Chapitre 8

Bon, on va avoir la fin de la phrase de Rose...c'est parti !


 – Ah ? Pourtant le shopping c'est le truc de fille par excellence ! Lâcha Rose.

Marinette fronça les sourcils, elle n'avait pas sous-entendu ce qu'elle venait de comprendre, pas vrai ?

– Pardon ?

– Bah...Vu que tu es une fille...

– De ce que je sais, Alix en est une aussi. Et elle n'était pas emballée par la sortie non plus.

La fille aux cheveux noirs s'était mise sur ses gardes, elle avait lu et entendu trop d'histoires pour ne pas deviner la réplique suivante. Rose continua.

– Oui mais Alix elle est née en tant que fi-

Et ça n'y avait pas loupé. La jeune fille sentit la colère monter en elle avant qu'elle ne dise, d'une voix tremblante de rage.

– Ah ? Parce que je suis née garçon je dois aimer tout ce qui est cliché ? Je dois être « une fille parfaite » ? Parce que je ne suis pas née fille, je dois être ce qu'on attend de moi, sinon, c'est que j'en suis pas vraiment une, c'est ça ? Je dois correspondre aux clichés, vouloir faire toutes les opérations qu'importent les risques ? Je dois aimer les robes, le rose, faire du shopping ! Aimer les garçons tant qu'on y est ?

– C'est pas ce que je voulais...

– Mais tu l'as dit. Et si tu l'as dit, c'est que tu l'as pensé.

Et sur ses mots, elle s'en alla le plus vite possible, toujours dans sa tenue légère, et le maquillage réconfort de Juleka s'effaçant peu à peu à cause des larmes.

Après tout Rose avait raison.

Elle n'était pas une vraie fille.

Et même si Ladybug ne l'était pas...Elle pouvait au moins essayer de se réconforter en ayant le même corps qu'une vraie fille.

– Marinette, calme-toi, tu sais qu'elle ne-

– Désolée. Tikki, transforme-moi !

Ainsi, en étant simplement cachée derrière un muret et espérant de tout son être que personne ne passerait tant qu'elle n'avait pas fini sa transformation, elle revêtit sa tenue d'héroïne. Enfin en costume, elle se projeta sur les toits et courut sans s'arrêter.

Un quart d'heure plus tard, elle se posa enfin sur la tour Eiffel, ses larmes ayant cessé de couler et les traces de mascara, pouvant prouver leur existence, effacées avec l'apparition du masque.

Une heure passa...

Puis deux...

Puis trois...

Puis quatre...

Puis...

– Ma Lady ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Je viens à peine de voir l'info selon laquelle tu traînais en ville depuis des heures, j'ai cru qu'il y avait une attaque d'Akuma.

La coccinelle sursauta, elle avait dû s'endormir ici, mais pas d'un sommeil réparateur. Elle se tourna vers son partenaire et lui servit un sourire crispé.

– Désolée. Je voulais pas t'inquiéter. Il n'y a rien à signaler tu peux rentrer.

Mais intérieurement, elle se maudissait d'avoir été repérée, parce que maintenant, si Chloé la cherchait, elle savait où aller...Bien que le « comment y aller ? » reste un problème.

– Il me semble que ton humeur est à signaler. Il s'est passé quelque chose ?

Ladybug balaya la phrase de son partenaire d'un geste de la main.

– Rien d'important...J'ai juste...Je me suis juste engueulée avec une amie sur un sujet, j'ai un peu démarré au quart de tour, j'aurais pas dû...Elle avait raison après tout.

Si Tikki avait été à côté, Marinette aurait été rabrouée une fois de plus, cependant, Chat Noir ne savait pas de quoi il était question.

– Tu veux m'en parler ?

La jeune fille prit une grande inspiration et lâcha.

– J'ai fait mon coming-out à ma classe.

– Oh ? Je croyais que tu ne voulais pas...

Elle pinça les lèvres.

– Disons que c'était pas prévu. Je l'ai fait à mon âme-sœur suite à certains évènements. D'ailleurs, elle sait que je suis Ladybug, elle l'a compris vite. Enfin, je lui ai dit, et elle l'a très bien pris, mais une autre fille nous a entendues et m'a out à la classe. Rien de très grave, personne n'a mal réagi. Sauf qu'aujourd'hui...

Elle sentit des larmes remonter dans ses yeux.

– Sauf qu'on attend de moi que je sois une fille clichée. Tout ça parce que je ne suis pas une vraie fille.

Le héros noir ne répondit pas pendant un moment avant de dire.

– Tu es une vraie fille, ma Lady. Ce n'est pas parce que tu n'es pas conforme à l'image qu'on a de toi que tu en es moins valide. Je...Chat Noir, c'est moi. Dans ma vie civile, je ne suis qu'une image, ce qu'on veut que je sois. Et toi, tu es Ladybug, une fille un peu stricte, mais créative et d'une infinie gentillesse. Je ne serais pas tombé amoureux de toi si tu étais une de ces filles qu'on trouve dans les films à l'eau de rose, ou alors une de ces filles populaires qu'il y a au lycée. Tu as le droit d'être toi-même, que tu sois née fille ou pas.

L'héroïne coccinelle se sentit coupable lorsqu'il évoqua ses sentiments envers elle, mais essaya de faire abstraction de cette sensation.

– Mais...Dans ce cas, pourquoi est-ce qu'on attend de moi que j'aime le maquillage, les robes, le rose, enfin j'aime le rose, mais ce n'est pas le sujet. Pourquoi est-ce qu'on s'attend même à ce que j'aime les garçons ? Je veux dire, j'ai toujours su que je préférais les filles, désolée Chaton, et je m'en suis jamais cachée...Enfin vu qu'on me considérait comme un gars...Bref. Même mon âme-sœur est une fille ! Je...J'aime la couture, les activités manuelles, le rose, mon rôle d'héroïne, qu'on me genre au féminin, j'aime bien mettre des robes de temps en temps, tant qu'elles sont sobres, j'aime mes amis, j'aime les pâtisseries, j'aime les filles, j'aime mes côtés féminins, j'aime mes amis, j'aime mes parents, j'aime faire des gâteaux parfois, j'aime le stylisme, j'aime les jeux vidéos, surtout ceux de combats, j'aime les hamsters !

Elle prit une grande inspiration après sa très, très, très, longue énumération.

– Je veux dire, j'aime plein de choses, énormément de choses ! Mais est-ce que je dois en abandonner pour être « une bonne fille » ?

– Ou alors, tu t'en fiches du regard des autres et tu vis ta vie.

– C'est plus simple à dire qu'à faire.

– Je le sais bien, Ma Lady. Enfin, en tout cas, ne te prends pas la tête avec ça, va te reposer, tu m'as l'air fatiguée. Et tu aviseras pour ton amie demain, ou lundi si tu as besoin de plus de temps.

Ladybug sourit à son partenaire et le serra dans ses bras.

– Merci, Chat, t'es le meilleur !

Et sur ces mots, elle s'en alla, entendant à peine le :

– Je sais que je suis sen-chat-tionnel !

De la part de son partenaire. Lorsqu'elle arriva enfin dans sa rue, elle se dé-transforma dans un coin à l'abri des regards et, sans laisser le temps à Tikki de l'engueuler pour s'être transformée sur un coup de tête et dans un lieu peu caché, se rendit chez elle. Elle ouvrit la porte et fut directement interpellée par sa mère.

– Manu ! Où tu étais ? Alya et Chloé sont passées il y a quatre heures, QUATRE ! Elles te cherchaient partout ! Et tu ne répondais pas sur ton portable !

Elle sortit son téléphone de sa poche et remarqua qu'il était éteint, il devait être déchargé.

– Désolée. Plus de batterie, sûrement.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Elles n'ont pas voulu nous expliquer et...Tu es toujours en pyjama ?

Elle haussa les épaules face aux questions de Sabine, qui paraissait perturbée par quelque chose sur son visage. Elle avait toujours les yeux rouges ?

– Alya m'a pas laissée me changer en partant. Je suis sortie comme ça...Et je me suis juste embrouillée avec Rose, mais on s'expliquera plus tard, ça va aller. Sur ce, je suis fatiguée, je vais aller dormir.

– Et le repas ?

Elle regarda son père du coin de l'œil avant de détourner le regard, ne voulant pas voir la peine qu'elle lui causerait en répondant.

– Je mangerais demain matin. Je ne me sens pas bien.

Et sans rien ajouter elle monta dans sa chambre. Elle alla au lavabo présent dans celle-ci et se regarda dans le miroir, pour voir si ses yeux étaient toujours rouges. Et non seulement ils l'étaient, mais elle comprit ce qui avait perturbé sa mère, elle avait toujours le maquillage, celui qui adoucissait ses traits, et surtout, celui qui avait encré ses larmes sur son visage. Elle soupira et se lava le visage, puis les bras pour retirer le fond de teint sur ses coupures. Elle s'attendait à ce que Tikki lui parle, mais il n'en fut rien.

Elle se changea alors, enfilant un autre pyjama et mettant l'ancien au sale ; mit son portable à charger ; et se glissa sous les draps. Elle ferma les yeux et essaya de dormir, pourtant, elle n'y parvint pas, peu importe ce qu'elle avait promis à Chat Noir, les souvenirs de sa dispute avec Rose se mêlaient à ceux de Lila dévoilant deux de ses secrets à toute la classe et à ceci s'ajoutaient le retour des pensées qui tournaient en boucle dans sa tête depuis l'attaque : « Tu n'es pas une vraie fille. ».

Le lendemain matin, l'oreiller était trempé de larmes et Marinette avait un sacré mal de crâne, que ce soit lié à ses deux seules heures de sommeil où à son assèchement par les larmes durant le reste du temps. La jeune fille se releva doucement, une main sur le front et le regard fuyant la lumière.

– Tikki ?

Sa voix était enrouée par la fatigue.

– Oh, tu es réveillée ?

La Kwami pensait que sa Choisie avait réussi à dormir, elle ne démentit donc pas ses suppositions.

– Je suis désolée pour hier...Je t'ai vexée, pas vrai ?

– Non, non.

– Tu ne m'as pas parlé hier soir pourtant...

Tikki prit son temps avant de répondre.

– Je ne savais pas que te dire. J'ai beau avoir des milliers d'années derrière moi, je ne sais pas encore comment faire face à toutes les situations. J'ai profité de cette nuit pour y réfléchir, mais j'admets ne pas trop savoir. Et Chat Noir a eu l'air de trouver les bons mots.

Marinette sourit faiblement et attrapa la déesse coccinelle pour la prendre dans ses bras avant de murmurer.

– Merci. Tu es la meilleure amie que l'on puisse avoir.

La discussion se termina là, et la lycéenne fit ses devoirs pendant une bonne partie de la matinée, sans être descendue manger. Certes, Chat Noir et Tikki l'avaient réconfortée, mais elle se sentait toujours incapable d'avaler quoi que ce soit. Ses parents ne vinrent pas la chercher pour le petit déjeuner, assumant probablement qu'elle dormait ; et Tikki l'observait travailler silencieusement, envisageant de lui monter quelque chose.

C'est d'ailleurs ce qu'elle fit au bout d'un moment, partant dans la boulangerie pour remonter deux cookies à sa porteuse. Cependant, lorsqu'elle arriva, elle trouva cette dernière endormie sur son cahier. Ce n'était pas un sommeil profond, alors la Kwami fit tout son possible pour ne pas faire de bruit et posa les gâteaux sur un coin du bureau. Elle se rendit compte à ce moment que Marinette n'avait pas réussi à dormir, et que, trop absorbée dans ses réflexions, elle n'y avait pas prêté attention. Elle regarda ensuite le cahier d'exercice de la jeune fille, pour voir à quel point elle avait avancé, mais elle ne vit qu'une page de remplie, avec une écriture tremblante et des ratures, et ce, alors que cela faisait deux heures qu'elle était penchée dessus.

Pour une des premières fois de sa vie, Tikki ne savait pas quoi faire. Elle hésitait à aller demander de l'aide à Plagg, mais est-ce qu'il aurait des conseils à donner ? Elle pensa ensuite à Chloé, mais se ravisa en se souvenant que cette dernière était là la veille, pendant la dispute entre Rose et Marinette.

Elle vit sa Choisie s'agiter dans son sommeil, elle faisait un cauchemar. La Kwami hésita à la réveiller, se demandant s'il valait mieux la laisser dans son cauchemar, mais en la laissant dormir, ou alors s'il valait mieux la sortir de son mauvais rêve. Elle soupira, énervée de ne pas savoir que faire, lorsque le téléphone de Marinette afficha un appel. Il était en silencieux, Tikki avait pensé à le mettre dans ce mode la veille au soir pour éviter un nouveau réveil matinal. Elle s'approcha pour voir qui appelait et vit le nom de Chloé s'afficher, le numéro avait été enregistré la veille, après que cette dernière ait appelé pas moins de cinq fois. La déesse coccinelle hésita un moment puis décrocha.

– Marinette ?

La fille du maire semblait inquiète au bout du fil. Tikki ne répondit pas.

– Marinette ? Ça va ?

– Je...Tu es seule, Chloé ?

Une exclamation de surprise retentit au bout du fil avant que l'âme-sœur de Marinette ne reprenne.

– Oui ? C'est qui ? Je me suis pas trompée de numéro quand même ?

– Non, non, c'est Tikki.

– Oh, désolée, je n'avais pas reconnu ta voix...Marinette fait quelque chose ?

La Kwami regarda la concernée, elle semblait toujours dans un sommeil peu réparateur.

– Elle dort. Mal, mais elle dort.

Il y eut un moment de silence.

– Tu penses que je peux venir ? Elle avait bien dormi la dernière fois, quand j'étais là. C'est peut-être prétentieux de penser qu'elle dormait bien grâce à moi, mais on peut essayer. Et si elle n'arrive pas à dormir...On pourra parler de ce qu'il s'est passé hier...

Tikki regarda l'heure, il était midi passé.

– Je lui demanderais mais...Ses parents risquent de venir la faire descendre pour manger et...et vu l'état dans lequel elle est revenue hier et celui dans lequel elle est ce matin, je sais pas si tu pourras. Et ça, c'est si elle accepte.

– Je vois...

– Ah, j'entends du bruit, je raccroche, il faut que je me cache.

Sur ses mots et après avoir coupé l'appel, Tikki partit se camoufler sous les couvertures du lit. Sabine entra quelques secondes plus tard.

– Manu ? Tu dors tou-Oh.

Elle venait de remarquer qu'elle était affalée sur son bureau, au lieu de dans son lit, et plongée dans un sommeil peu paisible. Elle s'approcha de sa fille et commença à passer sa main dans ses cheveux pour la réveiller avant de remarquer un détail.

Enfin plusieurs détails avec quelques centimètres d'intervalle chacun.



Chat Noir est adorable :)

EEEEEEEEEEET

SABINE A VU AHAHAH.

(On va avoir une p'tite discussion au chapitre suivant j'ai l'impression...)

Sinon...Que puis-je ajouter ? Pitet qu'il faut pas en vouloir à Rose, parce que c'est pas sa faute si on lui a appris de la merde ?
(enfin, faut pas lui en vouloir du moment où elle apprend de ses erreurs)

Sinon, un avis général sur ce chapitre ?


Ps : Je le promets, ça va être un plus calme sur les prochains chapitres (puis ça va repartir, mais chut ;) )

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