Can't believe

                    Sinclair







–– Mon amour, tu es là. Viens-là gaillard.

–– Coucou maman.

–– Coucou mon chéri, ça va ?

–– C’est toi qui est sur un lit d’hôpital je te signale.


–– Seulement parce que ton père le veut. J’aurais très bien pu être suivie à la maison.


–– Pour une fois je suis du même avis que lui. L’ambiance est trop tendue en ce moment. Tu as besoin de repos.


Une de ses mains lâche mon bras et se pose sur ma joue droite, puis elle me sourit affectueusement.


–– Te voir plus souvent, voilà qui me ferait le plus grand bien, mon amour.


J’ai conscience qu’il s’agit d’un chantage affectif, mais pour une fois je veux y céder. Maintenant que je sais ce qu’il faut faire passer son cœur avant l’orgueil et les désirs égoïstes, je veux bien lui pardonner ses erreurs. Si elle était morte, je ne serais resté qu’avec une tonne de regrets et de non-dits, alors je peux faire cet effort.


–– On fera ça, je te le promets.



–– C’est vrai ?


Elle inspire profondément et je l’aide à s’assoir. Alors que je serre sa main dans la mienne, elle me gratifie d’un regard espiègle. Telle une gamine craintive, elle se retient de sourire plusieurs fois en fuyant mon regard. J’ai l’impression de revoir la femme pétillante qu’elle était à une époque. Je sais, elle veut me parler d’Holy, mais ne sait pas comment je vais réagir. Je pourrais la soulager en engageant la conversation pour elle, seulement ses mimiques m’amusent beaucoup trop.


–– Tu as bien changé Sinclair. En bien, rassure-toi. Je trouve même plus beau qu’avant.


Je ris et elle tire sur ma joue, comme quand j’étais petit et que je sortais une bêtise juste pour la faire sourire.


–– Que veux-tu, Holy est exigeante. Elle a beaucoup d’options. Et je suis pas là meilleure de toutes alors, je fais ce que je peux.


–– Comme toute jolie fille, soupire ma mère, sans se départir de son sourire maternel. Moi je dis qu’elle est surtout coriace, pour avoir réussie à briser ton armure de glace. C’est fou, je suis ta mère et jamais je ne t’avais vu sortir de tes gongs en vingt-cinq ans.


Mais c’est là qu’elle se trompe.


–– Si ça m’est arrivé un jour. Mais ça a si mal tourné que je me suis promis de plus jamais recommencer.


Elle percute, et son regard s’assombrit.


–– L’accident c’est ça ?


C’est à mon tour de lui sourire, afin de la rassurer.


–– C’est du passé maman. Et même si je ne me pardonnerai jamais, je sais de source sûre qu’on peut aspirer au bonheur même avec une âme blessée.


–– Holy ?


–– Holy, confirmé-je.


Elle s’accorde un temps de réflexion, et laisse la scène à l’appareil médical aux bips réguliers. J’ai aussi le temps de plonger dans mes méandres de mon esprit préoccupé. Entre le silence radio d’Holy et mes recherches qui n’avancent pas, ou très peu, je ne sais plus où me donner la tête. Mais j’ai promis d’accorder du temps à Holy alors, je reste à distance.  Quant aux recherches, c’est plus le vide auquel je me confronte qui m’effraie. Rien, aucune piste. Tout le monde a un alibi solide, vaque à ses occupations. Rien d’étrange, ni de différent. Eh oh, Dixie n’était pas dans la ville au moment des faits. Elle ne l’est toujours pas d’ailleurs, sinon je serais personnellement allé la secouer comme un cocotier. Mais je suis déterminé, alors je ne lâche rien. La patience par contre n’est pas au beau fixe. Chaque minute compte, mon futur avec Holy dépend aussi de la résolution de ce mystère.


–– J’ai le droit de dire que je suis jalouse ?


Je lève aussitôt la tête.


–– C’est vrai, vous êtes si jeunes. Et si beaux ensembles, je dois le reconnaitre. Et surtout, elle a toute ton attention, minaude ma mère qui n’en finit pas de jeter du feu sur mes joues. Ce n’est rien de méchant, resurgit-elle, sur ses gardes, compte tenu de la fragilité de notre relation. C’est vrai ce n’est pas la femme que j’avais rêvé pour toi, mais tu es heureux et c’est tout ce qui compte. Me savoir aussi proche de la mort m'a fait réfléchir tu sais ?


–– C’est le cas pour nous tous, lui confié-je sans oser l’affronter elle, et peut-être le petit garçon que je n’ai jamais cessé d’être à ses yeux aussi.


Pas du même avis que moi, elle quémande mon attention, relève mon menton.

–– Je suis désolée d’avoir essayé de t’imposer Danich. En tant que parents, on a parfois du mal décrocher et de vous laisser voler de vos propres ailes. Pas même lorsqu’on n’a pas été les meilleurs parents du monde. Pardon. Je ne veux pas me dédouaner de quoi que ce soit, et ça n’a d’ailleurs rien d’élogieux. Mais j’ai toujours tout regardé à travers les yeux de ton père. Ça ne m’a pas servi la majeure partie du temps. Vous en avez souffert, je sais. Et même si je ne peux pas refaire le passé, je veux pouvoir envisager l’avenir différemment.


En accord avec cette décision, je m’approche rapidement et plaque un baiser contre sa joue. J’ai attendu ce revirement depuis ce qui me semble être une éternité. C’est donc normal que je sois ému. J’aimerais être plus expressif, mais n’y arrive pas.

Chaque chose en son temps, conclus-je. Peut-être est-il trop tôt pour se mettre à courir. C’est une nouvelle naissance après tout, un nouveau départ. Voilà pourquoi je retourne à mon mutisme, forçant ma concentration sur mes doigts. Spécialement sur le dos de mon pouce où j’ai apposé le même tatouage que celui qui enjolive depuis peu la même portion de main de ma tigresse. Je l’ai vu sur son file Instagram. HS, de part et d’autre d’une croix. Son crucifix est en feu, moi j’ai préféré estampillé une griffure sur le mien, comme celle qu’elle a appliqué sur mon cœur… Comme celle que je lui ai faite la première fois que nous nous sommes touchés ; celle qu’elle a tenu à maintenir à jamais sur le verso de son pouce avec de l'encre.


–– Tu vas l’épouser ?


Mon palpitant s’emballe. Ce n’est pas de la peur, seulement je n’y avais jamais pensé avant. L’idée ne me déplait pas, au contraire. Si ça implique en plus d’envoyer promener éternellement la clique des mecs à ses trousses, je ne dis pas non. Mais encore faudrait-il qu’elle soit partante.


–– Ne suis pas le mauvais exemple de ton frère. Tous les couples ne sont problématiques, tous les amours ne sont pas toxiques.


–– En fait je ne suis pas certain qu’elle veuille. C’est assez compliqué en ce moment, et le futur risque de l’être davantage. Elle a peur. Et même si je le vis assez mal, je la comprends. Elle a raison, je n’ai pas souvent été correct.


Jelissa claque la langue, pour me contredire.


–– Où est la limite de l’amour ? me rappelle-t-elle, sourcils haussés dans une attitude joueuse.


Je souris, malgré la mélancolie qui croit au fond de moi. Holy me manque.


–– À la fin du dernier battement de cœur, réponds-je comme elle me l’a appris, pataugeant entre l’envie de la croire et les doutes crées l’absence par l’absence de ma reine.


–– Voilà, tu l’as ta réponse. Elle t’aime, elle restera.


Mon œil s’étrécit de curiosité.


–– Et tu tiens ça d’où toi ?


–– Au mariage de son frère. Je l’ai vu te regarder.


Le frisson qu’a provoqué ces paroles, n’a pas le temps de terminer sa course sur ma colonne vertébrale que la porte cède sous la pression des doigts de mon père. Une rose rouge à la main, ce dernier s’approche de ma mère et la lui offre après avoir baisé sa main. Le seul coup d’œil qu’il jette sur moi est chargé d’animosité.


–– Comment vas-tu ?


Je me sens vite de trop dans la pièce, et décide de sortir.


–– Ne t’en va Sinclair, j’ai des choses à te dire.


Son visage sans état serait mon sujet de réflexion s’il était question d’attendre plus de deux minutes.


–– Chérie je reviens.


–– Ne le gronde plus d’accord ? se contente de répondre maman.


C’est un fait, il y a des choses qui ne changent pas. Maman restera laxiste toute sa vie durant. Heureusement aujourd’hui, je peux faire mes propres choix, en toute âme et conscience.


–– Je vais essayer Jelissa.


Sur ces mots il rebrousse chemin vers la sortie et m’y précède. Je referme derrière moi, inquiété par tout, sauf cette conversation dont je connais déjà l’issue, même sans en maitrisant les tenants et les aboutissants. « Je vais essayer » ne voulait en réalité que « je vais faire en sorte de parler moins fort ». Le résultat restera le même, il va m’engueuler, comme ce matin lorsque j’essayais une énième fois de le dissuader de riposter contre les Tiger.


–– Tu trouves qu’elle va mieux ? réussit-il quand-même à me surprendre.


J’enfonce les mains dans les poches de mon manteau, et vais m’adosser à quelques centimètres de lui.


–– Elle va beaucoup mieux. C’est une nouvelle vie selon elle.


–– Viens la voir plus souvent d’accord ?

–– Je le ferai.


Au final, voir ma mère couchée nous aura donné une leçon à tous. Mon père qui considère davantage les volontés de sa femme ne pourra pas dire le contraire.


–– Et pour en revenir au principal, poursuit-il sur le même ton monotone, d’où déborde à y voir de plus près, lassitude et reddition. Tu es certain de vouloir passer ta vie avec cette fille ? Tu es certain que c’est ce qu’elle veut aussi ?


Je laisse l’éloquence au silence. Je laisse l’adage qui s’y colle lui répondre.


–– Je n’en ai pas eu l’impression tout à l’heure. Après m’avoir formellement interdit de m’approcher ma famille et moi de la sienne, elle m’a menacé, ponctue-t-il sans perdre de son calme, tandis que le mien vole progressivement en éclat. Pourquoi lui as-tu parlé de ton accident ? finit-il par s’énerver, mâchoire et poings serrés, pour contenir le ton de sa voix.


–– Qu’est-ce que tu dis ?


Moi par contre, j’ai perdu toute retenu. Agrippé fermement au col de son manteau beige, je le maintiens dos contre le mur, persuadé qu’il ment peut-être, assurément effrayé par l’idée que tout soit vrai.

Holy ne me ferait jamais un coup pareil. Et surtout pas, maintenant… enfin, je veux bien le croire. Sauf que la vérité est là, bien logée dans le regard courroucé de mon père. Je tombe des nues.


–– Lâche-moi tout de suite ! Et réveille-toi nom de Dieu ! Qu’est-ce que tu croyais ?


Je m’exécute avec lenteur, crispé sur toute me longueur par les regards curieux qui trainent dans le couloir.


–– Tout va bien, assure mon père à une infirmière ayant sur elle de se rapprocher. Mon fils un peu à cran, mais c’est bon, je m’en charge.

La tête contre le mur, la bouche amère et le corps tendu par la douleur, je les entends et attends sans bouger que mon père s’en débarrasse. Je ne garantis pas d’être poli en m’autorisant à répondre ne serait-ce qu’à la salutation de la dame. Non mais qu’est-ce qu’elle croit aussi, que je vais frapper mon père ? Ce ne sont peut-être pas les raisons qui manquent, mais jamais je ne le ferai.

Holy n’a pas pu me faire ça... si ? Pas avoir m’avoir promis de ne plus rien faire pour me blessé. C’est quand ? Deux jours à peine et là…


–– Qu’est-ce que tu lui as fait ? demandé-je d’une voix éteinte.
Normal, je me sens à bout de force. Cette impression d’avoir reçu une dague en plein cœur est réelle. Et elle me vide de toute énergie.


–– Peu importe mon garçon, se veut-il compatissant en pressant mon épaule. Les faits sont là, et tu peux constater par toi-même que contrairement à toi n’a pas hésité à trahir père et mère pour elle, de son côté tout est différent. J’ai bien peur que tu te sois monté la tête pour pas grand-chose au final. Mais ça arrive, on se trompe tous un jour où l’autre. L’amour c’est compliqué mon garçon.


Pour qu’il en soit à me servir ce buffet-là, il faut qu’il soit shooté. À l’hormone du bonheur je présume. Mon malheur fait son bonheur en somme.

Je vais crever, c’est sûr. Ça fait si mal dans la poitrine et le gosier. Je peine à respirer.


–– Cette fille n’était pas faite pour toi de toute façon. Notre nom ne peut pas être associé à des gens aussi peu fréquentables. Tu vois ils nous ont entraînés dans leur monde de scandales et de drames. Regarde seulement où nous en sommes en un an. Tu t’imagines s’il avait fallu supporter ça toute la vie ?


Stupide, stupide, stupide. J’ai été stupide.

Alors c’est ça le gout de la trahison…



J'espère que vous allez bien.
Moi ça roule, j'avance bien. Je devrais pouvoir relâcher un nouveau chapitre d'ici là.

Et comme promis, euh, je vais lister les six choses que j'associe à l'amour :

*Les conversations tardives
*Les balades dans la nuit
*Le chocolat
*Les bisous dans le cou
*Le bleu pâle
*Les fous rires

Voilà, chacune de ces choses représente des moments particuliers, tous liés avec quelqu'un que j'ai aimé qui m'a filé entre les doigts. Mais bon, je crois que ça aussi été positif puisque je me suis découverte en quelque sorte.

Alors, à partir de ces petites révélations, certaines comprendront pourquoi j'ai cette image un peu *No easy Love...
Parce qu'en effet pour moi, l'amour c'est un vrai casse-tête. Casse-couilles même 😬🤣... Et pauvre de mes perso il en souffrent 😝😏

Alors sur ce je vous dis ciao' et comme toujours à très vite. J'ai hâte d'être à la fin, tout en ne l'étant pas... Me séparer de Sinclair et Holy va être difficile, je les aime tellement. J'en ai presque fait des réelles personnes, c'est fou.
Allé, j'arrête là. Passez une excellente fin de soirée et prenez soin de vous.

Love guys 😜❤️

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