Chapitre 3
La nuit était déjà tombé depuis une petite heure, la lune bien visible filtrait à travers la fenêtre que je vins couvrir d'un rideau grisâtre. Là, sur le lit, l'écran de mon cellulaire à clapet émit une faible lumière, un appel entrant inconnu le secouait de vibrements.
— Allo ?
— Tu sais, au japon, on dit « allo » deux fois Liv'chou, se moqua une voix.
— Mikey ? Comment tu as eu mon numéro ?
— Secret. T'es libre maintenant ?
— Euh, ouais ? Pourquoi ?
— Prépares toi alors, quelqu'un va venir te chercher.
— Hein ? Nan mais attends, je suis encore en pyjama et puis tu ne sais même pas où j'habi...
— A plus !
Mikey venait de me raccrocher au nez, cette courte discussion amenait plus de questions qu'elle n'en répondait. Sans doute lui avait-on donné mon numéro de téléphone, mine de rien, ce genre de choses s'échangeait très vite. Était-il sérieux lorsqu'il avait dit avoir envoyé une personne pour venir me chercher ? D'accord, obtenir un numéro de téléphone n'était pas bien compliqué et je soupçonnai Takemichi d'y être pour quelque chose mais de là, à connaitre mon adresse, ça serait très surprenant. Seulement, après avoir mis mes bottes à lacet -car oui, dans le doute j'avais enfilé quelque chose de plus présentable qu'un large t-shirt et un legging noir- un son de moto se mit à retentir dans la tranquillité du quartier, à travers mon balcon, une lueur jaunâtre transperçait les fins rideaux. Ecartant le morceau de tissus, quelle ne fut pas ma surprise d'y voir deux personnes avec chacune une moto juste en bas de chez moi. Tout de même intriguée, je descendai les escaliers pour ouvrir doucement la porte d'entrée, seule ma tête dépassait de celle-ci. Je pus apercevoir un garçon dont le visage était camouflé de par l'obscurité nocturne.
— C'est toi Livia ? Mikey nous a envoyé te chercher.
— Ouais, merci c'est sympa de votre part...
Je ne savais que dire de plus, ce garçon me dépassait bien d'une tête et demie, il fallait dire que je n'étais pas très grande mais si on y ajoutait ses longs cheveux et son uniforme entièrement noir avec quelques touches d'écritures dorées dont je n'arrivais pas à en déchiffrer le sens, il était intimidant.
— Baji, c'est bien elle ? On va être en retard ! appela un autre garçon plus loin.
D'un mouvement de tête, il me fit signe de le suivre. Après un regard en arrière de ma part, la porte de ma maison se referma dans un clac contrastant avec le son des pas lourds du dit Baji. Oui, ça n'était pas très malin de suivre des inconnus mais c'était sans doute le « quelqu'un » que Mikey avait mentionné.
— Salut Livia, moi c'est Chifuyu et lui c'est Baji, le capitaine de la première division du Toman et je suis son bras droit.
— Enchanté Chifuyu, merci d'être venu, enfin, même si je ne sais pas comment vous avez eu mon adresse.
— Faudra voir ça avec Mikey, c'est lui qui l'a envoyé par message.
Baji, dont je pouvais enfin détailler le visage grâce à la lumière de la moto de son ami, me considérait longuement de ses orbes grises. De haut en bas, il semblait s'être arrêter sur mon buste, pendant un bref instant, je crus qu'il me relookait mais son regard fini par s'ancrer dans le mien.
— Et donc, on va où ? Vous savez, vos trucs de gang, c'est pas sereinement que je vous suis.
Mieux valait être honnête dès le début, il était près de vingt-trois heures, le chef du Tokyo Manjikai que je ne connaissais que depuis quelque jour m'envoie deux de ses hommes pour m'escorter dans un lieu inconnu et ce pour une raison non mentionnée.
— Au sanctuaire Buraku, c'est notre endroit habituel, on squat souvent pour les réunions.
— Attends, il ne t'a vraiment rien dit du tout ? intervint le blond aux cotés plus courts et bruns. J'aimerai bien t'expliquer le truc un peu plus en détail mais on va être en retard si on se bouge pas maintenant.
— Je suis pas certaine que ce soit une bonne idée...
— Montes avec moi et surtout accroches toi bien, me coupa Baji dans un sourire dévoilant de superbes canines.
Sa main se referma sur mon bras et me tira sans aucune délicatesse vers lui, c'est sans vraiment en avoir le choix et surement par simple curiosité, que je m'assis sur la selle en cuire de la moto de mon escorte.
Je n'étais jamais monté sur ce genre de moyen de déplacement, de plus, nous n'avions, ni casque, ni protection, il ne restait plus qu'à prier pour ne pas tomber. Le voyage fut court mais intense, devoir se pencher dans les virages me procurait une peur indescriptible que je tentais de masquer du mieux que je pouvais mais sans doute ma prise autour de la taille de Baji, me trahissait puisque celui-ci se mit à ralentir pour prendre des virages plus larges. Tout mon torse était fermement collé au dos du conducteur, chose que j'aurai trouvé gênante et inapproprié si je n'avais pas l'impression de jouer une vraie partie d'un jeu de survie.
— On est arrivés.
Le bruyant moteur de l'engin cessa tout tremblement, la masse contre laquelle j'étais appuyée disparu et le son de plusieurs discussions ainsi que d'autres moteurs arrivèrent à mes oreilles. J'ouvris les paupières que j'avais closes à cause du vent contre mon visage et sans que l'on ai besoin de me le dire deux fois, rejoignit la terre ferme. Les deux membres de la première division pouffèrent quelques peu de rire, surement à cause de ma réaction hâtive, pendant que j'observais les lieux. La grande place était entièrement emplie d'a peu près une centaine de garçons, tous portaient le même uniforme noir aux écritures dorées dont étaient vêtus Baji et Chifuyu. Ce dernier me fixait, les sourcils froncés, il fit deux enjambées pour me rejoindre étant donné que je m'étais un peu éloigné dans ma brève contemplation.
— Ça va ? T'es un peu pale.
— Oui, nickel, c'est juste que j'ai eu une petite migraine tout à l'heure mais sinon tout roule.
Pour le coup, je n'avais pas totalement menti, juste avant de recevoir l'appel de leur chef, un mal de tête colossale avait ébranlé tout mon corps dans une sorte de malaise. J'aurai sans doute dû m'inquiéter mais au bout d'une vingtaine de minutes, mon état s'était rétablit. Avant que le blond ne puisse me répondre, je basculai en avant m'écrasant violemment contre celui-ci qui réussit tout juste à nous stabiliser pour ne pas tomber à la renverse.
— Hé, fais un peu attention connard, grogna-t-il.
Posant mes mains sur son torse pour m'éloigner un peu, plusieurs regards convergèrent vers nous suite à la réflexion de Chifuyu. J'allais m'excuser de lui être tombé dessus quand quelqu'un derrière moi, surement celui qui était à l'origine de cette situation, me tira violemment par l'épaule.
— C'est plutôt à elle de regarder où elle va ! Je sais pas ce que vous avez à ramener vos meufs aujourd'hui mais faites gaffe à ce qu'elles font.
Ses doigts s'enfonçaient dans ma chair, j'avais une forte envie de lui coller mon frêle poing dans la figure.
— Lâches moi espèce de brute, grognai-je. C'est plutôt à toi de faire gaffe où tu marches.
D'un coup de pied, Baji qui s'était éloigné mais qui apparemment venait de revenir, envoya valser le garçon inconnu.
— Dégages de là sac à merde. C'est une amie de Mikey, laisses la tranquille et excuses toi de lui être rentré dedans.
— Je suis désolé ! balbutia-t-il avant de partir en courant.
Ce garçon venait de détaler aussi vite qu'il était apparu seulement grâce à l'intervention du noiraud dont le ton c'était fait menaçant, il fallait dire que j'aurais surement fait de même si cela m'avait été adressé.
— Euh, merci les gars, ce type est pas très commode, à deux doigts de me broyer l'épaule. Désolé de t'être rentré dedans Chifuyu et merci à toi de l'avoir fait dégager Baji.
— C'est rien Livia, m'assura le blond.
— Appelez-moi Liv', souris-je. Au fait, il se passe quoi ici ?
— Le Toman se réunis, Mikey à quelque chose à nous dire, expliqua le chef de la première division. D'ailleurs, ça devrait pas tarder à commencer, tu devrais aller le rejoindre.
J'hochai la tête en suivant la direction qu'il me pointait du doigt, plus loin, Mikey et Draken semblaient discuter gaiement.
— Salut Liv'chou, désolé d'avoir prévenu au dernier moment ! me salua t-il tandis que j'arrivais à leur hauteur. Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
— De quoi tu parles ? demandai-je suite au regard froncé de Mikey. Ah, ça ? Un accident...
Je baissai les yeux sur le bas de mon cou, brunes et encore rougeâtres, le blond semblait désigner mes cicatrices. Partant de part et autre de mon cou, irrégulières, elles se rejoignaient presque en un seul point en dessous de mon t-shirt, sans parler de celle beaucoup plus imposante et moins jolie, si je puis dire, ornant mon épaule gauche que l'on retrouvait en plein milieu du torse. Ces brulures resteraient à jamais gravées sur ma peau, elles étaient la marque, l'attestation de l'accident qui avait provoqué de gros changement dans ma jeune vie. Il s'agissait de la première fois qu'ils les voyaient, cela s'expliquait par le fait que la dernière fois je portais l'uniforme du collège Mizo qui comportait un col et un gilet. Désormais, toutes les personnes aux alentours me fixaient et je soupçonnais même quelques-uns de se rincer l'œil sur mon faible décoller. Je portais fièrement ces cicatrices, elles étaient la preuve de ma victoire sur la foudre, la preuve que j'avais survécus et que j'étais bien vivante mais je n'avais pas forcément envie d'en parler, les montrer était déjà suffisant.
— Désolé, c'était déplacé de demander ça, s'excusa Draken en se penchant en avant forçant son ami à faire de même en lui appuyant sur la tête.
— Non, non, c'est pas bien grave, fis-je en balayant leurs excuses de la main. C'est normal de se poser la question, je comprends que ça puisse surprendre. Au fait, Takemichi aussi est là ?
— Ouais juste derrière, il est en train de se faire défoncer par sa meuf.
Effectivement, Mikey avait raison, le pauvre Takemichi se trouvait à genoux devant une Hinata bien remontée.
— Qu'est-ce qu'il a fait ?
— Je sais pas trop, il s'est passé un truc avec Emma je crois, fit-il en haussant les épaules.
— Emma ?
— C'est ma sœur.
Mieux valait ne pas trop se mêler des disputes de couple surtout que mon amie était effrayante une fois énervé, en parlant de celle-ci, elle partit brusquement accompagné d'une jolie blonde que j'identifiais comme étant Emma.
— C'est bon Takemichi, t'as fini ? Bon, regroupez-vous bande de batards, la réunion va commencer !
Dès lors que Draken eut hurler, tous se regroupèrent en ligne de chaque côtés, courbés en avant, ils saluèrent Mikey d'un « mes respects chef » ce qui me rappelait le jour où nous avions rencontré ces deux-là pour la première fois. Sur le coup, je ne sus pas vraiment quoi faire ni même où était ma place, c'est en surprenant le chef me faire signe de le suivre que je me mis à marcher un peu derrière lui au milieu de l'allée formée par les autres membres du gang accompagné de mon meilleur ami. Derrière moi, Baji et quatre autres personnes qui devaient être hauts placés dans cette hiérarchie de gang, nous emboitaient le pas. Cette démonstration forçait le respect, Mikey était vraiment très estimé tout comme il avait l'air d'être crain. Grimpant jusqu'en haut des marches du sanctuaire pour dominer la foule, il fit volteface balayant l'assemblé de son regard terne, tous l'observaient en silence pendus à ses lèvres.
— Si je vous ai réunis ici, c'est pour vous parler de ces connards du clan Moebius. Si ça clash, il faudra s'attendre à une énorme bataille rangée, dans ce cas, ça sera pendant la fête de Musashi.
Je ne voyais que son dos mais il était clair que tout cela était sérieux, la situation me dépassait, on pouvait même dire que j'étais paumé. Surement en voyant mon air hébété, Draken se tourna vers moi.
— Mitsuya va vous briffer.
Aussitôt, un garçon aux courts cheveux violets pales s'avança vers nous.
— Le clan Moebius est un gang de Boozoku qui contrôle tout Shinjuku, il existe depuis deux générations. Et ce dont parle Mikey c'est...
Interrompant Mitsuya, je vis Takemichi basculer en avant, un garçon plutôt enrobé, blond possédant une cicatrice à la lèvre, venait de lui donner un coup de pied dans le dos. Un autre tout maigrichon qui parlait en hurlant, se pencha au-dessus de lui.
— C'est toi Hanagaki ? A cause de tes conneries, notre pote Kiyomasa à bien morflé l'autre jour !
— Comment tu veux régler ça ?
Je m'interposais entre le plus grand pour le pousser même si ça n'eut pas grand effet. Décidément, eux aussi semblaient sur les nerfs tout comme celui qui m'avait poussé plus tot.
— Vous allez rien régler du tout, il me semble que ce truc-là s'est passé il y a déjà une semaine et dans tous les cas, ce que faisait votre pote n'était pas bien.
— Elle à raison, Kiyomasa n'a eu que ce qu'il méritait. Il avait pas qu'à salir le nom du clan avec ses combats de merde. Maintenant, laissez les tranquilles, ce sont des invités du patron.
Même après ça, Kiyomasa continuait à nous poser problème, pendant que Mitsuya était en train de s'embrouiller avec les deux garçons qui semblaient se nommer Pachin et Peyan, j'aidais le blond à se relever.
— Sérieux, c'est des oufs, se plaignit-il en époussetant sa chemise à l'origine blanche.
— Pas très sympa en effet. Ça va, tu t'es pas fait mal ?
— Non, c'était pas grand-chose, faut dire que j'ai vu pire.
— Là-dessus, t'as pas tort, cette brute de Kiyomasa t'avais pas loupé.
— Faut les excuser, Pachin est méga vener c'est pour ça, commença Draken en se tournant vers Mitsuya comme pour l'inciter à continuer.
— Un de ses potes s'est embrouillé avec Osanai le boss du clan Moebius, pour une histoire de merde en plus. Ces connards ont défoncé le pote de Pachin, ils ont violé sa meuf sous ses yeux, ils ont séquestré ses parents et son frère et ils leur ont pris tout leur fric. Le pote de Pachin lui a tout raconté, il savait plus quoi faire, c'est lourd vous voyez ?
— C'est une blague ? demandai-je en frisonnant.
Je m'étais arrêté au terme « violer », la chose la plus horrible qu'il puisse arriver à une femme, automatiquement, je cherchais des yeux Pachin pour constater sa colère qui, maintenant que j'étais au courant, me paraissais totalement légitime. Il fallait remettre le clan Moebius à sa place, s'en prendre à des innocents, quelle honte. Pachin se tenait courbé devant Mikey.
— Ils sont beaucoup plus âgés que nous, on risque de s'en prendre plein la gueule et je veux pas embarquer les autres dans mes emmerdes mais j'ai la haine Mikey.
— C'est pas ce que je t'ai demandé, tu veux te battre ou pas ?
— Bien sûr que je veux me battre, je veux les démonter !
— Ecoutez moi tous ! Il y 'en a parmi vous qui pensent que cette embrouille ne les regarde pas ? Après ce qui est arrivé au pote de Pachin, vous voulez toujours faire la paix avec le clan Moebius ?(un long silence traversa la foule). Non ? C'est bien ce que je pensais ! On va défoncer le clan Moebius !
Un tonnerre de cris et d'applaudissement se leva brisant le silence de la nuit près du sanctuaire Buraku, Mikey tourna le dos aux autres membres, son visage était éclairé par un sourire carnassier.
— On règlera ça le 3 aout pendant la fête de Musashi.
Cela faisait quelques jours que je repensais sans cesse à cette bataille contre Moebius, Mikey n'avait rien dit de plus, devais-je y participer ? Au fond, ça ne me dérangeais pas, la cause était noble et je m'identifiais plus particulièrement à cette pauvre fille qui s'était faite violer et encore plongée dans un coma. C'était vraiment horrible. Je n'avais pas de talent particulier pour la bagarre, je ne serais donc, à mon plus grand désarroi, pas très utile. Toujours était-il que mes inquiétudes au sujet des conflits de gangs étaient fondées, c'était dangereux. Depuis hier, Takemichi avait repris ses habitudes de garçon peu mature, c'était étrange les changements de comportement brusque qu'il pouvait avoir.
J'avais décidé de sortir me vider la tête près d'anciens bâtiments désaffectés, là, il y'avait toujours peu de monde et je pouvais donc jouer librement de la guitare. Le trottoir me semblait bien déformé, la main que je passais devant mon visage pour y écarter les mèches rebelles aussi. Sans crier gare, mes genoux cédèrent pour venir rencontrer le goudron, j'eus tout juste le temps de m'arrêter avec mes mains pour ne pas m'étaler de tous mon long. Le monde tournait, le sol était brulant, l'instrument dans sa housse pesait une tonne et j'avais une grande envie de rejeter mon repas du midi même. Je ne sais combien de temps j'étais resté au sol en attendant que cet état me passe mais lorsque je relevai la tête, je vis Takemichi courir en direction d'un bâtiment. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je l'appelai mais il ne sembla pas m'entendre. Péniblement, je m'issais sur mes deux jambes, ça allait mieux.
— Oi, Takemichi, t'entends pas quand on t'appelle ou quoi ? demandai-je en pénétrant dans le grand bâtiment qui ressemblait plus à un hangar. Oh, bonjour...
A l'intérieur, Mikey, Draken, Pachin et Peyan semblaient en grande conversation, ces deux derniers s'en prenaient à mon meilleur ami qui était au sol. Il semblait bien amoché, en quelques enjambées, je rejoignis le groupe sentant un agacement naissant me consumer.
— Je pourrais savoir ce qu'il se passe ici ? Vous êtes pas capables de parler sans vous taper dessus ? C'est déjà la deuxième fois que vous faites le coup.
— Ce boloss veut pas qu'on se tape avec Moebius ! m'expliqua Peyan.
Mains sur le dos du blond, je lui lançai un regard perdu, pourquoi se mêlait-il de ça ?
— Pour quelle raison ? Je veux dire, la violence c'est pas toujours la bonne solution mais là, si personne les calme, qui sait combien de personnes risquent de souffrir ?
Pachin me pointa du doigt en se tournant vers celui au sol dont j'essayais de regarder les blessures.
— Même ta meuf est réaliste !
— Par contre je suis pas sa meuf, on est juste amis, si sa meuf était là, elle t'aurai déjà collé une gifle pour avoir frappé son copain. Et si tu le touche encore une fois, tu auras à faire à moi. Deuxième avertissement, il n'y en aura pas trois.
Evidemment, je ne pouvais pas faire grand-chose contre lui et je pense qu'il le comprit puisqu'il me fusilla du regard. Sans prévenir, Takemichi se pencha en avant comme s'il était en train de faire une prière envers Mikey, des larmes coulaient le long de ses joues, quel sentimental.
— Je lâcherai pas l'affaire, si vous affrontez Moebius, c'est la fin du Tokyo Manjikai ! Je suis tellement content d'être votre pote, je vous respecte trop toi et Draken, je veux pas que le clan disparaisse !
Rien n'était joué, la bataille n'avait même pas encore commencé, rien ne disait que le Toman allait perdre, alors pourquoi te mets tu dans cet état ? Comme un réflexe, ma paume vint rencontrer le poing de Pachin qui s'apprêtait à frapper mon ami une seconde fois. Une chance que je l'aie arrêté avant qu'il ne prenne de l'élan, sinon il aurait été impossible de stopper le coup.
— Putain, je comprends que tu sois en colère mais s'il te plait, discutes calmement, chacun doit exposer ses arguments, sinon, on arrivera à rien. Sérieux les gars, va falloir vous calmer avec votre manie d'en coller une à tout le monde. Tu es en colère contre Moebius, préserves ta force pour eux.
Un silence s'en suivit, tous me contemplaient avec de gros yeux. Il allait falloir qu'ils s'habituent à voir une femme s'imposer et leur tenir tête. Sans doute en avais-je trop fait. Je maintenais un visage neutre malgré la douleur du coup qui avait été donné dans le creux de ma main. Pachin me contourna alors dans le but de reprendre là où il s'était arrêté mais Draken l'en empêcha. Finalement je n'en avais pas fait assez.
— Il a dit qu'il ne lâchera pas l'affaire, ça vaudrait le coup de se renseigner un minimum sur le clan Moebius non ?
— Tu prends la défense de Moebius maintenant ? demanda un Mikey pas très heureux à Draken.
— Merde, Georgia, fis-je en me précipitant vers l'entré coupant court à leur début de dispute.
— Georgia ? répéta Peyan.
— Bah quoi ? Ça vous arrive jamais de donner des prénoms aux objets auxquelles vous tenez ? A cause de vos conneries, je l'ai laissé par terre, c'est inadmissible.
Tandis que je ramassais ma guitare, les cinq garçons me dévisageaient longuement.
— Vous êtes tous beaucoup trop tendus, résultat vous vous prenez la tête pour des paroles mal interprétées. Draken ne défend pas Moebius, se renseigner sur eux ça serait déjà de connaitre, leur nombre, leur point forts, leur points faibles, les membres les plus importants, leur façon de fonctionner et sans doute, comprendre entièrement ce qu'il s'est passé avec l'ami de Pachin, la cause du conflit de départ parce que « s'embrouiller pour de la merde » ça reste assez flou. Après personne ne pense à défendre ce clan là, ce qu'ils ont fait est impardonnable et révoltant mais vous ne pourrez pas les affronter en vous disputant comme ça.
Nouveau silence. Je ne savais pas s'ils étaient en colère, d'accord avec moi ou en total désaccord étant donné qu'ils me fixaient tous avec des yeux de merlan fris.
— Quoi ? J'ai un truc sur le visage ?
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