Loose again

                   Sinclair








–– Malik, est-ce que vous avez fait ce que je vous ai demandé ?



–– Oui monsieur, elle doit les avoir reçus à cette heure.



Une légère vague de déception s’empare momentanément de moi, puis je m’ordonne de me reprendre aussitôt que son sourire contre les parois de ma boite à souvenir. Elle va revenir, quelque chose en moi en demeure convaincu. Je ferai tout pour. Hors de question que je me laisse aller à la défaite sans me battre comme la dernière fois. Ma santé en dépend. Ma vie aussi.



–– Très bien. Est-ce que mon frère est déjà revenu ?



–– Non monsieur, mais votre fiancée vous attend dans votre bureau.



Mon soupire en dit long sur l’agacement que provoque en moi cette nouvelle. J’en ai marre de cette fille. Ce n’est pas possible d’avoir aussi peu d’amour propre. Voilà une semaine que je ne dors pas dans mon appartement et ce matin, j’ai fini par la larguer par texto. Si ce n’est pas ça un message clair, alors qu’est-ce que c’est ? Que veut-elle de plus ? À la rigueur, je comprends qu’elle soit allée pleurnicher auprès de mes parents comme d’habitude, mais venir ici, après le peu de considération que j’ai montré à l’égard de sa personne ? J’en ai vue des tonnes, mais là… Elle réussit encore à me choquer, c’est fou. Ce n’est pas avec un pantin pareil que je vais aller quelque part dans cette vie. Plutôt rester célibataire à vie, tiens.

Et mon père dont je n’ai de cesse de filtrer les appels, doit enfin l’intégrer. Toute ma famille d’ailleurs.



–– Qu’est-ce que tu fiches ici Danich ? J’ai dit que je ne voulais plus te voir. Ça suffit de se gâcher mutuellement la vie de cette façon. Est-ce que tu ne le vois pas ?



Ses cheveux plaqués à l’arrière de son crâne avec du gel donne du tonus à l’air sévère qui possède son visage. Bien que je me sente peu concerné par ses humeurs de femme désabusée, je lui accorde néanmoins l’attention qu’elle est venue chercher. De toute façon, il faudra bien qu’on en finisse un jour.



–– Je suis venue te demander de revenir sur ta décision Sinclair.



Sa demande formulée, sa mine se décompose. Et nous voilà en plein cœur de la vallée des Bravos. Comme si j’avais besoin de ça en ce moment où je joue ma vie auprès de ma tigresse. Franchement, peu importe qu’elle puisse me comparer à un monstre sans cœur à cet instant où mes yeux n’ont plus que pour seul centre d’intérêt mon téléphone qui ne s’allume toujours pas, elle ne pourra pas dire qu’elle n’a pas été prévenue. Et moi je suis fatigué de me répéter sans arrêt. Refroidi surtout, par le silence d’Holy
La tête de mon frère s’insère entre le chambranle et porte, pile au moment où elle s’apprête à monter d’un décibel dans ses jérémiades. Me voilà par la grâce de Dieu que je remercie par un soupire aussi long que distance qu’il me faut pour rejoindre Neil devant la porte de mon bureau.



–– Tu devrais répondre à papa, m’assaille-t-il à son tour.



À croire que je n’aurais jamais la paix dans cette vie. Et Holy qui me repousse…



–– Je lui parlerai quand je serai plus calme. Je n’ai pas ni le temps, ni l’envie et encore moins la force de me disputer en ce moment. Alors il peut attendre.



–– Ton amoureuse pourrait aller en prison pour possession illégale d’arme, tu en as conscience ? Il ne plaisante pas, j’étais avec lui à l’instant, il va le faire. J’ai essayé de le raisonner, mais il est catégorique. Je suis inquiet pour toi. L’ambiance est devenue imbuvable à la maison. Essayez d’arranger les choses Sinclair.



–– Il devra accepter mes sentiments pour Holy dans ce cas, et c’est non négociable. Et pour vous tous d’ailleurs.



Il ne paraît pas plus surpris que ça, néanmoins cet aveu le pousse dans une introspection dont je n’aurais certainement pas le compte-rendu de sitôt. Les mains dans les poches, ses mains accompagnent sur mon épaule, son regard.



–– Si on m’avait dit qu’une telle chose sortirait de ta bouche, il y a un an, je n’aurais pas cru. Surtout pas avec cette fille. Je croyais même que vous vous détestiez.



Ce n’est non plus une poule qui s’est découvert une dent dans la bouche, il n’a pas à pousser autant sur cet air abasourdi qu’il me sert. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même, pour ne pas été plus perspicace que ça. Parce que plus j’y pense, plus l’état de fait me paraît évident. Je n’aurais pas pu en aimer une autre. Je n’en aimerais jamais une autre. Et je peux à présent le dire, j’ai eu un putain de coup de foudre pour cette femme qui dans son exubérance, n’a rien à envier à une belle tornade.

Pourvu qu’elle m’appelle ou m’écrive bientôt. Ou je me verrai dans l’obligation de foncer tout droit chez ses parents. Rien à foutre de me faire en lyncher au passage. Il faut que je lui explique qu’elle et moi, c’est une affaire qui marche. Je sais qu’elle a peur de le voir. Et moi non plus je n’ai toujours pas réussi à tout surmonter, cependant, je peux le sentir, ce truc sans nom au fond de moi qui me pousse irrémédiablement vers elle. C’est elle… J’en suis certain.

Et le bonheur qui émane de moi, à chaque fois que j’accueille cette réalité comme la grâce qu’elle est, peut se ressentir dans chaque exhalation, pour qui sait bien me regarder. Tiens, même ma famille à le voir alors… J’espère qu’elle le verra elle aussi.



–– Ce n’est pas moi qui l’aie inventé, la vie est pleine de surprises. Mais il faut que j’y retourne, grimacé-je en indiquant de la tête la présence indigeste et inopinée de Danich. On se parle plus tard, si tu veux.
Je le regarde rigoler, pas vexé de ne rien saisir aux raisons qui le motivent.



–– C’était quoi cette mimique ?



–– Celle que mon amoureuse comme tu dis, fait lorsqu’elle est mal à l’aise, ricané-je, embarrassé tout à coup.



Si j’en doutais encore, je l’ai ma preuve à présent. Cette fille déteint sur moi. Et pas qu’un peu.



–– Je suis content pour toi tu sais. Tu es heureux, ça se voit, et ça me fait plaisir. Allé, retournes y. fille et sénateur ou pas, cette fille est sangsue et je ne la supporte pas non plus. Il y a cette chose inexplicable que je n’aime pas chez elle.



Ça fait plaisir de savoir que j’ai enfin quelqu’un de mon côté, même si le contraire n’aurait rien changé à direction que je compte donner à ma vie. Toutefois, il y a de la gratitude dans mes yeux lorsque nous nous sourions, tandis que je me laisse tapoter l’épaule. Cette conversation m’est par ailleurs d’un grand apport lorsque je rejoins à nouveau Danich dont le comportement subitement détaché m’aurait fait perdre patience si je n’avais pas la tête assiégée par des pensées plus joyeuses.



–– Il faut que j’y aille, sourit-elle avec sincérité, malgré la nervosité que trahis ses gestes erratiques.



Se pourrait-il qu’elle soit devenue bipolaire ? Ouais, un trouble mental expliquerait parfaitement son attachement obsessionnel après tout… Et puis pff, qu’est-ce que j’en ai à faire moi ? Rien du tout. Pour une fois qu’elle fait ce qu’il faut, je ne vais pas m’attarder à essayer développer des théories sur ce qui se passe dans sa tête. D’autant plus que mes pensées vont vers une seule.

Le reste de la journée oscille entre boulot, impatience et légère déception. Holy n’appelle pas et je perds de ma vitalité au fils des heures. Une semaine, je lui ai laissé une semaine pour digérer. J’espérais qu’elle aurait eu le temps de penser à notre situation, qu’après avoir reçu mon bouquet elle y verrait une demande d’armistice, et chercherait, ne serait-ce que par politesse, à mettre les choses au clair. Je sais que rien n’est joué, mais j’ai juste besoin de la voir pour le faire, justement.

Je quitte le bureau plutôt que prévu, la concentration je l’ai perdu avant même que le soleil ne se couche. Il faut que je vois Holy, que je l’embrasse, que je respire son odeur, que je la taquine jusqu’à ce qu’on en vienne à se disputer comme des poules. Je ne peux et ne veux plus vivre sans tout ça. Mais avant de courir jusqu’au domicile de ses parents à mes risques et périls, je fais un saut chez nous. Et au lieu du brin de quiétude que j’espérais y retrouver en même temps que les souvenirs un peu plus tangibles de ma tigresse, c’est à un merdier que je fais face. De la musique en fond, une table joliment dressée dans la cuisine. Champagne, saumon, bougies, fleurs… C’est quoi ce bordel ?



–– Qu’est-ce que tu fais chez moi ?



Sa folie m’apparaît clairement dans ce sourire large qu’elle exquise avec une effronterie déconcertante. Je vais me réveiller… Je vais me réveiller…
Dans tes rêves, mon pote.



–– Alors c’est ici que tu te cachais pendant tout ce temps ?



–– Je t’ai posé une question Danich, qu’est-ce que tu fais là ?



Elle hausse les épaules et ses sourcils suivent le mouvement, tandis que la courbe de ses lèvres se plisse vers le bas. Jouer l’idiote ça elle sait bien faire en somme.



–– Je nous ai préparé à manger, tu devrais t’asseoir. S’il te plait, finit-elle par se raviser.



Plus sérieuse tout à coup, je me laisse convaincre. Surtout lorsqu’elle rajoute sur un ton sentencieux, qu’il s’agit de la dernière fois que je la vois.



–– Je n’ai pas beaucoup de temps, je te préviens.



–– Juste le temps de manger un bout et, promis je m’en vais. Puis de toute façon, tu allais avaler quelque chose avant de sortir non ? Voilà, je te facilite juste la tâche.



Est-ce que je trouve tout ça bizarre ? Bien entendu. Seulement, je n’ai aucun moyen de savoir où elle veut en venir. Alors je laisse couler, conscient que le temps s’adonnera à ce qu’il s’est faire de mieux, dévoiler les réels enjeux de cette mise en scène. En entendant, je m’attable en silence, profite du repas et l’écoute blablater.



–– J’ai finalement compris je te jure. Mais tu sais Sinclair, je t’ai toujours aimé. Depuis notre tendre enfance, c’est comme si j’étais née pour ça. Alors essaie de me comprendre tu veux ? J’ai du mal avec cette séparation.



Là elle s’est radoucie. Cependant, on n n’est pas dans le mélodramatique… encore heureux !



–– Et moi j’ai essayé d’être claire avec toi. Je sais, je n’ai pas été réglo tout le temps…



Sa main se pose sur la mienne, ma respiration se bloque. Un frisson désagréable me dévale sur l’échine. Ça fait un moment déjà que j’éprouve cette sensation à son contact. Si j’étais superstitieux, j’aurais dit qu’elle est possédée par un mauvais esprit. Mais je ne le suis pas, et je le mets sur le compte de la répulsion qu’elle m’inspire. Ce n’est pas pour autant que je la repousse. Elle semble être venue en paix alors, on va faire un effort.

Quelle erreur !



–– Ne me sort pas de ta vie d’accord ? Je t’aimerais toujours, quoiqu’il arrive…



Et avant qu’elle n’ait terminé son speech, je fais le frais de ma naïveté. Fait-on plus stupide à cet instant ? J’aurais eu le temps d’y répondre si mon cerveau et mon cœur m’en laissait l’opportunité devant le regard peiné d’Holy.
Quand ? Comment ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui ? Par où ? Tout se répète dans mon crâne à une vitesse de souris en fuite.

Je devrais essayer de démentir, toutes les fausses conclusions qu’elle doit-être en train de tirer sa jolie tête à en croire le marron luisant de déception dans ses yeux. Mais je n’y arrive pas, brûlé où il faut par les flammes vengeresses qu’elle me lance dans un silence de renoncement. Elle m’aurait surpris en train d’embrasser Danich, que ça n’aurait pas eu le même impact, je le sais. Cet endroit est à nous. Je le lui ai répété tant de fois, que je peux entendre tout son être muet en apparence, me reprocher de lui avoir fait croire. Je suis mal… Très mal.

Pour ne rien arranger, la panique fait ce qu’elle veut de moi.



–– Qu’est-ce tu fais là Holy ?



Sa respiration s’accélère, ma température chute. La boule au ventre, je la regarde, paralysé mentalement, poser sa main sur son cœur, comme si elle y avait reçu une flèche avant de rediriger ses yeux sur moi.



–– Que… Qu’est-ce… Je fais là ?



Elle réussit à inspirer pour de bon.



–– C’est une bonne question.



–– Je trouve aussi, ponctue Danich restée en retrait.



Je me garde de lui répondre. Dieu sait que je pourrais me montrer plus rustre que le dernier des salopards envers elle si je m’en donne la peine. Mais ce n’est aucunement cette image-là que je veux qu’Holy ait de moi. C’est par respect pour elle, que je choisis de respecter la blonde.



–– Holy je…



–– J’étais venue pour ça.



Elle ouvre nonchalamment son manteau. Et je perds, langue, souffle et facultés mentales, pour ne rester qu’une mémoire phallique devant son corps de nubienne recouvert par un ensemble rouge de lingerie. Puis elle referme, et le choc est brutale.

Ne t’attendais pas.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai raté le coach. Plus mort que vif. Devant Holy qui n’en mène pas large. J’aimerais qu’elle voit ma désolation à cet instant, mais la sienne est encore plus intense. Je ne lui en veux pas de penser à elle. À son honneur qui vient d’être bafouée. À son cœur que j’ai encore brisé. À sa liste des regrets que je viens d’alourdir.

Pardon ma reine.



–– J’ai juste oublié que je suis l’autre.



C’est plus un grelot qu’une exhalation, pourtant elle arrive à sourire, me rappelle par celui-ci, pourquoi je suis tombé amoureux d’elle, l’innocence et la malice réunies en une femme aussi bien passionnée qu’imprévisible. Violente, alors que capable de la douceur la plus inouïe. Elle me rappelle que c’est par ce feu en elle, que je vis et me dégèle.

Non, ça n’aurait pas pu être une autre. Pas dans cette vie. Et s’il y en a une, ça ne le sera toujours pas. Avec une telle conviction, il est impossible que ce soit une erreur. Bien plus que mon amour, Holy est mon âme-sœur. Et dès que je retrouverai ma motricité, il n’y aura rien sur terre qui m’empêchera de le crier au monde… Mais surtout à elle.



–– J’arrive un peu en retard on dirait.



Ses paroles introduisent son départ, le déclic qu’il me fallait, vue que mon corps retrouve l’aptitude de mouvements.



–– Holy…



Elle s’en va, je perds pied. Danich s’en mêle, essaie de me retenir. Tout va si vite. Et c’est à cette vitesse que mes gestes spasmodiques et abrupts propulsent la seule responsable de tout ce grabuge au sol. Un cri s’élève, m’intimant à renoncer à aller à la poursuite de celle qui le mérite. Danich s’est foulé la cheville et le plus judicieux est d’aller à sa rescousse. Pourtant aujourd’hui ce mot, j’aimerais l’effacer du dictionnaire. Me faire plus égoïste et la laisser se débrouiller, me taraude à l’esprit, même après avoir tranché.

C’est le plus judicieux, ne cesse de répéter cette voix dans ma tête qui n’est pas mienne.

Elle n’avait définitivement pas pris en compte le fait que, la vie est une garce qui n’hésite jamais à pousser le plus lointain possible, la farce. Même dans mes pires cauchemars, je n’aurais pas envisagé qu’elle puisse parvenir à remettre en question cette décision faisant foi du peu de morale qu’il me reste.





                                                                                     ***




                                                                                Holy






Quelque chose en moi me cri que je vais vite en besogne, et pourtant j’ai vu ce que j’ai vu. Pour avoir pris la peine de le prévenir de mon arrivée, on me traiterait d’idiote ––et à raison–– si je me laissais convaincre par cette voix sans dignité dans ma tête.

Alors je ne vaux pas plus qu’une semaine d’attente… qu’elle déception. Me battre a dit maman ? Contre ses démons, sa famille, la mienne et mes peurs, je veux bien. Mais contre un amour aussi douteux, qu’est-ce que j’y peux ? Lui demander ? À quoi bon ? Une image ne vaut-elle pas mille mots ? Le fait que je sois seule sous ce froid, à hésiter entre monter dans cette voiture et revenir sur mes pas, vaut mille mots. Les plus cruels qu’il m’ait été donné d’avaler.
C’est fini.

Chez nous, tu parles… Je ne suis pas si importante que ça, c’est évident. J’ai dû tout interpréter de travers. Jamais il ne m’a dit qu’il était amoureux. C’est tout vu à présent, il ne s’agissait que soulager sa conscience. Pardonne-moi n’a de toute manière pas la même signification qu’un « je t’aime ». Je t’aime, on ne le dit qu’à celle qu’on aime et moi, de sa part je n’en ai jamais reçu. Il n’y a donc pas de quoi se plaindre. La vérité éclate enfin et je devrais juste en profiter pour me libérer.

Quelle conne quand-même.

Si j’étais encore la même, qui sait ce que j’aurais fait comme dégâts ? Il m’aura au moins apporté ça de bien dans ma vie. J’arrive plus aisément à contrôler mes crises de colères grâce à la thérapie aujourd’hui. Parce que c’est sûr, un des deux aurait bouffé ses appareils génitaux si une telle chose s’était produite il y a un an. Je leur souhaite toutes vacheries du monde. Qu’une météorite s’écrase sur le lieu de leur mariage, ou que l’avion qui les conduira jusqu’à leur lune de miel ait crash, n’importe de quoi, pourvu qu’ils disparaissent. Qu’il disparaisse, et amène mes peines avec lui.

Je ne veux plus souffrir. Je renonce. Convaincue d’être tant de fois trompée, je renonce. Ce n’était pas de l’amour et je lui refuse ce pardon. Qu’il souffre toute sa vie si son bonheur ne tient qu’à mes paroles d’absolution.

Mon corps ébranlé par le trop-plein de colère qui m’agite la panse ne suffit pas m’empêcher de conduire jusqu’au Hood pour me saouler la gueule. Ce n’est pas vendredi, mais quitte à perdre la tête, autant mieux le faire là où je me sens plus ou moins en sécurité. Je pourrais me rendre dans mon propre bar, seulement, je ne ferai que penser à lui ––tout ce que je ne veux plus désormais. Avec un peu de chance, je perdrai la tête aussi facilement que toutes dernières fois que j’ai mis les pieds ici. J’ai besoin de l’effacer de mon esprit. Même si ce n’est que pour quelques heures. Donner une chance à la nuit avant que le soleil ne se lève à nouveau sur Ma vérité ; cet amour destructeur qui me ravage le cœur.

Je n’avais visiblement par encore touché le fond, puisque je continue de m’enfoncer. Je voudrais tellement que tout s’arrête. Naïvement j’y ai cru. Mais peut-être devons-nous faire souvent attention aux vœux que nous émettons…



–– salut Emmett.



–– Bonsoir jolie fleur.



Ce cher Emmett ne perd pas l’espoir de réussir à me faire succomber à son charme de gros beauf un de ces quatre. Des années que ça dure, et la technique est la même. Des petits noms pourris, des clins d’œil salaces et le même baratin sorti tout droit du recueil de conseils bon marché pour tchatcheurs débutants.




–– Pas le temps ce soir Emm, balance la flotte et à fond. Et sans poser de question de préférence.



–– C’est toi la boss, soupire ce dernier avec un sourire que j’aurais qualifié de carnassier si je m’intéressais plus que ça à ce qu’il branle.




Ce n’est pas le cas alors, je me contente d’avaler cul sec, chaque verre de rhum qu’il me sert. Je me les enfile à une telle vitesse qu’en à peine quelques minutes il me devient impossible de compter. Les musique continue de tonner autour de moi sans que je n’en saisisse réellement le sens. Et très vite, elle se fait plus agressive. Elle m’irrite, cependant, parvient aussi à suffisamment embrouiller mon système de pensée, m’empêchant de pousser les pensées nocives qui se répétaient en boucle dans mon esprit, que je finis par me convaincre que cette anomalie n’est en fait que de la bonne fortune. Un coup de main de la part de la providence que j’accueille avec la joie et l’euphorie qui talonne cette acuité auditive exacerbée, jusqu’à ce que bourdonnements et sifflements s’amènent.

Mais bien que de plus en plus mal, je ne m’arrête pas. Non, ma merveilleuse idée est d’exiger la bouteille à Emmet qui ne m’oppose pour son propre bien aucune limite. J’exagère peut-être, toutefois il stagne en moi cette impression de pouvoir tout écraser autour de moi. Et plus je bois, mieux c’est… Pire serait le plus juste. Mais encore il faudrait que j’aie le courage de le reconnaitre.

Jamais de la vie… C’est la fête à la maison.

Le corps en émoi, je ne sais plus me tenir tranquille. Je veux bouger. Bouger… Je veux… voler comme une plume. Ça devrait-être léger, mais dans mon cas c’est stressant. Je m’entends déblatérer sans me comprendre. Je renifle. Renifle. Encore et encore. Plus vite à chaque fois. Des larmes, sur mes yeux… elles coulent. Je ne leur ai pourtant rien demandé. Arrêter ? Je n’y arrive pas. Il se pourrait bien que le contrôle m’ait échappé. Assurément, je perds la raison, et bientôt ma direction. Ou suis-je ? Je ne sais pas. Il y a cette fille qui se déhanche… loin ? Pas certain. Et puis non, ce n’est pas une fille. Et pas un garçon non plus, c’est une chose. Étrange, difforme. Un monstre sorti des livres.

Je raconte vraiment n’importe quoi… Sinclair m’a…

Mes yeux ! Les lumières sont brûlantes. Comme si j’étais à deux mètres du soleil. Au moins les monstres ont disparu. Mais pas pour longtemps, puisque la peur fait vite de me comprimer une fois de plus le palpitant et le corps entier. Oh non, ils viennent vers moi, ils vont m’aspirer. J’entends leurs murmures, leurs moqueries.

Sinclair ne m’aime pas ! Je ne vaux rien du tout ! Je vais tout perdre !

Ma tentative de fuite est un échec cuisant. Entre les bouffées de chaleurs, ma respiration qui m’en demande plus je ne suis encore capable de lui donner et mes jambes cotonneuses, j’ai de quoi déclarer sans prendre le risque de me tromper, que je traverse l’enfer à l’instant. Ou peut-être, c’est la mort qui vient à ma rencontre… Enfin. Pourtant, je ne me sens pas prête à lui ouvrir les bras. Drôle, quand on sait que j’ai cru toute ma vie que le contraire était vrai.

Soudain les monstres m’encerclent, avec eux plusieurs soleils. Tous de couleur différente. Puis un d’eux s’enfonce dans ma peau anormalement moite, provocante en moi au même titre que la frayeur, une répulsion si puissante que j’arrive à la sentir jusqu’à l’os… Et c’est là, que j’explose. Toute puissante. Je l’avais bien dit que je pourrais tout terrasser autour de moi. Les monstres n’ont qu’à bien se tenir… Ou non, c’est moi qui aurait dû m’assurer qu’il s’agissait bien de la réalité. Mais comment penser que non, si c’est bien le sol qui me réceptionne lorsque je m’écroule honteusement, isolée comme un tas de merde, avant de m’éteindre toute seule, telle un feu parvenu au bout de l’approvisionnement de bois, dans l’obscurité d’une nuit flagellée par les rafales d’une bourrasque glaciale.

Pourquoi est-ce… qu’il ne m’aime pas… Sinclair…









Je préconise d'écouter le média. Je crois qu'il correctement à cette histoire. Qu'en dites-vous ?

Voilà voilà, le mystère des malaises d'Holy est sur le point d'être élucidé. Avec les symptômes les manifestations décrites, vous misez sur quoi ?
Puis il y a Danich, qu'a t'elle manigancé. Qu'est-il arrivé au message d'Holy, puisque Sinclair ne l'a jamais reçu ?

Je vous laisse avec toutes ces questions. Dans l'espoir de revenir bientôt... Je suis un peu prise depuis hier. D'où le changement de plan. Sinon, vous l'auriez reçu ce bout hier.

Voilà, il est 2h25 lorsque je publie et je tombe de sommeil. Mais voilà, ça me fait plaisir. J'espère que l'histoire continue de vous plaire. Si c'est le cas, n'hésitez pas à appuyer sur l'étoile.

Love guys 😜❤️

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