Jaloux

                      Sinclair












Je déteste toujours autant ces évènements mondains. Cohabiter avec ces gens pour qui, mieux exister rime avec être vus sans arrêt. À vouloir être observé par tous, on finit soi-même par ne plus être personne.

J’ai souvent entendu ma belle-sœur sur le sujet. Elle qui est si adulée dans le monde, pense qu’il suffit juste de travailler sur soi-même, pour être en mesure de garder les pieds sur terre. Une sorte de développement personnel constant… Ah ! cette fâcheuse tendance qu’on a de vouloir nous défaire de tout, de croire que nous existons et sommes par notre seule volonté. Ça se vend si bien ce refrain-là de nos jours. Mais pour autant, est-ce vrai ?


Nous sommes à la fois maudits et bénis d’une interdépendance contre laquelle nous ne pouvons rien. C’est par l’autre qu’on est quelqu’un, il n’en sera jamais autrement… Je suis Memphis, parce que Diego a existé, et que des types de son genre passeront les époques. Je suis Sinclair parce que Jelissa et Hamilton ont eu la merveilleuse idée de se serrer si fort souvent, qu’il n’y a pu avoir autre résultat que celui d’une fusion. Je suis l’amour et l’époux d’Holy parce qu’elle a daigné poser ses yeux sur moi. Je suis papa, parce que celle-ci accepté de partager ce rêve avec moi, et qu’aujourd’hui mes gosses crient, chahutent, rient, voilà bientôt six années… Je suis plein de choses, et je le ne suis que par d’autres, même si, aussi, je reste la pièce centrale de l’édifice.


Et puisque nous sommes dans le contexte du strass et de la paillette, restreignons mon argumentaire à l’amour…


C’est parce qu’on en a besoin qu’on a faim d’attentions, de reconnaissances, d’émois. C’est parce qu’on s’en languit qu’il faut parfois le quémander… Et comme au pays de l’amour, aucune contrainte, pas même la force la plus implacable, n’a d’effet, « plaire » y demeure le seul maître. Et entre nous, en soi, vouloir plaire, représente déjà une faiblesse…Aimer l’est encore plus, tout autant que l’amour est une force…


Dieu sait que pour un cœur amoureux, nécessiteux « décrocher la lune » n’est pas seulement une métaphore. Je braverais n’importe quoi, j’affronterais n’importe qui pour ma famille. Puis pour les beaux yeux de ma femme, je suis capable du meilleur, comme du pire… Elle régit mon humeur, dicte mes mouvements, coordonne mes actions et influe sur mes opinions… Aimer c’est vouloir ressembler ; désirer être aimer c’est se tenir prêt à tout lâcher. Et donc s’il faille tout lâcher si souvent et en quantité aussi énorme, qu’est-ce qu’il nous reste ?


Tout est bien vu… Il faut aimer ; aspirer à l’être en retour est inévitable, mais que ce ne soit pas par tous. Ce serait effroyable. Lessivant, déroutant… Car souhaiter être vu, acclamé et adulé de tout le monde ne revient qu’à multiplier ses propres asthénies. Toutefois, que celui qui n’a pas peur de laisser son âme entre des milliers de paluches s’y attelle. Mais on a tous vu au fil des siècles, de quoi elle est capable, la foule.
C’est ainsi… à la lumière se cachent les plus forts, et dans les ténèbres meurent les plus faibles.


Ma petite expérience de la réclusion a été très ferme sur ce sujet précis. Et elle aurait d’ailleurs mieux fait de s’arrêter là…




–– Où est ta femme ? me demande ce bon vieux Mike, mon ami de toujours.




Bientôt quarante ans, et toujours aussi intelligemment stupide… Comme on dit « on ne change pas l’équipe qui gagne ».




–– Elle est en chemin, et juste avant que tu ne lances dans le monologue du conseiller matrimonial, je tiens à te préciser que la décision de venir séparément était la sienne.




Le rouquin barbu, exaspéré d’avoir été aussi prévisible, claque la langue en roulant des yeux.




–– Il va falloir changer d’approche alors.




D’un œil indifférent, je contemple sans voir mon verre de champagne de manière brève.




–– Avec moi, oui. Dans ce rôle de l’idiot, tu resteras toujours crédible aux yeux des autres. 




–– Ce qui fait de toi une superbe tête. Quel vantard ! psalmodie-t-il dans un souffle grave.




Il affecte une mine condescendante censée être à mon image, ce qui, pour conserver le contexte plus intime malgré la musique en fond sonore, nous fait doucement ricaner pendant longtemps.




–– Plus sérieusement mon pote…




–– C’est quoi ces appellations de merde ? Tu sais au moins qu’on n’a plus vingt ans ?




Il n’en a rien à foutre. En réalité, il a bien cerné ma ruse.




–– Qu’est-ce qu’on s’en branle de toutes ces appellations. Tout ce que je sais moi, c’est que tu essaies de fuir la conversation.




–– Peut-être parce que le moment est mal choisi… mon pote, appuyé-je juste pour l’agacer.




–– Menteur de pacotille. Tu ferais mieux de te bouger les fesses mon pote. Tu dois lui parler, cette distance ne vous fait aucun bien.




–– Y a rien je te dis. Les gamins l’accaparent juste, c’est tout.




–– Je ne suis pas en train de te parler d’Holy là, mais bien de toi. Ne joue pas aux idiots avec moi mon gars. Ça te va si mal.




À ma sortie de prison, il a été l’un des deux à qui j’ai pu me confier sur l’étrange besoin d’espace qui me dévorait l’esprit. Une obsession vorace, une envie pressante de combler un précipice sans fin, dont je n’arrive toujours pas à distinguer les contours. J’avais, et du reste je l’ai encore, cette drôle d’impression d’être cloitrée ; comme si je n’avais jamais quitté la prison, ou qu’au contraire, celle-ci ne m’a jamais vraiment quittée. Alors il n’était pas étonnant de me voir partir des jours sans donner de nouvelles. Je n’arrivais même pas à m’en donner pas à moi-même, l’âme paralysée d’un mal qui m’échappait, c’est pour dire… Tel un zombie, j’étais comme maudis d’une errance infernale… Âme en peine, assoiffée d’air, affamée du vide… voilà ce que j’étais, ce que je suis, ce que je suis devenue…


Et à côté il y avait Holy et ses yeux pleins d’amour ; des prunelles d’un brun divin, ce désert cher à mon cœur… Elle en a souffert, je le sais. En silence, ça j’en ai conscience aussi. Pourtant elle a continué malgré tout à m’aimer, sans conditions et par-delà tout contexte. C’est que j’appelle un amour absolu, ce cadeau inestimable dont ma femme n’arrête pas de me faire don tous les jours.


Avec elle, le fruit de notre amour : Chiding, ma petite rebelle en chef ; c’est par ces dernières que j’ai pu rester dans la réalité. Elles m’ont sauvé. C’est toujours le cas aujourd’hui, et à mesure que notre nid s’agrandit, je me sens revivre, même si certains jours sont plus compliqués que d’autres.




–– De quoi je me mêle ?




Ses remarques viennent rajouter de l’huile sur le feu malfaisant qui crépite en moi depuis des jours. Les iris tristes de ma femme me hantent. Alors il ne le sait peut-être pas, mais je me sens éreinté. Et qui sait ? à l’agonie aussi. Mon être tout entier ne tarde pas à donner une suite à toutes ces interrogations, et c’est plein de résignation que ma charpente s’affaisse contre ce canapé douillet d’un violet assez pâle, depuis lequel nous subissons la petite fête de ma musicienne de belle-sœur.




–– Je suis ton témoin. Dois-je te le rappeler ?




–– Y a rien je te dis. Toute cette histoire de malaise est derrière nous maintenant. À l’époque je venais de sortir de prison et la liberté, j’avais oublié… ça m’avait manqué.




Ça ne prend pas. Même que mon manège titille son exaspération. Le buste droit et légèrement tourné vers moi, il me mitraille de ses prunelles mi-closes de nature. De quoi renforcer l’intensité de tout regard résultant des deux boules olives qui y sont plaquées.




–– On n’a plus vingt ans Sinclair. Arrête de te comporter comme si c’était le cas. Tu n’as pas toute la vie devant toi. Le temps passe, et les choses changent.




Putain de plaie de mon cul !
Ce n’est certainement pas aujourd’hui que je vais échapper à ce con. Il a apparemment préparé son coup depuis longtemps. Le comploteur !




–– Bon d’accord, tu as gagné ! J’avoue, j’ai encore du mal avec tout ça… Les responsabilités, remonter la pente de mon passé et essayer de tourner définitivement cette page sombre de ma vie. Oui, toute sédentarité continue de m’oppresser. Mais tu vois, je ne tiens pas à lui infliger ça. C’est un combat qui n’incombe que moi, je dois y faire face tout seul.




–– Et c’est là que t’as tout faux. C’est ta femme, c’est une partie de toi à présent… comme un double. Comment tu peux croire que rien de ce qui t’arrive ne l’affecte ?




–– Elle ne s’en plaint pas. Ça va très bien entre nous, je t’assure.




Je n’ai jamais su me mentir à moi-même, et cela devient de plus en plus difficile de le faire avec certaines personnes parmi lesquelles, Mark. Si je cherche du refuge sur les détails architecturaux du plafond, ça ne fait peut-être pas de moi un menteur, mais bien une âme tourmentée de culpabilité. Ce mec est plus qu’un ami aujourd’hui, c’est un frère. Un vrai. L’un de ceux qui me suivraient partout, même dans les profondeurs de l’abime. Il donnerait sa vie pour moi, alors s’il se penche si crument sur la question, c’est à coup sûr, parce que son esprit n’en dort plus. Le minimum serait que je sois honnête…


Mais je n’y arrive pas. Comment lui dire que ma femme et moi ne nous comprenons plus, ––parce qu’il s’agit bien de cela, derrière cette continence sexuelle survenue après la naissance de Raymond–– sans déchainer les grandes eaux ? Je ne me sens pas les côtes assez solides pour l’ouvrir, cette boite de pandore… Pas encore.




–– Je parie que tu n’as jamais rien partagé de ton vécu en prison avec elle.




–– Parce que ça n’a aucune importance…




Parce que je trime encore essayer d’y trouver un sens aussi.




–– D’après qui ? s’agace-t-il pour de bon, et voici venus les grands gestes frénétiques. Pourquoi est-ce que tu veux parler pour elle ? Ecoute, je n’ai jamais eu cette conversation avec Holy, mais je suis prêt à mettre ma main au feu, qu’elle attend depuis des années que tu te confies enfin à elle sur ce sujet. Sauf qu’elle t’aime tellement qu’elle laisse passer tous tes caprices. Et à mon avis, elle a tort. Enfin, c’est quand-même fou, je te vois plus souvent que ta propre femme. Je veux dire…




Interpellé par ce bug, je rouvre les yeux et baisse la tête, à la recherche l’élément perturbateur. Sans surprise je tombe sur Danaé et Neil en train de descendre l’escalier, main dans la main. Il n’y a quelle pour lui faire cet effet étourdissant. Il n’y a qu’eux pour lui filer une mine aussi obscure. Sans vouloir m’en mêler pour autant, je suis d’avis pour dire que Danaé s’est comportée comme une vraie garce avec ce dernier.




–– Tu devrais l’oublier mon frère.




Mon aînée et elle n’ont peut-être pas toujours rendue leur relation publique, il n’en demeure pas moins qu’elle est aujourd’hui des plus solides. J’ai beau l’avoir en travers la gorge depuis la vacherie qu’elle a fait à Mike et à Neil, mais je me dois de le reconnaître : ces deux-là sont faits pour s’entendre. Ils se complètent, ils se font du bien, ils s’aiment. Et du reste, on n’a pas vu Neil aussi posé, droit dans ses bottes et attentionné, avant sa rencontre avec la superstar. Tout comme, d’après Holy, Neil a fait de Danaé une femme épanouie, pleine de vivacité et pétrie de sincérité.




–– Je sais, et crois le ou non, j’essaie. De toutes mes forces, mais c’est ainsi, je l’aime malgré moi, malgré elle, malgré tout.




Pour avoir entendu la même chose de la bouche de Neil, je ne peux que le comprendre. Et puis, je suis moi-même marié à une Tiger, et s’il ne fallait donner qu’un seul mot pour les définir ces femmes, je dirais « inoubliables » … Oui, inoubliables, de la mère aux filles. Et ce n’est pas tant pour leurs physiques sulfureux et très, très accrocheurs ; c’est surtout une affaire d’esprit, de caractère, d’attitude. Toutes différentes, elles partagent tout de même quelques précieux traits communs. Liv et ses filles ––Danaé moins que les autres–– sont travailleuses, courageuses, féroces, voraces et loyales. Un trait de famille certainement, et quel trait ! On ne pourrait pas en rêver mieux… Voilà pourquoi j’éprouve un grand respect pour ces femmes, plus que pour aucune autre.




–– Je croyais que ça se passais bien entre toi et Paysana pourtant.




–– Ouais elle est super. C’est moi qui suis simplement stupide. Stupide pour de vrai sur ce coup-là, soupire-t-il d’une mélancolie amère en me rejoignant contre le dos du canapé, dans un geste douloureux. Après autant d’années, n’importe qui aurait déjà surmonté tout ça… Moi je n’y arrive pas. Je ne fais vraiment pas honneur à cette génération, on dirait…




–– Et ce n’est pas plus mal, tu peux me croire.




Tout obtenir en un clic… ça a du bon. Tout bazarder à la même vitesse, ça par contre, me laisse on ne peut plus dubitatif… Presque nauséeux. Et si c’est cela faire honneur à ma génération, autant mieux me pendre tout de suite… J’ai tant à perdre.




–– Je ne sais pas… C’est pénible certains jours.




–– Je sais. Désolé.




Sur ce s’installe un silence de plomb. Il est partiel bien entendu, car autour de nous ça grouille de bruits en tout genre… La voix entrainante de Danaé qui s’écoule au rythme d’un instrumental agréable l’oreille et le joyeux vacarme des autres invités composé de rires éclatants, des flashs des appareils photos, de pas tantôt empressés et tantôt mous, des tintements de la vaisselle et des conversations endiablées… De celles qui regroupent une partie de ma famille et de ma belle-famille à l’autre bout de la pièce, près de la cheminée électrique.


Si je m’en tiens à la quantité de bisous qu’est en train de recevoir la chanteuse, l’heure est aux félicitations pour ce nouveau record Billboard qui nous vaut d’être réunis ici ce soir. Neil et Dwight dont l’amitié n’a pas cessé de se solidifier avec le temps, comme toujours mettent du cœur à animer la galerie, tout en se félicitant mutuellement à coups de grandes tapes de main. À côté d’eux ricanent leurs compagnes ; tandis que l’autre enfoiré de Faye, au grand dam de cette pauvre Lara, suit sans arrêt tout ce qui semble à son goût du regard, de manière affreusement flagrante… Le salaud ! Je rêve de lui refaire le portrait depuis tellement longtemps, et pas seulement pour le comportement de chien qu’il affiche vis-à-vis de sa petite amie…


Ce n’est pas pour autant que je n’ai pas envie d’y être… Ce n’est non plus par simple solidarité pour Mike, que je m’interdis de les rejoindre. La vérité est que je ne me trouve plus à mon aise à leurs côtés. Je me sens comme un étranger au milieu de tout ce monde, et pourtant, voilà cinq ans que je suis en liberté. Au début, le courant parvenait encore à passer, avec la joie des retrouvailles et l’euphorie des multiples fêtes familiales qui ont suivi. Aujourd’hui la réalité n’a de cesse de nous rattraper…


Je n’étais déjà pas si proche de mes frères avant, alors c’est pire dorénavant. Cinq ans, c’est long : Neil a eu le temps de se lancer dans la politique, de se marier et de divorcer ; et Archie, celui de commencer et de boucler une thérapie qui l’a aidé à surmonter son mal-être, d’aller œuvrer comme bénévole au Moyen-Orient et de trouver celle qui est récemment devenue sa fiancée… Comme quoi, le temps passé ne revient jamais. Nous avons tous changé. La distance et le contexte eux non plus n’ont pas aidé ; il n’est donc pas difficile de comprendre l’état des choses.


Un long et lourd soupir m’extirpe de ces contemplations pénibles et maussades, c’est la fidèle expression des regrets et du désarroi de mon meilleur ami… Un fend-le-cœur, ce gros souffle plein d’agressivité, très certainement inspiré par la vision des mains liées de son ex et de mon frère… Assurément, la fin se profile : jamais ils ne se sont affichés de la sorte aux yeux des étrangers, malgré les rumeurs qui couraient. Ses derniers espoirs entament leur dernier voyage dans la vallée sombre, froide et infectée d’horreurs, donnant sur l’épouvantable royaume de l’oubli…




–– Je donnerais père et mère pour que quelqu’un m’aime comme Holy t’aime. Si j’avais une femme comme Holy, je t’assure, je ne la laisserais pas seule aussi souvent. C’est la femme parfaite. C’est une mère formidable, une femme d’affaire redoutable et pour le reste, c’est dans ton lit qu’elle squatte, tu es le mieux placé pour en parler… Mais du peu qu’il m’est donné de voir… Ouh… Tout homme voudrait d’une nana pareille à son bras et sous ses draps.




C’est peut-être un inconditionnel, mais il parle bien de ma femme, là. Et de quelle manière ! « N’importe qui, n’importe qui », ça veut dire quoi ? Putain ! Qu’il faudrait l’inclure dans le lot c’est ça ? Si je n’étais pas au courant de sa dévotion pour la cousine et sûr de sa fiabilité, il y a longtemps qu’il se serait pris une méchante percussion, tant mon sang boue à l’instant sous les effets de ma jalousie. Je ne peux m’empêcher de voir rouge.


Ma femme est une divinité incarnée, d’une beauté exceptionnelle que le temps n’a pas fini de parfaire ; c’est déjà une réalité avec laquelle j’ai du mal à vivre. Mais alors l’entendre de la bouche d’un autre… achève de me mettre hors de moi.




–– Tu es en train d’insinuer quoi là au juste ? l’agressé-je presque, l’œil perçant et le buste relevé dans une attitude belliqueuse.




Ce ronchon de barbu roule des yeux, malgré le petit amusement qui fait frémir ses lèvres pincées, avant de prendre appui sur l’accoudoir du sofa pour me faire à moitié face.




–– Rien de ce qui te traverse dans la tête. Holy est trop honnête pour t’être infidèle, et t’aime beaucoup trop pour te quitter…




–– Voilà, souviens-t-en, la prochaine fois avant de dire des bêtises.




À défaut de me vider les poumons de soulagement, je me laisse plutôt tomber à nouveau sur notre assise. Oui, j’ai eu la frousse de ma vie, mais plutôt mourir que de l’avouer, même si pour qui sait m’observer, ce n’est pas difficile à piger, avec mon corps encore en train de trembler d’émotion.




–– Mais tu devrais le savoir, tout est possible. Tout évolue, change avec le temps. Et puis ça fait quand-même cinq ans que tu me rabâches les oreilles avec la même excuse. Mec, elle va finir par s’habituer à tes absences. Et tu n’auras que tes yeux pour pleurer.




Il m’agace de plus bel, à me faire peur de la sorte. Et on dirait presque qu’il y prend un malin plaisir.




–– Mike, tu sais quoi…




C’est à mon tour de me figer… Ma dulcinée vient d’illuminer l’espace, aussi belle et hypnotique qu’un coucher de soleil dans les tropiques ; et pourtant ce soir elle a comme jamais ce quelque chose dans sa posture, son œil et son mouvement. Imposante, elle exsude d’une froideur… De froideur ! Oh non, ce n’est pas l’idéal ; mon idéal la veut sulfureuse, incandescente de par cette sensualité bien trempée qui lui scié de seconde peau ou même, de ses iris aux tons chauds, entre lesquels en général dansent à usure des flammes enjouées.

Qu’est-ce qui s’est passé ?
Les dernières paroles de Mike s’invitent dans mon esprit en guise de premières réponses… J’en ai des crissements de dents. Quoi ? changer ? Qu’est-ce que ça implique au juste ? Mais surtout, est-ce que cela concerne aussi notre relation ? Bordel de ma queue, je vais devenir fou !

Seulement, lorsque je suis sur le point de quitter mon siège, la main manucurée de Paysana m’incite à remettre mes plans à plus tard… Invitation à laquelle j’aurais imposé un refus si ma magnifique épouse n’avait pas traîné son énorme cul aux milles promesses de plaisir avérées, vers le petit clan de médecins composés de Maelys, Archie et leurs amis.




–– Quand on parle du loup, fait Mike d’un ton allègre…




–– Vous parliez de moi ?




Il faut voir comme elle est ravie par cette idée, l’ingénieuse Balkane ; comme si elle vient d’être élue personnalité de l’année par le Times ; ou qu’enfin Hamilton vient d’accéder à la magistrature suprême, faisant d’elle l’une des plus jeunes conseillères d’état jamais vu à la maison blanche. Et sur le coup, j’ai pour ainsi dire envie d’avoir le pouvoir de rendre cette belle crapule de roux, amoureux d’elle.

Ah, quel dommage ! L’amour ne se commande pas.




–– C’est ça, mens-je pour jouer le jeu, mais elle est trop intelligente pour se laisser berner par ce genre de stratagème, même si ses réactions sentimentales attestent du contraire.




–– Vilain menteur, rigole cette dernière en déposant deux bises sur mes joues. Bien tenté tout de même. Je sais qu’il s’agissait d’Holy. Néanmoins, c’est gentil de ta part.




Holy ne l’aime pas beaucoup, à cause d’une vielle histoire d’enfant, et plus ou moins récemment parce qu’elle a compté parmi les nombreux murs qui se sont érigés entre Neil et Danaé. Cependant, Paysana est une bonne personne dans le fond, en plus d’être des plus efficaces dans un domaine aussi à risques que les relations publiques. On dira tout ce qu’on veut, à savoir qu’elle est bougrement rémunérée pour le boulot qu’elle abat pour la réputation de ma famille ; moi je sais qu’il y a surtout eu beaucoup de bonne volonté, d’amour. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai dans le passé interdit à Neil de la renvoyer, malgré l’insistance des filles, et le fait que cela m’ait couté des nuits de plaisir…


Ah les femmes, et cette fâcheuse habitude qu’elles ont de se mener mutuellement la vie dure… !




–– Tu es ravissante, la complimenté-je une fois cette dernière installée entre mon amie et moi, bien après qu’ils se soient dévorés les lèvres sans aucune pudeur ––si ce n’est qu’ils batifolaient avec les limites de l’indécence.




–– Merci Sinclair. Et je retourne le compliment à ta femme.




Assidue à ce look de Barbie qui lui va merveille, nous sommes toutefois loin du côté strict et professionnel qu’elle arbore tout au long de la semaine avec des tailleurs unicolores aux teintes flashy. Ce soir elle se la joue ultra sexy dans un ensemble mauve à paillettes où son crop top démembré et à col rond, n’a pas de quoi rattraper sa mini-jupe couvrant tout juste la totalité de ses fesses… Une vraie bombe sexuelle la pro de l’image publique. Et aucun doute là-dessus, ça va se terminer dans une des pièces vides de cet appartement, avec plein de sperme partout…

Putain, le rêve !


Moi je ne me rappelle même plus la dernière fois que j’ai vu ma tigresse vêtue de la sorte, réclamant dans chacun de ses gestes voluptueux ma queue entre ses jambes. Et pourtant, il n’y a pas meilleure qu’elle à ce jeu-là. Elle n’en demeure pas moins ensorcelante, mais tout de suite ma femme fait plus mignonne qu’autre chose, dans sa mini robe ample et à longues manches, dont côté sage est d’autant plus ponctué par un ourlet en accordéon… Quoique d’un autre côté, ça me rassure un peu…


Juste un peu, vue que ça n’empêche pas ce con de Dave de glisser sa main très bas dans son dos pour la saluer de quatre baisers pas aussi chastes qu’ils paraissent… Parce qu’entre nous, deux bisous suffisent largement pour se dire « bonsoir », non ?

Bien sûr que oui !




–– Merci pour elle, mais je vais le garder pour moi par contre. Tu la connais, minaudé-je, pour mieux esquisser la suite.




–– Oui je sais. Elle ne me blairera jamais. Je ferais d’ailleurs mieux de filer avant qu’elle ne te rejoigne. Ça vous évitera des disputes inutiles ; et à moi, de me prendre des piques salées, plein la gueule. Tu viens Mike ?




Non sans rire de ces vérités avec nous, elle s’active à réaliser ses desseins.




–– Allez mon frère, je t’abandonne. À plus tard.




Mike et moi nous tapons plusieurs fois dans la main comme les vieux potes que nous sommes, tout en échangeant des grimaces entendues. Lui me conseille de réfléchir à notre conversation et moi je lui dis d’essayer de prendre du bon temps malgré que la situation ne s’y prête pas. Un rictus espiègle sur les lèvres, je les regarde s’éloigner vers la piste de danse plus ou moins bondée… Mille balles qu’on ne les y verra plus dans pas moins de cinq minutes. Son cœur appartient peut-être à une autre, mais ses couilles elles, non par contre. Pour cela il faudrait que la concernée les réclames, ce qui n’est pas près d’arriver, vue comme elle est accrochée à ceux de monsieur le maire...

Puis comme une bourrasque glaciale, le souvenir de la main de ce toubib de malheur sur le fessier de ma femme ––le mien par ricochet–– me paralyse d’abord, avant de me ramener de la manière la plus brutale qui soit à la réalité…


Les mains autour de ses épaules, dans une attitude que je juge on ne peut plus possessive, ce petit con ne semble toujours pas prêt à lâcher madame mon épouse. Non mais, il se prend pour qui ? Et elle, qu’est-ce qu’elle a à lui sourire de la sorte ?

Calme-toi mon vieux… c’est Holy ta femme, et elle t’aime plus que tout…

Je souffle excédé, me penche vers l’avant pour attraper mon verre à moitié vide, et une fois de plus ma tête va à la rencontre de l’accotoir. De là, je vide le cristal, l’iris assidument collée à l’image gracieusement mobile de ma tigresse… Une femme accomplie en tout point, tel que l’a décrit Mike tout à l’heure. Tellement, qu’à certains moments, j’en viens à me considérer comme un accessoire dans sa vie. Et je n’ai pas plus tort que ça, elle peut très bien se passer de moi.


La regarder, me rappelle également combien ces cinq années d’emprisonnement ont été longs, et resteront irremplaçables. Ma femme est passée de merveilleuse à extraordinaire, alors même que la peur de la voir sombrer m’a valu une kyrielle de nuits d’insomnies. Elle a gagné en maturité, ce que je ne peux qu’apprécier, même si ses enfantillages me manquent plus que jamais. C’était déjà un excellent chef d’entreprise, mais elle a trouvé le moyen de se surpasser… C’est elle qui a conclu l’affaire de l’achat de mon club de football et l’a géré d’une main de maître, jusqu’à ma libération, sans pour autant négliger ses entreprises. Aujourd’hui elle est d’après tous ces médias économiques l’une des plus grandes de son domaine d’activité, et un modèle de réussite pour toute sa communauté et pour toutes jeunes mamans...


À ce sujet d’ailleurs, nos enfants l’adorent et ne jurent que par elle, c’est pour dire la quantité d’amour qu’elle leur offre. Puis, moi non plus je ne peux pas me plaindre, même si notre vie sexuelle de ces derniers mois ne comble pas mes attentes. Je me sens comme un roi sous ses regard alanguis, dorloté comme un poupon anémié… Elle est devenue mon havre de paix ; c’est ma source d’inspiration et mon model, j’avoue.

Oui, je l’admire, et travaille d’arrache-pied pour me mettre à son niveau… Mais aussi malheureux que cela puisse être, j’en suis aussi jaloux… Jaloux de sa force, de son succès, de sa beauté… Je me sens en danger, face à cette personne qui en tous points siège au sommet, alors je ne me suis jamais senti aussi au fond du trou. Holy m’éblouit de son éclat divin, et malgré elle, alimente autant un certain mal-être au fond de moi… Un mal-être sur lequel je refuse de poser des mots.

Comment avouer à quelqu’un que je suis jaloux de ma propre moitié ? L’accepter est déjà le pire casse-tête à affronter, alors me confier sur le sujet, n’en parlons pas ! C’est si mal, si honteux, si bas… Ce n’est surtout pas de l’amour ; et moi je l’aime de toutes mes putains de forces...


Le con vient de se pencher à son oreille pour lui murmurer Dieu quoi. Il n’en faut pas plus, pour me faire monter le sang à la tête. Ça y est, je suis à bout… Un bon bourru me propulse sur mes jambes. Je fends la pièce d’un pas alerte qui, pour ne pas paraître bagarreur, me coute de devoir supporter de désagréables frémissements, doublés de sévères crispations.

Dès que je suis à leur hauteur, je n’ai pas autre réflexe que celui de me dresser comme une forteresse entre ce profiteur (qu’il allume des cierges ce soir pour rendre grâce au ciel pour ma clémence à l’instant) et ma reine. Sitôt fais, je ceints ses reins d’un bras intransigeant et captatif, puis la ramène sèchement ses lèvres contre les miennes, pour les lui bouffer avec appétit et rancœur. Et puisque j’en ai non seulement le droit, mais aussi le devoir, selon ce qu’affirme nos deux alliances, je me montre lubrique au possible, pressant sans vergogne ses fesses malgré ses faibles raclements de gorge interpellateurs… Il faut d’abord que cette andouille se le rendre bien dans sa tête de fion : moi je peux. Moi ! Pas lui…




–– Sérieux les lapins, trouvez-vous une chambre.




Ayant dit tout haut ce que tous pensent tout bas, des gloussements ne tardent pas à jaillir de terre. Même l’autre pique-poquet se joint à la partie ; et je le jure, si la gêne de ma femme n’était pas aussi évidente pour moi, entre son sourire forcé et ses regards à la fois troubles et fuyants, j’aurais fini par en coller une à ce crétin.




–– La ferme frangin. Mais puisse qu’on en parle, est-ce possible d’avoir ma femme pour moi seul à présent ?




Le nez plongé dans son verre, Holy s’amuse devant le roulement d’yeux de mon petit frère. Maelys elle, ulule devant mon air agressif explicitement destiné au collègue d’Archie.




–– Euh, bégaie ce dernier, l’air sonné et perdu, interrogeant ma petite famille des yeux.




–– Il a ses mauvais jours, lui répond Maelys hilare. Ne fait pas attention.




–– Surtout ne te sens pas forcé de t’excuser de nous avoir interrompu, bougonne Archie, même s’il reste déridé par ma petite scène de jalousie à peine voilée. Allez les gars, on bouge.




–– C’est ça, bougez.




–– Toute à l’heure les gars, intervient finalement Holy. Je vous rejoins d’ici-là…




Ça c’est ce qu’on verra…

Mais je ne le lui fais pas entendre. J’aime davantage l’idée de concrétiser, avant de jubiler. Aussi me contenté-je de caresser en silence son visage dégagé et pratiquement au naturel, si on enlève la teinte nude sur ses lèvres charnues. Au petit sourire en train d’étirer le coin gauche de sa bouche, je peux quasiment l’entendre me rappeler cet épisode d’il y a quelques jours, lorsque je jurais ciel et terre, ne pas être aussi possessif que mon fils.




–– Tu savais que miss Alvin organise des diners pour célibataires fortunés depuis peu ? commence-t-elle au moment où je m’y attends le moins, parce que trop obnubilé par ses prunelles aux couleurs sahéliennes. Une sorte d’agence matrimoniale 2.0... Tu y crois ?




Elle pouffe avec suffisamment d’énergie pour que ses épaules soient entraînées dans la mouvance.




–– Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre, sérieux ? Mais si tu veux mon avis, c’est à elle-même qu’elle essaie de trouver un mari.




Miss Alvin est une amie de ma maman, et la mère d’Allan, l’un des amis d’Archie qui, il y a encore peu, se tenait à cette même place. Mariée à six reprises et autant de fois divorcée, on ne fait plus sa réputation de croqueuse de diamant, couplée à celle de cougar négrophile… Enfin bref, qu’est-ce que je m’en tape de cette vieille moche perverse ! J’ai d’autres chats… Non, nous avons d’autres chats à fouetter, et si je m’en tiens à sa piètre tentative de diversion, Holy le sait très bien.




–– Ça y est, tu t’amuses bien ? Tu passes une bonne soirée ? Tu prends du bon temps, sans moi ?




Au comble de la nervosité, autant mes gestes et ma voix souffrent de mon trouble. Je renifle, ça grésille quand je l’ouvre, et impossible de rester droit dans mes bottes : je trépigne.




–– Quoi ? … Qu’est-ce que tu racontes ? Je disais juste bonsoir avant…




–– Et bien sûr, c’était trop difficile de te passer des regards énamourés de ces messieurs. J’ai tout vu Holy… Qu’est-ce que tu crois ?




–– Mais qu’est-ce que tu racontes Sinclair ? bégaie-t-elle de plus belle, l’air effarée, tandis que dans sa façon de me toucher, déborde son désir d’être conciliante.




Personne ici ne nous croirait en train de nous disputer. Et peut-être devrais-je me fier à ce voile de tristesse de plus en plus évident dans son œil insistant, et me raviser maintenant. Mais je ne m’exécute jamais, je suis lancé depuis trop longtemps pour être en mesure d’entendre quoique ce soit ; et ce, au grand détriment de ma tigresse pour qui le monde semble en plein écroulement sous ses pieds. Sa stature s’affaisse devant mon impassibilité qui se prolonge.




–– J’y crois pas, t’es en train de me traiter d’insinuer que je te suis infidèle ? se vexe-t-elle en retirant sa main de mon épaule, pour mieux reculer.




Bordel de merde, non ! D’où sort-elle des théories pareilles ? Je m’échine à essayer de lui expliquer que j’aurais voulu qu’elle vienne directement vers moi, au lieu de perdre son temps à sympathiser d’abord avec le reste… Pourquoi le prend-elle de façon aussi drastique. À moins qu’il s’agisse là d’une manière de retourner la situation pour ne pas avoir à faire face au réel problème… Bien sûr ! Ce n’est pas comme si elle n’en avait pas l’habitude. Sinon, comment expliquer la tournure que prennent les choses en ce moment ?



–– Je n’ai pas dit ça, Holy !




Là-dessus, je jette un coup d’œil circonspect dans la pièce, pour m’assurer d’être resté dans la zone de contrôle, malgré l’exaspération en extrême croissance dans mon for intérieur. Bercée par du Janet Jackson, le fête bat son plein, et nous, nous conservons l’anonymat… Une chance, encore heureux !




–– Pourtant ça y ressemble, souffle-t-elle d’une voix enraillée par un sanglot en approche.




Il n’en faut pas plus pour ramener vivement mon attention sur elle. Et là, je tombe sur un sourire… Faux et amer, il achève de me mettre à terre.



–– Mon amour…




–– Toute cette mise en scène, poursuit-elle sans tenir compte de mon ébauche de rapprochement, le visage détourné vers la piste de danse, depuis laquelle Mike semble nous surveiller… Tes paroles… Ton regard. Ce n’est pas possible.




–– Holy…




–– Non Sinclair ! Pas d’Holy. Comment oses-tu douter de moi Sinclair ?




Ses lèvres s’étirent davantage lorsque Dove, qui vient de traîner son mari au milieu des noceurs, lui envoie un baiser volant ; puis elle inspire de tout son être. Je suis comme frigorifié de désolation, et pourtant, pas totalement délivré de mon agacement. Je n’ai rien insinué de tout ce dont elle m’accuse à l’instant, elle dramatise là. Cependant sa douleur que je perçois au-delà de sa joie de circonstance, me clou au sol.




–– Holy…




Encore un sublime échec, cette prise de parole. Elle ne veut rien entendre. Les cils battants soudain à outrance, elle revient enfin vers moi, même si ce n’est pas pour me simplifier la vie. Il est uniquement question de cacher son état vaseux aux autres, et à contrario, m’accabler encore plus.




–– Malgré toutes tes absences, je ne t’ai jamais accusé de quoique ce soit. Il y a encore quelques jours tu me laissais manger toute seule avec les enfants ; puis t’attendre comme une idiote, alors que tu avais promis de rentrer, et c’est à moi que tu tiens ce genre de propos ?




Échec et mat ! Je suis battu à plat de couture, réduit à me la boucler pendant un moment. Et dire que j’ai tout cherché…



–– J’ai eu une urgence.



–– C’est ce que tu as dit, et je t’ai cru… Alors qu’est-ce que tu me reproches ? D’essayer de créer d’autres attaches ? Je croyais que j’étais censé m’ouvrir aux autres… Tu espères quoi ? Que je meure de souffrance à rester à t’attendre toute seule à chaque fois ? Tu ne seras pas toujours présent, ça j’ai bien compris, alors…



Le visage tout rouge et enflé, les cils en débandade, ses lèvres grelotent tandis qu’au-dessus d’elles, ses narines gonflent et retombent par à-coups. Elle ne parvient pas à terminer cette phrase. Elle ne l’achève jamais, et ce n’est pas plus mal d’ailleurs, car le moment est mal choisi pour avoir cette discussion qu’aucun de nous ne semble prêt à aborder, si cruciale soit-elle. Aussi pour y couper cours, je m’empresse de combler le vite relatif laissé par ses mots restés en suspension. Et, cette fois j’ai bien l’intention de m’épandre… Ce suffisamment longtemps pour lui faire passer l’envie de continuer sur la voie du conflit… Pas ici.



–– Pardonne-moi Holy, je… J’ai perdu le contrôle, je… Je ne pensais pas ce que j’ai dit. Je te le promets. Ce n’était pas contre toi. J’ai vu ce gars, et… tu avais raison, je suis comme Ray. Je suis jaloux. Fou de jalousie. Et puis, il était trop près, si près de toi… J’ai horreur de ça. Je ne fais pas confiance à tous ces types qui te regardent comme… Qui te regardent, tu vois… Pardonne-moi mon amour, je ne...



–– Je vais me refaire une beauté, met-elle un terme à mon flow de baratineur cerné, d’une voix blanche, sans expression comme le gros de son anatomie posant plein d’abandon.



Mission accomplie !

C’est ce que j’aurais dit, si tout c’était terminé par un baiser, un sourire, puis des caresses peu chastes ; mais il n’en est rien, et pire, mon petit doigt me dit que tout comme en début de semaine, lorsque je suis allé la porter hors du lit de Chiding pour justifier auprès d’elle mon absence au diner, ce silence n’est que le précurseur d’une monstrueuse vague destructrice encore en attente…

À n’en pas douter, ce n ’est que partie remise. Pourvu seulement que ce soit pour le meilleur… Car je crains plus que tout le pire, quand il s’agit de ma déesse nubienne.











Avec un peu de retard peut-être, mais voilà...
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J'espère que vous allez bien ☺️... Et que la semaine a bien commencé. Moi j'accuse un peu de fatigue émotionnelle et physique, d'où la lenteur dans la publication.

Voilà pour moi. Je vous dis à très vite. Prenez soin de vous d'ici-là... Ciao ciao.

Love guys 😜❤️
🖤🖤🖤
Alphy.

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