25 - Plage

Lorsqu'ils arrivèrent en vue de l'océan, Yukino se redressa sur la selle.

– Regarde ! Dit-elle en tendant le bras. C'est magnifique !

La route serpentait le long du littoral, entre la plage et la voie ferrée sur laquelle circulait un petit train.

(NDA : une scène emblématique des animés !!)

Au loin, on apercevait les pentes neigeuses du Fuji San qui se dressait au milieu des terres, à des kilomètres de là.

– On va sur cette plage ? Demanda Yukino en désignant la bande de sable blanc la plus proche.

– Non, pas ici, répondit Taiju. Je connais une petite plage plus loin où il y a moins de touristes.

Yukino se pencha vers son oreille.

– Tu essaies de m'attirer dans un coin perdu ? Dit-elle, taquine.

Il sourit.

– Pas cette fois, non.





Ils arrivèrent au bord de ce qui ressemblait à une lagune, coincée entre une petite presqu'île faite de rochers et une jetée en bois de laquelle partaient les jet-skis et les adeptes de ski nautique durant la journée.

Yukino s'appuya sur les épaules de Taiju pour admirer la plage paradisiaque.

– On se croirait sous les tropiques ! Remarqua-t-elle.

L'océan d'un bleu soutenu s'étendait à perte de vue, à peine ourlé par quelques franges d'écumes blanches. Au bord de l'eau, les vagues venaient lécher un sable si clair qu'il semblait scintiller.

– C'est la première fois que tu vois l'océan, lui répondit-il, il fallait bien marquer le coup.





Taiju se gara sur une des places prévues pour les deux roues et tous les deux gagnèrent les cabines prévues pour permettre aux plaisanciers de se changer. 

Taiju sortit le premier et il en profita pour aller louer un parasol qu'il planta dans le sable, à quelques distances des rochers qui bordaient la plage.

Yukino revint en maillot de bain, son chapeau sur la tête et sa serviette sur le bras.

– Cet endroit est vraiment splendide ! Dit-elle.

Ça n'était pas une plage privée, mais l'endroit était nettement moins fréquenté que les autres.

Taiju, lui, admirait ses courbes mises en valeur par le maillot de bain.

Elle avait choisi un deux pièces bordé de volants, un de ces modèles à la mode que l'on voyait dans les magazines. Elle avait sans doute été faire les boutiques avec ses copines.

Elle est vraiment bien foutue... Pensa-t-il.

Il en était sûr maintenant, l'uniforme scolaire ne rendait vraiment pas hommage à son physique.

Elle le rejoignit et leva la tête vers lui avec un sourire en coin.

– Qu'est-ce que tu regardes ? Dit-elle.

– Toi, répondit-il sans se démonter.

– Et ce que tu vois te plaît ? Répliqua-t-elle.

Cette fille, avec son franc-parler malgré son langage de princesse, allait le rendre fou.

Elle ne se démonte jamais ma parole ?

Il lui retourna son sourire.

– Beaucoup, répondit-il.

Yukino éclata de rire.

Elle l'attrapa par la main après avoir déposé son sac et l'entraîna vers la mer.

– Viens ! Allons nous baigner !





Ils profitèrent un long moment de la fraîcheur de l'eau. C'était agréable après la route qui leur avait laissé un goût de poussière sur la langue.

– Allez, dit Taiju, montre-moi comment tu barbotes comme un poisson.

Yukino nagea jusqu'à lui et elle se redressa de toute sa taille sans pour autant lui arriver plus haut que les épaules.

– Tu te moques de moi ? Dit-elle. Et bien regarde, je nage très bien figure-toi !

Elle s'éloigna à grandes brasses souples en levant le visage pour éviter les vaguelettes qui venaient la frapper.

Taiju plongea et il réapparut la seconde d'après à quelques mètres devant elle.

– C'est pas mal, dit-il, et tu peux aller plus vite ?

– Silence, dit-elle, ne me déconcentre pas !

– Tu as besoin de te concentrer pour nager ? Rigola-t-il.

Yukino lui lança un regard noir, mais cela ne fit que le faire rire davantage.

– Attends, reprit-il, je vais te montrer.

Il partit alors dans un crawl puissant qui laissa Yukino sur place.

Stupéfaite, elle le regarda atteindre en un rien de temps la bouée qui se trouvait pourtant à bonne distance et en revenir tout aussi vite.

Lorsqu'il se dressa à nouveau devant elle, il n'était même pas essoufflé.

– C'est parce que tu as de grands bras et de grandes jambes ! Lâcha-t-elle, un rien vexée.





Après leur bain, ils allèrent s'étendre sur leurs serviettes pour savourer la chaleur du soleil.

Yukino prit soin de s'installer sous le parasol. Elle ne voulait pas bronzer.

(NDA : Les japonaises ont la hantise du bronzage. Là-bas, une peau la plus blanche possible est un signe de beauté – comme les dents de travers, mais passons – à tel point qu'il n'est pas rare de les croiser avec des ombrelles ou des manches longues en plein été.)

Autour d'eux, la plage s'était peu à peu remplie, mais comme ce coin était à l'écart des plages les plus populaires, la foule ici était plus clairsemée.

– Tu nages vraiment très bien, reconnut Yukino.

Elle était en train de s'appliquer généreusement de la crème solaire.

– Hmm ? J'aime bien ça, dit-il, l'océan, les poissons, les fonds marins, tout ça.

– Vraiment ? Dit-elle. Tu as un poisson favori ?

Taiju ne réfléchit même pas.

– Le requin, dit-il.

Yukino s'immobilisa au milieu de sa tâche et leva les yeux vers lui.

– Le requin ? Répéta-t-elle.

Il hocha la tête et répondit :

– Ouais, je le trouve cool.

Yukino le regarda en silence.

À la vérité, elle n'était pas surprise. Le requin, cet animal puissant, dangereux et solitaire ne pouvait que plaire à un homme comme Taiju Shiba.

– Dis, reprit-elle en recommençant à se mettre de la crème, je peux te poser une question à propos de tes tatouages ?

– Hm ?

Yukino avait enfin pu les voir dans leur ensemble et un détail l'intriguait. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, ça n'était pas la grande croix dans son dos, mais le poème gravé sur son torse.

Elle montra son flanc.

– C'est un poème de Kenji Miyazawa ? Dit-elle.

– Tu connais ? Dit-il.

Il y avait une note de satisfaction surprise dans sa voix.

– Vaguement, répondit-elle, mais c'est un poète japonais, pourquoi ces vers sont-ils écrits en anglais ?

La strophe inscrite au milieu des arabesques dessinées sur son torse était extraite d'une des œuvres les plus mal connues de l'artiste, Printemps et Asura.

Pourquoi avoir traduit en anglais un poète japonais ? Se demanda-t-elle.

Le sourire de Taiju s'agrandit.

– Les japonais sont nuls en anglais, dit-il, et ils sont encore plus nuls en ce qui concerne les œuvres insolites de leurs propres artistes. Il n'y a pas une personne sur cent qui le reconnaît.

– Alors... c'est une sorte de plaisanterie ? Demanda-t-elle.

– Oui et non, dit-il. J'aime bien ce texte. Il est... absurde, mais lyrique. Ça me semble correspondre tout à fait à la vie. Lyrique et absurde.

Yukino ne le quittait pas des yeux.

Chaque fois qu'elle pensait commencer à connaître Taiju Shiba, il la surprenait de nouveau.

Absurde et lyrique... Se dit-elle.

Elle reboucha son tube de crème puis s'étendit à plat ventre sur sa serviette.

– Mon petit ami est un poète, dit-elle.

Puis elle lui tendit le tube de crème.

– J'ai besoin que tu m'aides à me mettre de la crème dans le dos.




En milieu de journée, Taiju rejoignit le restaurant voisin. 

Tous les deux s'étaient demandé s'ils devaient aller manger dans la salle ou bien prendre un menu et le rapporter sur la plage. Yukino avait fini par trancher. Elle préférait manger sur la plage. Elle avait eu trop peu le temps de profiter de ses vacances ces derniers temps et elle voulait savourer sa journée au maximum.

– ... une salade, lui dit-elle, mais dis-leur de ne pas mettre trop d'huile, je n'aime pas quand ça baigne dans l'huile !

– Oui madame, dit Taiju avec un sourire en coin.

Son petit ton autoritaire l'amusait.

Avant qu'il ait fait un pas, Yukino le rappela.

– Attends ! J'ai oublié quelque chose !

Il revint s'accroupir à son niveau.

– Dis-moi ? Dit-il.

Elle l'attrapa par le bras et posa ses lèvres sur les siennes.

– Ça, dit-elle en provoquant des regards outrés autour d'elle.

Il se redressa et sourit en ignorant les plagistes.

– Un acompte ? Dit-il.

– En quelque sorte, dit-elle en lui retournant son sourire.

Cette fois il s'éloigna pour de bon et Yukino le suivit des yeux.

Ce garçon lui faisait faire des folies.

Elle profita de son absence pour se mettre à nouveau de la crème.

Il doit faire une chaleur terrible en ville...

Taiju fut de retour quinze minutes plus tard et il ouvrit le sac qui contenait leurs repas.

Il commença à disposer les plats recouverts d'aluminium entre eux et Yukino s'approcha avec un air gourmand.

– Je suis affamée ! Dit-elle.




NDA : Vous n'avez pas idée du mal que j'ai eu à trouver le texte du tatouage de Taiju ! Je crois que je n'avais jamais autant dû chercher une information !

Pour ceux que cela intéresse, voici la strophe entière :

As a result people and galaxies and Asura and sea urchins

Will think up new ontological proofs as they see them

Consuming their cosmic dust .... and breathing in salt water and air

In the end all of these make up a landscape of the heart

I assure you, however, that the scenes recorded here

Are scenes recorded solely in their natural state

And if it is nihil then it is nothing but nihil

And that the totality is common in degree to all of us

Évidemment, vous vous en doutez, les explications que j'ai données dans ce chapitre sont totalement inventées, c'est une interprétation personnelle.

En ce qui concerne l'œuvre Kenji Miyazawa par contre, vous connaissez peut-être un de ses textes sans le savoir. Le manga Galaxy Express 999 est inspiré de son œuvre Train de nuit dans la Voie lactée !

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