Épilogue
Sinclair
— Maelou, Maggy ! glapit Maelys sur le pas de la porte, la main posée sur son énorme ventre de femme enceinte.
Je pari que Maggy s'est encore mis en tête de tresser les dreads du petit. Le temps ne tarde pas à me donner raison.
— Désolé maman, s'empresse Maël de tempérer l'irritation de sa mère lorsqu'il croise son regard courroucé. Yoh mon oncle ! fait-il ensuite à mon intention. Au revoir petite Chidin.
Je suis toujours autant bluffé de voir à quel point il grandit ce chenapan. C'est une vraie terreur, derrière ces airs de saints qu'il n'affiche qu'en présence de sa mère.
— Mille pardon Maelys, arrive à son tour Maggy, les doigts fourrés dans ses cheveux pour finir de les lisser.
Elle a quatorze ans maintenant. C'est devenu un petit bout de femme. Elle le revendique avec véhémence d'ailleurs, au grand dam de son père, sa grand-mère, Holy et moi-même.
— C'est quoi ce trait Maggy ?
— Juste un trait d'eyeliner, bougonne cette dernière en connaissance de cause.
Normal, elle a interdiction formelle de se maquiller. La suite est donc évidente. Je comprends mieux le retard à présent.
— Tu montes l'effacer tout de suite !
— Nous sommes déjà en retard !
— J'ai dit tu montes, et que ça saute ! Et d'abord tu l'as eu où ?
— Dans les affaires de Danaé, ronronne cette dernière, boudeuse en trainant les pieds au sol.
— Tu ne touches plus aux affaires de tes tantes Maggy. Est-ce que tu m'entends ?
— Comme si c'était possible de ne pas t'entendre. Tu cries je te signale. Et puis c'est pas juste. Toutes mes copines ont le droit de se maquiller, elles.
— On en a déjà parlé jeune fille. Maintenant file. S'il faut faire les choses par suivisme, alors je dis non ma grande. Tu montes maintenant.
Ah la jeunesse, si pressée de grandir. Il faut savoir leur imposer des limites, sinon ça va vite en couilles. J'en sais quelque chose. Mieux, j'en sais énormément, et mes doigts me brûlent encore, me faisant payer l'affront de m'être trop rapproché du feu.
— Dépêche-toi Mag, ajoute la brune en cloque, la tête de son petit contre sa cuisse. Je vais encore me faire disputer. La femme du pasteur en retard. Franchement, où est-ce que ça s'est vue ça ?
Eh oui, Hervey est tout récemment devenu pasteur. Ça a été une cérémonie haute en couleur, mais si je m'en tiens à tous les rapports écrits comme récités de ma tigresse, de violents orages ont précédés cette décision. Hervey était censé succéder à son père, prendre les commandes de l'empire Tiger plus jamais à son apogée, jusqu'à ce qu'il leur claque à la gueule le fameux verset « les voies de Dieu sont impénétrables ». Dempsey n'a pas échappé à la crise de nerfs, et pour cette fois-là, c'est Armony qui a menacé de le désavouer pour lui faire changer d'avis. En vain, car nous sommes-là aujourd'hui, et il prêche officiellement depuis trois mois.
— Tu as des circonstances atténuantes, fais-je en désignant son ventre, un sourire au coin des lèvres. De ce que je sais, ça ne doit pas être facile à assumer tous les jours.
Holy ne m'a rien épargné. Et comme elle est la reine des pestes au pays des pestes, j'ai eu droit à la version outrancière de la chose --d'autant plus que je n'étais pas là. Elle s'en donnait à cœur joie, pour me faire culpabiliser depuis la cellule. Je me souviens de ce mois où ses pieds ont commencé à enfler. Puisqu'elle n'avait plus mon autorisation pour passer à la prison, elle m'a châtié de pleurs —insultes avec— à chaque coup de fil dont on s'est contenté, jusqu'à ma sortie.
— Mais ça va pas Sinclair, tu me demandes de mentir ? Et devant mon fils en plus.
— Ce n'est pas un mensonge, ricané-je, amusé par les grimaces silencieuses du petit Maël, énervé par les mains de sa mère plaquées contre ses oreilles, pour lui épargner mon mauvais évangile. C'est juste un report de vérité.
— Merci, mais je vais me passer de ce conseil Sinclair. Laisse-moi plutôt embrasser ma nièce. Elle est si belle avec ses yeux bleus. C'est ton portrait craché.
Ça c'est bien vrai. Mis à part son teint basané, les cheveux noirs de sa mère et son caractère de feu, ma fille c'est ma version féminine, plus l'innocence, en plus jolie. Mille fois plus jolie.
— Me voilà, resurgit enfin Maggy, naturelle, comme elle devrait rester, surtout de l'intérieur.
— Tu es bien mieux comme ça, ma puce.
— Ton oncle a raison Mag, tu es très belle. Ne soit pas pressée de te couvrir le visage avec toutes ces potions chimiques, je t'assure. Et maintenant en route. À tout à l'heure Sinclair.
Le sourire aux lèvres, la plénitude dans le cœur, je referme la porte du manoir d'une main, puis dépose un baiser sur le crâne de ma fille dont le regard indique clairement qu'elle ne tardera pas à aller rejoindre Morphée —et c'est tant mieux d'ailleurs, parce que je trime à me trouver une heure creuse depuis ce matin. Pas que sa compagnie m'ennuie, non, en aucune façon. D'ailleurs Holy n'a pas fini de se plaindre de notre lien père-fille trop accaparant à son détriment. Il y a juste que, justement, ma tigresse me manque.
Nous sommes supposés être en vacances, et donc avoir un peu plus de temps libres pour nous deux, mais les choses prennent une toute autre tournure. En même temps, il ne fallait pas s'attendre à mieux avec une telle population sous le même toit. Tiger, Delano, Koch, amis et compagnie, ça en fait du monde.
L'idée était de ma mère, passer des vacances en famille, ici dans notre île privée, mais l'enthousiasme qu'elle a suscité chez tout le monde laisse à penser que nous l'avons tous eu au même moment ce besoin de faire une pause collective. Même mon père a tout de suite dit oui, pourtant il est toujours aussi distant qu'avant avec les Tiger, --tous sans exception-- c'est pour dire. Dieu merci, il est le seul, sinon la vie au quotidien ne serait pas ce qu'elle est dernièrement : toute en fête, pleine de rires et de moments agréables, malgré le nuage de cœurs brisés qui s'y entasse. Ma mère fait un effort avec tout le monde, sauf avec Holy. Parce que Holy, elle en est désormais la fan numéro un. Elles se sont beaucoup rapprochés pendant que j'étais en prison.
— Papa, soupire inconsciemment Chidin une fois dans son berceau.
Stacy Chidin Delano, ma fille d'un an, et elle dort enfin. Elle a hérité de l'exubérance de sa mère, l'endormir n'est jamais chose facile. La quitter non plus. Je suppose que c'est lié au fait que je n'aie ni assisté à sa venue au monde, ni à sa courte vie dans le sein de sa mère. C'est un de mes nombreux regrets dont les murmures obscurs grossissent dans ma tête dernièrement, mais qu'avec les conseils de mon beau-père —nous sommes devenus assez proches pour— je parviens tant bien que mal à canaliser.
Ouais, tant bien que mal, parce que la prison ruine... Elle ruine à mort.
— Dors bien ma princesse, murmuré-je attendri, avant d'être pris d'un fou rire contenu. Dors longtemps surtout, je t'en prie. En tout cas, assez pour que j'aie le temps de lui faire sa fête à ta mère.
Je décline l'ascenseur pour descendre les trois longues rangées d'escalier à pied. Un besoin comme un autre de me sentir en vie, en liberté et éprouver toutes ces sensations perdues et à nouveau retrouvées. J'ai peur de n'être qu'en train de fantasmer, d'où cette nécessité de prolonger toute observation. Qui sait, en plein dedans, je pourrais me réveiller.
Heureusement pour moi, cinq mois sont passés, et ce n'est toujours pas le cas. Ma fille m'appelle papa, ma femme m'aime comme, si ce n'est dix fois plus qu'avant, ma famille est toujours présente et mes investissements dans le soccer commencent à porter de leurs fruits...
Oh putain, cette odeur de citron n'en finit pas de me rendre fou ! Holy n'en finira jamais de me rendre accro à tout ce qui me ramène à elle, et de me faire perdre la tête, rien que par sa sublime présence. Les bras enroulés autour de sa taille, je plonge mon nez dans son cou, bien décidé à lui faire entendre raison. Surtout la raison de ma queue en surchauffe.
— Tu me déconcentres Sinclair, se plaint-elle sans arrêter de remuer le sofrito, avant de reculer pour aller retourner les tostones aplaties sur la poêle.
Elle a décidé de nous faire manger typiquement portoricain aujourd'hui. Je me prends par ailleurs une tape sur la main, en m'approchant du saladier plein d'alcapurrias, une sorte de beignets farcis frits, faits de plantains verts et de viande. Trop bon, j'en raffole, mais pas autant que d'elle.
Alors c'est ça ma belle, touche-moi.
— Tu m'en vois ravi, tu me tortures bien toi.
— Ah tu te rappelles enfin que tu as une femme. Non, fiancée, corrige-t-elle, sans cacher sa rancœur, très à voisine avec un de ses nombreux caprices. Je croyais que tu avais beaucoup trop de travail.
Entre sa fille et elle, je perds la tête. De vraies sangsues. Les plus adorables de toutes certes, mais j'ai aussi besoin de me reconstruire en tant qu'homme, et ça me demande un temps de dingue. J'ai dû choisir pour pouvoir tenir le coup avec mes nouveaux engagements au travail en tant que propriétaire d'un club professionnel de football.
— Nous sommes en vacances Holy.
— Oui, en famille. Ça suppose de passer des moments comme ceux-ci. En famille. Maintenant va t'asseoir avec les autres, je n'ai pas encore fini.
Sans chaleur, pas d'amour, et me voilà transformé en petit garçon bougon. Ce ne sont pas ses mots qui me tuent, c'est la vague d'émotions à leurs trousses.
Entre Holy et moi, ça n'a jamais été une équation mathématique de premier degré, triviale et fastoche —et on s'est y fait— mais récemment on a tellement du mal à se dire les choses qu'on accumule les « system error » à l'overdose. Mark dit qu'on sature. Que je l'aime trop et elle, exagérément, dans un contexte lui-même trop chargé pour nous faire de la place, d'où les retenues. Tout ça me donne l'impression d'avoir régressé --moins ses doutes sur la légitimité de notre relation.
Et dire qu'on se mari dans quelques jours seulement.
Mais j'en ai assez. Non seulement j'ai trop envie d'elle, j'ai aussi perdu toute patience dans ce trou. Le besoin de vivre, voguer à ma guise et me sentir libre m'est devenu aussi vital que pesant. Comme l'air, léger ; comme du gaz carbonique, asphyxiant.
— Ma beauté, s'il te plait. Écoute, je te promets, ça va changer. On ne peut pas se marier fâchés.
— Je ne suis pas fâchée mon amour. À vrai dire, j'essaie juste de ne pas te brusquer. Ne te sens pas forcé. Tu as besoin de temps, je comprends. Mais tu me connais, j'aime juste bouder. Ça doit être un truc avec mes gênes, fait-elle sans état, l'esprit absorbée par sa cuisson —pauvre moi.
Je m'écarte pour la laisser transporter son saladier sur l'ilot, mais ne reste jamais bien loin.
Toujours suivre la trace de sa proie, parole d'un chasseur.
— La petite dort, je me suis dit que toi et moi, on pourrait... enfin, tu vois, et qu'après on pourrait aller faire une balade tous les trois.
Elle secoue immédiatement la tête, m'arrachant dans la volée le cœur, pour l'emmener avec elle vers sa marmite de sofrito sous laquelle elle supprime le feu, avant de la déporter elle aussi sur le plan de travail. Entre les deux trajets, je vois ma vie me défiler sous le nez. Au sens propre comme figuré. Peur et amertume sur ma langue ont un vilain goût d'incompréhension et dans mes yeux, une fatigante impression de vertige.
— La balade, je ne pourrais pas. J'ai déjà des plans avec Archie.
— Qu'est-ce que tu fais là Sinclair ? nous interrompt précisément mon petit frère, un panier plein d'ananas dans les bras. Mon cordon bleu ne peut pas travailler dans ces conditions. Je ne veux pas courir le risque de manger ton sperme mec, alors dehors.
Et voilà comment je retrouve dans le salon, la queue dure entre les jambes et le corps bien trempé de honte et tristesse, avec Neil, Dwight et Faye —ce qu'on fait de mieux comme connards dans le coin dernièrement.
— Elle en est où avec la cuisine Holy ? entame Faye à peine j'ai posé les fesses sur le cuir du canapé. Toutes ces odeurs auront la peau de mon estomac, merde.
— Ma femme n'est pas ta bonniche, je te signale. Et puis elles sont où les autres ? Elles pourraient aller les aider. Et vous aussi d'ailleurs.
— Fiancée, me corrige ce dernier, bien content, du reste.
Il faut le dire, il a beau se forcer, la pilule ne glisse toujours pas dans sa gorge. Sa rancune persiste. Sa relation avec Holy n'est plus ce qu'elle était à l'époque, il y a de quoi. Et quelque part, ce n'est pas trop mal non plus. Je ne l'aime pas particulièrement, contrairement à Hervey dont la force d'esprit m'impressionne de jours en jours, ou à Dwight dont j'envie la légèreté et le sens de la rigueur. Faye je le trouve hypocrite, lâche même, et dernièrement, perfide.
Mais dans l'ensemble en réalité, je n'ai pas de relation assez étroite avec mes beaux-frères. Et c'est encore pire depuis mon rapprochement évident avec Dempsey. Il est clair que lui et moi partageons bien plus de choses qu'il n'en partage avec ses trois fils réunis —je dérange donc.
— Elles sont à la plage, me répond convenablement Neil, affalé sur le tapis comme un tas de merde. Il n'y en a pas beaucoup qui ne pensent pas qu'à leur gueule. Laisse-nous profiter un peu d'Holy frangin, s'il te plait, sinon on n'aurait même pas droit à un plaisir culinaire en l'absence des domestiques.
Il fait encore les frais de sa nuit agitée. Fatigué jusqu'à l'os, c'est tout juste s'il ne se met pas à bêler, puisque parler lui coûte tant.
Sinon très franchement, je n'aime pas qu'ils profitent ainsi de la gentillesse de ma femme —même si pour leur défense, elle le fait et de son propre chef, et de bon cœur. Ça me fait chier que ce soit toujours elle qui se plie en quatre depuis notre arrivée, tandis que Danaé et sa petite bande d'abeilles passent leur temps à se prélasser au soleil et à saturer les réseaux sociaux. C'est fou, même Dove a pris la grosse tête on dirait.
Mais ce qui me rend le plus malade c'est de contribuer à cela, vue le peu de temps que je lui accorde.
— On ne va pas en faire un drame non plus, soufflé-je, bien plus préoccupé par autre chose de toute façon. Vous parliez de quoi ?
— C'était au tour de Faye de nous raconter sa nuit, baragouine mon frère à la fin d'un lamentable bâillement. Histoire de voir si la petite sirène de l'hôtel, cette fille de la réception dont je t'ai parlé... tu t'en souviens au moins ?
Pas du tout, mais je hoche la tête.
— Voilà. Elle me chauffe.
— Et donc ?
Faye rigole dans sa gorge. Il a l'air d'un beau diable. Et encore, je ne sais clairement le décrire. Dwight plongé dans son téléphone, sourit, au parfum de ce qui se trame.
— Ce sont des malades, je te jure.
— Il n'y a rien de fou là-dedans. On prépare juste une orgie. Et tu te doutes bien que je ne vais pas me taper une débutante. J'ai déjà donné avec cette chanteuse à deux balles.
— Ta femme, ponctué-je, réellement troublé.
Il file vraiment du mauvais coton dernièrement. Ils filent tous du mauvais coton et c'est dingue : Je suis celui qui sort de prison, merde !
— Ex-femme, me corrige-t-il, l'index en l'air, le fiel dans la voix à la mesure de la raison de leur séparation.
Pour une fois qu'il s'est fait baisé... Dire qu'il enrage serait un euphémisme. Danaé et lui ont signé les papiers du divorce l'été dernier. Depuis il a repris ses conneries. Pire, depuis il s'est trouvé des camarades pour ses conneries, du coup le mal a pris de la graisse. Parce qu'en matière de goujaterie, il ne pouvait pas tomber sur pire que Faye et son égo surdimensionné. Cinq ans qu'il joue au ping-pong avec Lara. Un étrange jeu de dupe, très toxique dont eux seuls maîtrisent les règles, mais voilà, ça a l'air de lui convenir à elle aussi.
— Qui se marie de nos jours en plus ? C'est des conneries tout ça.
— La ferme Faye, souffle le basketteur, très en colère contre ses comparses, mais surtout contre lui. Tu dis ça parce que Lara te mène par le bout du nez. Faut reconnaitre mon type, elle t'a battu. Tu as passé ton temps à papillonner espérant qu'elle viendrait se jeter à tes pieds, simplement parce qu'à une époque elle a eu le malheur de t'avouer qu'elle était amoureuse de toi. Sauf que voilà, tu t'es pris un vent. Méchamment. L'amour ça ne suffit pas toujours. Et ça ne justifie pas tout non plus, connard.
— Tu peux parler.
— Neil toi aussi, la ferme. T'as même pas été fichu de garder ta femme auprès de toi, et tu crois que te taper toute l'île va te rendre plus homme ?
Les deux crétins, explosent de rire. Je préfère rester en retrait. Ces histoires je les connais, mais je ne les ai pas vécus. Je ne me sens pas le droit de les commenter. Et puis ça réveille quelque chose de désagréable en moi, l'impression d'être de trop. D'être trop en retard. Heureusement mon téléphone vibre.
« Je te suis au bout du monde »
Mon sourire s'élargit, mes yeux s'illuminent, ma queue vibre, tout mon être exulte. Voilà, quand elle veut.
« Tu as mon éternité »
Je ne sais pas si l'amour ne justifie pas tout tel que l'a dit Dwight, mais je sais qu'il pardonne tout, croit tout, attend toujours et supporte les coups durs. Ça marche comme ça entre Holy et moi.
— Dit le mec qui s'est tapé une pute la veille de son mariage, se moque Neil avec méchanceté. Tu ne vaux pas mieux que nous mon pote. Faut redescendre le basketteur. Surtout que le dunk, tu l'as manqué.
— J'ai déconné c'est sûr, mais moi au moins je reconnais mes erreurs. D'ailleurs, j'allais en venir Sinclair...
« Une folle envie de sentir ta langue contre mes lèvres »
« Crier ton nom, mon plaisir »
La bouffée de chaleur manque de me faire suffoquer. C'est d'une grande inspiration que j'arrive à me contenir, avant de me racler la gorge pour lui répondre.
« À l'étroit et livré au désarroi dans mon pantalon »
— Ouais, tu disais ?
— T'aurais pas quelques tuyaux à me filer ? Entre ma sœur et toi, c'est toujours si... torride.
— Torride n'est pas le mot, pouffe Neil, dont la voix déborde cette fois d'envie, plutôt que de sarcasme. C'est plus chaud entre eux que dans une chambre magmatique. Regarde-le un peu, elle est de l'autre côté et déjà ça pue le sexe.
« Alors on recommence, tu me laisses faire et je caresse ton sexe... lentement »
Je vais exploser. Et j'adore cette perspective. J'adore surtout cette femme et tout ce qu'elle représente. Et sur le moment, cette idée de génie qui nous a permis de tenir pendant mes soixante mois de prison. C'est une des solutions qu'elle a trouvées pour nous faire gagner du temps, compte tenu du temps assez restreint dont nous disposions pour les visites conjugales --d'autant plus que certaines fois, lorsqu'il fallait parler de sujets collectifs, il fallait le partager avec le reste de la famille.
— En même temps, ne peut s'empêcher Faye, de crachoter son venin, cinq ans ça laisse des séquelles.
« Te sentir tendu dans ma main... laisse toi faire, je me fais plaisir »
Voilà de quoi éteindre mon aversion contre son cousin. Alors je laisse faire...
— Tu ne peux pas t'empêcher de renvoyer ton mal être sur les autres hein, Faye ?
— Non, ricane Neil, et je le comprends. Il est jaloux. Comme moi. Non mais tu as vu comme elle le regarde ? Tu en connais toi beaucoup des gens qui baisent juste en se regardant dans le blanc des yeux ?
J'ai beau ne plus passé autant de temps avec mon frère qu'avant, ça je l'avais un peu remarqué par contre. Je aussi de source sûre qu'il n'y a pas seulement ça qui le chiffonne. Mark y est aussi pour beaucoup.
— Pas étonnant qu'il se prenne pour dieu tout puissant lui-même. Moi je trouve ça flippant, merde !
Quel con ce mec. Par chance, j'en ai que faire de lui. C'est à peine s'il ne m'indiffère pas. En plus, comme par magie, à chacune de ses venimeuses interventions, je reçois, un de ces messages sexy qui me font tourner la tête, de la part de la déesse de ma vie.
« Sur ma langue, puis entre mes lèvres. Ton sexe, mes caresses. Je te suce. Tu aimes ça, n'est-ce pas ? »
« Bordel de dieu, oui ! »
— La ferme négro, s'étouffe Neil en redressant. Ouf, souffle-t-il dès qu'il retrouve le confort d'une assise. Blague à part Fayu-chouchou, reprend-il hilare une fois calmé, sous le regard menaçant de ce dernier. Ça n'a rien à voir. Même enfermés, je parie qu'ils ont baisé ensemble plus que moi et Danaé on ne l'a fait en trois ans de vie commune. Et pourtant tu me connais, je suis plus chaud que les charbons de l'enfer. Donc je suis, du même avis que Dwight. Ils doivent avoir un truc, un secret... quelque chose.
— Exactement, confirme Dwight avec emphase, prêt à rebondir sur sa question. En plus je connais ma sœur, et parce qu'elle l'est je me contente de la traiter de teigne. Personnellement, je ne connais pas plus rancunière comme fille, alors tu fais quoi pour la convaincre de te pardonner aussi vite ? Je veux dire, je me suis pris des tonnes de seaux d'eau sur la tête avec Dove, mais bordel mon erreur n'est même pas comparable à toute ta merde. Genre, je suis un saint à côté de toi, putain.
Neil confirme de la tête. Faye me guette du coin de l'œil, un sourire sadique au coin de la bouche. Peut-être se dit-il être sur le point de voir le piège se refermer sur moi.
Ça pourrait-être le cas, en plus...
— Ouais le magicien, dit nous. Comment tu as réussi à ensorceler notre sœur ?
« Lentement... rapidement, te sucer. Je veux t'entendre jouir »
Une fois encore, son message tombe à pic pour maintenir mes pulsions de haine contre son cousin, loin de moi. Mes pulsions sexuelles, elles par contre, c'est une autre affaire.
« Holy tu ne perds rien pour attendre, tu vas me sentir passer... je vais me faire plaisir ma reine. Prépare-toi »
— C'est simple. Tu lui dis que t'es un moins que rien, et l'affaire est réglée.
Évidemment, ils s'estomaquent tous, ces machos de circonstances. Malheureusement heureux de porter leurs œillères. Incapable de reconnaître que quand on s'est fait avoir, il est préférable d'arrêter de s'agiter. C'est logique : plus tu bouges, plus les liens te brulent la peau. C'est pareil avec l'amour. Une fois qu'il t'a fléché, il n'y a plus qu'à déposer les armes. C'est un combat perdu d'avance.
C'est pareil avec ces dames qui forcent les portes de nos cœurs, afin d'en coloniser les moindres recoins, le piller, subtilement, avec élégance : du grand banditisme. Une fois que leur souvenir s'est implanté dans un cœur d'homme, inutile de courir. C'est perdu d'avance. Et en cela réside leur pouvoir, leur force : elle gagne de l'intérieur, quand nous, nous nous évertuons à essayer de préserver les apparences.
La vérité reste pourtant la même : on les aiment, elles nous malmènent... de l'intérieur, et pour le plaisir des yeux, nous laissent le reste.
« J'ai fini »
« Alors toi, moi, tout de suite. Sous la douche »
Ils le savent, mais refusent de se l'avouer, ils ont déjà perdu. Elles gagnent toujours.
« Moi qui ? »
« Mon amour, ma déesse, ma beauté, ma reine »
— T'es sérieux là frangin ? s'indigne Neil. Moi jamais de la vie. De toute façon, ce n'est pas moi le fautif de l'histoire. Si tu veux tout savoir,je suis bien content que ce soit fini.
Et les deux autres le soutiennent sans surprise. Je soupire, c'est leur problème après tout. Mais j'ai déjà fait ma part. Maintenant, il faut que j'aille baiser ma femme... Oups, lui faire l'amour. Elle aime mieux ça, désormais, la langueur, la volupté dans sa splendeur, ma femme.
Ouais, ma femme.
Fin
Je l'ai enfin posé. Fin... mais du tome 2 seulement, par contre.
Oui, oui, un tome 3 arrivera dans les mois prochains, alors pour ceux et celles qui voudront continuer l'aventure avec Sinclair et Holy, bien vouloir garder le livre dans vos bibliothèques Wattpad pour recevoir la notification dès qu'elle sera disponible, car je compte continuer le tome 3 ici même.
Sinon, un chapitre va suivre, mais il n'en sera pas vraiment un. Je recommande tout de même de le lire, il y'aura quelques annonces.
À tout de suite 😊
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