Maison de poupée

Heureusement pour Harry, l'effet du veritaserum passa rapidement. Il ne posa cependant pas la moindre question lorsque Sirius l'entraîna à sa suite, après avoir échangé un rapide signe de tête avec Lucius.

Le jeune homme pensait qu'ils se rendraient au Manoir Malefoy, mais Sirius semblait avoir une autre idée en tête puisqu'en sortant du Ministère il fit transplaner Harry dans un quartier résidentiel de Londres. Devant une maison vieillotte, aux murs décrépis et aux fenêtres crasseuses, il posa une main sur l'épaule de son filleul.
- Ne t'en fais pas, Lucius va s'occuper de prévenir ton frère et Drago que tu vas bien. Mais nous avons pensé que tu aurais besoin d'un peu de temps pour te remettre de tout ça tranquillement...
- Mais...
- Nous sommes ici dans ma maison. Ma maison de famille. Je... J'ai pensé que nous pourrions avoir une conversation tous les deux.

Harry observa avec surprise le visage de Sirius - qui semblait un peu indécis - mais il n'objecta pas. Il hocha juste la tête et tenta un sourire - qui s'apparenta finalement plus à une grimace. Il était peut être reconnaissant à son parrain d'être venu à son secours, mais il lui en voulait toujours d'avoir rejeté Charles.
Il suivit Sirius dans la maison, haussant les sourcils lorsque la porte vermoulue grinça abominablement, et il regarda autour de lui avec curiosité. Le couloir était sombre et des têtes d'elfes empaillées étaient accrochées sur les murs. Il y avait également des portraits accrochés sur le papier peint éraflé, probablement ceux des anciens propriétaires. L'endroit était triste et déprimant à souhait. Voyant son expression horrifiée, Sirius gloussa doucement.
- C'est sinistre, non ?
Harry hocha la tête avec un léger sourire amusé. Sirius détourna le regard et fronça le nez.
- Je déteste cet endroit. Je l'ai toujours détesté.
- Alors pourquoi tu restes ici ? Je veux dire, tu aurais pu rester avec nous, non ? Si tu n'avais pas...

Sirius soupira.
- Suis-moi.
Ils se dirigèrent vers un salon à la décoration démodée. L'endroit était encombré de bibelots exposés dans des armoires vitrées, et les murs étaient couverts d'un affreux papier peint à fleurs. D'immenses rideaux vert mousse masquaient les fenêtres, rendant la luminosité particulièrement sinistre. Chaque fauteuil était couvert d'un empilement de coussins d'un goût douteux. Harry pensa immédiatement à une pièce de maison de poupée ancienne, et il se mordilla la lèvre pour ne pas rire nerveusement.
Sirius grogna et fit disparaître les coussins d'un geste de baguette en marmonnant un "fichu elfe têtu", puis il fit signe à son filleul de s'installer.
- Je reste ici, parce que... Et bien c'est la maison de ma famille. Et je ne suis pas retourné au Manoir Malefoy parce que j'avais besoin de réfléchir et il était temps pour moi de... rentrer chez moi. Je suppose. Reprendre ma vie d'avant, tout ça.

Harry resta silencieux. Sirius soupira et reprit.
- Je te dois des excuses, Harry. Pour ma réaction un peu... violente. J'ai eu beaucoup de mal à digérer ta proximité avec... avec l'assassin de tes parents.

L'adolescent se redressa brusquement, sourcils froncés.
- Charles n'est pas un assassin !
Sirius eut un sourire triste, et hocha doucement la tête.
- Il m'a fallu du temps pour l'accepter. Tu n'as pas connu tes parents Harry, mais moi, je les ai connus. Ils étaient réels à mes yeux. Et je les ai aimé plus que tout. James... James était comme un frère pour moi. J'ai grandi à ses côtés, et... Et Voldemort me l'a enlevé brutalement.
- Mais...
- Laisse moi terminer, d'accord ?

Harry hocha la tête, un peu tendu malgré tout, prêt à plaider pour son frère encore et encore. Sirius continua.
- Bien. J'ai été envoyé à Azkaban comme tu le sais, et la seule chose que je savais... Et bien mes amis étaient morts, tués par Voldemort. Comment voulais-tu que je réagisse en découvrant que le garçon mystère qui vivait avec toi n'est autre que... Voldemort en personne ? Enfin. Sa réincarnation ou quel que soit le nom à donner à ce phénomène étrange. Même si j'appréciais... j'apprécie Charles... C'est un gentil gamin bien sûr... Mais...
Bien que le discours de Sirius soit décousu, Harry hocha la tête comme si tout cela avait un sens. Et ça en avait probablement. Harry pouvait comprendre que Sirius ait eu besoin de temps pour réfléchir à la situation, pour accepter que Charles soit Voldemort sans l'être réellement. Pour lui, accepter avait été simple parce qu'il avait été la personne la plus proche de Charles, d'aussi loin que remontait ses souvenirs.

- Je suis vraiment désolé Harry. Une fois de plus, j'ai été un parrain bien misérable. Je... J'aurais dû vous soutenir. J'aurais du te faire confiance.
- Charles est mon frère Sirius. Mon jumeau. Il m'a... Il m'a protégé tellement de fois quand nous étions chez les moldus. Sans lui, je t'assure que je n'aurais pas survécu. Nous savons l'un et l'autre la vérité, nous savons que nous n'avons pas réellement de lien de sang, mais... c'est comme ça que nous voyons les choses. Rien ne pourra nous séparer.

Sirius resta silencieux un long moment avant de baisser le regard.
- Merlin... Je suis tellement désolé Harry. J'aurais dû être là dès le début. Je te dois des excuses pour mon caractère un peu trop emporté, et j'en dois à Charles également tu sais. Je n'aurais pas dû le rejeter si vite. J'espère que...

Harry hésita.
- Tu vas revenir alors ? Avec nous ?
- Si tous les deux vous m'acceptez encore dans votre vie, ça sera avec plaisir mon cher Harry.

Le jeune homme ne répondit pas, la gorge nouée. Il prit Sirius dans ses bras, essayant de se reprendre. Puis, le sourire aux lèvres, il ne put que murmurer.
- Tous les deux ? Vraiment ?
Sirius le serra un peu plus contre lui, et ricana, un peu moqueur.
- Oh j'ai bien compris Harry. J'ai bien compris que rien ne pouvait vous séparer. Et ça ne me gêne plus. Je veux dire, Charles n'a rien demandé lui non plus. Je l'ai vu grandir comme toi, et... je serais fou de continuer à lui reprocher quelque chose dont il n'a pas le moindre souvenir. Et il a toujours été là pour toi. Contrairement à moi. J'avais honte de moi, et si Narcissa ne m'avait pas contacté en urgence pour te tirer de ce guêpier, je n'aurais pas osé revenir, de peur d'être rejeté.
- Tu nous as manqué, Sirius. A tous les deux. Charles t'aime beaucoup aussi.

Harry bailla à s'en décrocher la mâchoire, sans pour autant s'écarter de son parrain.
- Et maintenant Sirius ? Que va-t-il se passer ?
- Déjà, je vais t'envoyer te reposer, pour passer une bonne nuit de sommeil histoire de te remettre de tes émotions. Ensuite, demain matin, je te reconduirais à Poudlard. Je suppose que tu es pressé de retrouver un charmant blondinet ?
Sentant Harry se tendre entre ses bras, Sirius lui frotta le dos.
- Dumbledore n'est pas prêt d'y remettre les pieds d'après ce que j'en sais. Il a été surpris à agresser un élève, après l'avoir drogué. Et ce devant Amélia Bones, la personne la moins corruptible du Ministère. Lucius était également présent, et il est un Lord du Magenmagot ainsi que président du conseil d'administration de Poudlard... En résumé, Harry, ta scolarité devrait être bien plus tranquille désormais. Tes amis, ton frère et toi, vous êtes en sécurité désormais. Pour de bon.

Prompt de demain : pages sanglantes

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