Un petit-déjeuner embarrassant
Comme tous les matins, Marinette avait la tête dans le guidon. Elle se réveilla cependant avec l'angoissante certitude d'être - encore - en retard pour le lycée. Son portable la rassura sur ce point, après trois relectures, c'était bien samedi. Rassurée, elle retourna sous la couette où son compagnon la ramena dans leur câlin interrompu.
Comme tous les matins, Adrien était parfaitement réveillé. Mais aujourd'hui, il n'avait aucunement l'intention de se lever si on lui donnait la possibilité. Il fut amusé du coup de panique de Marinette avant qu'elle ne vienne se rendormir sur son épaule. Il embrassa ses cheveux avant de retourner à son tour dans les bras de Morphée un sourire collé aux lèvres.
Il ouvrit soudainement les yeux et se redressa vivement. Un peu trop car il se cogna la tête contre la sous-pente.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?! s'écria sa compagne pas très fraîche alertée par son cri de douleur.
- Je suis censé participer à un déjeuner d'affaires avec mon père aujourd'hui, expliqua-t-il en se massant douloureusement l'arcade sourcilière. Et je ne suis pas censé être en ta délicieuse compagnie.
- Non, en effet, jeune homme.
Le sang des deux adolescents ne fit qu'un tour. Marinette hasarda un coup d'œil par-dessus le garde-corps de son lit mezzanine.
- Bonjour, maman.
- Bonjour, ma chérie. Bien dormi ? lui demanda Sabine avec un sourire entendu.
Marinette devint rouge comme une pivoine. Elle se cacha le visage derrière ses mains.
- Très bien, merci.
- Habillez-vous et descendez petit-déjeuner. J'ai cru comprendre que Adrien avait quelque chose de prévu aujourd'hui. À tout de suite, conclut sa mère en refermant la trappe.
Sa fille ramena la couette au-dessus de sa tête.
- Je ne veux plus jamais sortir de cette chambre, gémit-elle mortifiée.
Adrien plongea sous la couette pour la serrer contre lui. Elle laissa échapper un soupir de contentement en respirant son odeur et en sentant ses bras autour d'elle.
- Allons bon, comment pourrais-je t'emmener en rendez-vous galant sinon ?
- On peut faire ça ici ? suggéra Marinette.
- Oh buginette, je t'ai connu plus courageuse, la taquina-t-il.
- Tu ne les connais pas. J'espère juste qu'on ne va pas avoir droit... à "la discussion".
- La discussion ?
Elle les dégagea de la couette et le regarda comme si elle était au supplice.
- Oh, tu veux dire... LA discussion quand un garçon et une fille se mettent à sortir ensemble ?
Elle emprunta l'échelle en soupirant avec résignation.
- J'ai déjà été briefé par Nathalie quand j'ai eu quatorze ans, déclara-t-il avec l'air de se souvenir d'un moment inconfortable. Très instructif mais malaisant.
Marinette passa dans la salle de bain.
- Tu m'étonnes. Tu veux prendre une douche ?
- Non, merci. Je la prendrai chez moi. Il ne faut pas que je traîne trop. Remarque, ça aurait pu être pire. Mon père aurait pu avoir l'idée saugrenue de le faire lui-même, s'imagina-t-il en se rhabillant.
Marinette eut un rire horrifié tout en imaginant la scène. Elle revint habillée et coiffée, ils étaient prêts à descendre.
- En ce qui me concerne, j'ai eu de longs échanges avec ma mère quand j'ai eu mes premières règles. Tout aussi instructifs.
Elle inspira pour se donner du courage.
- Prêt ?
- Et toi ?
- J'apprécierais énormément une soudaine attaque d'akuma.
- Marinette... allons, c'est tes parents.
Elle lui jeta un regard pas convaincu.
- Ah oui ? Et tu seras aussi détendu quand je viendrais dormir chez toi ? le défia-t-elle en croisant les bras.
Il acquiesça tout en nuançant le propos.
- Mon père en sera informé quarante-huit heures à l'avance avec courrier recommandé.
- C'est une blague, j'espère ?
- Si seulement... allez, je sens les croissants tout juste sortis du four ! fit-il d'un ton gourmand en descendant le premier.
Marinette se demanda vaguement si ses sentiments n'étaient pas en partie motivés par son statut de fille de boulangers.
Ses parents étaient attablés dans la cuisine. Côte à côte, attendant patiemment qu'ils descendent. Marinette n'en menait pas large tandis qu'Adrien tentait une approche plus détendue mais néanmoins humble. Tom et Sabine les regardèrent avec cet air qu'on définissait soit comme inquisiteur, soit comme moqueur. Voire les deux.
- Bonjour, jeunes gens, les salua son père.
- Bonjour, papa.
- Bonjour, monsieur Dupain, le salua à son tour Adrien un peu dans l'appréhension.
- Appelle-moi Tom, mon garçon, lui dit-il en lui tendant une immense main par-dessus la table.
"Mon garçon" s'empressa de lui serrer la main.
- Merci, mons... euh, Tom, lui répondit-il ravi de cet accueil.
Marinette souffla, soulagée de voir que son père ne passe pas en mode "papa garou". Sabine les servit en jus d'orange et enchaîna :
- Tu auras mis du temps, dis donc. Marinette nous parle de toi depuis...
- Maman, s'il te plaît. On est ensemble depuis même pas vingt-quatre heures, ne lui donne des raisons de revenir sur sa décision. Pitié ? lui demanda sa fille en joignant les mains en signe de prière.
Sabine eut un de ces sourires dont les mères avaient le secret.
- Comme tu voudras, ma chérie.
Adrien se pencha à son oreille :
- Tu sais, j'ai déjà pu admirer ta très grande collection de photos. J'aime beaucoup le modèle.
Marinette devint cramoisie et tenta tant bien que mal de se cacher derrière ses mains.
- Mais achevez-moi...
- Oh ce serait dommage ! la taquina-t-il en mordant dans son quatrième croissant au beurre.
Tom et Sabine purent admirer la bonne entente entre leur fille et l'élu de son cœur. Ils bavardèrent dans la bonne humeur puis vint le moment où Adrien dut partir. Ils se donnèrent rendez-vous le lendemain ainsi qu'un baiser sur le pas de la porte.
- Alors ? commença son père une fois de retour dans la cuisine.
- Alors rien.
- Es-tu heureuse, ma chérie ? lui demanda plutôt sa mère.
Marinette repensa à hier soir et ne put s'empêcher de sourire tout en se mordillant la lèvre.
- Très.
- Bien. Inutile d'avoir à nouveau la discussion ?
La jeune fille tenta de garder un semblant de dignité malgré ses joues rosies.
- Non, merci. J'ai tout ce qu'il me faut.
Le reste du repas fut plus reposant pour les nerfs de l'héroïne. Elle finit son chocolat sur sa terrasse en rêvassant. Il faisait un temps magnifique à l'image de son humeur.
- Eh bien, tout se finit pour le mieux, non ?
- En effet, Tikki. Mais si vous pouviez attendre d'être à la maison pour vous câliner avec Plagg... notre secret s'en portera mieux. D'accord ?
- Promis, lui répondit son kwami d'un air contrit.
- Bah. Je serai bien la dernière à te blâmer de vouloir être avec ta moitié. Il me manque déjà.
Son téléphone reçut deux notifications. Intriguée, elle déverrouilla l'écran pile au moment où une explosion retentit dans le ciel de Paris.
Elle venait de recevoir deux messages, un de Nino et un autre d'Adrien.
"Alya a filé au Trocadero pour le Ladyblog. Si jamais tu la croises... ps : j'espère que tout va pour le mieux ;)"
"On va se revoir plus vite que prévu. À tout de suite <3"
Marinette eut un sourire attendri en lisant le premier message et sentit des étincelles exploser dans sa poitrine à la vue du cœur dans le second.
Pas de temps à perdre. Elle ne répondit qu'à Nino car Adrien devait déjà être transformé. Puis elle jeta son téléphone par la trappe qui atterrit en rebondissant légèrement sur son matelas. Tandis qu'une silhouette rouge à pois noir filait à travers les toits de Paris, un nouveau message arriva sur son téléphone.
"Je m'en occupe. Ps : Oui, tout va pour le mieux. MERCI !"
"À ton service. Cela dit, j'accepte les paiements en viennoiserie ;p Bises"
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Et c'est la fin !
Merci de m'avoir lu jusqu'ici, j'espère que cela vous a plu.
Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures avec vos héros favoris ;)
Des bisous <3
PS : Oui, je fais une fixette sur la bouffe, et alors ?
EDIT : il semble que j'ai zappé la partie "origines" de cette contribution (trop fatiguée xD).
L'idée originelle était une nouvelle version de la révélation. Encore ? me direz-vous. Eh bien oui, ce thème m'inspire pour le moment.
À la différence du Miroir de l'Âme, cela ne se fait pas en douceur. Après tout, Marinette fantasme pas mal sur Adrien sans vraiment savoir qui il est entièrement. Et la réciproque est vraie, Adrien est obnubilé par Ladybug sans se rendre compte qu'elle est sous ses yeux. C'est assez enfantin en vérité, mais c'est normal. Ils ont 13/14 ans dans la série et scénarium, tout ça tout ça x')
La dure réalité se rappelle donc à eux. S'aimer ou pas n'est finalement pas l'obstacle majeur, mais la fierté, leur ego. Enfin surtout celui de Marinette. J'imagine que les sentiments d'Adrien sont un peu plus "purs" d'une certaine manière. Il aime la fille derrière le masque sans présupposer qui elle est dans la vie véritable de tous les jours. Notre héroïne a idéalisé l'élu de son cœur et c'est pour ça que la révélation est si dure pour elle.
Elle fait le lien entre tout ce qu'elle sait de Chat Noir et d'Adrien : sa solitude, ses problèmes de famille, ses amis et ses motivations de superhéros. Et ça lui brise le cœur. Si Adrien a été aveugle, que dire d'elle ? Au final, ce garçon est assez discret sur sa vie et se conforme à ce qu'on attend de lui. L'aime-t-elle pour ce qu'il est ou pour l'image qu'elle a de lui ? Un peu comme le rêve du Prince Charmant.
Au final, Nino (#Ninopresident) lui permet de prendre un peu de recul. Et elle l'a dit elle-même, ils n'ont pas changé mais juste leur perception d'eux-mêmes.
C'est ça aussi de grandir.
Des bisous <3
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