Chat noir

Après avoir pris connaissance de la surprenante une de la Gazette, les trois garçons avaient quitté la table pour filer ventre à terre dans les cachots. Severus ne tarda pas à les rejoindre, à grands pas, faisant voler sa cape derrière lui, comme s'il avait deviné qu'ils viendraient le voir.

Harry fut le premier à parler. Il raconta ce qui s'était passé après que Dumbledore l'eut emmené au Ministère, et le maître des potions marmonna quelques insultes à l'encontre de l'ancien Directeur, les poings serrés.
Charles regarda Severus droit dans les yeux.
- La Gazette disait vrai alors ? C'est vraiment terminé ?
- Et bien... Minverva a été nommée Directrice, et m'a choisi comme adjoint. Il est donc certain que Dumbledore a été évincé de Poudlard. En ce qui te concerne Harry, rien n'a filtré sur ton rôle dans tout ce désastre. Lucius a fait le nécessaire, et il n'a visiblement pas eu de mal à convaincre Amélia Bones.

Drago intervint, sourcils froncés.
- Je croyais que Madame Bones n'aimait pas mon père ? Pourquoi elle lui rendrait service ?
Severus ricana.
- Parce qu'un élève mineur, le héros du monde magique qui plus est, a été enlevé avec la complicité d'un de ses Aurors, emmené au Ministère et interrogé sous veritaserum sans aucune autorisation officielle. Si ça venait à se savoir, le département de la justice magique aurait de sérieux comptes à rendre, et Madame Bones a parfaitement compris qu'il valait mieux que cette histoire reste... cachée. Elle évite surtout de devoir répondre à des questions gênantes...

Severus se leva, voulant visiblement mettre fin à l'entretien, quand Harry posa la dernière question.
- Et maintenant ?
- Et maintenant ? Vous allez en cours, vous travaillez pour vos Aspic qui arriveront bien assez tôt. Comme tous les autres élèves de cette école.

*

Harry s'était attendu à se retrouver encore une fois piégé par la célébrité de son nom. Ou à un rebondissement de dernière minute. Il en avait l'habitude après tout, il était un véritable chat noir pour ce qui était d'attirer la malchance ou les situations périlleuses.
Cependant, rien de tel ne se produisit.

Harry suivit les cours, comme Severus l'avait dit, de la même façon que les autres élèves. Tout comme Charles. L'attrait de leur célèbre nom était rapidement passé : depuis la première année, leurs camarades avaient eu le temps de digérer la nouveauté.

Libéré du poids de la culpabilité quand à son identité, Charles s'épanouissait peu à peu, et Hermione le collait de près. Ils se tournaient autour, avec peu de subtilité, mais ni l'un ni l'autre ne semblait avoir le courage de faire le premier pas après la presque déclaration de Hermione lors de son rapide baiser dans la Grande Salle.
Il y eut quelques sages baisers échangés, quelques regards intenses, mais ils se prétendaient juste bons amis.

Harry, agacé, voulut mettre les pieds dans le plat, mais Drago le retint, amusé.
- Regarde les... ils adorent cette situation. Laisse les profiter à leur rythme, ils se déclareront quand ils seront prêts.

Et effectivement, Charles n'avait jamais été aussi souriant de toute leur vie. Ce petit jeu de chat et de la souris avec celle qui faisait battre son cœur le réconciliait totalement avec l'avenir, et il se prêtait à l'exercice avec une bonne volonté qui amusait énormément son entourage.

Pour les deux garçons, les fantômes du passé semblaient avoir bel et bien disparu, et l'avenir qui se profilait semblait souriant.


*

Sirius vint à la sortie prévue à Pré-au-Lard suivante. Harry et Charles se précipitèrent sur lui, et ce moment leur permit d'enterrer définitivement la fuite de Sirius lorsqu'il avait découvert qui était Charles. Ils croisèrent Remus Lupin, mais Sirius n'eut pas la moindre réaction, prouvant qu'il avait fait le deuil de cet ami qui l'avait autrefois abandonné sans la moindre hésitation, et qui aurait été prêt à livrer Harry à Dumbledore.
Le coup de grâce vint de Severus, sans qu'il ne s'en doute. Il rejoignit Sirius, et ils purent discuter civilement - presque comme des amis, sous le regard ravi et affectueux des deux frères. Le lendemain matin, la lettre de démission du loup-garou était sur le bureau de la nouvelle Directrice et Remus Lupin disparaissait une fois de plus de la circulation, hanté par son passé et ses erreurs.

La fin de l'année arriva rapidement, sans qu'il y eut le moindre événement notable. Ce qui aurait pu paraître ennuyeux à certains fut au contraire totalement bienvenu pour les Potter et leur entourage.
Les deux garçons retournèrent au Manoir Malefoy, et Sirius accepta de passer l'été avec eux. Le sourire en coin de Narcissa renseigna tout le monde : visiblement elle avait su trouver les mots pour convaincre son cousin. Hermione fut invitée pour un court séjour, et elle accepta pour le plus grand bonheur de Charles.

*

Harry et Drago n'officialisèrent pas vraiment leur relation publiquement. Aux yeux de tous, ils étaient ensemble et ils n'avaient pas besoin de plus. Ils ne se cachaient pas vraiment même si seuls leurs proches savaient à quel point ils s'aimaient, et c'était l'essentiel pour eux. Ils étaient rarement vus l'un sans l'autre, après tout. Personne ne se serait amusé à tenter de s'immiscer entre eux : si les colères de Drago Malefoy étaient célèbres, celles de Harry Potter pouvaient s'avérer dévastatrices. En ces moments, il rappelait à tous qu'il avait défait le plus grand mage noir qui ait existé alors qu'il n'était qu'un bébé.
Ginny Weasley s'entêta longuement, ignorant les conseils de son frère Ron et même de sa mère, jusqu'à être humiliée publiquement par les deux garçons. Si elle espérait du soutien, elle se rendit compte qu'elle avait été la seule à imaginer que Harry puisse rejeter Drago pour elle. Et le baiser renversant qu'ils échangèrent en public devant elle eut le mérite de la convaincre pour de bon.

Charles courtisa officiellement Hermione durant leur sixième année. Là encore, il était évident qu'ils finiraient ensemble, puisque les adolescents n'avaient d'yeux que pour l'autre. Ils se fiancèrent rapidement, après que Charles eut fait sa demande en plein milieu de la bibliothèque, sous le regard ému de Madame Pince. Après tout, c'était à cet endroit qu'ils s'étaient rapprochés au tout début, tous les deux passionnés de livres.
Au dîner le même jour, Goyle fit une réflexion sur le statut du sang de Hermione. Même si Charles lui fractura le nez en pleine Grande Salle, aucun professeur ne vit soi-disant ce qui s'était produit et tous conclurent à un malheureux accident dû à la maladresse du Serpentard étroit d'esprit. Sous le regard noir de son Directeur de maison, Goyle s'abstint de protester. Plus personne n'osa jamais faire de réflexion par la suite.

La vie continuait.

*

Depuis qu'il avait découvert qui était Charles, Severus n'avait pas cessé de chercher ce qui s'était produit la nuit de la mort des parents Potter. Ce qui avait conduit à la transformation du terrible Lord Voldemort en l'innocent Charles Potter.

Il avait de la même manière recherché chaque horcruxe, et il les avait détruits les uns après les autres, pour s'assurer que jamais personne ne s'aviserait de tenter de faire renaître Voldemort. Il pensait cependant que Charles serait assez fort pour repousser son passé encombrant mais il ne voulait pas prendre le moindre risque.

Le jour où Charles demanda la main d'Hermione Granger - Gryffondor insupportable et Miss je-sais-tout née de moldus - il détruisit toutes ses notes sur ses recherches. Il avait l'intuition que désormais rien ne pourrait ramener l'esprit du mage noir : Harry avait détruit toute trace de Voldemort en Charles, accomplissant ainsi la prophétie sans avoir à tuer. Son amour inconditionnel pour celui qu'il appelait son jumeau avait achevé la transformation en l'adolescent exceptionnel que Severus aimait tant. L'influence de Hermione se faisait également sentir, et Charles était aimé. Par tout son entourage.

Il révéla la vérité un soir à Lucius pour avoir le plaisir de voir le puissant Lord perdre tous ses moyens. Cependant, il fut déçu : l'homme resta de marbre, un sourcil haussé en signe d'amusement.
L'aristocrate avait des doutes depuis des années au sujet de la présence du second bébé dans la maison Potter. Il avait rassemblé les pièces du puzzle, et il avait comprit un jour où Charles s'était emporté, mais il avait choisi de garder ses doutes pour lui. Au début, il avait eu l'intention d'utiliser ce savoir pour son propre bénéfice, mais l'amour de son fils pour les jumeaux lui avait fait oublier cette idée très rapidement. Sans compter qu'il s'était lui même attaché aux garçons : ils les considérait comme des fils adoptifs, et sans l'ombre menaçante de Dumbledore au-dessus d'eux toutes ces années, il aurait tenté de les adopter officiellement - même s'il se doutait qu'il aurait dû batailler avec Severus.
Dernier argument enfin, celui qui avait eu le plus de poids : Narcissa ne l'aurait jamais laissé faire. Sa tendre épouse avait été au cours de toutes ces années une protectrice féroce des jumeaux Potter.

*

Une nuit, peu après l'arrestation de Dumbledore, trois silhouettes sombres s'approchèrent de Privet Drive. Trois hommes entrèrent au numéro quatre de la rue.

Le lendemain matin, les journaux moldus relataient un drame terrible : l'homme de la maison, Vernon Dursley, avait assassiné sa famille de sang froid - visiblement une crise de folie monstrueuse - avant de se donner la mort. Ce fait divers n'eut pas le moindre impact sur le monde magique, et personne ne découvrit jamais que Sirius Black, Severus Rogue et Lucius Malefoy étaient venus en toute discrétion et s'étaient glissés dans la maison moldue.

Ils avaient ensemble jeté l'imperium sur Vernon Dursley après lui avoir rappelé ce qu'il avait fait autrefois aux jumeaux Potter, deux enfants magiques chers à leurs coeurs. Et une fois la famille décimée, ils étaient repartis, silencieux comme des ombres, satisfaits.
Lucius avait promis à Narcissa de ne plus jamais tuer, mais sa femme avait tenu à ce qu'il fasse une exception pour ces deux moldus ignobles. Elle n'avait jamais oublié, et chaque année le lui avait rappelé, jusqu'à ce que Dumbledore soit mis hors d'état de nuire. Ainsi donc, il avait proposé à ses complices de l'assister, et ils avaient immédiatement accepté, brûlant d'envie de venger leurs protégés.
Lucius obéissait toujours à sa douce épouse. C'était après tout, le secret pour un mariage réussi avec une femme Black.


Ainsi se termine cette histoire. D'ici quelques jours, je publierais un petit bonus, pour faire durer un peu le plaisir.


Demain, commencera une nouvelle histoire : "Âmes sœurs", une fiction de 58 chapitres. J'espère qu'elle vous plaira...

En attendant, voici le prompt de demain : "Il était une fois".


Bonne lecture

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