39 - Stupéfaction

Yukino retomba sur le lit, le cœur battant à un rythme endiablé et la respiration refusant de se calmer.

C'était incroyable... C'était vraiment incroyable !

Taiju s'effondra à demi sur elle et elle put sentir les coups sourds qui faisaient vibrer sa poitrine contre la sienne. 

Elle le prit dans ses bras pour goûter un instant encore la chaleur de son corps contre le sien, avant qu'il ne se laisse rouler sur le côté pour ne pas l'écraser.

Elle avait l'impression que son cerveau n'était plus en état de marche. Le plaisir l'avait court-circuité et il se passerait un peu de temps avant qu'elle ne retrouve ses facultés.

Mes neurones sont aux abonnés absents, se dit-elle, avant de pouffer de rire comme une gamine.

Elle se redressa sur un coude et laissa ses doigts courir le long de sa mâchoire carrée.

– C'était merveilleux... Dit-elle. Tu as été merveilleux.

Les descriptions d'orgasmes qu'elle avait pu lire lui paraissaient maintenant bien ternes en comparaison de la réalité.

Tu m'étonnes... comment tu veux décrire ça avec des mots ?

Taiju leva la main et il prit sa sienne entre ses doigts. Il la pressa une seconde, avant de la ramener vers ses lèvres pour embrasser ses doigts.

Il avait les paupières lourdes vit-elle. Apparemment, il faisait partie de ces hommes qui s'endormaient après avoir fait l'amour.

Cela ne la gênait pas. Elle aussi était épuisée.

Elle s'étendit contre lui, la tête posée sur son torse, et commença à jouer avec ses tatouages.

L'instant d'après, le souffle de Taiju se fit plus profond et elle comprit qu'il s'était assoupi. Elle ferma les yeux à son tour et ne tarda pas à sombrer dans le sommeil.




Quand elle se réveilla, Yukino vit que le soleil était encore haut dans le ciel. Elle n'avait pas dû dormir plus d'une heure. À côté, d'elle, Taiju était toujours étendu sur le dos, la tête sur le côté et les yeux clos. Sa poitrine se soulevait au rythme lent de sa respiration et son bras s'était enroulé autour de ses épaules.

Yukino se dégagea doucement et elle se leva pour gagner la salle de bain.

Là, elle examina son reflet dans le miroir.

La fille qui lui rendit son regard avait une expression hallucinée, presque fiévreuse. Le genre d'expression que l'on affichait lorsqu'on avait vécu une expérience à laquelle on n'arrivait pas à croire.

Elle porta les mains à ses joues, comme pour s'assurer qu'il s'agissait bien d'elle, et sourit.

Je n'aurais jamais imaginé que ce genre de choses étaient possibles... Se dit-elle à nouveau.

Un bruit, dans la pièce voisine, la fit se redresser et elle retourna dans l'appartement.

Taiju était assis sur le lit, les coudes sur les genoux, et il regardait autour de lui, l'air hagard.

Yukino le rejoignit et elle s'assit à côté de lui, les pieds ramenés sous elle.

– Salut, murmura-t-elle. Bien dormi ?

– Yuki... Dit-il. Je me suis endormi... Désolé.

Elle posa un baiser sur sa joue.

– C'est bon, dit-elle, ça ne me dérange pas.

Il prit sa main pour embrasser sa paume, avant de se laisser retomber en arrière avec un soupir.

Yukino l'imita et elle revint se blottir contre lui.

Elle était bien là, près de lui, caressée par les rayons du soleil qui traversaient la baie vitrée et les bruits de la ville leur parvenant, étouffés. Elle avait l'impression qu'ils étaient dans un cocon.

– Te faire l'amour, murmura-t-il les yeux clos, c'était encore mieux que je l'imaginais Yuki.

Yukino sentit son cœur faire un bond.

– Pour moi aussi, reconnut-elle.

Taiju l'enveloppa de son bras et la serra contre lui avant de reprendre.

– Tu sais, dit-il à demi groggy, je ne peux pas imaginer ma vie sans toi. C'est tout simplement impossible. Ma vie se fera avec toi ou avec personne.

À ses côtés, Yukino demeura silencieuse, à tel point que Taiju finit par rouvrir les yeux.

– Yuki ? Dit-il en se tournant vers elle.

Elle était étendue, pensive, la tête sur son épaule, et ses doigts suivaient machinalement le tracé de ses tatouages.

Finalement, elle se redressa.

– Il faut qu'on aille à Kyoto, dit-elle.

Taiju voulut répondre, mais Yukino s'était déjà levée et elle était partie à la recherche de ses vêtements.

– Hein ? Dit-il en s'asseyant dans le lit, hébété. Quoi, maintenant ?

– Mais non, idiot, dit-elle en récupérant ses sous-vêtements.

Elle retrouva sa jupe et regarda autour d'elle pour voir où se trouvait son chemisier avant de reprendre.

– Un week-end ça risque d'être trop court, dit-elle comme si elle se parlait à elle-même. Alors sans doute pour les vacances de Noël. Je demanderai à mon oncle si ça ne le dérange pas que je m'absente, mais si je le préviens en avance ça devrait aller...

– Yuki de quoi tu parles ? Lui dit Taiju en la suivant des yeux.

Il était perdu. La seconde d'avant ils profitaient d'un moment tendre en amoureux et l'instant d'après, Yukino parcourait son appartement comme une tornade.

Enfin rhabillée, elle revint vers lui et grimpa sur le lit pour se lover brièvement entre ses bras.

– Tu viens de me demander en mariage Taiju Shiba, dit-elle. Il est hors de question que je fréquente le garçon avec qui j'envisage de faire ma vie sans le présenter à mes parents.

Taiju était abasourdi.

Il n'avait pas vu les choses sous cet angle, mais il devait reconnaître que sa déclaration ressemblait beaucoup à une demande en mariage.

Yukino se leva à nouveau. Elle se dirigea vers ses placards et ouvrit les portes une à une.

– Il te faudrait de nouveaux costumes, dit-elle en examinant sa garde-robe d'un coup d'œil. C'est très bien d'exhiber ta musculature avec des chemises étriquées, mais ça fera très mauvais genre devant papa et maman... sans compter que maman risque de faire une syncope.

Elle réfléchissait, en tapotant ses lèvres du bout des doigts, tandis que, derrière elle, Taiju ne savait toujours pas quoi dire.

– Le problème, dit-elle pensivement, c'est qu'il est presque impossible de trouver un tailleur capable de réaliser des vêtements pour quelqu'un de ton gabarit...

Elle avait raison. Au Japon, les tailles des costumes étaient standardisées. Même lorsqu'on les faisait faire sur mesure, les hommes de la stature de Taiju se retrouvaient bien souvent avec des vêtements trop serrés.

Yukino lui jeta un regard par dessus son épaule.

– Tu ne connaîtrais pas un bon couturier par hasard ? Dit-elle.

Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Se demanda Taiju.

Il avait l'impression d'avoir complètement perdu le contrôle de la situation. Yukino avait commencé à planifier leur mariage avant même qu'il ait eu le temps de finir sa phrase.

Il la regarda explorer son placard, passer en revue ses chemises et ses costumes et sourire pour elle-même.

Elle a l'air heureuse, vit-il.

Il ramena le drap autour de sa taille et posa ses bras sur ses genoux pour la regarder à son aise.

Au fond, pourquoi pas ? Ça n'était pas ce qu'il avait à l'esprit quand il lui avait dit qu'il voulait faire sa vie avec elle, mais ça n'était pas très éloigné à bien y regarder.

Et puis si ça lui plaît...

Voir Yukino comblée lui réchauffait le cœur, il n'imaginait même pas que c'était possible de se sentir bien à ce point.

Je ferai n'importe quoi pour te voir sourire comme ça tous les jours de ta vie... Se dit-il.

Il s'aperçut que c'était tout ce dont il avait besoin pour être heureux, la voir épanouie.

Lorsque Yukino revint vers lui, Taiju tendit un bras pour l'attirer contre lui.

– Il y a Mitsuya, dit-il. C'est son job d'après ce que j'ai compris. Il est styliste ou un truc du genre.

Yukino leva les yeux vers lui.

– Ton ami ? Dit-elle. Celui que nous avions rencontré au festival ?

Taiju hocha la tête.

– C'est ça. Mais je ne sais pas s'il fait ce genre de choses.

– Il faudra le lui demander...

Taiju attrapa son téléphone qu'il avait laissé sur sa table de chevet plus tôt et il le lui tendit.

– Tiens, dit-il, fais-toi plaisir.

Puis il se leva et récupéra le préservatif qu'il avait abandonné plus tôt au pied du lit.

Il rejoignit à son tour la salle de bain complètement nu et Yukino ne put s'empêcher de le détailler.

Il était vraiment très bel homme.

Au-delà de cette carrure hors du commun, il avait des muscles ciselés par l'exercice et ces tatouages qui lui couvraient le torse en accentuaient encore les contours.

En arrivant à la porte, il se tourna à demi et surprit son regard.

– Qu'est-ce que tu regardes ? Lui demanda-t-il, égrillard.

– Toi, lui répondit-elle sur le même ton.

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