âmes sœurs
Lorsque le rayon vert venant de la baguette de Voldemort explosa, ce dernier laissa échapper un hurlement d'agonie en se tordant dans tous les sens. Il avait l'impression qu'il se consumait de l'intérieur, que son sang était porté à ébullition. Il brûlait littéralement, sans qu'il ne puisse comprendre ce qui lui arrivait.
Sa peau lui faisait mal et s'il avait pu bouger il se serait probablement arraché des lambeaux de chair pour faire cesser l'insupportable douleur qui le crucifiait. Mais son corps semblait ne plus lui obéir. Il était écartelé par ce mal qui le tuait à petit feu. Il avait le sentiment qu'il ne pourrait pas survivre à ce qui lui arrivait, malgré toute la magie noire qu'il avait utilisé, malgré les horcruxes qu'il avait créé.
Il eut l'impression que son supplice durait des heures, des heures à appeler la mort de ses vœux, lui qui la craignait tant. Le néant n'avait plus l'air si effrayant à cet instant : il aurait aimé ne plus avoir conscience de son corps, pour ne plus rien ressentir.
Il voulait oublier et cesser d'avoir mal à ce point.
La dernière pensée cohérente qu'il eut fut qu'à vouloir se préserver de la maudite prophétie qui avait été annoncée, il avait précipité sa propre perte.
*
Partout dans l'Angleterre magique, des hommes tombaient soudain en hurlant et en se tenant le bras gauche. Ce fut soudain et simultané. Leur souffrance ne dura que quelques minutes.
Personne ne se rendit compte que les victimes de cette soudaine douleur appartenaient exclusivement à des familles affiliées aux ténèbres. Ils étaient tous soupçonnés d'être des Mangemorts, cependant, ils avaient été trop malins pour se faire prendre en pleine action...
Bien évidemment chacun de ces fidèles eut pour réflexe de relever sa manche, comme le faisait Severus Rogue au même instant. Et en voyant la marque des Ténèbres presque disparue, ils comprirent tous que quelque chose s'était produit.
Quelque chose de grave.
Ils comprirent que leur Maître était probablement mort. Au moins disparu, puisqu'il se prétendait immortel.
Ils l'avaient tous suivi, ils s'étaient tous agenouillés devant lui. Ils avaient juré fidélité et avaient tué et torturé en son nom. Ils avaient répété ses idéaux encore et encore, comme un mantra, se persuadant que c'était exactement tout ce qu'ils avaient toujours voulu.
Si certains avaient eu des doutes, si leur loyauté avait vacillé, ils s'étaient tus. Par peur, en premier lieu. Parce que contrarier le Maître pouvait s'avérer très mauvais pour leur santé. Et parce que les traîtres mourraient très vite. Et très douloureusement.
Mais ce n'était pas le seul élément posant problème : les familles des ténèbres étaient particulièrement mal vues par les familles de la lumière. Risquer leurs vies pour être ostracisés et insultés n'était pas une option acceptable... Ils étaient pour beaucoup d'anciens Serpentard, la maison de la ruse, et ils voulaient s'en sortir autrement qu'en acceptant de s'avilir auprès de Dumbledore - leader autoproclamé de l'autre camp.
Pour beaucoup, la disparition de la marque était une aubaine : c'était le moment idéal pour prétendre être resté en dehors de la guerre. C'était une seconde chance qu'ils avaient hâte de saisir. Et puis, ils pourraient toujours prétendre avoir préparé le retour du Maître si celui-ci venait à ressusciter soudainement...
*
A Godric's Hollow, le néant avait fait suite à la souffrance : Voldemort n'était plus. Là où s'était tenu le mage noir, il n'y avait plus rien. Juste une cape noire étalée au sol, dernier vestige de l'homme qui se pensait invulnérable.
La maison des Potter avait été sévèrement endommagée par l'explosion qui avait eu lieu. Le toit avait été en partie arraché, laissant l'air glacial de cette nuit d'Halloween entrer dans la chambre d'enfant. Le sol était jonché de gravats, prouvant si besoin en était de la violence des derniers évènements.
Tout était silencieux. Il n'y avait pas le moindre son, comme s'il n'y avait plus signe de vie. Les jolies couleurs de la chambre d'enfant formaient un contraste saisissant avec la scène de désolation.
Au sol, Lily Potter gisait les bras en croix, les yeux encore ouverts, fixant ce qui avait été un joli plafond décoré d'étoiles brillantes. Ses cheveux roux étaient étalés autour d'elle comme une auréole ardente.
Elle s'était sacrifié sans la moindre hésitation, dans l'espoir de sauver son enfant. Elle avait offert sa vie en offrande en utilisant une ancienne magie, presque oubliée.
Elle avait pourtant été une née-moldue, ne connaissant pas encore toutes les subtilités du monde magique qu'elle découvrait encore. Elle n'avait jamais entendu parler de magie du sang, mais elle croyait en l'amour. Lorsqu'elle s'était dressée face à Voldemort, elle n'avait aucun doute que son sacrifice pourrait sauver son fils, juste parce qu'elle offrait librement sa vie pour sauver le petit garçon... Son petit garçon.
Près d'elle, dans le petit lit d'enfant, se tenaient deux bambins. Ils avaient tous les deux les cheveux noirs, et semblaient tous les deux effrayés. Ils étaient étrangement indemnes tous les deux, au milieu du chaos de la pièce. Par miracle, le lit à barreaux avait été épargné.
L'un avait des yeux verts, et une blessure en forme d'éclair marquait son front. Il portait un petit pyjama bleu décoré de petits balais. Serré contre lui, un garçon aux yeux sombre tremblait légèrement. Contrairement à l'autre enfant il était nu. Sur son épaule, il portait la même marque que le premier enfant : une blessure en forme d'éclair.
Les deux blessures semblaient bénignes mais elles laisseraient probablement une marque à vie sur le corps des garçons.
Les deux enfants s'agrippaient l'un à l'autre, comme s'ils ne pouvaient pas être séparés. Comme s'ils étaient des âmes sœurs de ces vieux contes fantastiques qui s'étaient enfin retrouvées.
Ils étaient silencieux, les yeux pleins de larmes, fixant la femme au sol et attendant que quelqu'un ne vienne les secourir. Il gardaient un contact étroit entre eux, puisant du réconfort dans la présence de l'autre.
S'ils avaient été plus vieux et capable d'exprimer ce qu'ils ressentaient, ils auraient avoué ne pas se souvenir de ce qui s'était produit. Ils ne savaient pas qui ils étaient, comme si leur mémoire avait préféré occulter les évènements récents, bien trop traumatisants.
Ils savaient juste qu'ils n'étaient pas seuls, qu'il y avait l'autre. C'était une présence réconfortante et familière, c'était leur point d'ancrage.
Épuisés, les deux bambins se blottirent un peu plus l'un contre l'autre, s'enlaçant fermement, avant de se laisser aller à somnoler dans la chaleur de l'autre. Ils avaient juste à attendre que quelqu'un ne vienne.
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