Embranchement
Lucius regardait les trois enfants jouer dans le parc du Manoir. Cela faisait trois jours que Drago avait rencontré les jumeaux Potter, et si son fils avait paru réticent au départ, il avait subitement changé d'avis et avait fait le nécessaire pour qu'ils soient à l'aise.
Sous ses apparences glaciales, Lucius avait un cœur. Il était capable de cacher ses sentiments, et de se montrer parfaitement détestable sans sourciller, cependant, il aimait son fils par dessus tout. Drago était sa faiblesse, et il le cachait soigneusement.
L'arrivée des enfants Potter avait révélé une autre faille dans sa carapace si épaisse : il n'aimait pas que des enfants soient maltraités de cette façon. Des enfants magiques martyrisés par des moldus ignares. Rien que cette affirmation lui donnait envie de reprendre les idéaux extrêmes de son ancien Maître...
Évidemment, c'était Harry Potter. Charles n'était pas connu du public, mais il représentait la même chose que son "jumeau" après tout. En tant que Mangemort, il aurait dû souhaiter sa mort, parce qu'il avait été son ennemi dès sa naissance.
Mais c'était un enfant. Un enfant innocent, dont le destin avait basculé à cause d'une stupide prophétie.
L'homme avait passé la nuit à réfléchir, cherchant une façon de contrer Dumbledore dans le cas où Sirius Black ne suffirait pas - ou dans le cas où il serait trop fou pour remplir son rôle de protecteur.
Il avait terminé à l'aube, les yeux fixés sur son bras nu, à l'emplacement de la marque qui avait hurlé son appartenance aux ténèbres. Il en était arrivé à la conclusion qu'il allait devoir jouer un monstrueux coup de Poker, et Lucius ne comptait pas mettre sa femme ou son meilleur ami au courant de ses projets...
C'était insensé, probablement stupide, mais il n'avait pas réellement beaucoup d'options.
Avec un soupir, il écrivit une missive de sa plus belle plume, et dupliqua le parchemin avant d'ordonner à son hibou de distribuer les courriers. D'ici quelques heures, soit il aurait mis les enfants Potter à l'abri, soit sa douce et tendre épouse serait en train de le mutiler pour la folie qu'il s'apprêtait à commettre.
La cheminée de son bureau s'illumina juste après le repas de midi, et il se crispa, puisque c'était le moment où il découvrirait si son plan avait des chances de fonctionner ou non.
Impassible, il regarda ses collègues du Magenmagot sortir de l'âtre les uns après les autres et s'installer autour de lui.
Ils étaient tous des sang-purs, et presque tous avaient porté la marque sur leur bras. Aux yeux du monde magique, ils étaient tous affiliés aux Ténèbres, puisque anciens Serpentard.
Il les regarda, avec un léger soupir. Nott, Crabbe, Goyle, Parkinson, Davies, Flint, Rockwood, MacNair ainsi que la toute récente veuve Zabini. La plupart avait des enfants de l'âge de son fils et des jumeaux Potter.
Espérant qu'il n'allait pas commettre une terrible erreur, Lucius hocha la tête pour les saluer et prit la parole.
- Voici quelques années désormais que le Seigneur des Ténèbres a disparu. Certains pensaient que c'était... provisoire, mais force est de constater qu'il ne reviendra pas.
Il y eut quelques grognements, et Madame Zabini prit la parole, visiblement mécontente.
- Si vous nous avez fait venir pour tenter de prendre sa suite, je ne changerai pas d'avis : les Zabini sont neutres et ils le resteront.
Lucius laissa échapper un ricanement moqueur.
- Je ne compte pas proposer une quelconque suite à la guerre qui a secoué le monde magique.
- Alors pourquoi parler d'un retour du Maître ?
Goyle avait grogné sa question, et autour de lui beaucoup hochaient la tête.
Lucius prit une grande inspiration et se lança.
- Parce que s'il est mort, il n'est plus possible de le trahir n'est-ce-pas ?
Il y eut de rapides regards échangés, mais aucun ne répondit, attendant la suite.
L'aristocrate laissa son regard se perdre du côté de la fenêtre, où il pouvait deviner trois silhouettes enfantines - un blond et deux bruns - évoluer ensemble. Sans regarder ses anciens camarades Mangemorts, il hésita un bref instant puis commença à parler.
- Depuis sept années, je sillonne les routes d'Angleterre en compagnie de mon vieil ami Severus Rogue. Au lendemain de la disparition de la marque sur notre bras, il est venu me voir pour me raconter ce qui s'était passé chez les Potter. Il est arrivé après la mort du Maître, et a découvert deux jeunes enfants. Malheureusement, Dumbledore a... récupéré les gosses pour les envoyer dans le monde moldu.
Il y eut quelques murmures d'indignation, mais tous l'écoutaient avec attention, comprenant que le moment était important. Ils étaient probablement à un embranchement de leurs vies, où leur décision pourrait modifier le monde magique même.
- La seule chose que Severus savait c'était que ces moldus étaient mauvais. Nous savons tous à quel point il aimait cette... sang-de-bourbe Evans, et il voulait protéger les enfants en sa mémoire. Je l'ai aidé, et nous avons mis sept longues années avant de les trouver.
Tous hoquetèrent et McNair se pencha en avant avec un regard cruel.
- Vous avez le gosse Potter ? Nous allons pouvoir...
Lucius, furieux, l'interrompit.
- Nous ne ferons rien ! Ce sont des enfants de huit ans par Merlin ! La plupart d'entre nous avons des enfants de cet âge ! Pourriez vous les sacrifier si facilement ?
Personne ne répondit, et Lucius soupira en passant une main fatiguée sur ses yeux. Il baissa la voix, avant de reprendre un peu hésitant.
- Nous les avons trouvé alors qu'ils venaient de fuir ces fichus moldus. Ils ont été... battus. Horriblement battus et maltraité. Ils sont trop petits, trop maigre. Ils sont craintifs et il leur faudra du temps pour redevenir des enfants insouciants, s'ils y parviennent un jour.
Madame Zabini laissa échapper un rugissement de rage, les mains devant la bouche. Ses yeux clairs brillaient de rage.
- Que voulez vous Lucius ? Qu'allez vous faire ?
Lucius leva la tête et regarda chaque personne présente, longuement. Puis, il répondit.
- Je veux vos voix au Magenmagot pour contrer Dumbledore le jour où il découvrira qu'il n'a plus ces pauvres gosses. Je veux le mettre à genoux, pour avoir osé se servir de ces enfants pour ses plans idiots. En attendant, les enfants vont rester ici, au Manoir, en compagnie de mon fils. Drago semble les avoir pris sous son aile.
Madame Zabini répondit pour tous, défiant qui que ce soit de la contredire, fixant McNair qui baissa la tête - oubliant qu'il voulait s'en prendre à Harry Potter.
- Comptez sur nous. Il ne sera pas dit que nous n'avons pas de cœur et que nous laissons des enfants souffrir. Cette guerre a toujours été une affaire d'adultes, pas d'enfants...
Lucius se détendit, satisfait.
Prompt de demain : balai
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