It won't be the same
Sinclair
Nous ne nous étions même pas encore retrouvés que je la perds déjà. Encore !
Ma plus grosse frayeur de ces derniers temps est en train de prendre forme sous mon regard impuissant. Holy s’en va, me quitte, m’abandonne, renonce définitivement à moi. Je le sens, mon cœur affolé le sait. Et je ne pensais pouvoir me sentir plus mal je ne l’ai été dans le passé lorsqu’elle pointait cette arme sur moi… Je croyais !
Oh Holy, cette fois tu as tiré en plein cœur, ça fait tellement mal que je ne suis pas certain de me relever cette fois.
Oui parce que, je lui en veux aussi solidement que je l’aime de toute mon âme. Égoïste ? Peut-être bien, mais comment saurait-il en être autrement alors qu’une fois de plus je la regarde s’enfuir avec mes rêves, briser ses promesses, briser mes espoirs.
–– Fais-moi confiance.
Holy je t’aime.
Ne peut-elle pas le voir ? Pourquoi ne le voit-elle pas ? Pourquoi ne l’entend-elle pas ? Pourquoi me tue-t-elle de son regard vide, éteint ? Pourquoi ne me crie-t-elle pas dessus ? Pourquoi a-t-elle perdu la foi ? Pourquoi ne se laisse-t-elle pas aller à l’amour sans mesure avec moi ?
Je lui demande peut-être la lune, je sais, pour n’avoir pas été aussi charmant qu’elle l’a pensé à moment de sa vie, mais comment changer les choses si elle ne m’en donne pas l’opportunité, si elle me repousse sans arrêt ?
Choisis-moi Holy, putain choisis-moi !
Et les parois se referment sur les flammes infernales qu’elle envoie volontairement en direction de ma cage thoracique, brûlant à blanc tout en moi. Le bien, le mal, tout se confond à présent dans mon esprit, alors son visage accablé d’une amertume refoulée se perd derrière ces morceaux d’acier. A quoi m’accrocher maintenant ? Mon monde s’effondre et elle à calciné jusqu’à mes forces.
Le monstre de la peur. Il me comprime la poitrine, la gorge et les veines, tel une camisole de force trop serrée. Enflé à outrance, je rougis sous les chaleurs mornes que produisent mes organes vitaux qui se meurent. Ça hurle dans ma tête, comme si c’était un vendredi noir dans un centre commercial.
J’ai besoin de toi Holy. Quelque part dans mon cœur, tu me maintiens en vie, reste Holy.
Et malgré ça, elle s’en va. J’ai eu beau lui essayé de la retenir, elle est partie. Peut-être me suis-je mal exprimé. Ouais c’est vrai, ce n’est pas le domaine dans lequel j’excelle le plus : ouvrir mon cœur. Pas même lorsqu’il le réclame lui, mais je croyais qu’elle l’avait compris. Je pensais que nous nous comprenions, que ces demi-mots nous suffisaient et que le silence nous rassasiait, qu’entre nos langues enragées elle le ressentait comme moi je la sens, cette étourdissante connexion entre nous.
J’avais faux sur toute la ligne on dirait. Et si je suis sincère avec moi-même, je ne m’en contente plus, moi non plus. Combien de fois ai-je rêvé de l’entendre me dire qu’elle m’aime, face au doute qui m’assaille de jour en jour. Rattrapé par cette arrogance masculine, encore plus excessive chez moi, quelle n’a pas été ma honte au moment où elle a remis en cause toutes mes certitudes en préférant me traiter avec dégoût, plutôt que de m’écouter. J’avoue, je l’ai prise pour acquise ce jour où elle pour la seconde fois consentie à m’ouvrir ses bras dans sa propre maison. Parce que j’étais un idiot, vaniteux, capricieux et que j’avais en réalité le cœur aussi froid que la nuit d’hiver où je l’ai perdu sur cette roue, devant le corps inerte d’Amélie. Et puis sans m’en rendre compte, tout a changé, elle m’a marqué l’intérieur, mieux que n’importe quel tatouage qui recouvre ma peau. Et c’était tellement bon que j’en ai redemandé. Je le désirais de tout mon être au moment où je lui ai demandé de le faire cette nuit-là, sur elle, à l’aube de l’orgasme qui tourmentait délicieusement mes reins… avant que tout n’explose en mille morceau, quelques heures après.
Ça aurait dû être long !
On dirait une malédiction. Notre malédiction. C’est vrai, quelques semaines avant, nous revivions l’instant d’un baiser cette passion désespérée qui nous pousse l’un vers l’autre envers et contre tout, et aujourd’hui… Bordel, hier, aujourd’hui, rien n’a changé, elle s’est encore barré, comme si la requête que je lui ai faite sur ce toit valait moins que des crottes de chiens. Comme si le regard que je pose sur elle et sur aucune autre n’était pas un argument suffisant pour me dire « oui, je t’attends ».
Alors oui, je la déteste, autant que je l’aime à la folie. Ceci explique certainement pourquoi je martyrise les remparts de l’ascenseur tout en abusant du bouton d’appel.
J’ai besoin de toi Holy… Besoin de me raccrocher à Nous pour continuer… pour changer.
–– Fais chier ! m’énervé-je pour la nième fois contre l’ascenseur que je trouve trop lent pour l’urgence en cours, faisant abstraction de tout autour de moi, trop concentré sur elle pour m’inquiéter de l’image que je renvoie.
Je dois la rattraper. Il n’est pas question qu’elle me laisse tomber, ou qu’on fasse un quelconque rapprochement entre notre histoire et un des nombreux amours interdits contenus dans les livres, à la télé et même dans la réalité.
Grouille fichu ascenseur !
–– Tu devrais la laisser partir.
La voix de mon frère achève de faire exploser le volcan en moi. D’ailleurs il s’en prend pour son audace, lorsque je dirige vers lui mes penchants meurtriers, soulagé de trouver en lui un souffre-douleur. Chargé à bloc tel un taureau, je fonce sur ce dernier et le saisie par le col. Plus raisonnable que moi à l’instant, celui-ci met aussitôt ses mains en évidence, forçant mon poing à suspendre son envol.
–– Qu’est-ce que tu dis ? répété-je comme s’il était de l’autre côté du mur, effrayant la petite secrétaire au passage. Ferme ta gueule !
Encore heureux qu’il n’y ait que nous dans les locaux, je ne peux pas garantir que j’en aurais eu quelque chose à faire de l’étiquette et de la réputation de ma famille si nous avions été un lundi matin.
–– Rentrez chez vous Malik ! Tout de suite.
Nous affrontons du regard sans bouger d’un pouce, tandis que la secrétaire assurément aussi choquée que dépassée s’éclipse. Sa vitesse d’action est fulgurante, presque vertigineuse et je ne peux que la comprendre. C’est à peine si je me retiens de défoncer la tête de mon aîné, tant je boue de colère (penserais-t-on à tort, car je souffre en réalité).
–– Tu peux me frapper si tu veux, mais ça ne changera rien à la situation. Je te comprends, ok ? Je sais ce que tu vis et c’est pour ça que je vais me répéter, laisse-la partir.
Je le repousse violemment, heurté par ses propos qui ne trouvent aucun sens plausible à mon oreille. Il plaisante ? Lui me comprendre alors qu’il ne sait même pas comment garder la même fille pendant deux secondes ? J’aurais tout entendu aujourd’hui.
–– Tu n’as rien à lui offrir qui ne soit sain, s’acharne-t-il sans aucune pitié pour ma peine de plus en plus évidente.
–– Tais-toi Neil, le menacé-je du doigt cette fois, en revenant vers lui, crispé de toute part.
–– Non je ne me tairai pas ! T’as toujours été un putain d’égoïste cloitré dans son monde, et pour une fois quelqu’un de ton entourage a le courage de te le dire. Je n’aurais jamais cru ça possible, mais je suis de tout cœur avec Holy. Elle fait le bon choix en se choisissant elle, et si tu es aussi intelligent que tu le prétends, tu devrais y réfléchir ! Comment peux-tu lui demander de rester, d’assister au genre de spectacle que vous lui avez offert tout à l’heure Sinclair ? C’est malsain… Et injuste ! Même pour le plus complexe des amours. Personne ne mérite ça. Elle ne mérite pas une telle humiliation.
Qu’est-ce qu’il raconte ? Qu’est-ce qu’il raconte, merde ! Il ne sait rien du tout, alors il va m’épargner des réflexions de sage-savant autoproclamé. Sauf qu’il n’en a pas l’intention.
–– Je ne doute pas que tu en sois tombé amoureux, reprendre-t-il dès que son rythme cardiaque, contrairement au mien, s’apaise. Je vois bien que tu souffres pour elle et comment tu la regardes, mais parfois ce n’est pas suffisant petit frère. Rien ne résiste dans le mensonge et les demi-vérités, et toi tu n’es pas prêt à t’offrir entièrement à elle, tu peux au moins le reconnaître. Pour ton propre bien, tu dois…
–– Tu ne sais rien du tout connard, me figé-je, renonçant ainsi à m’éloigner de lui comme je le prévoyais.
Sa réponse, je ne l’attendais pas… mais pas du tout. Ce petit con se gausse, les mains tendues vers le plafond, puis resserre la distance entre nous.
–– Quoi ? Que tu trempes dans des affaires louches ? Ne t’en fais pas, s’empresse-t-il de rebondir devant ma mine déconfite, je n’ai rien de concret, mais crois-moi, je vais le découvrir. Tu crois peut-être que j’ai gobé cette histoire comme quoi, Holy n’a pas supporté la rupture et t’as buté ? Mais je t’en prie Sinclair, ricane-t-il à gorge déployé, cette fille a beau être une rebelle, elle n’aurait jamais pris le risque de mettre sa famille en danger pour une petite histoire de cœur brisé. Et si j’avais encore un doute à ce sujet, sa récente réaction vient de tout confirmer. Elle est plus du genre garder sa dignité. Conclusion, tu as dû lui faire un truc vraiment moche pour qu’elle en arrive à cet extrême. Et mon petit doigt me dit que tes méthodes peu catholiques y sont pour quelque chose. Alors je te le demande. Non, je te le redemande, laisse cette fille en paix, et règle tes problèmes. Elle te l’a demandé, respecte sa décision. Je crois que tu as suffisamment de quoi t’occuper en ce moment, entre les parents et ton pot de colle.
–– Est-ce toi qui me fais suivre dernièrement ?
Voilà la seule chose que j’arrive à placer alors que mille autres lui sont prioritaires. Mais je ne vais certainement pas avoir cette conversation avec mon frère. Aussi vrai qu’elle m’est désavantageuse, à l’instant je la sens comme une agression, un tue l’âme, la pire méchanceté dont a jamais fait preuve Neil à mon égard. J’aurais préféré qu’il se taise, qu’il ne dise rien, comme tel a été le cas jusqu’ici. Là il en rajoute juste une tonne à la tumeur de mes plaies encore fraîche et chaude. Et je n’aurais jamais pensé le dire avant cet instant, mais voilà, je crois que je le déteste. Non pas qu’il ait tort sur toute la ligne, seulement, il a choisi le mauvais moment pour me lancer mes erreurs à la figure. Là j’ai juste l’impression qu’il me rit au nez, qu’il déverse sur lui aussi sur moi, une rancœur longtemps accumulée. A croire que tout mon entourage ne sait faire que ça récemment.
Ou alors, peut-être que le seul fautif ici c’est moi, pour n’avoir toujours pas tranché sur ce que je désirais vraiment entre la rédemption, ou rester dans le déni. Non, ce n’est pas la question du jour. Mon affliction, elle oui par contre.
–– Je ne te fais pas suivre, non. Je mène ma petite enquête c’est vrai, mais pas comme tu te l’imagines.
–– Humm.
Je suis trop épuisé pour ajouter quoique ce soit d’autre.
–– Mais raconte, c’est quoi cette histoire ? Comment ça tu te fais suivre ?
–– Pas tes affaires lâché-je sans un regard dans sa direction, bien décider à mettre de la distance entre nous.
Parce que dorénavant, je me sais officiellement seul au monde. Incompris, voilà comment je me sens. Alors, on ne va pas faire comme s’il ne m’avait pas balancé de la merde à la gueule et que je le crois encore suffisamment bienveillant pour s’inquiéter pour moi.
Tous des traitres ! Des traitres… Elle la première, à me bercer d’illusions au moment où je n’en ai pas besoin, pour se faire plus cruels que des voleurs de gosses, lorsque vient la vraie heure.
Mon téléphone fait encore les frais de l’apocalyptique courroux qui ne se résout pas à me quitter. La crétine en chef, cette imbécile de Danich, celle à qui je dois mon malheur présent appelle.
Crève de solitude, salope !
C’est d’ailleurs un cadeau que je lui fais en découchant cette nuit, parce que Dieu seul sait qu’il pourrait lui arriver malheur si jamais je la croise dans les vingt-quatre heures. En tout cas une chose est sûre, je ne lui ferai même pas le millième du bien dont la comblera son triste sextoy de merde. Oh et puis merde, quelle s’irrite la chatte avec, pour avoir je ne sais comment eu la bonne idée de se pointer ici au mauvais moment. Après avoir lamentablement échoué à essayer de me convaincre que rien n’était de sa faute dans cette situation qui me pèse à présent, cette farce qu’est notre relation, je n’arrive même plus à éprouver la compassion qu’elle m’inspirait au départ. Holy et moi étions censé l’avoir ce moment d’intimité, et par sa faute, plus rien… pas même l’espoir. Je ne supportais déjà pas cette blondasse avant, aujourd’hui c’est pire. Je ne peux, ni ne veux plus la sentir. Cependant, il y a les contraintes, mes conneries et ce foutu karma qui ne s’arrête jamais.
Enfin peu importe, cette nuit, j’irai laisser couler mon soul où bon me semblera. Si cet idiot de Neil a raison sur une chose, c’est bien sur le fait qu’il me faut m’éloigner d’Holy. Nous ne nous faisons pas du bien. J’ai beau l’aimer comme personne, je suis beaucoup trop en colère pour rester lucide et surtout altruiste. Impossible de l’être alors que je me sens toujours aussi inférieur à ses côtés, redevable et coupable. Et ce n’est pas prêt d’arriver, pas tant que je n’aurai pas tout réparé.
Ça fait un mal de chien, cependant je lui cause beaucoup trop de peine en insistant. Elle doit retourner avec les siens, dont je ne ferai jamais partir, d’après la triste expérience qu’a été notre relation assez particulière. Ce mensonge qui s’est finalement révélé être ma vérité… Ou pas, je ne suis plus sûr de rien. Holy n’a pas crié, elle n’a pas été sarcastique, elle ne m’a pas invectivé ; c’était bien plus que cette balle tirée dans mon abdomen. C’était un adieu.
Maudits soient les bras dans lesquels elle ira se consoler.
–– Je ne dis pas que tu dois renoncer à elle, recommence mon frère dès que je sors de mon bureau, paré à débarrasser le plancher. Bats-toi pour elle, mais pas de cette façon. Tu emploies la mauvaise manière.
Le sifflement entre mes dents souligne mon agacement, mais surtout, mon hilarité. C’est l’hôpital qui se fout de la charité, Neil me donne des conseils sur l’amour. J’aurais réellement tout vu aujourd’hui.
–– Peut-être, mais là tu vois, j’aime mieux tenir que courir.
Ça veut dire ce que ça veut dire… Holy ne me brisera jamais plus le cœur.
De retour enfin... Je suis toujours souffrante alors, c'est un peu compliqué.
Aussi, rentrer dans la tête de Sinclair a été plus compliqué cette fois... Il fait son ronchon et j'avais besoin que ce soit cohérent...
Est-ce que ça l'est ? J'attends vos réactions avec impatience.
J'espère que vous allez bien chez vous, avec le déconfinement et tout...
C'est aujourd'hui qu'il prend effet dans mon pays, ce qui implique reprise des cours et tout le tralala... La réadaptation en outre. Mais bon, on fait avec.
Sur ce je vous laisse, et vous dis à très bientôt. Je ne sais pas quand mais, la semaine prochaine vous aurez bien un nouveau chapitre... Sinon, à ce stade de l'histoire, comment vous la trouvez ?
J'attends vos avis... Et là, ciao... Je m'en vais enfin.
Love guys 😜❤️
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