, chez Holy tout me parle, atteint mon cœur, et comme elle l’a déjà percé, il n’est plus que question de continuer les fouilles…

Lorsqu’elle rompt le contact pour se rendre dans la salle d’eau, un sursaut de détresse m’arrache du mur et je la suis aussitôt, les yeux principalement rivés sur le balancement de ses fesses qui ont pris du volume comme le reste de son corps, avec la récente venue au monde de Ray. Comme j’aimerais les presser !



–– Il est comme son père Sinclair, raille-t-elle une fois la porte refermée.



–– Même pas vrai, bougonné-je de mauvaise foi. Est-ce que tu me vois pleurer à tout va parce qu’un homme t’approche ?



–– Non, toi tu fais l’homme des cavernes. Et c’est pareil avec Ray, sauf qu’il est tout minuscule et ne sait pas encore parler. Chacun ses armes, ponctue-t-elle d’une petite voix qui me fait rire à mon tour. Et puis tu parles, Jelissa m’a dit qu’enfant, tu étais pareil. Gourmand, pleurnichard… Ok, peut-être pas aussi sauvageon que Ray, mais épuisant certains jours. Donc Chiding tient ça de toi aussi. Cette fille, je te jure, elle va me faire faire une attaque un de ces matins. Je t’ai raconté la dernière ?



Non, mais elle va s’y mettre. La rocambolesque histoire de la terrible bagarre entre Chiding et notre bulldog Lalo que j’ai manqué cette semaine à cause de mon séjour à Madrid, me plie en deux de rire contre la porte d’entrée, tandis qu’elle continue d’aller et venir entre la baignoire et la vasque. Ma petite championne est un vrai despote, ça tout le monde le sait.



–– Elle n’a que cinq ans, et elle veut déjà me donner des cheveux blancs, je te jure. Tu aurais dû la voir, elle avait des griffures de partout, les mains sur les hanches, sérieusement en colère contre le pauvre Lalo qui n’arrêtait pas de lui aboyer au visage. Sur le moment, j’étais la seule à ne pas rire, mais crois-moi, une fois seule, ça a été plus fort que moi… C’est un cas social cette enfant. J’aurais dû prendre quelques photos je crois…



–– On sait quel était le motif de la chicane ? pouffé-je à bout de souffle.



M’imaginer ma princesse rebelle avec une moue pincée n’est pas de tout repos.



–– Vol avec effraction, minaude Holy l’air de dire « franchement, on aura tout entendu ». Grâce au ciel Lalo a déchiqueté l’horrible monsieur Doudou-cœur.



Doudou-cœur n’est nul autre que Winnie poh délavé à la javelle au cours d’un malheureux accident de lessive ; et devenu borgne il y a deux mois, lorsque Chiding et sa sœur Awera se le disputaient. Une vraie horreur, comme le souligne sa mère.



–– Tu sais qu’ils se font encore la tête à ce jour ? poursuit ma femme, toujours aussi étonnée et amusée par les frasques de sa fille aînée. Et je t’ai parlé de Ray ? poursuit Holy, à la fois dépassée par les forfaits de plus en plus fréquents de nos minuscules monstres, et ce dans la bonne humeur. Ton fils a décidé que mon téton serait son nouveau chewing gum.



Amusé malgré mes inquiétudes, je m’avance vers elle pour constater les faits par moi-même, et peut-être bien, profiter de quelques secondes de plus de son corps. Une caresse, la douce et chatouilleuse caresse effectuée par le bout de mes doigts sur ses seins supposément endoloris lui vaut de la chair de poule sur tout le corps… Et électrisée, ma magnifique épouse se vide les poumons dans un souffle aussi vacillant que tapageur. Impossible de garder de la contenance après ça. Collé à elle, puis seulement par le regard lorsqu’elle recule, je lui adresse des prières sourdes, des prières vaines, des prières qui ne seront pas exaucées aujourd’hui comme je le voudrais.



–– Heureusement qu’Awera donne le change, reprend-elle en marchant vers une des chaises postées à l’entrée, et dont le rembourré de l’assise est recouverte du même bleu-nuit que les murs de l’espace et la vitre de la douche et son intérieur.



Elle tique en roulant des yeux, puis secoue la tête, l’air de ne pas toujours réaliser qu’elle est belle et bien la maman de tous ces désordonnés. Ce que je retiens moi, planté au milieu de la salle de bain comme un con, c’est qu’elle m’ignore délibérément… encore. Mais je ne dis rien cette fois… comme les autres, même si ça fait mal au cœur, à l’orgueil et beaucoup plus à ma libido à l’instant.



–– Qu’est-ce que tu fais ? m’enquiers-je lorsqu’elle monte sur le plan de toilettes, après avoir posté la chaise face à celui-ci.



La réponse je la connais déjà, seulement…



–– Je m’occupe de mes affaires, répond-elle en se penchant légèrement pour fouiller dans les tiroirs de gauches, les miens. Allez, approche je vais m’occuper de toi.



Si j’aurais préféré qu’elle soit en train de parler de sexe, je n’en suis pas moins ému… Je le suis à chaque fois qu’elle me fait une déclaration d’amour, à chaque fois qu’elle s’occupe de moi avec autant de tendresse dans le regard. Malgré cela, aujourd’hui…



–– Holy, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.



Je déglutie, la gorge encombrée par un désir lourd et martyrisant depuis qu’il ne trouve plus de la même satisfaction qu’autrefois. Elle ne compte tout de même pas me flanquer son vagin à la figure et croire que je vais rester sage comme une image ! D’habitude ces séances de rasage se terminent en sessions de baise salace face au miroir plaqué dans son dos ; elle penchée en avant et outrageusement cambrée, et moi derrière, la pénétrant avec urgence jusqu’à la garde et ce, après l’avoir bien entendu chauffée à blanc par des caresses clitoridiennes, pendant sa manœuvre.



–– Et pourquoi pas ? (Je pointe son entrejambe à découvert du doigt) Bah je me couvre.



Et ce qui d’habitude se faisait dans une ambiance joueuse et sensuelle, n’est plus qu’un ensemble de gestes mécaniques bercés par un calme pesant, chargé de non-dits et de peurs… peur de mal dire, peur de déplaire, peur de blesser… Peur de ne pas nous aimer convenablement.

Le même silence nous porte vers la baignoire, nous en sort après un bain rythmé par des caresses hésitantes et des touchers laconiques et parfois brusques. Holy ne me regarde même pas dans les yeux lorsque me confie que je lui ai manqué et perd la langue quand elle s’apprête à me reprocher la fréquence de plus en plus serrée de mes voyages, ainsi que leur durée qui se prolonge avec les mois… Et je pourrais insister, l’encourager à me parler, mais m’en abstient, parce que pour le moment ça me convient et qu’indépendamment de ma volonté je lui mentirais. Alors je la laisse s’éloigner, changer de sujet encore, parler de tout sauf de nous, sauf d’elle…

Moi je ne parle pas de moi, pourquoi le ferait-elle, elle ?



–– Tu veux manger quoi ce soir ?



–– Je ne sais pas, ce que tu voudras.



Elle bute sur le pas qu’elle s’apprête à amorcer, mains plongées dans son peignoir, yeux rivés sur le plancher ciré du même noir que celui de la salle de bain.



–– Tu rentres bien ce soir, n’est-ce pas ?



J’affirme par une onomatopée en agitant ma tête entre les pans de ma serviette. C’est fait exprès par contre le fait de maintenir mes prunelles hors d’atteintes, de ne pas chercher son visage : j’ai horreur de cette petite voix composée autant de tristesse que d’espoir malgré l’aspect joviale qu’elle met du cœur à conserver. Je déteste me sentir aussi coupable, je désespère de ne plus savoir retrouver la complicité des premiers jours, ce boulon qui coince, qui perturbe notre mécanisme malgré la stabilité apparente.



–– Cool, les filles seront contentes.



Et toi ? aimerais-je lui demander, mais ne trouve pas le courage. Non seulement ça soulèverait des questions auxquelles ni elle ni moi ne sommes prêts à répondre, ça sous entendrait aussi la fragilité de notre mariage ––or, ce qu’il y a entre ma femme et moi est loin d’être fait d’une base d’argile ou mousseuse, Holy et moi sommes passés par tant d’épreuves, des plus pénibles et éprouvantes et y avons malgré tout survécus. Il n’y a donc pas plus solide. C’est une mauvaise passe comme nous en avons connus beaucoup, nous y viendrons à bout une fois de plus, nous en ressortirons plus forts encore… J’en ai la ferme conviction.

Holy s’en va de son côté du dressing et moi du mien, et dans le silence ––encore––, nous nous apprêtons pour affronter nos journées respectives. Il est six heures lorsque j’enfuie dans ma poche, une de ces pochettes rangées à la même place dans le tiroir, prêt de mes cravates, et qu’elle prend toujours bien soin d’induire de son délicat parfum, cette essence fruitée acide qui me rend fou d’amour. Une façon comme une autre de me suivre partout, une façon unique de me dire qu’elle m’aime malgré et par-dessus tout…

Du moins, c’est ce que j’aimerais croire. Est-ce la vérité ? Je n’en sais rien. Je ne sais plus, le temps passe, elle est maman à présent… et c’est fou comme je m’en rends de plus en plus compte, comme si elle l’était moins avant. Ou peut-être que je l’assimile juste assez tard…

Il faut que je la vois, l’embrasse et la serre dans mes bras avant de sortir. Elle m’a dit je t’aime tout à l’heure et moi je suis resté de marbre, trop hanté par mes pulsions, obsédé par le besoin de satisfaction. Si ça trouve, inconsciemment je l’ai blessé. C’est une femme forte, et avec moi généralement elle se montre d’une patience sans limite ––deux fois plus depuis ma remise en liberté–– et j’avoue que j’ai tendance à en abuser ––pas expressément la plupart du temps, cependant je ne pas plus pour prévenir le mal, et ça aussi c’est mal.



–– Holy je…



Nos regards s’accrochent sur le miroir devant lequel elle contemplait son corps de profil, avec une certaine peine sous les cils, en se palpant l’abdomen. Elle n’en parle pas, mais je le sais, elle désespère de voir disparaître les bourrelets graisseux qui en plissent les bords, afin qu’il retrouve sa fermeté. La chose s’était fait assez rapidement après les naissances de Chiding et d’Awera. Holy étant de nature proactive et très manuelle, il n’a jamais été question de régime ou quoique ce soit pour perdre du poids, ce qui n’est pas le cas cette fois. Très attachée à cette volonté d’allaiter les petits jusqu’au sixième mois, il lui est impossible en ce moment de pousser vers les restrictions concernant la nourriture.

Est-ce pour cette raison qu’elle me refuse tout accès à son corps ? Je n’ai pourtant jamais feint, son corps je l’aime en toutes circonstances. Sa poitrine n’est peut-être plus aussi galbée qu’il y a dix ans ––et entre nous, ce serait stupide d’en faire tout un drame––, elle n’a pas pour autant perdu de son attrait ; ça ne tombe pas des tétons ! Ça durcit, ça s’étrécit, ça s’épaissit ; granuleux, poreux, ça pointe, et juste ciel, les siens me feront toujours autant saliver ! … Il en est de même pour son tour de taille qui n’est plus aussi fin. Parce que par-delà son physique, je l’aime elle, ce qu’elle dégage, offre, inspire, représente et incarne : la bonté probe, l’amour absolu et véritable et l’infaillible loyauté. À quel moment lui ai-je donné matière d’en douter ? …

L’élan inflammable de mon cœur venu à la rencontre de son étincelle en vue d’une explosion magistrale, perd finalement ses propriétés réactives. Sa tristesse me les brises, selon cette logique immuable qui veut que le problème d’une face soit celui de toute la pièce, ou celle du corps qui ressent dans son entièreté la douleur, même lorsque celle-ci n’affecte que la plus infime de ses parties. En choisissant de se marier on devient une seule âme, n’a pas cessé de nous rappeler ce bon vieux révérend Frankfort (qu’il repose en paix !) pendant la période préparatoire exigée avant le mariage, et même le jour-J. Moi je dis, qu’en choisissant d’ouvrir son cœur à une femme, on en devient totalement responsable. De ses malheurs à ses bonheurs, en passant par sa santé ; elle devient une nécessité, un essentiel… l’urgence.

Mais encore, il faudrait qu’elle le veuille… ce n’est définitivement pas le cas de ma déesse nubienne, et son petit regard éteint s’empresse de me fuir ; elle boutonne son blazer d’un geste rapide et concentré ––concentré pour les mauvaises raisons.



–– Tu veux en parler ?



–– De quoi ?


Là-dessus, un rire en toc ––de ceux qu’on oppose dans le seul but de garder la face–– nait dans sa gorge et relève son cou. Elle ne bouge pas, je reste à ma place.
On ne jouera pas éternellement à ce jeu de dupe, mais il est hors de question que je la blesse pour déblayer.



–– Tu es divine, tu sais !



Et son regard s’écarquille ; grand, brillant, vivant, interrogeant, émerveillé, gratifiant… Rien à voir avec ce sourire de prime, mais je suis sur le point de le lui rendre quand je suis alors frappé par une révélation encore plus évidente que celle du résultat de la justesse des mots à peine prononcés : comme il est grand ce sacrifice de femme, celui de celle qui s’abandonne pour laisser place à la mère ; ce corps poétique, rude de majesté, délicieux en tout point de vue de par sa fraîcheur et son tonus, qui s’offre en toute gratuité au fruit de sa chair, de ses entrailles, de son amour… La concrétisation de deux rêves qui ne sont finalement devenus qu’un…

C’est fou comme je l’ai toujours su, mais que je n’en sois bouleversé par cette vérité maintenant seulement…

Ce corps est sacré, et avant de penser à moi je dois le protéger… Holy au-delà de toute existence, c’est une partie de moi cédée en âme et conscience, je… avant de la désirer, je la respecte, je l’aime, et si pour ça il faut me tuer, alors je l’accepte.

Pour elle j’accepterais tout, je prendrais tous les coups.

C’est mon espoir, c’est mon grand amour, ma déchirure…

C’est Holy, ma femme !






cornrows : tresses africaines plates avec rajouts jusqu'aux longueurs.

Grosse panne d'électricité hier soir, alors j'ai pas pu publier. Mais voilà le chapitre est là. N'hésitez pas à commenter pour me laisser vos avis... Et à voter aussi, si vous avez aimé (ça me fera vraiment plaisir😊☺️)

Sinon, j'espère que vous allez bien, que vos rêves vous luttez pour... Et s'il y en a qui comme Holy et Sinclair sont dans le floue, rappelez vous que tout est utile dans la vie... Même cette tristesse. Elle n'est pas tout le temps à blâmer. Parfois il faut juste la contempler, elle s'en ira forcement... Mais qu'elle ne s'en vole pas sans vous avoir laissé plus sage que la veille.

Allez, sur ce je vous dis bonne journée... S'il y en a que ça intéresse, je publie de la poésie sur Instagram (@al.phy.m) et bientôt qui sait, des avant prem's de mes publications hebdomadaires (petits extraits et visuels des personnages)... Si le cœur vous en dit, vous savez quoi faire...

Je vous dis à très vite... Ciao ciao.

Love guys 😜❤️
🖤🖤🖤
Alphy.

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