Encas de minuit
Ni l'un, ni l'autre n'osaient bouger. Peut-être par peur de briser la magie du moment. C'était irréel. Pouvait-elle vraiment être là ? De l'autre côté de ses fenêtres, à le regarder avec la même appréhension que la sienne.
Elle lui fit un timide signe de la main.
Il lui répondit de la même manière.
Elle se désigna elle-même puis l'intérieur avant de montrer la fenêtre puis lui. Elle finit par hausser les épaules.
Adrien n'en croyait pas ses yeux. Il devait rêver. Il hocha de la tête avant de lui ouvrir et de reculer. Avec une grâce habitée de nervosité, la protectrice de Paris pénétra dans sa chambre. En pleine nuit. Certaines histoires commençaient ainsi. Quant à savoir comment celle-ci se terminerait...
Elle referma derrière elle et fit quelques pas dans ce cadre si peu familier à l'héroïne.
- Il est bien tard pour une visite nocturne, non ? lança-t-il pour rompre la glace.
- Oui, mais il semble que je n'étais pas la seule à ne pas pouvoir dormir, répondit-elle d'une voix étrangement calme.
Il se gratta la nuque et fit quelques pas. Il expira et se tourna d'un même mouvement vers elle.
- Euh... Je... Je peux t'of - vous offrir... t'offrir... hum. Un rafraîchissement ? lui proposa-t-il en se traitant d'idiot bafouillant comme un collégien transi.
Ce qu'il avait été, et ce qu'il était toujours.
- Un verre d'eau suffira, merci, lui répondit-elle avec douceur en se frottant le bras.
Adrien hocha de la tête puis réalisa qu'il devait aller lui chercher un verre d'eau. Il se dirigea vers la desserte roulante et remplit deux verres. Il en tendit un à l'héroïne de Paris avant de s'asseoir. Il réalisa l'impolitesse de son geste et se releva précipitamment.
- Prenez, prends... c'est mieux d'être assis pour discuter. À moins que ce ne soit qu'un arrêt pour se réhydrater ? Héhé !
Il se serait gifler.
Ladybug but son verre pour se donner une contenance et du courage pour la suite. Elle était tellement inconsciente d'être venue chez lui en plein milieu de la nuit. Mais bon, c'était fait, c'était fait. Sur son invitation, elle prit spontanément place dans le fauteuil qu'elle occupait souvent en tant que Marinette. C'était définitivement étrange d'être ici en tant que Ladybug, d'être seule avec Adrien. Il lui était si familier et si étranger tout à coup.
- C'est une belle nuit ce soir. Je crois que c'est la demi-lune, non ? lança ce dernier pour meubler le silence qui s'éternisait.
Il était très nerveux. En tout état de cause, il devait se sentir plus vulnérable en civil. Ou bien, la légende était vraie : un masque vous changeait profondément. Il était agité de tics et martelait l'accoudoir du canapé de ses doigts.
- En effet, répondit-elle avant de se racler la gorge. Adrien, je... je suis désolée de m'imposer chez toi. J'avais besoin de parler et je n'arrivais pas à te joindre... de l'autre manière. Et comme je savais où tu habitais...
Elle se passa une main sur le visage, souffla d'exaspération et se leva de son siège.
- Je suis désolée. Maintenant que je le dis à voix haute, c'est ridicule. Je n'aurais pas dû venir. C'était égoïste et imprudent et irrespectueux de ta vie privée, expliqua-t-elle en se dirigeant vers la fenêtre. J'espère que tu me pardonneras cette erreur de jugement. Bonne nuit
L'héroïne rouvrit la fenêtre avec l'intention de ressortir.
- Attends !
Elle s'arrêta un pied sur le rebord, à moitié accroupie.
- Tu sais qui je suis, n'est-ce pas ? demanda-t-il d'une voix presque pas tremblante.
Elle lui répondit d'un signe de tête par-dessus son épaule.
- Evidemment, sinon tu ne serais pas là. Ma Lady est bien trop maline, conclut-il avec un petit sourire.
Son cœur manqua un battement quand il usa de son surnom. Elle sursauta presque quand il lui prit la main pour embrasser délicatement ses phalanges. Sa marque de fabrique. Un frisson agita chaque fibre de son être. Elle avait beau être Ladybug, face à lui, sa bravoure fondait comme neige au soleil.
Il se tenait face à elle, les yeux brillants d'appréhension et de joie contenue. Adrien l'invita une nouvelle fois à s'asseoir. Cette fois-ci, elle s'installa sur le canapé et il prit place à côté d'elle à distance raisonnable.
- J'en déduis que tu es déçue de ma véritable identité, dit-il en tentant de cacher son amertume.
Elle se tourna vers lui avec surprise.
- Pourquoi "déçue" ? Cela ne change pas qui tu es. Juste... ma perception de qui tu es. Dans ton entièreté. Et cela fait beaucoup à intégrer. Beaucoup. Vraiment. Beaucoup.
- D'ac-cord ? hésita-t-il, inquiet de la façon dont elle s'exprimait.
Il n'aimait pas la tournure que prenait la conversation.
- C'était tout ce dont tu voulais me parler ? lâcha-t-il d'un ton un peu raide.
Ladybug se maudit une nouvelle fois. Elle aurait mieux fait de rester chez elle.
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À filer comme si elle avait le diable aux trousses, Marinette n'avait pas manqué de bousculer nombre de passants. Quand ces derniers ne remarquaient pas son évidente détresse, ils manifestaient leur mécontentement auquel elle répondit par les formules d'usage. Ainsi que quelques variantes : pardon, je ne vous avais pas vu ; je suis désolée, je ne voulais pas voler votre chihuahua ; excusez-moi, monsieur l'agent, je ferai plus attention en traversant.
Rien d'inhabituel en somme.
Faisant feu de tout bois, Marinette y trouva une source intarissable de raisons de se flageller.
Parfait. Elle venait juste de confirmer le cliché de la femme sous l'emprise de ses hormones, et pas la plus plaisante. Sans compter qu'Alya allait s'amuser à venir lui tirer les vers du nez. Avec un peu de chance, peut-être pas ce soir. Demain, cependant, elle n'y échapperait pas. Marinette adorait sa meilleure amie et elle savait qu'elle agissait ainsi parce qu'elle se faisait du souci. Mais parfois, la lycéenne, et héroïne intérimaire, voulait juste avoir la paix.
Elle évita la boulangerie où ses parents travaillaient et monta directement chez elle. Lorsqu'elle referma la trappe de sa chambre, elle respira plus librement. Un détour par sa salle de bain s'imposa pour estimer les dégâts sur son ego. Bon, ce n'était pas si grave que ça. Après s'être passé un peu d'eau sur le visage, Marinette estima qu'une douche lui ferait le plus grand bien.
Sous le jet d'eau chaude, il n'y avait plus de Ladybug, ni de Marinette, ni d'Adrien, ni de Chat Noir. Il n'y avait rien que le martèlement régulier de l'eau sur sa peau ainsi que sa chaleur bienfaisante. Avec le temps, elle en avait fait une sorte de rituel. Après chaque akuma, elle prenait du temps pour elle. Après l'effort, le réconfort.
Mais pas aujourd'hui. Cela ne cessait de tourner dans sa tête.
Adrien. Chat Noir. Adrien. Chat Noir. Adrien. Chat Noir. Adrien. Chat Noir. Adrien. Chat Noir.
Dépitée par l'échec de sa douche relaxante, elle ferma le robinet et posa un instant sa tête comme le mur carrelé. Les larmes revinrent, silencieuses.
Son téléphone sonna, la tirant de son auto-apitoiement. Elle attrapa sa serviette pour se sécher les mains et activa le haut-parleur.
- Salut, miss. Comment ça va ? lui demanda sa meilleure amie.
- On fait aller, lui répondit Marinette bien consciente qu'il ne servait à rien de lui mentir.
- Il s'est passé un truc avec Adrien ?
La question tant redoutée.
- Non.
C'était vrai, d'une certaine manière. C'était avec Chat Noir que quelque chose s'était produit. Elle balaya d'un revers de main le début d'une réflexion à propos du déni.
- Justement, non.
- Marinette...
- Alya, j'ai pas le moral, ce soir. Alors est-ce que cette discussion peut attendre demain ?
Aucune réponse.
- Al' ?
- Mari, je voulais juste te dire que je suis là pour toi. Je peux entendre que tu aies besoin d'être seule. On se voit lundi. Bye.
Elle raccrocha. Marinette se gifla mentalement tandis qu'elle se laissait submerger par la culpabilité. Elle venait d'envoyer Alya sur les roses alors qu'elle n'avait que de bonnes intentions. Elle ne pouvait pas deviner l'origine de ses tourments.
- Marinette, tu devrais parler à Adrien, lui suggéra Tikki en sortant de sa cachette.
- Je sais. Mais je m'en sens pas capable. J'ai trop peur de ce qui pourrait en ressortir.
Elle s'habilla pour la nuit puis s'assit à son bureau, posant sa tête sur ses bras.
- Ne laisse pas la peur guider tes actes, Marinette. Tu sais bien ce que tu risques, non ?
La jeune fille se redressa, glacée d'horreur. C'est vrai, elle risquait de se faire akumatiser. D'ailleurs...
- Comment ça se fait que ce n'est pas arrivé ? Cela fait deux semaines pourtant.
- J'imagine qu'il y a de plus grands tourments que de découvrir l'identité de son partenaire qui attirent son attention, avança Tikki non sans une certaine critique.
- Tu dis ça comme si ce n'était pas la mort... Attends une minute, tu savais ?!
Le kwami rouge acquiesça avec patience.
- Mais pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?!
- Je ne le sais que depuis peu et quand bien même, je ne le peux pas. Nous kwamis sommes liés par le Sceau du Secret. Même Plagg ne pourrait dire à son porteur qui tu es.
Marinette n'aurait pas cru subir un nouveau choc de cette ampleur. Elle en resta abasourdie, le fil de ses pensées reprenant son rythme impossible à suivre. L'une d'entre elles, cependant, lui parvint avec une étonnante clarté.
- Ce n'est pas juste que je sois la seule à savoir. L'équilibre est rompu, constata-t-elle.
- Tu souhaites te révéler ? lui demanda Tikki.
- C'est la chose la plus juste à faire. Même si je ne m'en sens pas capable. Et puis, ce n'est pas comme si je pouvais tenir comme ça pendant très longtemps, non ?
La divinité rouge lui sourit.
- Tu as bien grandi, lui dit-elle avec affection.
- Je le croyais aussi. Maintenant, je retrouve la Marinette de quatorze ans, timide, peu sûre d'elle et maladroite.
- Oh, je te rassure. Tu es toujours maladroite.
- Eh !
Les deux amies de longue date rirent. Essuyant des larmes d'hilarité, Marinette attrapa son portable et envoya un message d'excuse à Alya. Elle inspira profondément pour se donner du courage. Tikki lui souhaita bon courage avant la transformation.
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Depuis son arrivée, elle essayait de rassembler son courage. En vain.
Le ton un peu agressif de la dernière réplique d'Adrien ne l'y aida pas non plus.
- Je... je ne sais pas. Je n'arrive plus à réfléchir correctement, tu étais seulement Chat Noir et maintenant... tu es aussi Adrien. J'ai du mal à concilier ces deux personnes si différentes en apparence, lâcha-t-elle fébrile.
- Pourquoi ça te met dans des états pareils, ma Lady ? lui demanda Adrien, visiblement dans l'incompréhension. Ce n'est pas comme si on se connaissait dans la vie de tous les jours !
Il avait parlé sur le ton de la rigolade sans remarquer l'expression décomposée de sa partenaire. Celle-ci se leva et fit quelques pas pour s'éloigner de lui. Lui tournant le dos, elle se frottait nerveusement les bras croisés sur sa poitrine.
- Ma Lady ? l'appela-t-il, très inquiet. Est-ce que ça va ?
- Non, ça ne va pas ! J'étais venue avec un objectif bien précis en tête mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Je suis juste terrifiée à l'idée de le faire. Et maintenant, je me demande si la raison pour laquelle Tikki ne m'a pas retenu était justement qu'elle avait anticipé ma peur ! s'écria-t-elle.
Adrien fut soufflée par sa détresse.
- Ne le fais pas alors. Ne me dis pas qui tu es.
L'héroïne se raidit. Avait-elle bien compris ?
- Quoi ? Comment tu sais que je... ?
Embarrassé, il lui sourit en se frottant la nuque.
- Je te connais, dit-il simplement. Ton sens de la justice et ta droiture te dictaient de le faire.
Bien, elle venait de découvrir qu'elle pouvait tomber encore plus profondément amoureuse que ce qu'elle imaginait. Soirée riche en découvertes.
- Je... suis étonnée. Tu as toujours voulu savoir. Je croyais que ça te ferait plaisir ?
Adrien expira lentement avant de s'asseoir les mains croisées et les coudes sur les genoux. Le regard dans le vague, il prit le temps de formuler sa réponse.
- Je veux savoir, expliqua-t-il en relevant la tête vers elle. Je veux savoir depuis le premier jour. Mais pas si ça doit te rendre malheureuse. Alors... ne te force pas. D'accord ?
Bon, elle venait de découvrir une nouvelle étape sur l'échelle de l'amour fou. Tout allait bien, tout allait bien.
Elle ressentit tout à coup l'absence d'un poids immense. Soudainement légère, elle se rendait compte maintenant à quel point elle s'était mis la pression. Pas pour rien, mais beaucoup trop de pression.
- Merci, mon chaton.
Son visage s'illumina d'un sourire radieux lorsqu'elle l'appela par son diminutif. Les joues colorées, il détourna un peu le regard.
- Cela dit... commença Ladybug en réalisant quelque chose de bien, bien plus effrayant.
Adrien la fixa, intrigué, dans l'attente de la suite de sa phrase.
- Non, oublie. Je serai toute aussi mortifiée, voire bien plus ! répliqua-t-elle le cœur battant la chamade.
Il se leva avec l'air taquin de son partenaire.
- Chat m'étonnerait. Ma lady ne peut pas être effrayée par son chaton ! lança-t-il avec humour.
En d'autres circonstances, elle aurait juste lever les yeux au ciel.
- Non, pas effrayée. Juste amoureuse, lâcha-t-elle dans un murmure.
D'accord, maintenant, elle voulait juste disparaître sous terre pour le reste de ses jours. Pourvu qu'il ne l'ait pas entendu !
Adrien se raidit et la fixa de ses yeux ronds.
Merde.
- Qu'est-ce que tu as dit ?
Triple merde.
- Quelque chose que je n'aurais pas la force de répéter, dit-elle très honnêtement en se cachant derrière le fauteuil pour échapper à son regard.
Il fit le tour et s'accroupit face à elle.
- Je ne comprends pas. Tu m'avais dit que tu en aimais un autre...
Elle leva un regard dépité vers lui et vit la compréhension se faire lentement dans ses yeux verts.
- Mais bien sûr. Tu ignorais que j'étais Chat Noir.
L'héroïne hocha lentement de la tête. Il s'assit à côté d'elle, sous le coup de ces révélations.
- Cela explique en grande partie ta réaction, commenta-t-il d'un ton qu'il voulait léger.
Marinette retint un rire amer.
- Je n'ai pas hâte de voir la tienne.
- Pourquoi donc ?
Mais elle ne pouvait pas se taire un peu ?!
- Une chose à la fois, Chaton. Une chose à la fois.
Des connexions se firent dans son esprit embrumé.
- Ton père... c'est lui dont tu me parlais, dit-elle en le regardant sous un jour nouveau. C'est étrange, tu ne parles pas de lui comme ça en civil.
Adrien la fixa avec intensité. Sous le masque, Marinette réalisa la boulette qu'elle venait de commettre. Il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre décidément.
- Ma Lady, je respecterai ton secret. Mais si tu ne fais pas attention, je vais finir par deviner bien malgré moi, fit-il avec un sourire contrit quoi que amusé.
Elle se cacha le visage dans ses mains quand son estomac gronda violemment. Son partenaire se mit à rire.
- Je ne savais pas que les gargouillements étaient si drôles ? fit-elle dans l'incompréhension.
- Non, ce n'est pas ça. L'estomac de Plagg fait exactement le même bruit quand il n'a pas mangé depuis cinq minutes !
- Eh ! lança une voix indignée quelque part dans la chambre.
Ladybug se retourna, se rendant compte que son kwami avait été bizarrement absent jusqu'à maintenant.
- Il est avec l'amour de sa vie, lui expliqua son porteur. Le camembert.
Elle pouffa.
- Il ne mange rien d'autre ?
- Hélas, non.
- J'ai plus de chance avec Tikki. Elle préfère les sucreries, notamment les cookies.
- Veinarde ! fit-il en lui donnant un petit coup de coude.
La vie était décidément étrange. Adrien avait fantasmé le moment où sa Lady lui rendrait les mêmes sentiments. Il s'était imaginé ça de manière très romantique, sur une péniche pendant un dîner aux chandelles ou en plein milieu d'un combat de façon assez burlesque. La réalité en était très loin mais c'était réciproque, c'était tout ce qui importait pour l'instant.
Nouveau grondement d'estomac.
- Pardon, lui dit-elle d'un air désolé.
Il se frappa la tête.
- Je manque à tous mes devoirs d'hôte. Tu veux manger quelque chose ?
- Je veux bien, oui.
Il se leva et sortir une assiette de mini sandwiches de son réfrigérateur personnel.
- Ça te dirait de regarder un film ?
Toujours assise par terre, Ladybug leva un regard étonné vers lui. Dépassé par son audace, Adrien se mit à débiter des explications :
- Je ne pense pas dormir tout de suite. Je suppose que toi non plus. J'aime bien regarder des films. Et avec quelqu'un, c'est toujours mieux que tout seul. Enfin, si ça ne te dit pas, c'est pas grave. On peut juste manger sans...
- D'accord, le coupa-t-elle dans sa logorrhée.
Elle se leva et retourna sur le canapé. Un peu fébrile, elle joignit les mains pour éviter de trembler. Adrien n'y vit que du feu et dut se rappeler qu'il fallait agir plutôt que de rester comme un imbécile à tenir une assiette de sandwiches. Il les posa sur la table basse et tendit la télécommande à sa compagne.
- Choisis.
Elle ouvrit le service de vidéo à la demande et se mit à parcourir la liste disponible. Il lui sembla très vite évident qu'il fallait éviter les catégories "romance" et "comédie romantique". Elle en sélectionna un au hasard qui se révéla être un film d'action avec Bruce Willis.
- Tu aimes ce genre de film ? lui demanda-t-il en s'installant.
Occupée à dévorer un sandwich, Ladybug haussa les épaules. Elle s'était rendue compte d'à quel point elle avait faim lorsque ses yeux se posèrent sur l'assiette avec avidité. Elle dut même se forcer à mastiquer plutôt que d'avaler tout rond. Lorsque son estomac se calma, elle lui répondit :
- J'aime tous les genres du moment que le film est bon.
- Même les films d'horreur ?
- Oui, tu serais surpris de la variété qu'on peut y trouver.
- Je suis curieux. Tu as des recommandations ?
Sous le masque, Marinette secoua la tête, amusée. Elle se tourna vers son voisin et le toisa avec sérieux. Enfin, elle essaya.
- Tu veux regarder le film ou qu'on discute finalement ?
Il rougit.
- Pardon, je voulais juste faire la conversation.
Elle s'adossa dans le canapé et mit le film sur pause.
- Ça me va de discuter, mais faut juste que tu te décides, déclara-t-elle les yeux brillant de malice.
Adrien lui sourit aussi avant de détourner le regard nerveusement.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Il s'assit un peu plus près d'elle. La gorge sèche, il la regarda à nouveau avec cette intensité qui la troublait. Adrien était sur des charbons ardents. Elle l'avait dit tout à l'heure, pas clairement, pas directement, mais elle l'avait dit. Il avait besoin d'en avoir le cœur net, de l'entendre clairement de sa bouche.
- Je ne souhaite pas te mettre la pression, mais j'ai besoin que tu me le dises. Vraiment.
Ladybug sembla comprendre de quoi il parlait et se tourna un peu plus vers lui. Il avala sa salive et inspira.
- Est-ce que tu m'aimes ?
Voilà, c'était sorti. Ils se regardaient avec une intensité jusqu'alors inégalée.
Les secondes s'égrénaient, le sang martelait l'intérieur de ses oreilles, il serrait son genoux, attendant. Attendant qu'elle lui réponde.
Éclairée par la lune, elle semblait enveloppée d'un halo surnaturel ou alors il commençait à manquer d'oxygène.
Il recommença à respirer.
Elle pinça les lèvres, son estomac se contracta douloureusement. Il craignit le pire.
Elle fit mine de se lever, il tendit la main pour la retenir.
Il ne comprit pas ce qui se passa.
Ladybug combla le vide entre eux.
Et l'embrassa.
Avec douceur.
Avec tendresse.
La surprise passée, Adrien lui répondit avec une joie sans commune mesure. Il en avait rêvé, mais c'était mille fois mieux.
Il prit son visage en coupe, caressant ses joues. Elle le saisit par la taille pour réduire encore la distance entre eux. Il y avait chez elle un curieux mélange d'assurance et de timidité qui l'attirait tant.
Au bout d'un moment, leur front se joignirent. Les joues roses d'embarras, elle lui sourit.
- Oui, je t'aime.
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#Ladrien <3
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