renégat


Après avoir vu Sirius le premier jour des vacances de Noël, Remus n'était pas retourné immédiatement faire son rapport. Il avait eu besoin de temps pour faire le point, réfléchissant à la situation actuelle.
Il ne comprenait plus rien. Son exil n'avait pas été si long pourtant, mais tout semblait étrange désormais.

Un peu perturbé par la réaction de rejet de Sirius, Remus demanda donc l'accès au bureau de Dumbledore. Il ne se rendit pas compte que l'homme était de mauvaise humeur, et il annonça que c'était Sirius qui était présent en ce jour de début de vacances.
Dumbledore serra les poings, fou de rage et se leva d'un bond pour aller et venir dans son bureau.
- Ce fichu renégat ! Toujours à se mettre en travers de mon chemin !

Une sonnette d'alarme se déclencha dans l'esprit de Remus, mais il repoussa ses doutes pour continuer son rapport. Après tout, Dumbledore était le chef de la lumière, leur leader. Il était celui qui lui avait tant offert en l'accueillant à Poudlard alors qu'il était un loup-garou...
- Je suis désolé Professeur, mais je n'ai pas pu le suivre, ni lui, ni les garçons. Il a transplané avec eux depuis le quai de la gare.

Dumbledore attrapa un objet qu'il jeta contre le mur, en grommelant. Visiblement les explications de Remus n'étaient pas suffisantes.
- Vous irez le jour du retour des vacances pour essayer d'en savoir plus ! Il doit avoir des complices, je ne vois que ça !

Remus n'avait pas hésité une seconde avant d'acquiescer, obéissant.


Durant les vacances, Remus avait eu le temps de réfléchir. Il était seul comme à son habitude. Isolé, reclus dans sa cabane misérable.
Pour la première fois en dix ans, il se demanda ce qui s'était réellement passé le soir de la mort de James et Lily. Pourquoi Sirius avait perdu l'esprit, pourquoi il avait poursuivi Peter pour le tuer lui aussi...

Le matin de Noël, Remus, l'air encore plus misérable qu'à son habitude, se rendit Square Grimmaurd. Sirius avait hérité de l'endroit peu après qu'ils aient quitté Poudlard, et il les avait invité une fois pour leur montrer à quel point l'endroit était lugubre. C'était juste avant qu'il ne loue un appartement sur le chemin de Traverse.
La maison de famille Black était inhabitée. Abandonnée.

Remus hésita longuement et frappa quand même à la porte, décidé. Un vieil elfe ouvrit la porte, l'air maussade.
- Sirius Black est ici ?
L'elfe montra les dents, visiblement mécontent.
- Le traître est en prison, à sa juste place.

Ainsi donc, l'elfe de Sirius ne savait même pas que son maître était libre.


Le jour du départ du Poudlard Express, Remus était sur le quai de la gare, attentif, surveillant les enfants qui arrivaient. Il voulait encore une fois voir le visage du fils de James et Lily. Il voulait savoir ce qui se passait.

Lorsque Sirius arriva, fier et hautain comme le parfait sang-pur, Remus eut envie de s'approcher de lui. Mais il se retint, se contentant de les dévisager, tous les trois. Sirius, qui semblait avoir retrouvé sa jeunesse. Et les deux enfants, dont l'un était le portrait de James au même âge, semblaient proches de lui, riant à ses plaisanteries.
Le regard noir et haineux de Sirius le fit se figer, horrifié. Il resta alors immobile, regardant les enfants monter dans le train avec entrain, embrasser Sirius avec affection et lui faire de joyeux signes d'au-revoir.

C'était une vie de famille qu'il voyait, une vie qu'il avait espéré depuis tout petit, depuis qu'il avait été brisé par Greyback. Les enfants semblaient heureux, tout comme Sirius.


***

A Poudlard, si Charles observait Dumbledore avec attention, ce dernier n'était pas en reste. A l'instant où les enfants étaient revenus dans l'école, il n'avait pas cessé de regarder les deux petits Potter.
Et il enrageait. Littéralement.

Harry Potter qu'il avait voulu isolé et vulnérable était un gamin éclatant de santé et joyeux. Les deux garçons riaient facilement, et allaient vers les autres. Ils étaient bien loin des petites marionnettes fragiles qu'il avait voulu façonner !

Leur bonheur lui faisait grincer des dents, ce n'était pas ce qu'il avait envisagé pour eux. Il voulait un sauveur malléable. Il avait espéré un bon petit Gryffondor prêt à se sacrifier pour le plus grand bien... Quelqu'un qu'il aurait pu faire plier en jouant sur la corde sensible.

Son regard glissa de Harry Potter qui riait aux éclats avec Blaise Zabini et Drago Malefoy jusqu'à Charles Potter. Il croisa le regard sombre et il frissonna.
En regardant le second gamin, il eut une très forte impression de déjà-vu. Comme s'il avait déjà croisé ce regard, comme s'il connaissait cet enfant.

Harry attira l'attention de son frère et lui dit quelques mots. Aussitôt, Charles se mit à rire, et son visage se transforma. L'impression de Dumbledore se volatilisa, et il secoua la tête, perplexe.
L'espace d'un instant, il avait cru connaître Charles Potter. Il avait eu la sensation de se trouver face à un fantôme du passé, mais il n'arrivait pas à se souvenir où il avait déjà vu ce garçon.

Sans quitter les deux enfants du regard, sourcils froncés, il cherchait dans sa mémoire. Cependant à ses côtés, Minerva ne cessait de lui parler et de le distraire.
Un bref instant, il fut tenté de lancer un sortilège à sa collègue, pour la faire taire. Elle l'empêchait de réfléchir, de se concentrer... Mais il se doutait que ce genre de réaction ne ferait pas l'unanimité auprès de ses collègues.

Il soupira lourdement, oubliant l'étrange impression qu'il avait eue et regarda autour de lui.

Son regard se fixa sur Severus Rogue. Son pas-si-docile petit espion. Là encore, il l'avait façonné, sans même que le Serpentard ne puisse s'en rendre compte.
C'était probablement une de ses plus belles réussites : il avait laissé les Maraudeurs le persécuter encore et encore, jusqu'à ce que le pauvre gamin ne craque et ne se tourne vers les Mangemorts. Il savait qu'il reviendrait en rampant, quand il aurait compris que celle qu'il aimait était une cible... Et il ne s'était pas trompé. Severus était revenu, prêt à tout pour se racheter. Il avait toute ces années maintenu sa haine envers James Potter, pour qu'il tourmente le jeune Harry à son arrivée à Poudlard.

Sauf que... rien ne semblait fonctionner. Les Potter étaient des Serpentard, et Severus semblait les ignorer.
Avec un grognement, Dumbledore repoussa son assiette en décidant qu'il devait trouver un moyen de reprendre la situation en main. Et rapidement.

Prompt de demain : tempête

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